RoActemra SC - Le Moniteur des Pharmacies n° 3080 du 16/05/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3080 du 16/05/2015
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Anne Drouadaine

Déjà disponible à l’hôpital sous forme de solution pour perfusion intraveineuse, le tocilizumab (RoActemra) est désormais commercialisé sous une forme injectable sous-cutanée.

Indication

RoActemra est indiqué, en association au méthotrexate, dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde active, modérée à sévère, chez les patients adultes en échec ou intolérants à un ou plusieurs traitements de fond ou à un ou plusieurs anti-TNF. En cas d’intolérance au méthotrexate, RoActemra pourra être utilisé en monothérapie.

Mode d’action

Anticorps monoclonal, le tocilizumab est dirigé contre les récepteurs solubles et membranaires de l’interleukine-6 humaine. Immunosuppresseur, inhibiteur d’interleukine, il empêche la transmission du signal médié par ces récepteurs.

Posologie

La posologie recommandée est de 162 mg une fois par semaine, administrée par voie sous-cutanée, en alternant les sites d’injection recommandés (abdomen, cuisse et partie supérieure du bras). L’injection ne doit jamais être réalisée dans un grain de beauté, une cicatrice ou des zones où la peau est sensible, contusionnée, rouge, dure ou non intacte. Lors du passage de la for?mulation intraveineuse à la sous-cutanée, le patient doit recevoir, sous la supervision d’un professionnel de santé qualifié, la première administration sous-cutanée à la date prévue pour la dose intraveineuse suivante. Les patients bénéficieront d’une formation appropriée à la technique d’injection sous-cutanée.

En cas d’oubli d’une injection sous-cutanée hebdomadaire, la suivante sera réalisée à la date préalablement programmée, sans doubler la dose. Un intervalle minimum de 7 jours est en effet nécessaire entre deux injections. En cas d’injection SC toutes les 2 semaines, la dose oubliée sera injectée immédiatement et les injections suivantes poursuivies aux dates initialement prévues.

Contre-indications

RoActemra est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité au tocilizumab et/ou d’infection sévère ou active.

Grossesse et allaitement

Le tocilizumab ne doit pas être utilisé durant la grossesse sauf nécessité absolue.

En raison de l’absence d’études sur l’excrétion du tocilizumab dans le lait, la décision concernant la poursuite ou l’interruption de l’allaitement ou du traitement sera prise en fonction des bénéfices de l’allaitement pour l’enfant et du traitement pour la mère.

Effets indésirables

Très fréquemment, des infections des voies respiratoires et une hypercholestérolémie peuvent survenir.

Les autres effets indésirables retrouvés sont une leucopénie, une neutropénie, une conjonctivite, des douleurs abdominales, des ulcérations buccales, une gastrite, un œdème périphérique, des réactions cutanées et d’hypersensibilité ou une réaction au site d’injection. Infections (conjonctivite, gastrite, herpès labial, zona, pneumonie…), augmentation des transaminases hépatiques et de la bilirubine totale, prise de poids, céphalées et vertiges, toux, dyspnée et hypertension surviennent également.

Consulter un médecin en cas de symptômes évoquant une tuberculose (toux persistante, amaigrissement et perte de poids, fébricule) apparaissant pendant ou après le traitement par RoActemra.

Interactions médicamenteuses

Les vaccins vivants, y compris les vivants atténués, ne doivent pas être administrés simultanément à un traitement par RoActemra.

Lors de l’instauration ou de l’interruption d’un traitement par tocilizumab, un ajustement de la posologie peut être nécessaire pour les médicaments métabolisés par les isoenzymes CYP450 3A4, 1A2 ou 2C9 (par exemple, l’atorvastatine, les inhibiteurs calciques, la théophylline, la warfarine, la phénytoïne, la ciclosporine ou les benzodiazépines). En raison d’un temps d’élimination relativement long, l’activité du tocilizumab sur ces enzymes peut persister plusieurs semaines après l’arrêt du traitement.

Surveillance particulière

Un dépistage de la tuberculose est recommandé avant l’instauration du traitement.

Au cours du traitement, une surveillance des transaminases hépatiques sera réalisée toutes les 4 à 8 semaines pendant les 6 premiers mois de traitement, puis toutes les 12 semaines.

Les taux des neutrophiles et des plaquettes seront contrôlés 4 à 8 semaines après le début du traitement, puis régulièrement.

Une évaluation des paramètres lipidiques sera également effectuée 4 à 8 semaines après le début du traitement.

FICHE TECHNIQUE

Tocilizumab 162 mg/0,9 ml, solution injectable, incolore à jaune pâle.

Boîte de 4 seringues préremplies (SC), remb. SS à 65 %, prix hors honoraire de dispensation : 990,67 €, AMM : 34009 278 248 4 5

Roche : 01 47 61 40 00

LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE

Qu’est-ce que c’est ?

La polyarthrite rhumatoïde est un rhumatisme inflammatoire chronique évolutif atteignant au moins trois articulations.

Elle peut s’accompagner de manifestations extra-articulaires. C’est une maladie d’apparition multifactorielle : prédisposition génétique, facteurs environnementaux (tabagisme, infection virale…), hormonaux, psychologiques et immunologiques.

Même si elle peut survenir à tout âge, la polyarthrite rhumatoïde débute le plus souvent entre 40 et 60 ans. Elle touche essentiellement les femmes, surtout quand la maladie commence avant 60 ans. En France, le nombre de personnes atteintes de polyarthrite justifiant un traitement de fond est estimé à 241 000 en 2013.

Quels sont les signes cliniques ?

– Les articulations sont touchées de manière symétrique : elles sont douloureuses et gonflées, le patient se plaint d’une raideur matinale d’au moins trois quarts d’heure et souvent de fièvre et/ou de fatigue.

– La polyarthrite rhumatoïde atteint les mains, les poignets, les pieds et/ou les chevilles, mais également les grosses articulations (épaules, coudes, hanches et genoux, voire le rachis cervical dans les formes sévères).

– L’inflammation siège tout d’abord au niveau de la membrane synoviale et peut s’étendre au cartilage et à l’os – entraînant alors la déformation de l’articulation – voire aux tendons (ténosynovite).

– Les manifestations extra-articulaires se caractérisent par l’apparition de nodules rhumatoïdes, du syndrome de Gougerot-Sjögren, d’un phénomène de Raynaud, de troubles pulmonaires, cardiaques…

Quelle est l’évolution de la maladie ?

La polyarthrite rhumatoïde évolue par poussées de durée et d’intensité variables selon la gravité de la maladie. La mise en place précoce d’un traitement permet d’observer des rémissions plus fréquentes et longues.

La guérison est possible mais peu fréquente. L’augmentation de la mortalité chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde est le plus souvent liée à une affection cardiovasculaire.

Delphine Guilloux

DÉLIVRANCE

Liste I

Prescription initiale hospitalière annuelle. Prescription réservée aux spécialistes en rhumatologie ou en médecine interne.

Surveillance particulière durant le traitement.

L’AVIS DE LA HAS

Service médical rendu important.

Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V).

Population cible estimée entre 19 500 et 26 000 pour les patients ayant eu une réponse inadéquate à un traitement antérieur (DMARD) y compris le méthotrexate, et entre 6 000 et 8 000 pour les patients ayant eu une réponse inadéquate à un traitement de fond dont au moins un anti-TNF.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Tocilizumab : une alternative SC à la voie IV

S’agissant de la présentation sous-cutanée (SC) du tocilizumab (RoActemra) indiquée chez le patient adulte atteint de polyarthrite rhumatoïde (PR) et seule disponible en ville – la forme IV l’est à l’hôpital depuis plusieurs années –, le laboratoire a déposé huit études dont deux de phase III, les seules analysées par la Commission de transparence. Contrôlées, randomisées, en double-aveugle, elles ont évalué l’efficacité et la tolérance de RoActemra SC sur des patients présentant une PR active en échec à un traitement de fond conventionnel ou à un anti-TNF, selon deux schémas :

– Etude de non-infériorité SUMMACTA. La forme SC injectée une fois par semaine a été comparée à la forme IV administrée toutes les 4 semaines, en association à un traitement de fond conventionnel à dose stable, sur une cohorte de 1 262 patients.

A la semaine 24, le taux de réponse ACR20 a été non-inférieur dans le bras SC (69,4 %) vs bras IV (73,4 %). Validés par l’American College of Rheumatology (ACR), les critères ACR20 évaluent une réponse thérapeutique en fixant un pourcentage d’amélioration à 20 (amélioration du nombre d’articulations douloureuses sur 28 articulations testées, et amélioration du nombre de synovites et de divers autres paramètres, dont la douleur et le handicap fonctionnel du patient).

– Etude de supériorité BREVACTA. La forme SC a été administrée une semaine sur deux (posologie recommandée en cas d’anomalies biologiques) vs placebo en association à un traitement de fond conventionnel à dose stable, sur une population de 656 patients. A la semaine 24, le taux de réponse ACR20 dans le bras SC (60,9 %) a été supérieur à celui observé dans le bras placebo (31,5 %). Une réduction de la progression des dommages articulaires a également été observée.

Le tocilizumab SC a le même intérêt dans la stratégie thérapeutique de la PR que la forme IV, dont il constitue une alternative.

Dites-le au patient

Ne pas agiter la seringue avant emploi.

Signaler au médecin tout symptôme suggérant une infection.

Une carte de surveillance du patient lui sera remise et devra être montrée aux professionnels de santé consultés.

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