Les pharmaciens et les applications santé - Le Moniteur des Pharmacies n° 3096 du 26/09/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3096 du 26/09/2015
 
BAROMÈTRE EXCLUSIF

Enquête

Auteur(s) : Laurent Lefort

Après un premier volet ayant permis de décrypter votre perception des objets connectés, nous consacrons la seconde partie de notre enquête aux applications santé. Ce sondage a lui aussi été réalisé avec Medappcare, start-up dont le cœur de métier est justement d’évaluer les applications mobiles de santé, et Direct Medica, société de conseils et d’études, spécialiste de la relation client dans le domaine de la santé.

Le 8 septembre dernier, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a officialisé l’acte de naissance de la pharmacie du futur en donnant son approbation à un neuroleptique connecté. Une première. Cette étonnante combinaison thérapeutique est le fruit d’une association entre le laboratoire Otsuka, qui commercialise Abilify, et Proteus Digital Health, société installée en Californie. Son concept repose sur l’intégration d’un capteur (Proteus) au comprimé d’aripiprazole. Ce premier capteur est lui-même relié à un second patché sur la poitrine du patient et à une appli. Dès que Proteus atteint l’estomac, il envoie un signal au patch, lequel enregistre diverses données transmises au smartphone du patient ou même directement au médecin. Une manière inédite de contrôler l’observance ou encore d’ajuster les doses ou horaires de prise. Bref d’optimiser le traitement.

Sans aller jusqu’à avaler des capteurs pour la moindre pathologie, plus de 2 malades chroniques sur 10 ont déjà téléchargé une application santé, montre une enquête du Lab e-Santé publiée en juin 2015 sur les usages, attitudes et attentes des malades chroniques. Certains trouvent ce chiffre faible ? Voilà qui devrait aider à les convaincre : le score passe à 6 sur 10 chez les diabétiques. « Le diabète est quasi caricatural de ce que sera la santé mobile demain en termes d’autonomisation du patient », n’hésite pas à prédire Laurent Mignon, dirigeant de Lauma Communication et vice-président du collège agences et prestataires de services du Lab e-Santé.

En tant que professionnel de santé, il n’est donc pas inutile de s’astreindre à télécharger des applis patients pour savoir ce qu’elles contiennent et éventuellement en parler avec eux. Car il s’agit là d’un domaine où la plupart sont perdus : 31 % déclarent tout bonnement ne pas savoir ce qu’est une mApp. Donc ils ne téléchargent pas. Logique. Pourtant, 14 % seraient prêts à le faire si le conseil venait de leur pharmacien, contre 20 % s’il venait d’une association de patients, 24 % d’une autre personne touchée par la maladie et 52 % de leur médecin.

Pour le spécialiste du conseil – loin d’être toujours rémunéré – qu’est le pharmacien, un nouveau champ des possibles va donc s’ouvrir dans les années à venir. D’autant que pour 4 malades chroniques sur 10 et même pour une personne diabétique sur 2 utilisant des applications mobiles de santé, celles-ci sont devenues incontournables. Quant à la question de la confiance, ce n’est plus vraiment un sujet : 70 % des « téléchargeurs » chroniques éprouvent ce sentiment vis-à-vis de leurs applis. Quant à votre propre vision des choses, elle est détaillée dans l’infographie qui suit.

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Consultez le premier volet « Comment les pharmaciens perçoivent-ils les objets connectés ? » publié le 30 mai 2015 dans le n° 3082.

TOP 5 des mApps

téléchargées et utilisées par les malades

1 Applications de type carnet de suivi

2 Applications d’informations sur la maladie

3 Applications sur les actualités liées à la maladie

4 Applications liées à des objets connectés de santé

5 Bases de données sur les médicaments

Source : Lab e-Santé

Ce qu’il faut retenir de l’enquête

PAR DAVID SAINATI, DOCTEUR EN PHARMACIE, PRÉSIDENT DE MEDAPPCARE

« Les pharmaciens ont une bonne perception globale des applications santé. Tout d’abord, au niveau professionnel puisque 42 % affirment les utiliser : dictionnaire de médicaments, convertisseur d’unités… Dans le même temps, 60 % d’entre eux estiment que les applications grand public apportent un réel bénéfice pour les patients.

Il est intéressant de noter que près de un pharmacien sur cinq recommande déjà des applications santé à sa clientèle (contre 11 % dans une enquête similaire l’an dernier). Ce qui démontre, à mon sens, que les officinaux prennent réellement conscience de l’apport de ces technologies à la santé et au bien-être des patients.

Ce qui les freine dans leur recommandation ? D’abord, l’absence de demandes de clients (à 32 %) et le fait de ne pas savoir quelle application recommander face à cette jungle applicative (à 29 %). On peut les comprendre. N’oublions pas qu’il existe plus de 100 000 applications santé disponibles sur les plateformes de téléchargement… Il y a en effet de quoi être perdu !

Pour être aidés dans leurs choix et pouvoir ainsi davantage recommander d’applications au comptoir, 64 % des pharmaciens sont dans l’attente d’une évaluation rigoureuse par un organisme indépendant. Cela s’inscrit dans un condiv où ils font assez peu confiance aux applications santé (deux tiers d’entre eux ont peu ou pas confiance dans ces nouveaux outils). Leurs inquiétudes se portent principalement sur la sécurité des données collectées (66,5 %) et sur la qualité de l’information dispensée par ces applications (64,5 %).

Malgré cela, plus d’un pharmacien sondé sur deux (57 %) se dit prêt à exploiter les données issues des applications, et notamment pour améliorer l’observance aux traitements et donc le suivi des patients. »

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