Un nouvel inhibiteur de l’intégrase du VIH - Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014
 
TIVICAY

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Yolande Gauthier

Le dolutégravir (Tivicay) est un antirétroviral de la classe des inhibiteurs de l’intégrase, qui comprend déjà le raltégravir (Isentress) et l’elvitégravir (en association dans Stribild). Disponible en ATU (autorisation temporaire d’utilisation) depuis 2011, il est à présent accessible à l’officine. Son intérêt, par rapport au raltégravir ou à l’elvitégravir, réside dans l’apparition moins fréquente et/ou moins rapide de résistances virales.

Indication

Tivicay est indiqué dans le traitement de l’infection par le VIH, toujours en association à d’autres médicaments antirétroviraux, chez l’adulte et l’adolescent âgé de plus de 12 ans.

Mode d’action

Le dolutégravir inhibe l’intégrase du VIH en se liant au site actif de la protéine. Il bloque une étape essentielle à la réplication du virus, celle du transfert de brin lors de l’intégration de l’ADN rétroviral à l’intérieur du génome de la cellule hôte.

Posologie

– La prescription de Tivicay doit être faite par un médecin expérimenté dans la prise en charge de l’infection par le VIH.

– Pour les patients sans résistance à la classe des inhibiteurs d’intégrase, la posologie de dolutégravir est de 50 mg (un comprimé) une fois par jour. Elle sera portée à un comprimé deux fois par jour en cas de traitement simultané par certains médicaments tels que éfavirenz (Sustiva), tipranavir (Aptivus)/ritonavir (Norvir), névirapine (Viramune), rifampicine… La prise peut se faire avec ou sans nourriture.

– Chez les patients avec résistance à la classe des inhibiteurs d’intégrase, la posologie s’établit à un comprimé deux fois par jour. La prise se fera de préférence avec de la nourriture pour augmenter le temps d’exposition à la molécule.

– Chez les adolescents âgés de 12 à 17 ans sans résistance aux inhibiteurs d’intégrase, qui pèsent au moins 40 kg, la posologie recommandée est de 50 mg une fois par jour.

Contre-indication

Hypersensibilité à l’un des composants.

Grossesse et allaitement

– L’effet du dolutégravir sur la grossesse est inconnu. Tivicay sera administré à la femme enceinte seulement si le bénéfice attendu est supérieur au risque potentiel pour le fœtus.

– Le dolutégravir a été détecté dans le lait de rates allaitantes. Pour éviter la transmission du virus, il est de toutes façons déconseillé aux mères infectées par le VIH d’allaiter leur enfant.

Effets indésirables

– Nausées, diarrhée et céphalées sont les effets indésirables les plus fréquents.

– Des sensations vertigineuses pouvant affecter l’utilisation de véhicules ou de machines peuvent aussi survenir, ainsi que des douleurs abdominales, insomnies, vomissements, flatulences et une fatigue.

– L’apparition d’une éruption cutanée doit faire interrompre immédiatement le traitement (elle peut traduire un risque de réaction d’hypersensibilité).

Interactions médicamenteuses

– La prise concomitante d’inducteurs enzymatiques (phénobarbital, carbamazépine, millepertuis…) est déconseillée.

– En cas de résistance à l’intégrase, l’association de Tivicay à l’éfavirenz, la névirapine, le tipranavir/ritonavir, le fosamprénavir (Telzir)/ritonavir ou la rifampicine est à éviter.

– Les antiacides à base de magnésium et d’aluminium, les suppléments en calcium, en fer et les compléments multivitaminés doivent être pris à distance de Tivicay, soit au moins 2 heures après ou 6 heures avant.

– Les diabétiques prenant de la metformine seront étroitement surveillés à l’initiation, pendant et à l’arrêt du traitement par dolutégravir (augmentation possible des concentrations plasmatiques de metformine). Une adaptation posologique de l’antidiabétique peut être nécessaire.

Surveillance particulière

L’état clinique, les transaminases hépatiques et la bilirubine doivent être surveillés attentivement, notamment chez les patients co-infectés par le virus de l’hépatite B et/ou C.

FICHE TECHNIQUE

Dolutégravir 50 mg pour un comprimé pelliculé rond et jaune, boîte de 30, remb. SS à 100 %, 612,16 €, AMM : 34009 277 146 3 4.

VIIV Healthcare : 01 39 17 69 00

DÉLIVRANCE

– Liste I.

– Médicament à prescription initiale hospitalière annuelle.

– Renouvellement non restreint.

LE VIH

Qu’est-ce que c’est ?

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) appartient à la famille des rétrovirus et à la sous-famille des lentivirus. Il est responsable d’une infection entrainant un déficit immunitaire. On distingue 2 types de virus chez l’Homme : le VIH-1, présent partout dans le monde et le VIH-2, retrouvé surtout en Afrique de l’Ouest. L’infection par le VIH se transmet par voie sexuelle, sanguine et materno-fœtale.

Quel est le cycle de réplication du VIH ?

Les cellules cibles sont principalement les lymphocytes T CD4+, les cellules dendritiques des ganglions, les cellules de Langerhans et les macrophages.

Elles se caractérisent par la présence de récepteurs CD4 qui sont reconnus par la protéine d’enveloppe du virus gp120. La reconnaissance de gp120 par les CD4 permet la pénétration du virus au sein de la cellule cible.

La transcriptase inverse transcrit alors l’ARN viral natif en ADN. Cet ADN viral s’intègre dans le génome de la cellule cible grâce à une intégrase virale et est à son tour transcrit en ARN viral, lui-même traduit en protéines virales. Ces protéines virales sont alors clivées et assemblées grâce à la protéase virale, ce qui permet la libération de nouvelles particules virales dans le milieu extracellulaire et l’infection de nouvelles cellules cibles.

Quels sont les signes ?

La primo-infection, qui survient environ 20 jours après la contamination et dure 1 à 3 semaines, est symptomatique dans environ 75 % des cas (syndrome viral aigu avec fièvre, asthénie, myalgies, arthralgies et adénopathies). Elle est suivie d’une deuxième phase, le plus souvent asymptomatique,correspondant à une diminution lente du taux de CD4+ sur plusieurs mois ou années.

La troisième phase, appelée « sida », caractérisée par la diminution brutale du taux de CD4+ et l’augmentation de la charge virale, se traduit par l’apparition d’infections opportunistes et/ou de cancers.

Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

– Service médical rendu important.

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) chez les patients naïfs de traitement antirétroviral ou prétraités dont le virus ne possède pas de mutation de résistance aux inhibiteurs de l’intégrase, modérée (ASMR III) chez les patients en impasse thérapeutique sensibles au dolutégravir.

– Population cible estimée à 30 800 patients.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Dolutégravir : un plus contre le VIH

L’analyse de l’efficacité et de la tolérance du dolutégravir (Tivicay) repose essentiellement sur six études de phase III.

• Trois d’entre elles ont été réalisées chez des patients naïfs de traitement antirétroviral, en association à deux INTI (inhibiteurs nucléosidiques et nucléotidiques de la transcriptase inverse), contrôlées et randomisées vs comparateur actif.

L’étude SPRING-2 vs Isentress (827 patients), a montré que Tivicay, associé à Kivexa ou à Truvada, donnait 90 % de réponse virale (charge < 50 copies/mL à 48semaines) vs 88 % dans le bras Isentress.

L’étude SINGLE vs Atripla n’a pas été transposable à la pratique puisque ce médicament n’a pas d’indication chez le sujet naïf en France.

L’étude FLAMINGO a comparé sur 488 sujets randomisés le dolutégravir au darunavir boosté (Prezista/Norvir) en association à deux INTI (Kivexa ou Truvada) pendant 96 semaines. La supériorité de Tivicay a été montrée, avec un délai de suppression virologique (< 50 copies/mL) plus bref (médiane de 28 jours vs 85 jours).

• Trois autres études ont inclus des patients prétraités. L’étude SAILING, sur 715 sujets, a montré la supériorité de Tivicay 1 x j sur Isentress 2 x j (analyse prévue au protocole) chez les patients naïfs d’inhibiteur de l’intégrase, en termes de réponse virologique à 48semaines. La réponse immunologique a été comparable dans les deux groupes.

Les études VIKING-3 (183 patients) et VIKING-4 (30 patients) chez des sujets en échec virologique présentant des résistances aux inhibiteurs de l’intégrase et à au moins deux autres classes d’antirétroviraux montrent que Tivicay réduit la charge virale d’une façon variable selon la catégorie de résistance documentée.

• Enfin, une étude de phase I/II, non comparative, réalisée chez l’adolescent à partir de 12 ans élargit l’AMM du médicament à cette population pédiatrique.

Dites-le au patient

– En cas d’oubli, prendre la dose oubliée seulement s’il reste plus de 4heures avant la dose suivante. Dans le cas contraire, ne pas prendre la dose oubliée et poursuivre le traitement au rythme habituel.

– Consulter un médecin en cas de douleurs, d’arthralgies, de raideur articulaire ou de difficultés à se déplacer (risque d’ostéonécrose).

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