PHYTOTHÉRAPIE ET TROUBLES NERVEUX - Le Moniteur des Pharmacies n° 3084 du 13/06/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3084 du 13/06/2015
 

Cahiers Formation du Moniteur

CONSEIL

LES TROUBLES DU SOMMEIL

« Je dors mal »

Sylvain, 40 ans, commercial.

– Je pars deux semaines en déplacement et je dors mal quand je ne suis pas chez moi. Je cherche un produit pour dormir mais qui ne me laisse pas vaseux le matin.

– Je vous conseille ce produit de phytothérapie à base de plantes sédatives. Mais ne vous découragez pas s’il n’y a pas de résultat dès le premier soir, son efficacité est progressive.

Un Français sur trois déclare souffrir d’insomnie. Or le sommeil est fondamental pour notre équilibre et le sentiment d’avoir bien dormi concourt à une bonne qualité de vie.

LES LIMITES DU CONSEIL

• L’insomnie chronique ou liée à une pathologie psychiatrique (dépression, schizophrénie…) ou addictive relève de la consultation médicale.

• Si elle est liée à un stress, un état anxieux, celui-ci devra être pris en charge en priorité.

MESURES HYGIÉNODIÉTÉTIQUES

• Aucun traitement ne remplace le respect de quelques règles de bon sens :

– dormir sur une bonne literie dans une chambre calme, à une température voisine de 19 °C,

– éviter les excitants (caféine, sport, jeux vidéo, alcool…) et les bains chauds le soir après 17 h,

– se coucher et surtout se lever à heures régulières,

– limiter la sieste à 20 minutes,

– n’aller au lit que pour dormir (éviter de lire). Si le sommeil ne vient pas au bout de 30 minutes, se lever, changer de pièce et se coucher dès que les signes de fatigue se font sentir.

CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE

• Ils se limitent à l’insomnie occasionnelle. Les plantes sédatives ont fait leur preuve en cas de troubles du sommeil. Elles ont pour point commun d’être inductrices du sommeil et de faciliter l’endormissement, de retarder l’heure du premier réveil nocturne et de procurer un sommeil réparateur.

• Aux doses conseillées, elles n’altèrent généralement pas les facultés cognitives, l’attention et la motricité.

• Utilisables dès l’âge de 12 ans, elles sont déconseillées chez la femme enceinte ou qui allaite faute de données suffisantes.

• Conseiller de les prendre en deux temps : une demi-dose ou une dose après le repas du soir et une dose 30 à 60 minutes avant l’heure du coucher.

• Si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines de prise, une consultation médicale est nécessaire.

• Certaines personnes peuvent se montrer sensibles aux plantes sédatives et voir altérée leur capacité à conduire ou utiliser des machines.

• La consommation de tisane le soir peut entraîner des troubles mictionnels la nuit.

Plantes sédatives majeures

• L’eschscholtzia ou pavot de Californie (Eschscholtzia californica, parties aériennes fleuries) a une affinité pour les récepteurs au GABA et possède une action antalgique périphérique. Il peut ainsi être utilisé comme analgésique et sédatif lorsque les troubles du sommeil sont dus à des douleurs légères.

Posologie :

– 480 mg de poudre en gélules par prise (dose journalière 960 à 1 500 mg),

– infusion de 15 minutes, 6 à 10 g pour 500 ml d’eau à boire en deux fois.

• La passiflore (Passiflora incarnata, parties aériennes) se montre également antalgique et anticonvulsivante, et agirait par modulation du système gabaergique.

Posologie :

– gélules de poudre, 0,5 à 2 g par prise,

– infusion, 1 à 2 g par tasse (1/2 à 1 cuillère à café rase) pendant 15 minutes,

– extrait fluide (alcool 70 %), 2 ml par prise dilués dans un peu d’eau.

• La valériane (Valeriana officinalis, organes souterrains) améliore la structure du sommeil avec une efficacité progressivement croissante sur 2 à 4 semaines. Elle est à privilégier en cas d’insomnie chronique en attendant la consultation médicale et chez la personne âgée dont le temps de sommeil se réduit. Elle n’a pas d’intérêt en cas d’insomnie ponctuelle.

Posologie : équivalent de 2 à 3 g de drogue végétale par prise sous forme d’extrait hydroalcoolique (éthanol 40 à 70 %).

Son efficacité en tisane dans la prise en charge des insomnies n’est pas aussi nettement établie. Elle expose à des risques d’effets indésirables gastro-intestinaux (nausées, douleurs abdominales).

Sauf avis médical contraire, l’association de la valériane aux sédatifs de synthèse (benzodiazépines) n’est pas conseillée. En revanche les monographies de l’Agence européenne du médicament ne signalent aucune interaction pour les autres plantes sédatives et/ou anxiolytiques.

• Le houblon (Humulus lupulus, cône) est sédatif central et hypnotique. Il pourrait interagir avec les récepteurs au GABA-A et activer les récepteurs de la mélatonine. Il est à privilégier lorsque l’insomnie s’inscrit dans un condiv de troubles liés à la ménopause.

Posologie :

– gélules de poudre, 800 à 2 000 mg en deux prises

– infusion de 10 minutes, 500 mg à 1 000 mg de plante pour 200 ml d’eau à boire en deux fois (1 cuillère à café rase = 0,4 g).

Il peut être utilisé seul mais il est plus souvent proposé en association avec la valériane. En dépit de son action estrogène, il n’est pas déconseillé en cas de cancer ou d’antécédent de cancer hormonodépendant : sa longue utilisation en tant que plante médicinale (ou consommé sous forme de bière) ne met pas en évidence d’effets indésirables aux doses conseillées et pour une durée inférieure à 3 mois.

• Le coquelicot (Papaver rhœas, pétale) est sédatif mais aucun lien n’a pu être établi avec les récepteurs aux benzodiazépines ou aux opiacés. Il est le plus souvent utilisé en tisane chez les enfants « excités ».

Posologie : infusion, 15 min à 5 g dans 250 ml (1 cuillère à café rase = 0,8 g).

Il peut être associé à un produit gemmothérapique, Tilia tomentosa, bourgeons MG 1D, dont l’activité sédative et inductrice du sommeil est démontrée chez l’animal (75 gouttes 30 minutes avant le coucher diluées dans un peu d’eau chez l’adulte et 40 gouttes chez l’enfant à partir de 8 ans).

Plantes complémentaires

• Les plantes relaxantes (lavande, aubépine) ou sédatives et antistress (mélisse) sont souvent utilisées en complément.

CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE

• Les HE riches en esters (acétate de linalyle), alcools (géraniol) ou citrals exercent une action calmante et sédative. Elles s’emploient selon deux voies complémentaires :

En application sur la peau

• C’est la voie principale pour gérer les troubles du sommeil. Appliquer 2 à 3 gouttes d’HE diluées dans 1/2 cuillère à café d’huile végétale fluide (lavande douce, argan) sur la face interne des poignets ou sur le plexus solaire 20 à 30 minutes avant le coucher :

– HE de petit grain bigarade

(Citrus aurantium var. aurantium ou amara, feuille d’oranger amer) dont l’action relaxante est reconnue ;

– HE de lavande vraie ou fine

(Lavandula angustifolia, vera ou officinalis, sommités fleuries), sédative et antispasmodique puissante. Elle semble réduire le temps d’endormissement, allonger la durée du sommeil et améliorer sa qualité. Bien tolérée par la peau, elle peut être appliquée pure ;

– HE de mandarine (Citrus reticulata, zeste) : inducteur de sommeil léger, elle est relaxante du SNC. Riche en limonène, elle peut être irritante pour la peau si elle n’est pas diluée et est photosensibilisante. Elle est également adaptée à la voie orale : 3 gouttes pour un adulte, dans 1cuillère à café de miel ou d’huile d’olive, 30 minutes avant le coucher ;

– HE de verveine odorante (Aloysia triphylla, anciennement Lippia citriodora, feuille) : sédative puissante, elle peut être dermocaustique à l’état pur ou pour des peaux sensibles ;

– HE de camomille noble (Chamæmelum nobile, fleur) : à privilégier lorsque l’insomnie est due à un choc nerveux. Des propriétés préanesthésiques lui sont aussi attribuées.

En diffusion atmosphérique

• Les senteurs florales et citronnées agissent sur le système limbique et favorisent le sommeil.

• Mode opératoire : diffuser avec un diffuseur électrique pendant 15 à 20 minutes dans la chambre inoccupée avant le coucher.

• Le choix de l’HE dépend des préférences de chacun :

– HE de mandarine (Citrus reticulata, zeste), utilisable dans une chambre d’enfant,

– HE de litsée citronnée (Litsea citrata, fruit) : en association,

– HE d’oranger doux (Citrus sinensis, zeste), adaptée à l’enfant,

– HE de lavande vraie ou fine (Lavandula angustifolia, vera ou officinalis, sommités fleuries), qui peut également être utilisée en inhalation sèche, 2 gouttes sur l’oreiller.

LES ÉTATS ANXIEUX

« Je me fais du souci »

Marie, 55 ans, fidèle patiente de la pharmacie :

– Au moindre souci, mes plaques de psoriasis réapparaissent. Je vais reprendre un tube de Diprolène. Je crois qu’il m’en reste un à prendre sur cette ordonnance.

– Effectivement. Mais vous devriez prendre en plus un traitement calmant pour réduire le nombre de poussées. Les plantes ont montré leur efficacité.

L’anxiété est utile lorsqu’elle permet d’éviter un danger et normale lorsqu’elle est justifiée par des causes réelles. Examens, stress chronique, maladie ou décès d’un proche, problèmes financiers, soucis professionnels, changements de mode de vie (départ à la retraite, divorce, départ d’un enfant de la maison), traumatismes (accident, agression) sont les principaux facteurs générateurs d’anxiété.

L’anxiété est considérée comme pathologique lorsqu’elle survient sans raison ou que son intensité est disproportionnée par rapport à l’événement.

Elle se traduit par un sentiment d’inquiétude, de peur qui peut conduire à s’isoler ou au contraire à devenir hyperactif. Sur le plan physique les symptômes sont très variables : troubles du sommeil, palpitations, maux de ventre, troubles du transit, sensation de nœud à la gorge ou à l’estomac, envie constante d’uriner…

LES LIMITES DU CONSEIL

• Anxiété généralisée, phobie, TOC, attaque de panique nécessitent une consultation médicale.

• Le conseil à l’officine se limite à la nervosité ou à une anxiété légère lorsqu’elles sont liées à un événement précis.

CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE

Plantes anxiolytiques majeures

• Les plantes relaxantes sont le traitement de choix des états de nervosité et d’irritabilité. La prise quotidienne est étalée sur la journée en 3 ou 4 prises dont la dernière 30 minutes avant le coucher.

• En l’absence d’amélioration après 2 semaines de prise, il est préférable de consulter.

• Une susceptibilité particulière peut gêner la conduite.

• Elles sont déconseillées chez la femme enceinte ou qui allaite et chez l’enfant de moins de 12 ans.

• Des propriétés anxiolytiques ont été démontrées pour certaines plantes sédatives :

• La passiflore (Passiflora incarnata, parties aériennes).

Posologie :

– en infusion de 15 minutes, 1 à 2 g (1/2 à 1 cuillère à café rase) par tasse d’eau chaude, 1 à 4 fois par jour ;

– poudre en gélules 0,5 à 2 g par prise 1 à 4 fois par jour ;

– extrait fluide (alcool 70 %), 2 ml dilués dans un peu d’eau 3 fois par jour.

• L’eschscholtzia ou pavot de Californie (Eschscholtzia californica, parties aériennes fleuries).

Posologie :

– 480 à 600 mg de poudre en gélules, 2 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 960 à 1 500 mg de poudre ;

– infusion de 15 minutes, 6 à 10 g pour 500 ml d’eau à boire en 3fois.

– La valériane (Valeriana officinalis, organes souterrains).

Posologie :

– 0,3 à 1 g de poudre en gélules par prise ;

– infusion de 10 minutes, 1 à 3 g (1cuillère à café rase = 2,5 g) par tasse (mais goût peu agréable) ;

– ou l’équivalent de 2 à 3 g de drogue végétale sous forme d’extrait sec hydroalcoolique (éthanol 40 à 70 %) jusqu’à 3 fois par jour.

• Le tilleul (Tillia sp., inflorescence) : l’extrait aqueux agirait par action agoniste sur les récepteurs périphériques aux benzodiazépines.

Posologie : à prendre en infusion de 15 minutes, 1,5 g (environ 1 cuillère à café rase) pour 1 tasse d’eau chaude, 2 à 4 fois par jour pour une dose journalière de 3 à 6 g.

• La ballote fétide ou ballote noire (Ballota nigra, sommités fleuries) : ses propriétés anxiolytiques sont attribuées à des dérivés du phénylpropane et leur affinité pour les récepteurs dopaminergiques et aux benzodiazépines. Elle est également sédative.

Posologie : elle s’utilise en infusion de 10 minutes à 10 g/l, 250 à 500 ml par jour.

Pour masquer son odeur fétide, aromatiser avec des plantes comme la mélisse, l’anis ou la fleur d’oranger amer.

Bien qu’aucun effet indésirable n’ait été signalé avec la ballote, la présence de diterpènes labdaniques, structurellement proches de ceux de la germandrée petit-chêne, incite à l’utiliser sur de courtes durées (cas documentés d’hépatites liées à la consommation prolongée de germandrée petit-chêne et en particulier sous forme d’extrait hydroalcoolique).

En complément

• Les plantes calmantes sont très complémentaires des plantes anxiolytiques et permettent d’adapter son conseil aux plaintes des patients :

• Le houblon (Humulus lupulus, cône) est à privilégier si les troubles du sommeil sont marqués.

Posologie :

– 400 mg de poudre en gélules, 2 fois par jour pour un adulte et 200 mg, 2 fois par jour pour un adolescent ;

– infusion de 10 minutes, 500 mg (= 1 cuillère à café) par tasse jusqu’à 4 tasses par jour.

• L’aubépine (Cratægus sp., fleur et sommités fleuries) est la plante de choix en cas de palpitations nerveuses ou de troubles tensionnels. Chez l’adulte.

Posologie :

– infusion de 15 minutes à 10 g/l, 250 à 500 ml (1 cuillère à café rase = 1,8 g) par jour

– poudre en gélules 190 à 350 mg par prise, 2 à 5 fois par jour pour une dose quotidienne de 570 à 1 750 mg.

• L’oranger amer (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) est indiqué en cas de spasmes associés.

Posologie : infusion de 15 minutes à 20 g/l, 250 à 500 ml par jour.

La fleur d’oranger sédative s’utilise à la même posologie.

• La lavande (Lavandula angustifolia, sommités fleuries) a un intérêt dans les troubles digestifs d’origine nerveuse en raison de ses propriétés à la fois sédatives et spasmolytiques.

Posologie : infusion de 15 minutes, 1 à 2 g par tasse, 3 fois par jour (1 cuillère à café rase = 0,8 g).

CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE

En application sur la peau

• La voie cutanée est le principal mode d’utilisation de l’aromathérapie en cas d’anxiété.

Les HE diluées dans une huile végétale sont appliquées sur la face interne des poignets et le plexus solaire : 2 à 3 gouttes d’huile essentielle dans 1/2 cuillère à café d’huile végétale, 3 fois par jour.

– HE de lavande vraie ou fine : c’est un bon anxiolytique et elle peut aussi être utilisée en inhalation sèche (sur un mouchoir) ou per os (1 à 4 gouttes par jour dans 1cuillère à café de miel). Elle semble également diminuer les sensations douloureuses et le ressenti en postopératoire.

– Les HE utilisées en diffusion le sont également en application sur la peau : mandarine (zeste), bigaradier (feuille), litsée citronnée (à diluer impérativement).

– HE d’ylang-ylang (Cananga odorata, fleur, HE complète) : son odeur est unique, à la fois florale, chaude et exotique. Elle peut être dermocaustique (diluer à 10 à 20 % au maximum).

– HE de marjolaine à coquilles ou marjolaine des jardins (Origanum majorana, plante fleurie) indiquée dans toute pathologie dont l’origine nerveuse est confirmée.

– HE de palmarosa (Cymbopogon martinii, parties aériennes) lorsque l’anxiété entraîne des spasmes gastro-intestinaux ; diluée, cette HE est bien tolérée par voie cutanée.

– HE de verveine citronnée (Lippia citriodora ou Aloysia triphylla, feuille) à diluer en raison de sa dermocausticité potentielle.

En diffusion atmosphérique

• La diffusion atmosphérique d’HE calmantes permet de créer une atmosphère relaxante. Diffuser avec un diffuseur électrique sur une courte période : 5 à 10 minutes toutes les heures ou toutes les deux heures. Une intolérance (migraines, nausées) ou une irritation des muqueuses peuvent survenir si les HE sont mal choisies ou si elles sont diffusées trop longtemps.

• Les HE les plus souvent utilisées en diffusion pour détendre sont les HE d’orange douce (Citrus sinensis, zeste), lavande fine (Lavandula officinalis, vera ou angustifolia, sommités fleuries), mandarine (Citrus reticulata, zeste), bigaradier (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille), litsée citronnée (Litsea citrata, en association).

LES TROUBLES DE L’HUMEUR

« Je déprime ! »

Madame S, la cinquantaine.

– Je déprime depuis que notre dernier enfant a quitté la maison pour poursuivre ses études. Une amie me conseille de prendre du millepertuis. Qu’est-ce que vous en pensez ?

– C’est une plante efficace en cas de dépression légère mais elle n’est pas compatible avec tous les traitements médicamenteux. Nous allons vérifier dans votre dossier pharmaceutique.

Il est normal d’avoir un coup de cafard et de broyer du noir quand certains moments de la vie sont difficiles. Mais si cette tristesse perdure ou si les sautes d’humeur sont fréquentes, que des manifestations physiques (mal de dos, troubles digestifs) apparaissent, une dépression est peut-être en train de s’installer.

LES LIMITES DU CONSEIL

• Les épisodes dépressifs caractérisés d’intensité modérée à sévère sont du ressort du médecin.

• Les dépressions légères ou les manifestations dépressives transitoires qui durent depuis moins de 2 semaines peuvent être prises en charge à l’officine avec un suivi à 15 jours.

MESURES HYGIÉNODIÉTÉTIQUES

• L’alimentation doit apporter les nutriments nécessaires à la synthèse des neuromédiateurs en particulier dopamine et sérotonine : vitamine C, vitamines du groupe B, magnésium mais aussi des antioxydants (fruits et légumes, épices).

• L’effet antidépresseur des acides gras polyinsaturés oméga-3 a été démontré. Ils peuvent être associés à la phytothérapie.

• Préserver les relations sociales, pratiquer régulièrement une activité physique d’intensité modérée, apprendre à se relaxer, se faire plaisir.

CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE

• Le millepertuis (Hypericum perforatum, sommités fleuries) est un inhibiteur de la recapture de sérotonine, noradrénaline et dopamine, et exerce une action antidépressive de type sédatif. Il est reconnu en Europe pour la prise en charge des épisodes dépressifs légers à modérés de l’adulte sous forme :

– d’extrait sec (DER 3-7 : 1, solvant d’extraction méthanol 80 %) : 300 à 600 mg par prise, 1 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 600 à 1 800 mg ;

– d’extrait sec (DER 3-6 : 1, solvant d’extraction éthanol 80 %) : 900 mg par jour en 1 prise.

L’extrait sec (DER 2,5-8 : 1, solvant d’extraction éthanol 50 à 68 %) est indiqué dans le traitement à court terme (6 semaines) des symptômes liés à des troubles dépressifs légers, à raison de 250 à 650 mg par prise, 2 à 3 fois par jour pour une dose journalière de 500 à 1 200 mg d’extrait.

Le millepertuis serait intéressant dans la dépression saisonnière du fait de ses effets mélatoninergiques. Son action se manifeste en 4 semaines. Si les symptômes persistent, il est conseillé de consulter.

Le millepertuis est déconseillé en cas de grossesse, allaitement et chez les moins de 18 ans, faute de données suffisantes. En raison de son risque photosensibilisant, il faut éviter de s’exposer aux UV durant le traitement. Les personnes à peau claire qui s’exposent à un fort ensoleillement peuvent attraper plus facilement des coups de soleil.

Le millepertuis, inducteur enzymatique du cytochromeP450 et de la glycoprotéine P, expose à des interactions médicamenteuses. L’activité enzymatique revient à la normale en une semaine après l’arrêt du millepertuis.

• Le safran (Crocus sativus, stigmates) est utilisé comme antidépresseur dans la tradition persane. Inhibiteur de la recapture de dopamine et de sérotonine, il a montré son efficacité dans le cadre de quelques études cliniques avec des résultats sur l’humeur dès le 14e jour de prise. Il aurait également un intérêt dans les troubles du comportement alimentaire de type compulsif. Il est utilisé sous forme d’extrait hydroalcoolique titré en safranal et le plus souvent proposé comme complément alimentaire.

Posologie : il a été utilisé dans les études cliniques à une dose de 0,6 mg de safranal par jour.

CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE

• L’application cutanée des HE est la principale voie de prise en charge des troubles de l’humeur. En règle générale, diluer 2 à 3 gouttes d’HE dans 1/2 cuillère à café d’huile végétale fluide (macadamia, noisette, pépins de raisin…) et appliquer sur le plexus solaire, la face interne des poignets et/ou le long de la colonne vertébrale, 2 à 3 fois par jour. En complément de la phytothérapie.

• HE à tendance sédative :

– HE d’ylang-ylang (HE complète, Cananga odorata, fleur) est appréciée pour son rôle équilibrant et de régulateur nerveux et cardiaque. Son odeur peut vite devenir entêtante et provoquer des nausées ; il vaut donc mieux l’utiliser en mélange avec d’autres HE.

– HE de petit grain bigarade (Citrus aurantium ssp. aurantium ou amara, feuille) est indiquée dans la fatigue nerveuse et elle favorise l’attention lors de tâches prolongées.

– HE de litsée citronnée (Litsea citrata, fruit) aide à garder le moral par son odeur. Elle s’utilise en inhalation sèche ou en application sur la peau diluée à 10 % maximum car elle peut être irritante. Par voie orale, prendre de 1 à 5 gouttes maximum par jour dans une cuillère à café d’huile d’olive sous la langue durant 2 à 7 jours.

– HE de verveine odorante (Aloysia triphylla, anciennement Lippia citriodora, feuille), à l’odeur également citronnée, est apaisante et sédative. Elle s’emploie en inhalation sèche ou en application diluée à 10 à 20 % car elle peut être irritante à l’état pur. Son prix élevé est un frein à son utilisation.

• HE à tendance stimulante :

– L’HE de romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis CT verbénone, sommité fleurie) est un régulateur endocrinien, nerveux et cardiaque, indiquée aussi bien en cas d’hypotension et de palpitations qu’en cas de dépression. Elle ne doit pas être utilisée de façon prolongée sans l’avis d’un thérapeute et est contre-indiquée en cas de cancer hormonodépendant en raison de ses propriétés œstrogènes.

– L’HE de ravintsara (Cinnamomum camphora, feuille) convient aux tempéraments nerveux. Régulateur nerveux, elle s’emploie dans la fatigue nerveuse et physique importante, la dépression légère avec une action à la fois sur l’humeur et sur les troubles du sommeil.

• Autres :

– L’HE de marjolaine des jardins (Origanum majorana L, sommité fleurie) exerce une action rééquilibrante. Elle est ainsi utile dans tous les types de dystonies neurovégétatives : cardiaques (hypertension,palpitations), digestives (aérophagie, dyspepsies), nerveuses (dépression légère, stress, anxiété, agitation). Pouvant être irritante à l’état pur, elle s’emploie diluée sur la peau.

LE STRESS

« Je suis bloqué dans mon projet »

Jérôme, 26 ans, chef de produit junior.

– Mon directeur me harcèle pour savoir où j’en suis dans le projet de lancement d’un nouveau produit. Ça me stresse et du coup, je bloque. Je bois du café pour me stimuler mais je n’avance pas plus. Que pouvez-vous me proposer ?

– Le café ne fait que vous exciter et ajouter à votre stress. Il faut d’abord le gérer. Vous pouvez prendre par exemple des plantes adaptogènes.

• Le terme « stress » désigne à la fois l’agent stressant et la réponse au stress. Il entraîne des pathologies lorsque la réponse physiologique est inadaptée à l’importance du stress ou ne permet pas de réagir en cas de stress unique mais violent ou en cas de stress répétés.

• Le stress physiologique se déroule en 3 phases :

– phase d’alerte avec sécrétion rapide d’adrénaline et noradrénaline puis de cortisol : tachycardie, estomac noué, diarrhée, hyperglycémie, infections, parfois hypersomnie et prise de poids peuvent s’ensuivre ;

– phase de résistance avec apparition des premiers problèmes de santé : troubles de la mémoire, dépression immunitaire, hypertension artérielle ;

– phase d’épuisement se traduisant par un syndrome de fatigue chronique, des troubles du sommeil, une dépression résistante, des maladies auto-immunes, des rhumatismes inflammatoires.

LES LIMITES DU CONSEIL

• L’idéal est d’aider les personnes stressées lorsqu’elles sont en phase d’alerte. En cas de fatigue chronique, de troubles du sommeil ou de signes mnésiques associés, résistants ou évolutifs (phases de résistance et d’épuisement), conseiller de consulter son médecin.

MESURES HYGIÉNODIÉTÉTIQUES

• Une bonne hygiène de vie est indispensable pour mieux vivre le stress : alimentation équilibrée, activité physique, durée de sommeil.

• Veiller en particulier à un apport suffisant de magnésium. Cet élément minéral nécessaire au stockage de l’adrénaline et de la noradrénaline et au maintien de l’équilibre nerveux est libéré à chaque déstockage de l’adrénaline et éliminé dans les urines.

CONSEILS EN PHYTOTHÉRAPIE

• Les plantes adaptogènes sont les plantes de choix pour résister aux effets délétères du stress. La prise se fait préférentiellement le matin et jusqu’à midi en évitant la prise le soir pour ne pas gêner l’endormissement.

• L’absence d’amélioration après 2 semaines de traitement nécessite de consulter un médecin.

• Elles sont déconseillées en cas de grossesse et d’allaitement et en cas d’état nerveux non contrôlé.

Plantes adaptogènes majeures

• L’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus, racine) améliore le rendement et la récupération dans des situations de stress physique, procure une sensation de bien-être et aide à lutter contre la fatigue. Elle est utilisable à partir de l’âge de 12ans.

Posologie

En 1 à 2 prises par jour :

– 0,75 à 3 g de poudre

– 2 à 3 ml d’extrait fluide.

Limiter le traitement à 2 mois. L’éleuthérocoque expose à des risques d’insomnie, irritabilité, tachycardie et maux de tête. Il est déconseillé par certains professionnels en cas d’hypertension artérielle non contrôlée.

• Le ginseng (Panax ginseng, racine) contribue également à diminuer la fatigue, stimuler l’immunité, améliorer les fonctions cognitives et l’état psychologique. Il peut être conseillé à partir de 18 ans.

Posologie : 250 à 1 200 mg de poudre par prise, soit en une prise unique (1 200 mg), soit en 2 à 8 prises pour une dose journalière de 600 à 2 000 mg de poudre ou l’équivalent sous forme d’extrait hydroalcoolique. La durée du traitement peut aller jusqu’à 3 mois.

Par prudence, il est déconseillé en cas de diarrhée, hypertension artérielle non contrôlée, dépression, obésité, peau grasse, cancer ou antécédent de cancer hormonodépendant en raison de ses effets œstrogènes.

Des effets indésirables sont possibles : hypersensibilité (urticaire, démangeaisons), insomnie, troubles gastro-intestinaux (inconfort gastrique, nausées, vomissements, diarrhée ou constipation).

• La rhodiole (Rhodiola rosea, organes souterrains) s’adresse aux situations de fatigue et épuisement induits par le stress. Elle a une action rapide (1semaine environ) sur la sensation de lassitude et sur la concentration. Elle peut être prise en période d’examens. A partir de 18 ans.

Posologie : extrait sec hydroalcoolique (DER 1,5-5 : 1, solvant d’extraction éthanol à 67-70 %) à la posologie de 144 à 200 mg par prise, 1 à 2 fois par jour pour une dose journalière de 144 à 400 mg d’extrait.

Généralement bien supportée, elle est déconseillée en cas de troubles bipolaires en raison de risques d’accès maniaques.

En complément

• Des plantes complémentaires régulatrices de l’axe neurovégétatif sont souvent nécessaires pour prendre en charge les manifestations somatiques liées au stress. Leur choix est donc individualisé.

• La mélisse (Melissa officinalis, feuille) est la plante de choix pour les « urbains » stressés et nerveux, se plaignant de douleurs abdominales d’origine digestive avec des maux d’estomac et d’un mauvais sommeil. Sédative, calmante et antispasmodique, elle peut être conseillée à partir de 12 ans.

Posologie :

– en infusion de 15 minutes, 1,5 à 4,5 g de feuilles (1 cuillère à café rase = 1 g) pour 150 ml d’eau chaude, 1 à 3 fois par jour ;

– en teinture au 1/5 (solvant d’extraction éthanol 45 à 53 %), 2 à 6 ml, 1 à 3 fois par jour.

Elle est déconseillée en cas de grossesse et allaitement et chez l’enfant de moins de 12 ans faute de données suffisantes. Une consultation doit être envisagée en l’absence d’amélioration après deux semaines de prise.

La mélisse peut être associée :

– à l’eschscholtzia en cas de troubles du sommeil,

– à la valériane, au tilleul ou à la passiflore en cas d’anxiété,

– à l’aubépine pour calmer des palpitations d’origine nerveuse,

– ou à la lavande ou à la verveine, odorante sédative et à tropisme digestif.

• L’angélique (Angelica archangelica, souche radicante) est traditionnellement utilisée pour faciliter la digestion et en cas de douleurs abdominales d’origine digestive. Elle exerce également une action anxiolytique, antistress et s’emploie dans les suites de stress prolongé lorsqu’une grande fatigue se fait sentir.

Posologie : 60 gouttes de TM 3 fois par jour diluées dans un peu d’eau.

En raison du risque de photosensibilisation (présence de furocoumarines), ne pas s’exposer aux UV durant la durée du traitement.

• Le ginkgo (Ginkgo biloba, feuille) s’adresse à la personne âgée angoissée car il facilite l’adaptation et réduit les effets néfastes du stress sur la mémoire. Il améliore de plus l’humeur dépressive.

Posologie : 120 mg par jour d’extrait sec (solvant d’extraction : acétone 60 %). Le traitement doit être prolongé au moins 8 semaines.

Le ginkgo s’oppose à l’agrégation plaquettaire : un avis médical est nécessaire en cas de tendance aux saignements, de prise d’anticoagulants ou d’antiagrégants plaquettaires. Il peut déstabiliser un état épileptique et il n’est pas recommandé de le prendre en même temps que la nifédipine (augmentation de sa concentration maximale), l’éfavirenz (diminution de sa concentration plasmatique), le dabigatran (augmentation de son absorption intestinale). En cas d’opération chirurgicale, interrompre la prise de ginkgo 3 à 4 jours avant. Des effets indésirables sont possibles à type de maux de tête, de vertiges, de diarrhée, de douleurs abdominales et de nausées principalement, parfois de saignements et de réactions cutanées allergiques.

CONSEILS EN AROMATHÉRAPIE

• Certaines HE ont un effet antistress marqué :

• L’HE d’ylang-ylang (HE complète, Cananga odorata, fleur) peut modifier par olfaction le comportement et permet d’échapper au stress engendré par un emploi du temps surchargé et de mieux le gérer. Appliquée sur la peau, elle fait chuter des facteurs impliqués dans le stress comme le rythme respiratoire et cardiaque, la tension artérielle et la température cutanée. Elle s’utilise en inhalation sèche ou en application sur la peau, 3 gouttes diluées dans 10 gouttes d’huile de noisette sur le plexus solaire ou la face interne des poignets. Ne pas l’utiliser seule en diffusion atmosphérique en raison de son odeur prononcée.

• L’HE de lavande vraie (Lavandula officinalis, angustifolia ou vera, sommités fleuries), réduit le taux de cortisol chez l’animal. Elle produit une impression de relaxation :

– en diffusion atmosphérique, en inhalation sèche ;

– en application sur la peau (3 gouttes sur le plexus solaire ou la face interne des poignets à répéter selon les besoins) ;

– par voie orale à partir de l’âge de 12 ans (1 à 4 gouttes par jour) dans une cuillère à café de miel) ;

– en bain de 10 à 20 minutes à 35/38 °C, 10 à 20 gouttes d’HE pour un bain complet, exceptionnellement jusqu’à 40 gouttes au maximum conseillées pour cette HE (gouttes standard à 20-25 mg) dispersées dans un solubilisant (dispersant chimique, savon liquide, bain moussant, sels de mer). Les bains sont contre-indiqués en cas de plaies ouvertes ou de maladie de la peau à sa phase aiguë, fièvre élevée, troubles circulatoires importants et insuffisance cardiaque.

• L’HE de laurier noble (Laurus nobilis, feuille) est régulatrice du système nerveux sympathique et parasympathique. Elle s’utilise en inhalation sèche ou quelques gouttes appliquées sur le poignet à respirer quand le stress enlève toute assurance ou lorsque l’on craint d’aborder une situation. Elle peut être allergisante.

• L’HE de camomille noble (Chamæmelum nobile, herbe fleurie) convient aux stress dus à un choc émotionnel : 3 gouttes sur le plexus solaire dès que le choc survient sinon 2 gouttes diluées dans 2 gouttes d’huile de noisette, 2 fois par jour sur le plexus solaire.

• L’HE de ravintsara (Cinnamomum camphora, feuilles) est neurotonique sans être excitante et est privilégiée lorsque le stress entraîne de la fatigue physique et nerveuse et des troubles de l’humeur. Elle est généralement bien tolérée sur la peau : 3 gouttes dans 1/2 cuillère à café d’huile de noisette ou d’abricot sur le plexus solaire et la face interne des poignets, 2 à 3 fois par jour. Lorsque les idées sont brouillées : 1 goutte ponctuellement sur le poignet pour stimuler le psychisme et à renouveler si besoin 4 à 5 fois dans la journée.

• L’HE de bergamote (Citrus aurantium ssp. bergamia, zeste) à odeur très fine, est sédative, spasmolytique et à tropisme digestif. C’est une des meilleures HE lorsque le stress s’accompagne de manifestations somatiques digestives. Irritante pour la peau à l’état pur et photosensibilisante, elle est à utiliser en diffusion atmosphérique et par voie orale, 1 à 2 gouttes sur 1/4 de morceau de sucre ou dans du miel, 2 à 3 fois par jour durant 2 à 7 jours.

• Les HE à odeur citronnée (litsée, verveine odorante) sont indiquées aussi bien dans l’anxiété que le stress ou la dépression.

• En complément, la diffusion d’HE calmantes apporte une atmosphère plus sereine : mandarine, petit grain bigarade, litsée citronnée, orange douce, géranium bourbon…

L’INTERVIEW Pierre Champy PROFESSEUR DE PHARMACOGNOSIE (FACULTÉ DE PHARMACIE DE PARIS-SUD)

« Les médicaments à base de plantes assurent une qualité constante »

« Le Moniteur » : Quel est l’intérêt des compléments alimentaires par rapport aux médicaments à base de plantes ?

Pierre Champy : Ces derniers assurent une qualité constante et une sécurité correcte. Peu nombreux, ils sont substitués par des produits d’autres statuts beaucoup moins onéreux en termes de mise sur le marché et de production. Les compléments alimentaires en font partie, et il ne faut pas se méfier spécifiquement de ceux à base de plantes issus de fournisseurs sérieux offrant des garanties de qualité. Cependant, plusieurs éléments sont à considérer :

– les informations figurant sur les boîtes sont généralement insuffisantes pour assurer une sécurité d’emploi ;

– les allégations de ces produits sont actuellement mal définies et souvent abusives ou inadaptées ;

– on risque de voir émerger des produits de dosage insufisant en l’absence de médicament ;

– les formules sont parfois très complexes voire fantasques, sans que l’on bénéficie de recul : ce type de produits doit être évité.

De quoi doit-on se méfier ?

Les compléments alimentaires contiennent parfois des préparations non traditionnelles ou des plantes « exotiques » pour lesquelles on manque cruellement de données et qu’il n’y a rationnellement pas lieu de conseiller (Desmodium, griffonia…). Pour un conseil efficace et non iatrogène, le pharmacien doit exploiter ses acquis scientifiques et son esprit critique et mettre ses connaissances à jour. Enfin, il est essentiel de rappeler l’intérêt du système de nutrivigilance*, dont les pharmaciens d’officine devraient être les principaux acteurs : ils ne constituent cependant que 5 % des déclarants d’effets indésirables de compléments alimentaires.

L’essentiel à retenir

* Déclaration en ligne : https://pro.anses.fr/nutrivigilance/.

Testez-vous

Quelle plante privilégier en cas d’insomnie liée à des troubles de la ménopause ?

a) Houblon

b) Passiflore

c) Valériane

Réponse : a. Limiter le traitement à la durée des troubles sans dépasser 3 mois. Eviter les préparations enrichies en phyto-œstrogène, notamment en cas d’antécédent de cancer hormonodépendant.

INFOS CLÉS

• Les plantes sédatives favorisent l’endormissement : eschscholtzia, houblon, passiflore, valériane et coquelicot chez l’enfant.

• Conseils de prise : après le repas du soir et 30minutes avant le coucher.

GEMMOTHÉRAPIE

Thérapeutique utilisant des extraits de jeunes tissus végétaux (bourgeons) dans un mélange alcool-glycérine.

INFOS CLÉS

• Les plantes anxiolytiques permettent de calmer les états d’inquiétude, de nervosité et d’irritabilité : passiflore, eschscholtzia, valériane, tilleul, ballote noire.

• Les plantes calmantes sont de bons compléments : houblon, aubépine, lavande, oranger amer (feuilles).

• Les prises sont étalées sur la journée dont une prise 30 minutes avant le coucher.

Testez-vous

Quelle (s) plante (s) n’a (ont) pas de propriétés anxiolytiques ?

Passiflore, eschscholtzia, houblon, valériane, tilleul.

Réponse : houblon

Huiles essentielles : précautions d’emploi

• Utiliser des HE 100 % pures, naturelles, certifiées. Bien refermer les flacons après utilisation. Ne pas laisser à portée des enfants. Bien se laver les mains après avoir touché une HE.

• Avis médical nécessaire : grossesse, allaitement, enfant de moins de 3 ans, pour la voie orale chez l’enfant de moins de 6 ans, antécédents d’épilepsie, allergie avérée.

• Voie orale : sauf avis contraire d’un professionnel de santé, ne pas dépasser 6 gouttes d’HE par jour chez un adulte (toutes HE confondues) durant 24 à 48 h, une semaine au maximum et les prendre sur un support (miel, huile d’olive, mie de pain). En cas d’ulcère gastrique, utiliser des HE sous forme de gélules gastrorésistantes. Prudence avec les HE neurotoxiques.

• En application sur la peau : les HE s’appliquent le plus souvent diluées dans une huile végétale. Attention aux HE allergisantes, photosensibilisantes, dermocaustiques (y compris pour la muqueuse buccale) ou neurotoxiques. Sur un terrain allergique ou en cas de peau sensible, effectuer au préalable un test de tolérance cutanée des HE ou mélanges appliqués sur la peau : déposer une goutte dans le pli du coude. Ne pas utiliser le produit si dans les 24 heures apparaît une réaction (rougeur, irritation, démangeaison…).

• En cas d’allergie respiratoire ou asthme, éviter l’inhalation et la diffusion d’huiles essentielles sans avis médical.

Le pouvoir des odeurs

• Les odeurs influencent notre comportement et notre humeur car le message olfactif est délivré au niveau du système limbique, siège des émotions et de la mémoire, sans passer par le conscient. Analysée par le cerveau, l’odeur déclenche une réponse selon qu’elle est perçue comme agréable ou désagréable et des réactions spécifiques de notre organisme : selon les odeurs diffusées, il est possible de calmer, stimuler, ou favoriser la concentration.

• L’aromachologie, qui étudie le pouvoir des odeurs sur le comportement, est particulièrement mise à profit dans le domaine du bien-être et de la gestion du stress par la diffusion d’HE dans des lieux privilégiés (spas, centres de remise en forme).

HE d’ylang-ylang : fractions et totum

• L’HE d’ylang-ylang est obtenue par entraînement à la vapeur d’eau des fleurs fraîches de Cananga odorata dans des alambics permettant d’isoler des fractions de densités différentes, au cours d’un processus de distillation qui peut durer jusqu’à 20 heures.

• Cinq fractions sont définies :

– Les fractions extra S (supérieure) et extra, obtenues dans les deux premières heures de distillation et à l’odeur très fine ainsi que la fraction première (I) obtenue au moins 1heure après l’obtention de l’extra, sont destinées à la parfumerie de luxe.

– Les fractions II et III (la fraction III est obtenue après plus de 6 h de chauffe) sont utilisées en parfumerie et surtout en cosmétique (1 goutte dans la crème de jour pour tonifier la peau), mais aussi en aromathérapie pour leurs propriétés anti-inflammatoires et relaxantes.

– L’HE totum (HE complète) correspond au mélange de toutes ces fractions. C’est la plus appréciée en aromathérapie car la plus relaxante du fait de sa composition plus équilibrée. Mais son odeur est moins fine que l’extra.

DER (DRUG EXTRACT RATIO)

Rapport entre la quantité de drogue initiale et la quantité de préparation obtenue. Il qualifie la concentration des extraits (sec, mou, fluide).

Exemple : DER 3-7 : 1 signifie que 3 à 7 parties de drogue permettent d’obtenir 1 partie d’extrait.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Sophie, 35 ans se présente à la pharmacie

– Bonjour, je voudrais une boîte de Prosoft,

– Je n’en ai plus en stock mais je peux vous proposer des gélules de poudre de millepertuis à la place.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Non. Le millepertuis sous forme de poudre n’a pas d’usage bien établi dans la prise en charge des symptômes dépressifs. Sous cette forme, il est traditionnellement utilisé en cas d’épuisement nerveux temporaire. Il en est de même pour la tisane. La forme vrac est à éviter car elle ne permet pas d’évaluer la quantité d’hyperforine (principe actif du millepertuis et inducteur enzymatique) ingérée par jour. Que ce soit pour la poudre ou la tisane, si cette quantité est inférieure à 1 mg et la durée du traitement inférieure à 2 semaines, il n’y a pas de risque d’interactions médicamenteuses. Mais, dans tous les cas, l’exposition aux UV est à éviter.

INFOS CLÉS

• Le millepertuis est la principale plante utilisée en cas de dépression légère. Les interactions médicamenteuses sont nombreuses.

• Ylang-ylang, litsée citronnée, romarin à verbénone, ravintsara sont les principales HE de la dépression légère.

Mode d’action des plantes adaptogènes

Agissant de manière non spécifique, les plantes adaptogènes augmentent la résistance de l’organisme aux agressions physiques (froid, chaud) et biologiques (infections), et permettent de mieux résister à la suractivité physique et au surmenage intellectuel. Indiquées également en cas de fatigue ou de sensation de faiblesse, elles améliorent les capacités physiques et mentales sans permettre de dépasser ses capacités maximales.

Leur mode d’action présumé consiste en :

– une mobilisation de l’énergie (glucose, ATP),

– une interaction avec la sécrétion des neuromédiateurs (adrénaline, noradrénaline, dopamine, sérotonine),

– une modification de la sécrétion des hormones (cortisol).

Rhodiole

Ginseng

Éleuthérocoque

INFOS CLÉS

• Les plantes adaptogènes permettent de mieux résister au stress : éleuthérocoque, ginseng, rhodiole. Eviter la prise le soir pour ne pas gêner l’endormissement.

• Les plantes calmantes permettent la prise en charge des manifestations somatiques liées au stress : mélisse, valériane, aubépine, tilleul, passiflore.

Testez-vous

A quel moment de la journée administrer le ginseng ?

Réponse : le matin. La prise est possible jusqu’à midi. Eviter

la prise du soir qui peut gêner l’endormissement.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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