ORTHOPÉDIE (VOLET 1) - Le Moniteur des Pharmacies n° 3067 du 14/02/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3067 du 14/02/2015
 

Cahiers Formation du Moniteur

CONSEIL

LE COU

« J’ai le collier cervical de mon beau-frère »

M. M., 35 ans, a consulté son médecin pour une entorse cervicale bénigne :

– Délivrez-moi seulement les médicaments pour la douleur, mon beau-frère me prête son collier cervical.

– Etes-vous sûr que ce collier est adapté ?

– C’est le modèle classique et j’ai la même corpulence que mon beau-frère !

– Il est déconseillé d’utiliser un collier qui ne vous est pas destiné. Je vais donc vous faire essayer le bon modèle.

Les colliers cervicaux sont destinés à limiter l’amplitude des mouvements de rotation, de flexion et d’extension du rachis cervical. Ils diminuent aussi la charge portée par la colonne vertébrale. Ils sont utilisés à la suite de douleurs traumatique, inflammatoire ou neurologique pour leur action antalgique et décontracturante, avec un effet thermique dû à l’orthèse, un effet anti-inflammatoire de repos et un effet de rappel de posture en évitant les amplitudes extrêmes.

COLLIERS CERVICAUX

Il existe quatre types de colliers cervicaux, référencés selon leur action sur la restriction d’amplitude du mouvement. Du moins restrictif au plus restrictif.

Collier souple C1 pour soutien léger

→ L’orthèse en mousse, recouverte de jersey de coton, est ajustable par une fermeture autoagrippante à l’arrière du cou, et le plus souvent préformée avec un galbe mentonnier pour améliorer le confort. Elle est disponible en différentes hdivs, de 5/6 cm pour enfants à 10/11 cm pour adultes.

→ Son soutien est léger et temporaire, la limitation des amplitudes cervicales, principalement en flexion-extension, est faible.

→ Prise en charge : 9,25 €*.

Collier semi-rigide C2 pour soutien moyen

→ L’orthèse en mousse est renforcée par une plaque centrale rigide (en polyuréthanne, polyéthylène…) le plus souvent amovible (collier « évolutif » : il peut être utilisé en orthèse souple en retirant la plaque centrale pour un soutien léger). Non réglable en hdiv, elle existe au moins en 3hdivs et tailles différentes.

→ Prise en charge : 13,10 €*.

Collier semi-rigide C3 pour soutien moyen

→ L’orthèse, avec ou sans appui mentonnier, est formée de 2 plaques rigides permettant un réglage en hdiv grâce à un système autoagrippant ou par barrettes métalliques. Ces plaques sont perforées pour une meilleure ventilation et doublées d’une mousse de protection pour la peau.

→ La restriction des amplitudes, surtout en flexion-extension et latéroflexion, est modérée.

→ Prise en charge : 15,71 €*.

Collier rigide pour soutien renforcé C4

→ Souvent appelée « miniminerve », l’orthèse rigide est constituée de 2 coques anatomiques en mousse dense thermoformée : une coque antérieure avec un appui mentonnier et sternal, une coque postérieure avec un appui occipital et dorsal. Elles sont fermées sur les côtés par un système autoagrippant.

→ Sans être une immobilisation orthopédique, la restriction des amplitudes est importante en flexion-extension, en latéroflexion et en rotation.

→ Prise en charge : 18,77 €*.

EN PRATIQUE

Prise de mesure

→ Le patient est debout ou assis, la tête droite, le regard vers l’horizon, les épaules relâchées. La mesure de la circonférence du cou à sa base détermine la taille de l’orthèse, la mesure de la distance menton-base du cou détermine sa hdiv.

Pose

→ Dans la pratique, les colliers C1, C2 et C3 peuvent être posés par le pharmacien.

→ Le collier C4 est plus généralement utilisé en situation d’urgence. Ce sont alors les personnels d’intervention ou des médecins qui en assurent la pose.

Essayage

→ Le patient est debout ou assis, le regard légèrement au-dessus de l’horizon. L’orthèse est placée et fermée sans faire chevaucher les bords. La sensation de confort doit être immédiatement ressentie.

Entretien

→ Les colliers en mousse sont lavés à l’eau savonneuse tiède. Ils sont rincés et pressés sans torsion puis séchés à température ambiante. Certains colliers ont une housse amovible lavable.

→ Les parties semi-rigides ou rigides sont nettoyées avec une éponge humide.

Conseils

→ Préciser qu’il ne faut pas porter l’orthèse au-delà de la durée prescrite. Le port excessif pourrait induire un risque de majoration du handicap et des douleurs (par fonte musculaire, enraidissement articulaire et diminution de la proprioception), en particulier pour les colliers rigides et semi-rigides.

→ Un sevrage progressif en cas de port prolongé est recommandé.

→ Devant une demande spontanée, proposer en première intention un collier C1, ou de préférence C2 en cas de suspicion d’entorse avant une consultation médicale.

→ En cas de douleurs cervicales type torticolis et en absence d’orthèse, une serviette chaude enroulée et maintenue autour du cou peut représenter une solution provisoire.

→ Rappeler que le port de collier cervical n’est pas compatible avec la conduite en raison de la limitation des mouvements.

→ Certains colliers cervicaux rigides C4, prescrits à la suite de fracture cervicale ou en postopératoire peuvent être gardés pendant la douche.

→ Prévenir le mal de cou au quotidien : en évitant les postures prolongées en flexion ou extension, en effectuant régulièrement des exercices de décontraction du cou mais également d’étirement du dos et des membres, en ajustant l’appui-tête en voiture, en adoptant une bonne position devant l’ordinateur, en traitant le stress…

LE DOS

« Une ceinture pour travail de force ? »

Sam, 30 ans, manutentionnaire :

– Je soulève des cartons toute la journée et le soir j’ai le dos en miettes! J’applique parfois des patchs chauffants qui me soulagent, mais ce n’est pas suffisant…

– Avez-vous essayé de porter une ceinture lombaire ?

– Comme une ceinture de force ?

– Non, la ceinture lombaire permet de soutenir votre dos et vous évite de mauvaises postures pendant l’activité. En plus elle apporte un effet de chaleur décontracturant. Mais il faudrait aussi éliminer d’éventuels gestes nocifs.

La ceinture lombaire est utilisée pendant la période douloureuse aiguë afin de maintenir la colonne vertébrale dans une bonne position et diminuer la douleur ; puis, après, pour favoriser la reprise d’activité ; ou avant, en prévention lors d’une activité physique susceptible de provoquer des postures nocives.

ORTHÈSES LOMBAIRES DE SÉRIE

Bandes-ceintures et ceintures de soutien lombaire (CSL)

→ Ce sont généralement des orthèses souples, prescrites dans un but antalgique et proprioceptif pour une utilisation temporaire ou discontinue.

→ Elles permettent de contrôler les mouvements latéraux, voire de rotation, et apportent un confort immédiat associé à un bien-être thermique décontracturant.

→ En tissu tricoté (pour les plus souples) ou tissu élastique respirant, elles intègrent dans leur partie dorsale quatre ressorts afin de soutenir la région sacrolombaire : ressorts souples pour les bandes ceintures (parfois plaque de rigidité), aciers ressorts pour les ceintures de soutien lombaire. Deux baleines souples peuvent être ajoutées dans la partie ventrale afin d’avoir une meilleure tenue de la ceinture. Selon la nature du textile, certaines orthèses peuvent être portées directement sur la peau (Lombacross de Thuasne, Lombagib Underwear de Gibaud, Dorsabelt Velpeau de Lohmann et Rauscher…).

→ Elles sont généralement disponibles en 2 hdivs dorsales, le plus souvent 21 et 26 cm, et en différentes tailles. Pour les plus grandes morphologies il existe des ceintures de hdiv 32 cm (Lumbamed Stabil de Medi France), 35 cm et 40 cm (LombaxH de Thuasne).

→ Leur fermeture antérieure (ventrale) est réglable par un système autoagrippant, le plus souvent facilité par des passe-mains ou des passe-doigts.

→ La bande-ceinture se différencie principalement de la ceinture lombaire de soutien par une force de compression élastique moins importante.

→ Les caractéristiques particulières des différentes ceintures lombaires sont très nombreuses ; elles orientent le choix de l’orthèse en fonction des effets et du confort recherchés :

– pour un soutien renforcé : un dossard rigide, des baleines rigides ou semi-rigides et/ou des sangles dorsales supplémentaires, des bandes croisées dans le dos, augmentent la stabilisation de la zone lombaire, favorisant la correction de postures nocives, avec une action préventive lors d’activité de loisirs ou de travaux de force ;

– pour un soutien à contention modulable : grâce à une double ou quadruple sangle de rappel qui permet d’ajuster le niveau de compression en fonction de l’évolution de la pathologie et/ou de l’activité.

– mixte ou spécifique femme : grâce à des découpes spécialement adaptées à la morphologie féminine ;

– avec des dispositifs spéciaux : système pneumatique à circulation d’air pour un effet de massage et d’isolation thermique ; poche pour pack de thermothérapie (chaud/froid) à effet antalgique ; insertion de compresse apaisante, ajout de bretelles pour un port en activité…

→ Prise en charge : la bande ceinture est remboursée sur la base de 43,43 €, la CSL sur le tarif de 47,19 € (21 cm) ou 55,86 € (26 cm et plus)*.

Ceintures lomboabdominales

→ Elaborées selon le même principe que les CSL, elles ont en plus un soutien compressif abdominal lorsque des déficiences abdominales (obésité, prévention d’éventration…) accompagnent une pathologie lombaire.

Généralement renforcées par quatre baleines postérieures souples et deux baleines antérieures souples, elles se ferment sur la partie latérale par autoagrippant ajustable.

→ Elles sont diversement référencées :

– soit comme bande ceinture lomboabdominale (Gibaud) avec une base de remboursement de 43,43 €* ;

– soit comme ceinture de soutien abdominale (Lombo-Abdo de Donjoy) et remboursée sur la base de 71,90 €*.

Corset pour immobilisation et maintien en hyperextension de rachis (CIMHR)

→ C’est une orthèse rigide avec un plastron dorsal et deux points d’appui antérieurs : sternal et pubien. Elle permet une immobilisation relative du rachis lombaire pour un effet antalgique. Elle est indiquée en cas de tassements de vertèbres, d’ostéoporose, de hernie discale ou d’hyperlordose, fracture par compression de la colonne vertébrale…

→ Il existe des modèles plus complexes : avec appui mentonnier ou avec minerve complète.

→ Prise en charge : selon la complexité du modèle, le CIMHR est remboursé à 89,70 €, 114,15 € ou 168,81 €*.

MODE D’ACTION

L’orthèse lombaire intervient à différents niveaux :

→ Elle permet d’une part la réduction de mobilité du rachis lombaire, en particulier sur l’amplitude des mouvements d’inclinaison latérale, et elle augmente d’autre part la pression intra-abdominale, participant ainsi au renforcement du « caisson abdominal ». En effet le relâchement du « caisson abdominal » (délimité par le diaphragme, le rachis lombaire, les muscles de l’abdomen, de la paroi latérale et du plancher périnéal) entraîne à l’effort une sollicitation importante des lombaires, à l’origine de lombalgies.

→ En favorisant le redressement de la lordose lombaire, elle réduit les forces de compression des disques intervertébraux.

→ Aux effets biomécaniques et musculaires, s’ajoutent des effets de rappels de posture liés à la mise en éveil de la sensibilité proprioceptive avec une meilleure perception de son corps.

→ Enfin, l’orthèse apporte aussi un bien-être thermique qui participe à l’effet antalgique.

EN PRATIQUE

Choix de l’orthèse

→ Le choix de la ceinture dépend de l’effet recherché : soutien élevé pour les douleurs aiguës, plus souple en prévention de douleurs récidivantes ou chroniques, progressif en cas d’activités variées (jardinage…), avec soutien renforcé lors de travaux de force (manutention…).

→ Le choix dépend surtout du maximum de confort et du minimum de gêne apportés par la ceinture lombaire, d’où l’importance de l’essayage.

Prise de mesure

→ La taille de la ceinture de série se détermine en fonction de la morphologie du patient : taille et tour de taille.

→ La mesure se fait sur un sujet debout, sur un tee-shirt ajusté. Selon les gammes, elle prend en compte le tour de taille mesuré à 2 cm des crêtes iliaques, ou le tour de hanche (pour les femmes). Il faut demander au sujet de respirer normalement sans bloquer ses abdominaux. Le ruban-mètre est tendu sans serrer. En cas de dimensions entre 2 tailles, choisir la plus grande.

→ La hdiv de ceinture dépend de la taille du patient (voir tableau ci-dessous).

Essayage et pose

→ L’essayage de la ceinture se fait debout, puis en position assise.

→ Vérifier que les baleines postérieures soient symétriquement placées de part et d’autre de la colonne vertébrale, et le bas de la ceinture au-dessus du pli interfessier.

→ Conformer les ressorts ou les baleines pour l’adapter au mieux sur le patient.

→ Demander au patient d’étirer symétriquement le tissu élastique de chaque côté avant d’ajuster la ceinture et faire de même avec le sanglage supplémentaire.

→ S’assurer de la facilité d’ajustage de la ceinture, en particulier pour les personnes ayant peu de force comme les personnes âgées et leur proposer dans ce cas une orthèse à simple fermeture, sans sangle de rappel, avec passe-main…

→ Une sensation de confort doit être rapidement ressentie.

→ Vérifier l’absence de gêne respiratoire et digestive, en particulier en position assise.

→ Le CIMHR, de série ou sur mesure, prescrit dans le cas de fracture ou fissure vertébrale, nécessite une formation spécifique (DU d’orthopédie).

Précautions

→ Une insuffisance respiratoire, une hernie hiatale ou inguinale peuvent être une contre-indication.

→ Une surveillance de la tolérance cutanée peut prévenir des escarres, surtout en regard des reliefs osseux.

Entretien

→ La plupart des ceintures sont lavables entre 30 et 40 °C avec une eau savonneuse. Après rinçage, elles sont essorées par pressage puis séchées à plat loin d’une source de chaleur.

Conseils

→ Si l’indication ou si le type d’orthèse ne sont pas précisés sur la prescription, interroger le patient sur la nature de sa douleur et sur son activité (professionnelle et extraprofessionnelle).

→ Rappeler qu’il est essentiel de respecter les durées prescrites pour le port de l’orthèse.

→ Le port nocturne n’est pas conseillé, sauf avis médical.

→ Rééducation et repos partiel font partie de la prise en charge de la lombalgie, avec une reprise progressive d’activité.

LE COUDE ET L’ÉPAULE

« Je ne peux plus jouer au tennis »

M. R, 35 ans, vient acheter une poche de gel froid :

– J’ai repris les entraînements de tennis depuis quelques mois, mais depuis peu une douleur à la face externe du coude m’empêche de jouer correctement.

– Utiliser du froid est une très bonne idée, mais il faut également respecter un repos de 3 semaines. Je peux également vous proposer une orthèse pour vous soulager.

– Mon moniteur me dit que cela peut venir de mon geste, c’est possible ?

– Oui, la répétition d’un mauvais geste peut en être à l’origine !

Les traumatismes du coude et de l’épaule sont fréquents, notamment lors de chutes ou de la pratique de sports de contact, de glisse, de lancer…

Différentes orthèses existent pour soutenir, maintenir ou immobiliser l’articulation.

APPAREILLAGE

Pour le coude Bracelet antiépicondylite

→ Brassard qui permet une décharge mécanique des insertions tendineuses sur les épicondyles latéral et médial (épitrochlée) lors des activités et amortit les vibrations. Certains bracelets sont dotés d’inserts en silicone procurant un effet massant.

→ Il est indiqué en prévention des épicondylites et, selon les modèles, de l’épitrochléite.

→ Non remboursé.

→ Prise de mesure : selon les gammes, la taille se définit par la mesure de la circonférence du coude (coude légèrement fléchi) ou celle de l’avant-bras à 8cm en dessous du pli du coude ; il existe également des modèles en taille unique mais réglable.

Coudière de contention

→ Elle permet une compression des muscles et limite leur sollicitation. Les coudières simples bénéficient d’un effet antalgique par effet thermique (arthrose…) ; d’autres bénéficient en plus d’un effet amortisseur et massant grâce aux inserts en silicone (épicondylite, épitrochléite en phase aiguë, arthrose, coude instable, entorse bénigne et séquelles de traumatisme).

→ Non remboursée.

→ Prise de mesure : circonférence de l’avant-bras ou tour de coude.

Attelle de coude articulée

→ Constituée d’un baleinage métallique ou thermoformée, elle permet une immobilisation totale ou une limitation de l’amplitude du mouvement après une blessure ou une intervention chirurgicale.

→ Non remboursée.

→ Prise de mesure : circonférence de l’avant-bras ou tour de coude. Certains modèles existent en taille unique adaptable. Préciser droite ou gauche.

Pour l’épauleEcharpe de bras

→ Elle permet un soutien simple du bras. Elle est utilisée pour décharger l’épaule et le bras après traumatisme (luxation, entorse, contusion), en postopératoire ou si paralysie. Le bras est retenu contre le corps par un manchon en tissu et parfois un filet aéré, et par une sangle réglable.

→ La prise en charge varie selon les modèles : absence de remboursement ou prise en charge par l’assurance maladie à 15,24 €* si l’écharpe correspond à un « coude au corps ».

→ Les modèles existent soit en taille unique, soit en plusieurs tailles (prise de mesure : longueur de l’avant-bras, circonférence du thorax ou tour de taille).

Orthèses pour immobilisation coude au corps

– Gilet de contention et d’immobilisation (GCI) :

→ Il permet de maintenir le coude contre le corps et d’immobiliser l’articulation scapulohumérale. Il est généralement constitué d’un manchon soutenu par deux bretelles se croisant dans le dos et d’une bande thoracique maintenant le coude au corps. Indiqué dans la luxation (déboîtement total) ou fracture de la tête humérale.

→ Prise en charge : 15,24 €*.

→ La mesure correspond en général à la circonférence de la poitrine (avec ou sans le bras).

– Gilet acromioclaviculaire :

→ Variante du GCI, il possède un bandage en cavalier exerçant une pression sur la clavicule ainsi remise en place. Indiqué dans la subluxation acromioclaviculaire (déboîtement partiel).

→ Même prise en charge par l’assurance maladie que le GCI.

→ Même principe de mesure que pour le GCI.

Appareils d’abduction thoracobrachial

→ Ils permettent un blocage de l’épaule sans coller le coude au corps. Il s’agit de coussins en mousse ou d’appareils plus sophistiqués qui permettent de régler le degré d’abduction. Le positionnement du bras en abduction permet d’éviter la rétraction capsulaire (enraidissement douloureux progressif de l’articulation de l’épaule). Indiqués dans la rupture de la coiffe des rotateurs.

→ Non remboursés.

→ Prise de mesure : longueur de l’avant-bras, du pli de flexion du coude au pli de flexion des doigts.

Sangles acromioclaviculaires ou anneaux claviculaires

→ Pour fracture de la clavicule. Bandage en forme de 8permettant de maintenir l’épaule en rétropulsion (vers l’arrière), de limiter les mouvements de la clavicule et d’éviter les chevauchements des fragments osseux de la clavicule fracturée.

→ Non remboursées.

→ Prise de mesure : longueur de la carrure d’une épaule à l’autre dans le dos.

A noter que certains modèles existent en taille unique réglable.

Epaulière

→ En tissu extensible, elle permet un apport de chaleur au niveau de l’articulation. Indiquée dans l’arthrose ou la reprise d’activité.

→ Non remboursée.

→ La taille se définit selon les fabricants par la circonférence du bras au niveau du biceps ou le tour de poitrine.

EN PRATIQUE

Pose

→ En cas de fractures ou à la suite d’une intervention chirurgicale, la pose de l’orthèse sera faite par le médecin. Dans les autres cas, le pharmacien peut poser les différents appareillages.

→ Pour les coudières, s’assurer du bon positionnement des amortisseurs ou de la pastille du brassard sur les zones épicondyliennes et épitrochléennes.

→ Pour les orthèses « coude au corps », placer le bras à 90° par rapport à l’avant-bras.

Entretien

→ Laver à la main à l’eau tiède et savonneuse puis rincer abondamment à l’eau tiède.

→ Essorer par pression, sans tordre.

→ Faire sécher à plat, à distance des sources de chaleur.

Modalités de port

→ En cas de fracture ou de luxation, les orthèses doivent être portées jour et nuit pendant toute la phase de consolidation ou de cicatrisation, y compris pendant la toilette.

→ Les orthèses pour épicondylite ou épitrochléite sont portées le jour.

MAIN ET POIGNET

« Les objets m’échappent des mains »

Françoise, 74 ans, est atteinte de rhizarthrose :

– Je voudrais quelque chose pour soulager une douleur au pouce.

– Quel genre de douleur ?

– Plutôt lancinante. Elle apparaît par exemple quand j’ouvre un bocal ou quand j’utilise mes clefs. Et du coup je lâche tout !

– Pourquoi ne portez-vous pas votre attelle de pouce ?

– Elle me gêne durant la journée

– Vous pouvez la porter la journée uniquement si besoin, mais portez-la bien pendant la nuit pour mettre l’articulation au repos. Aller voir un kinésithérapeute pourrait également vous aider.

Les mains et les poignets étant utilisés dans tous les gestes de la vie courante, ils sont exposés à de nombreux traumatismes ou pathologies dégénératives. Les attelles et orthèses pour appareillage de la main et du poignet sont destinées à la rééducation du poignet et/ou de la main et/ou des doigts.

APPAREILLAGE

Pour la main Attelles digitales (hors pouce)

→ Elles sont utilisées pour immobiliser les articulations interphalangiennes en extension en cas de traumatisme du doigt.

→ Différents modèles existent :

– Attelle grenouille : attelle en aluminium facilement conformable, recouverte de mousse, avec pattes de fixation bilatérales, pour le maintien en extension des phalanges proximales et distales.

– Attelle Baseball : ressemble à l’attelle grenouille mais avec des fixations unilatérales.

– Attelle digitale courbe : attelle métallique recouverte de mousse terminée par une partie recourbée.

– Attelle fourreau : attelle métallique recouverte de mousse et pliée en deux pour glisser le doigt dedans.

– Attelles moulées : l’attelle de Stack stabilise l’articulation interphalangienne distale alors que l’attelle interphalangienne stabilise la proximale.

– Attelle Iselin : attelle en aluminium recouverte de mousse qui peut maintenir 1 à 3 doigts et est découpée à la longueur souhaitée.

→ Non remboursées.

→ Prise de mesure : elles existent en plusieurs tailles selon le doigt touché. En fonction des modèles prendre soit la longueur du bout du doigt jusqu’au pli palmaire, soit la circonférence du doigt à la base de l’ongle.

Attelles de pouce

→ Elles permettent l’immobilisation du pouce en position antalgique et la limitation d’amplitude mais préservent la mobilité du poignet. Indiquées dans les inflammations, traumatismes et tendinopathies du pouce, rhizarthrose, pouce à ressauts.

→ Prises en charge par l’assurance maladie (43,32 €*).

→ Prise de mesure : selon les gammes et le modèle, on choisit la taille en fonction de la longueur pliure poignet-première phalange du pouce ou du tour du poignet et du diamètre du pouce.

Pour le poignetAttelles de poignet/main

→ Elles permettent l’immobilisation du poignet en légère extension en préservant la mobilité des doigts, en particulier du pouce. Indiquées dans le syndrome du canal carpien, l’arthrose, les rhumatismes, les tendinites, les traumatismes du carpe et/ou du poignet et en pré-/postopératoire.

→ Prises en charge par l’assurance maladie (56,64 €*).

→ Prise de mesure : la taille se définit par la mesure du tour de poignet.

Attelles de poignet/pouce

→ Elles permettent l’immobilisation du poignet et du pouce maintenu en abduction. Indiquées lors de la rhizarthrose, tendinite de De Quervain, syndrome du canal carpien, pathologies inflammatoires et traumatismes de la colonne du pouce, immobilisation postopératoire, séquelles traumatiques ou neurologiques.

→ Prise en charge : remboursées par l’assurance maladie (53,18 €*).

→ Prise de mesure : la taille se définit par la mesure du tour de poignet.

EN PRATIQUE

Choix de l’orthèse

→ Le choix se fait en fonction de la localisation de l’articulation et de la nature de l’atteinte.

→ Certains fabricants proposent des modèles ambidextres, d’autres des modèles « droite » ou « gauche ».

→ Ne pas immobiliser une articulation qui n’en a pas besoin (en particulier dans le cas des attelles poignet-pouce) afin de ne pas l’enraidir.

→ Le thermoformable s’avère parfois plus adapté mais, sur mesure, il nécessite une formation.

Pose

→ Le pharmacien peut poser les orthèses de main et de poignet, excepté en cas de fracture (qui nécessite un contrôle radiographique).

→ Pour les modèles ambidextres des attelles de poignet, s’assurer que les baleines palmaire et dorsale soient du bon côté. Les modèles sont en général préparés par défaut pour la main droite.

→ Conformer les baleines et ajuster les sangles pour un maintien ferme mais confortable.

Entretien

→ Retirer les baleines amovibles avant le lavage.

→ Laver à la main à l’eau tiède et savonneuse puis rincer abondamment à l’eau tiède.

→ Essorer par pression, sans tordre.

→ Faire sécher à plat, à distance des sources de chaleur.

Modalités de port

→ Entorse ou fracture : l’orthèse doit être portée jour et nuit pendant toute la phase de consolidation.

→ Mallet finger ou doigt en maillet : perte d’extension de la dernière phalange due à la rupture du tendon extenseur.

Elle survient lors d’un mouvement de flexion forcée du doigt (par exemple choc d’un ballon). Le doigt est alors déformé mais le plus souvent non douloureux. On utilise une attelle maintenant le doigt en extension pendant toute la durée de cicatrisation (soit environ 6 semaines), elle peut ensuite être portée seulement la nuit.

→ Rhizarthrose : arthrose du pouce qui atteint l’articulation trapézométacarpienne.

Pathologie essentiellement féminine et souvent bilatérale. Elle entraîne une douleur, en particulier dans les gestes de la vie quotidienne, qui évolue par poussée. On utilise dans ce cas une attelle de pouce ou une attelle poignet/pouce si la douleur irradie dans l’avant-bras. L’attelle peut être portée au cours des activités quotidiennes mais surtout la nuit pour mettre l’articulation au repos.

→ Tendinite de De Quervain : inflammation des tendons à la base du pouce qui rend les mouvements de ce dernier ainsi que ceux du poignet douloureux. On utilise donc une attelle poignet/pouce maintenant le poignet en extension ainsi que la première phalange du pouce en légère abduction et extension. L’attelle est portée jour et nuit puis le patient la retire progressivement dès l’amélioration.

→ Syndrome du canal carpien : pathologie due à la compression du nerf médian lors de sa traversée du canal carpien, que l’on retrouve essentiellement chez la femme autour de la ménopause ou lors de la grossesse et chez les personnes effectuant des gestes répétitifs. Il se traduit par un engourdissement, des picotements puis une douleur au niveau du pouce, de l’index et du majeur. Pour éviter la flexion du poignet qui comprime le canal, on utilise donc une attelle de poignet/main ou de poignet/pouce en journée et éventuellement la nuit (type Manugib canal carpien de Gibaud).

→ Il est indispensable de rappeler au patient de bien nettoyer et sécher sa peau avant de remettre son attelle (excepté en cas de fracture où on ne peut l’enlever).

L’INTERVIEW Aude Lemaire, PHARMACIENNE D’OFFICINE ET ENSEIGNANTE POUR LE DU « ORTHÈSES » DE LA FACULTÉ DE PHARMACIE DE NANCY

« La délivrance d’orthèses nécessite de solides connaissances »

« Le Moniteur » : Qui peut délivrer et poser une orthèse ?

Aude Lemaire : Tout commerçant peut vendre des orthèses de série, même si, souvent, il a une absence totale des connaissances nécessaires. L’assuré, pour bénéficier d’un remboursement en cas de prescription, doit s’adresser à un fournisseur agréé (pharmacien, orthoprothésiste, orthopédiste…). Le pharmacien d’officine, à l’issue de sa formation universitaire, peut uniquement délivrer la totalité des orthèses de série. Le diplôme universitaire d’orthopédie dispensé dans plusieurs facultés de pharmacie lui donne la possibilité de réaliser du sur mesure. Ce DU lui permet également d’acquérir les connaissances nécessaires en anatomopathologie, et d’avoir un aperçu de l’éventail complet des orthèses existantes sur le marché afin d’effectuer le choix le plus adapté au cas de chaque patient.

Et le préparateur ?

Il peut prendre les mesures s’il y a été formé, la délivrance se faisant comme pour tout sous la surveillance du pharmacien.

Quand orienter un patient vers le sur-mesure ?

Il faut passer au sur mesure quand les mensurations du patient sont hors gabarit de la série, bien sûr, mais aussi quand l’orthèse répondant à une pathologie donnée n’est pas disponible dans le panel de la série.

Le pharmacien peut-il conseiller une orthèse sans avis médical ?

Oui et non, tout dépend de la pathologie. Le pharmacien doit, en tout cas, savoir déceler les signes d’alerte nécessitant une consultation médicale. Mais il peut très bien être amené, au cours de sa conversation avec son client, à proposer une orthèse pour résoudre un problème existant (sans gravité majeure) ou pour envisager la reprise d’une activité sportive suite à un traumatisme, ou également pour éviter une éventuelle récidive.

L’essentiel à retenir

Guide de prise de mesure*

Tarif LPPR 2014 (liste des produits et prestations remboursables).

INFOS CLÉS

→ Les colliers cervicaux ont pour fonction de limiter l’amplitude des mouvements de flexion, d’extension et du rachis cervical.

→ Quatre types de colliers sont disponibles et choisis en fonction de l’atteinte cervicale.

Conditions de prise en charge des orthèses

→ Faire partie de la liste des produits et prestations remboursables (LPPR).

→ Prescription médicale sur une ordonnance indépendante de la prescription de produits pharmaceutiques ou tout autre appareil, et qui précise la nature et le siège de l’atteinte.

→ Si le port est présumé permanent, le délai de renouvellement est généralement de un an, sauf cas particuliers (détérioration accidentelle, modification physiologique…).

→ Le taux de remboursement par l’assurance maladie est de 60 % du tarif de base fixé par la LPPR. En cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle ce taux est de 100 % et peut être porté à 150 % si le prix de vente est supérieur au tarif de base.

→ Aux patients bénéficiaires de la CMU complémentaire, le pharmacien doit proposer un collier C1, une orthèse de genou articulée ou non articulée sans dépassement, sauf volonté expresse du patient. Le surcoût sera à sa charge.

Testez-vous

Faut-il garder le collier cervical la nuit ?

Réponse : le port nocturne est indiqué soit pour un effet antalgique en situation de douleur aiguë (collier C1 pour plus de confort), soit en cas d’immobilisation continue (collier C3 ou C4).

INFOS CLÉS

→ Les orthèses lombaires de série sont principalement utilisées pour un effet :

– mécanique de correction posturale et d’immobilisation relative ;

– antalgique et décontracturant.

→ Leur port est :

– continu dans la journée lors de douleurs aiguës ;

– réservé à l’activité en prévention des douleurs.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Mme C. 55 ans :

– Le médecin m’a prescrit une ceinture lombaire à porter pendant mes crises d’arthrose, mais elle me fait tellement de bien que je la mets tous les jours…

– Vous avez raison, avec votre lombalgie chronique cela ne peut que vous soulager ! Mais ne l’utilisez que dans la journée.

Le pharmacien a-t-il raison ?

Non, une ceinture lombaire ne se porte que pendant les périodes de crises douloureuses et éventuellement pendant certaines activités contraignantes pour le rachis. Un port permanent est déconseillé, sauf avis médical, car cela peut entraîner une baisse de la force des muscles fléchisseurs et extenseurs du rachis, ainsi que modifier la sensibilité proprioceptive du tronc. Il faut lui proposer un sevrage progressif.

INFOS CLÉS

→ Les orthèses de coude et d’épaule sont hétérogènes

→ Seules les orthèses répondant à la définition de « gilet de série pour contention et immobilisation scapulohumérale » (coude au corps) sont remboursées par l’assurance maladie.

→ L’attelle de coude articulée et les anneaux claviculaires doivent être posés par un médecin.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

M. C, 45 ans, qui revient d’un stage de judo, se présente avec un hygroma au coude :

– J’ai fait quelques chutes et j’ai mal au coude. Regardez, il est gonflé sur la face arrière.

– Effectivement. Je vous propose une coudière pour que vous puissiez reprendre le sport.

Etes-vous d’accord avec votre confrère ?

Non. L’hygroma correspond à une hypertrophie et une inflammation de la bourse séreuse rétro-olécranienne. Si la peau est lésée, il existe un risque de surinfection de la bursite par érosion cutanée. Une consultation médicale rapide s’impose. En attendant, M. C doit appliquer du froid et mettre l’articulation au repos. A la reprise du judo, conseiller en prévention une coudière.

Les conseils du kiné : l’épicondylite

L’épicondylite ou tennis-elbow est une tendinite d’insertion des muscles épicondyliens lors de l’hypersollicitation du tendon (sports de raquette) entraînant des douleurs à la face externe du coude irradiant l’avant-bras et la main.

→ Freiner les gestes répétitifs nécessitant une extension du poignet et des doigts, une extension du coude et une supination du poignet. Interroger le patient pour rechercher avec lui quels sont les gestes dans sa vie professionnelle ou sportive qui entretiennent la tendinite et essayer de les diminuer !

→ Porter une attelle de poignet pour mettre les extenseurs de doigts et du poignet au repos dans la journée.

→ Utilisation de coussin réutilisable pour cryothérapie trois fois par jour au minimum pendant 30 minutes.

→ Eviter l’alimentation acide (viande rouge, alcool, café, yaourts…) et boire beaucoup pour restaurer l’équilibre acidobasique.

→ Consulter un kiné pour apprendre le massage transverse profond.

INFOS CLÉS

→ Selon l’indication, les orthèses peuvent être portées le jour et/ou la nuit.

→ Ne pas immobilier une articulation qui n’en a pas besoin afin de ne pas l’enraidir.

→ Une hygiène rigoureuse de la peau est indispensable pour éviter la macération.

Les conseils du kiné : la rhizarthrose

→ Freiner les facteurs aggravants en évitant le port de charges lourdes, les manipulations nécessitant les prises de force ainsi que les gestes répétitifs (facteurs d’usure des cartilages).

→ Port régulier d’attelles de nuit pour mettre les articulations au repos, en précisant au patient que le soulagement souhaité ne surviendra qu’au bout de quelques jours.

→ Port d’une attelle pour le travail dans la journée en cas de poussées douloureuses pour soulager mais pas tout le temps car source d’enraidissement et d’amyotrophie.

→ Automassage de la colonne du pouce et des doigts en décharge et sans douleur pour freiner l’enraidissement, assurer une meilleure trophicité des tissus et assouplir les articulations.

Testez-vous

Mme S. souffre d’une tendinite de De Quervain. Quelle orthèse lui conseiller ?

a) Une orthèse de pouce

b) Une orthèse de poignet

b) Une réponse de poignet/pouce

Réponse : c.

Réglementation

Depuis 2007, la plupart des orthèses peuvent être délivrées en officine. Exceptions :

– les ceintures médicochirurgicales de soutien ou de maintien réalisées sur mesure ;

– les corsets orthopédiques d’immobilisation du rachis réalisés sur mesure en tissu armé ou par morphoadaptation immédiate de produits de série en matériaux thermoformables basse température ;

– les bandages herniaires ;

– les orthèses élastiques de contention des membres réalisées sur mesure ;

– les vêtements compressifs pour grands brûlés sur mesure. La conception et la délivrance de ces orthèses sont réservées aux orthopédistes-orthésistes et aux titulaires d’un DU d’orthopédie.

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