LA VIE SANS VIGNETTE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3086 du 27/06/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3086 du 27/06/2015
 
AFFICHAGE DES PRIX

Actualités

Auteur(s) : Loan Tranthimy*, Myriem Lahidely**, Jean-Luc Decaestecker***

Alors que de nouvelles règles d’affichage deviennent obligatoires à partir du 1er juillet 2015 dans les officines, « LeMoniteur » a sondé les pharmaciens pour savoir comment ils ont vécu la disparition de la vignette. Témoignages.

Envisagée par les pouvoirs publics depuis 1999 pour simplifier les circuits de facturation et de paiement des ordonnances, la suppression de la vignette est effective depuis le 1er juillet 2014. Depuis cette date, les prix et les conditions de prise en charge de chaque médicament ne figurent plus sur les boîtes mais sont transmis directement par la base nationale de référence gérée par le Comité économique des produits de santé (CEPS). Pour savoir si le prix facturé correspond au référentiel national, les pharmaciens doivent scanner le code de traçabilité (Datamatrix) ou taper manuellement le code CIP 13 du produit.

Six mois après l’entrée en vigueur de ce nouveau dispositif, des difficultés techniques liées à la lecture automatique du code Datamatrix sont remontées du terrain. Une enquête en ligne, menée par le syndicat USPO en janvier 2015, a permis d’identifier plusieurs dysfonctionnements (voir Le Moniteur n° 3064).

« Depuis notre alerte, les choses se sont bien améliorées. Il y a eu une véritable prise de conscience de la part des éditeurs de logiciels pour corriger les défauts des lecteurs ainsi que des industriels pour veiller à la qualité du code Datamatrix », reconnaît Gilles Bonnefond, président de l’USPO.

Une perte de repères au comptoir

Mais ces problèmes techniques ne sont que la partie visible de l’iceberg. Au comptoir, les pharmaciens sont tenus d’informer les patients, même si ces derniers, habitués au tiers payant, sont peu demandeurs du prix. « En supprimant la vignette, le personnel officinal n’a plus la notion du coût. On est obligé d’aller chercher le prix et le taux de remboursement sur l’ordinateur. Les yeux sont moins rivés sur l’ordonnance et le patient. Ce n’est pas une habitude naturelle au comptoir », commente Philippe Gaertner, président de la FSPF.

Jean Forestier, de la Grande Pharmacie Colbert à Lille, raconte ce changement de pratique au quotidien. « Nous n’avons plus de repères pour savoir si le médicament délivré est remboursé ou pas, nous sommes obligés de scanner. C’est un peu plus compliqué. » « Du coup, nous dépendons totalement de l’informatique, ce qui nous oblige à installer toute une procédure pour le client », renchérit Frédéric Abecassis, titulaire à Roujan (Hérault). Hervé Breteau, titulaire à Saint-Brice-en-Coglès (Ille-et-Vilaine), reconnaît tout de go qu’il continue à vendre des médicaments avec des vignettes sans que les patients ne s’en étonnent. « J’en ai reçu récemment et je les vends tels quels. L’équipe mentionne encore la couleur des vignettes devant les patients. Mais cela ne leur parle plus du tout. »

Une gestion des stocks à surveiller plus attentivement

Cette absence de lisibilité sur le prix préoccupe certains titulaires pour la bonne gestion de l’économie officinale. Sauf à éplucher quotidiennement le Journal officiel, ils doivent avoir une vigilance accrue sur le bon écoulement des stocks car les baisses de prix massives actuelles peuvent coûter cher à l’officine. « Aujourd’hui, on a un délai de 50 jours pour écouler le stock à l’ancien prix après un changement de prix. Lorsque le médicament est en forte rotation, il n’y a pas de souci. En revanche, c’est plus pénalisant lorsqu’il s’agit des grands conditionnements », témoigne Philippe Vergne, titulaire de la Pharmacie Notre-Dame à Muret (Haute-Garonne). Conséquence : « Il nous faut sans cesse réadapter l’ajustement de stock pour ne pas dépasser les délais d’écoulement. On commande sur des durées moins longues. »

Bruno Maucotel, titulaire à Montagnac (Hérault), a dû, lui, mobiliser son équipe « pour vérifier tous les prix sur les factures des grossistes ». « Pour nous ce n’est ni un gain de temps, ni une amélioration », tranche-t-il. Simon Cazin, titulaire à Wailly-Beaucamp dans le Pas-de-Calais, tempête : « Normalement, on a un temps d’écoulement à l’ancien prix, mais on ne peut plus le pratiquer puisqu’on n’a plus les prix. Je n’ai aucune idée de l’incidence, et je préfère ne pas le savoir. » Son confrère départemental, Florent Bléard, installé à Saint-Omer, est plus pragmatique : « Le système est fait pour qu’on ne s’en rende pas compte. Il faut être très observant sur les chiffres d’affaires. Finalement, on ne sait pas trop. Pour être d’une jeune génération, cette suppression aurait pu me convenir, mais, à y regarder de plus près du point de vue officinal et financier, c’est plus dur à contrôler… »

« Supprimer le maximum de grands conditionnements »

Philippe Vergne souligne, lui, le point particulier des grands conditionnements. « L’argent perdu est compensé sur les boîtes mensuelles. Si on veut optimiser et ne pas perdre de l’argent, il suffit de supprimer le maximum de grands conditionnements. Moi je n’ai pas fait ce choix pour mes patients. »

Pour Gilles Bonnefond, même si les confrères se sont bien adaptés à la disparition de la vignette, cette mesure ne simplifie pas leur travail au quotidien. « On demande aux pharmaciens de faire le travail d’information que faisaient les industriels avec l’étiquetage. En plus, ils doivent gérer l’information avec les patients car la vignette a disparu, supporter le coût de son stockage et s’endetter car ils doivent investir dans des tablettes ou des systèmes informatiques. Tout cela sans une rémunération en échange », déplore le syndicaliste.

Les règles d’affichage

A partir du 1er juillet 2015, les pharmaciens doivent respecter des règles d’affichage faute de quoi ils peuvent être contrôlés et sanctionnés par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (dgccrf). Ainsi, le prix des médicaments exposés à la vue du public doit être indiqué de façon visible et lisible. pour ceux en accès direct au public (en rayons), l’affichage peut être remplacé par une étiquette sur le produit. pour ceux non exposés à la vue du public, le prix de vente TTc doit être étiqueté ou mentionné dans un catalogue sur un support matériel ou électronique consultable sur place.

A la demande du patient, le pharmacien doit lui remettre un justificatif de paiement (ticket de paiement) indiquant la date d’achat, le nom et l’adresse de l’officine, le nom, le prix TTc et la quantité du médicament délivré, et éventuellement le montant des honoraires de dispensation perçus par le pharmacien. rappel : depuis le 5 février, les officines doivent afficher sur un support lisible et visible les phrases suivantes : « Le prix des médicaments non remboursables est libre. Le prix des médicaments remboursables est réglementé. Au prix des médicaments, peut s’ajouter, dans les conditions définies par la réglementation, un honoraire de dispensation par boîte et par ordonnance. A votre demande, un justificatif de paiement peut vous être remis. »

Retrouvez la fiche Moniteur expert parue dans Le Moniteur n° 3067.

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