La menthe poivrée - Le Moniteur des Pharmacies n° 3079 du 09/05/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3079 du 09/05/2015
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Chantal Ollier

Qu’est-ce que c’est ?

• La menthe poivrée, Mentha x piperita L., Lamiaceæ, est un hybride de Mentha aquatica L. (menthe aquatique) et de Mentha spicata L. (menthe crépue ou menthe verte) introduite en Angleterre au début du XVIIIe siècle. Stérile, elle se reproduit par des stolons. Sa tige quadrangulaire striée de violacé, de 60 cm de haut environ, porte des feuilles opposées, ovales, au bord denté et à l‘odeur très aromatique. Les fleurs bilabiées, rouge pâle à rose-violet, sont regroupées en épis denses au sommet des tiges.

• La race vert foncé ou menthe poivrée noire, la plus appréciée, est cultivée en Europe et aux Etats-Unis; la race vert clair ou menthe poivrée blanche provient des pays balkaniques.

Quelle est sa composition ?

• La menthe poivrée doit ses propriétés à plusieurs types de composants :

– une HE (0,5 à 6 %) constituée de menthol (30 à 55 %), menthone (14 à 32 %), acétate de menthyle (2,8 à 10 %), isomenthone (1,5 à 10%) et pulégone (jusqu’à 4%) ;

– des « tanins des labiées » (3,5 à 6 %) : acide rosmarinique et ses esters;

– des flavonoïdes en teneur très variable dominés par l’ériocitrine (6,6 à 15 %) et la rutine.

Quelle est son utilisation ?

• En Europe, la feuille est traditionnellement utilisée par voie orale dans le traitement symptomatique des troubles digestifs : dyspepsie, flatulences, douleurs abdominales.

• En France, elle est également indiquée en usage local pour calmer les démangeaisons cutanées et les piqûres d’insectes, en bains de bouche pour l’hygiène buccale, comme antalgique et antiseptique en gargarismes ou pastilles à sucer en cas de maux de gorge, en inhalation en cas de nez bouché.

Quel est son mode d’action ?

• La menthe poivrée est une plante majeure des troubles digestifs. Elle agit à plusieurs niveaux :

– L’action apéritive est attribuée à sa saveur aromatique, laquelle stimule de façon réflexe les sécrétions salivaires et pancréatiques.

– Elle facilite la digestion en augmentant l’activité lipasique du pancréas et de la muqueuse intestinale et l’activité amylasique de cette dernière.

– Cholérétique, en augmentant la synthèse d’acides biliaires.

– Son action carminative s’explique par un double mécanisme : diminution du tonus du sphincter de l’œsophage permettant la libération d’air et diminution de la production bactérienne de gaz dans le gros intestin.

– Elle est antispasmodique et relaxante de la musculature lisse intestinale (flavonoïdes, HE) et du sphincter d’Oddi (HE).

• La menthe poivrée est également antioxydante, antivirale (tanins), antibactérienne et antifongique (HE). Elle se montre antiallergique en inhibant la libération d’histamine par les mastocytes, et anti-inflammatoire. Sur le SNC, elle exerce un double effet : sédatif à faible dose et stimulant à forte dose (effet dû à l’HE).

Quelle est sa posologie ?

• Par voie orale, en infusion de 15 min, 1 tasse 3 fois par jour après les repas ou au moment des troubles :

– adulte : 1,5 à 3,0 g par tasse ;

– adolescents et enfants de 12 à 16 ans : 1 à 2 g par tasse ;

– enfant de 4 à 12 ans : 1 à 1,5 ?g par tasse.

• Une consultation est nécessaire si les symptômes s’aggravent ou persistent après deux semaines de traitement.

Quels sont les risques ?

• La menthe poivrée est contre-indiquée en cas d’allergie au menthol. Faute de données suffisantes, elle est déconseillée en cas de grossesse, allaitement et chez l’enfant de moins de 4 ans .

• Elle est généralement bien tolérée même à long terme dans le cadre d’une utilisation normale. Sa prise expose cependant à des risques d’effets indésirables, en particulier une aggravation du reflux gastro-œsophagien et une augmentation des brûlures d’estomac. Elle est donc à éviter chez les personnes qui en souffrent et doit être prise avec précaution en cas de troubles biliaires (calculs, cholangite) du fait de son action cholérétique.

Sources : Agence européenne du médicament, « Community herbal monograph on Mentha x piperita L. Folium, Assessment report on Mentha x piperita L. Folium », septembre 2008, www.emea.europa.eu ; M. Rombi, D. Robert, 120 Plantes médicinales, Ed. Alpen, Monaco, 2007 ; E. Teuscher, R. Anton, A. Lobstein, Plantes aromatiques, Ed. Tec & Doc, Paris, 2005.

À SAVOIR

• Les effets indésirables sévères observés avec la menthe poivrée sont causés par une absorption importante de menthol (HE, certaines confiseries) et ne sont pas à craindre avec une infusion de feuilles.

• 21 % de la teneur en HE passerait dans une infusion de feuilles de menthe poivrée, soit l’équivalent de 2,5 mg de menthol. Cette quantité exerce la même action stimulante réflexe sur les muqueuses nasales que 0,5 ml d’une solution alcoolique d’HE de menthe à 20 %. Cette stimulation peut entraîner chez l’enfant de moins de 2 ans une apnée subite et un spasme laryngé.

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