LES DIX QUI ONT FAIT 2014 - Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014
 

Portfolio

Auteur(s) : LOAN TRANTHIMY*, LAURENT LEFORT**, MATTHIEU VANDENDRIESSCHE***

Emmanuel Macron,

ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique

« Avec lui la méthode a changé », clament en chœur les représentants de la profession. Tout en gardant un certain franc-parler que d’aucuns jugent parfois maladroit, Emmanuel Macron a surtout su tirer leçon des erreurs de son prédécesseur en jouant la carte du dialogue et de l’apaisement. Nommé ministre à 36 ans, cet énarque a déjà un passé. De banquier d’affaires. Puis d’ancien secrétaire général adjoint de François Hollande. Le 15 octobre, en présentant à la presse son projet de loi pour l’activité, il dénonçait les trois fléaux de la France : la défiance, la complexité et… le corporatisme. Le 19 octobre, il déclarait dans les colonnes du Parisien : « Si vous arrivez vers les gens en disant “la seule solution, c’est de tout supprimer”, évidemment les lobbys se réveillent. » Malin, il a lâché la partie « pharmacien » de l’explosif dossier des professions réglementées à sa collègue de la Santé Marisol Touraine. Ce qui a beaucoup rassuré lesdits pharmaciens. Parions que cet homme est à suivre de très, très près dans les années à venir, si les grands méchants loups de la politique ne le croquent pas tout cru. Quant à ceux qui ne l’aiment pas, ils ne prendront pas l’autocar…

Gérard Bapt,

député PS de Haute-Garonne

L’homme affable et au sourire timide est invité ce jour de septembre au Congrès des médecins libéraux à Lille. Interrogé sur le projet de loi de santé de Marisol Touraine, Gérard Bapt répond sans vaciller devant un parterre de médecins libéraux hostiles au div : « C’est une loi nécessaire. Le tiers payant généralisé est une belle idée en soi. » Ce cardiologue, élu politique depuis 1997 à l’Assemblée nationale, ne s’est jamais laissé impressionné par quelque lobby que ce soit. Son épouse elle-même le décrit comme un personnage « calme et passionné par ce qu’il fait. Mais quand il s’accroche à un truc, il ne lâche pas ». L’homme est de tous les combats dès lors qu’il s’agit de problèmes de santé publique. Son tableau de chasse est long : bisphénol A, distilbène, boissons énergisantes, vaccin contre l’hépatite B… En 2010, il a été le premier homme politique à s’inquiéter publiquement à propos du Mediator. Son dernier coup d’éclat : dénoncer le prix exorbitant pratiqué par le laboratoire Gilead pour Sovaldi, le médicament contre l’hépatite C. La « copie prix » vient d’être revue à la baisse.

MARISOL TOURAINE,

ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes

2014 n’a pas été une année de tout repos pour Marisol Touraine, en charge de la santé depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Un portefeuille qu’elle n’était d’ailleurs pas si sûre de conserver au cours du remaniement ministériel en mars dernier après la démission de Jean-Marc Ayrault. Pourtant, la fille du sociologue Alain Touraine, décrite par certains comme « hautaine », « distante » et surtout « techno » a tenu bon. En grande professionnelle, cette femme qui aime autant les couleurs chaudes que le dialogue n’a rien laissé paraître. Une attitude qu’elle conservera pendant le débat sur la réforme des professions réglementées. Face à Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’Economie, elle a su manœuvrer et défendre ses arguments pour empêcher la vente des médicaments en GMS ou encore l’ouverture en dépit du bon sens du capital des officines. Cela lui a valu des applaudissements chaleureux dans les rangs des pharmaciens lors de la 27e journée de l’Ordre le 24 novembre. Aujourd’hui, cette normalienne au cursus universitaire irréprochable (agrégée et conseillère d’Etat) s’apprête à livrer une autre bataille beaucoup plus compliquée. Convaincre le corps médical du bien-fondé de sa future loi de santé qui instaure le tiers payant généralisé, tant combattu par les blouses blanches. Elle cristallise tous les mécontentements des médecins libéraux, qui n’hésitent pas à qualifier son div de « Bachelot 2 ». Peu importe, elle tient bon sans doute pour donner son nom à ce qu’elle considère être une vraie réforme de gauche, c’est-à-dire « équitable ». Mais le bras de fer s’annonce rude. L’ensemble des syndicats de médecins libéraux a appelé à la grève à la fin de l’année et début 2015. Du jamais vu !

Michel Chassang,

président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL)

Ex-président du premier syndicat des médecins libéraux (CSMF), Michel Chassang a été élu en février 2013 pour un mandat de trois ans à la tête de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL). Dans ce nouveau fauteuil, il se pose en interlocuteur incontournable des pouvoirs publics et apprend à défendre d’autres familles professionnelles que la sienne. A l’origine de la « journée sans professionnels libéraux » le 30 septembre contre le projet de loi « croissance et pouvoir d’achat », Michel Chassang sait manier le verbe contre ses adversaires. En pleine négociation avec Bercy, il a dénoncé la communication d’Emmanuel Macron comme « une vaste entreprise gouvernementale destinée à endormir la vigilance des professionnels libéraux ». Ce généraliste, auvergnat, installé à Clermont-Ferrand après avoir exercé à Mauriac et Aurillac, est rodé à la négociation. Des ministres, des députés, il en a côtoyé beaucoup au cours de sa longue carrière militante. Et rien ne semble ébranler sa détermination de syndicaliste.

Frédéric Van Roekeghem,

ex-directeur général de l’UNCAM (Union nationale des caisses d’assurance maladie)

Tous ceux qui l’ont côtoyé l’appellent Rocky, un surnom qui lui va comme un gant. Pendant dix ans, ce polytechnicien et ingénieur de l’armement a dû batailler ferme pour tenir les comptes de la Sécurité sociale. A 53 ans, le 16 novembre dernier, l’homme a raccroché ses gants après deux mandats qui auront marqué l’histoire de l’Assurance maladie. Brillant négociateur, une qualité reconnue et unanimement saluée par les syndicats de professionnels de santé, Frédéric Van Roekeghem a su mener à bien la réforme de 2004 sur le médecin traitant, imposer l’expérimentation Sophia pour les diabétiques, mettre en place la maîtrise médicalisée, généraliser la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), ou encore instaurer des systèmes de conventionnement sélectif dans les zones surdotées pour plusieurs professions (infirmiers, sages-femmes et masseurs-kinésithérapeutes). Avec les pharmaciens, il a pu, entre autres, mettre en place la convention pharmaceutique de 2012, et conclure plus ou moins douloureusement – et plutôt plus que moins – l’accord introduisant le nouveau mode de rémunération à partir de 2015. Modeste et chaleureux, celui qui se présente comme un serviteur de l’Etat est fier de l’entreprise publique qui a su « se remettre en question dans l’offre de services », dit-il. A l’heure du bilan, il avoue volontiers deux regrets : l’échec des négociations interprofessionnelles et n’avoir pas réussi à convaincre les médecins libéraux d’accepter les mesures d’optimisation de l’installation dans les zones déficitaires.

ARNAUD MONTEBOURG,

ex-ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique

Nommé, le 16 mai 2012, ministre du Redressement productif, l’électron libre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault devient, le 2 avril 2014, ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique dans le premier gouvernement de Manuel Valls. Mais, critique envers l’action du gouvernement, l’homme à la marinière va couler en août 2014. Entre-temps, le fougueux avocat de formation a accusé, avec un sens de la justice tout personnel, les professions réglementées de tous les maux ou presque. Le 10 juillet, dans son discours « pour le redressement économique de la France », il utilise le charmant qualificatif de « rentiers » pour désigner ceux qui « ponctionnent 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux Français […] et captent pour leur position des revenus à la population pour des services payés trop chers ». Se faisant fort de casser les monopoles, il a au moins réussi une chose : créer une animation spectaculaire à Bercy et dans les rues alentours. C’était le 30 septembre dernier. Mais lui était déjà parti.

Benoît Hamon,

ex-ministre délégué chargé de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation

« Ce qui s’exprime à travers la mauvaise humeur des Français, c’est le sentiment d’avoir perdu du pouvoir dans leur vie. Nous souhaitons redonner du pouvoir aux Français là où jusqu’ici ils se cognaient à d’authentiques privilèges et d’authentiques chasses gardées. » Voilà comment, le 19 mars, Benoît Hamon présente sa loi consommation. Il pare la mariée de 10 bénéfices dont celui de permettre un meilleur accès à certains dispositifs de santé. Bénéfice, bénéfice… Dans ce cas précis pour la GMS certainement, mais pas pour les pharmaciens. Pour mettre fin « à certaines dépenses contraintes », il officialise la fin du monopole sur les tests de grossesse et d’ovulation. De même que la distribution des produits d’entretien pour lentilles de contact hors des pharmacies et des magasins d’optique.

Bruno Lasserre,

président de l’Autorité de la concurrence

Mieux vaut ne pas trop se fier à son regard placide. Bruno Lasserre, qui a rempilé en mars dernier pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête de l’Autorité de la concurrence, est un peu, pour la pharmacie, le monsieur « Jemetslefeuauxpoudres ». Faut-il rappeler qu’en décembre 2013, l’Autorité indépendante, qu’il dirige d’une main de fer, a émis un sulfureux avis proposant l’« ouverture encadrée de la distribution au détail des médicaments non remboursables et des produits frontières en parapharmacie ou en grandes surfaces, en plus des pharmacies ». Une fois la mèche allumée, le pétard a explosé quelques mois plus tard avec l’autorisation donnée aux grandes surfaces de vendre les tests de grossesse et d’ovulation. Et, tout bien réfléchi, l’avis de l’Autorité de la concurrence a largement contribué à faire passer une sale année aux pharmaciens. Voilà qui est pourtant bien insuffisant pour faire changer d’avis le gendarme du capitalisme. Aussi intransigeant que déterminé, Bruno Lasserre pilote une autorité administrative que les plus puissantes des entreprises redoutent également.

Richard Ferrand,

député PS du Finistère

Fervent adepte du réseau social Twitter, le député PS du Finistère Richard Ferrand informait régulièrement ses abonnés de la date de remise du rapport qu’Emmanuel Macron lui a commandé en octobre. Objectif pour le ministre de l’Economie : déminer la grogne des professions réglementées sur lesquelles il prépare une réforme. Ce rapport, étrangement intitulé « Pour une nouvelle jeunesse », a été remis et rendu public le 3 novembre. Les quelques chapitres relatifs à l’officine proposent d’assouplir les règles de cession, de transfert et de regroupement des officines. Mais ce qui a surtout retenu l’attention, c’est la proposition sur la vente en ligne de médicaments, qui préconise, non sans ambiguïté dans sa rédaction, l’élargissement aux établissements en gros, notamment les groupements de pharmaciens. Certains y voient une incitation à l’arrivée de pures players. Richard Ferrand déplore d’avoir désormais son compte Twitter noyé sous les critiques et propos acerbes de pharmaciens…

Michel-Edouard Leclerc,

président de l’Association des centres distributeurs E.Leclerc

Terriblement opportuniste, fin stratège, lobbyiste et communicant hors pair, Michel-Edouard Leclerc a tout d’un grand patron. Qui, consciencieusement, se casse les dents depuis des années sur le gâteau que représente à ses yeux le médicament. Et ce, même en 2014, où pourtant ses assauts répétés ont fait trembler la pharmacie. Présence de pharmacien ou pas dans les parapharmacies Leclerc, le gouvernement a tranché mi-octobre après avoir pris la mesure d’une mobilisation historique : sur les médicaments de prescription médicale facultative, c’est non ! Une fin de partie cependant toute relative tant que l’on ne sait pas exactement en quoi consiste le nettoyage des AMM demandé par Marisol Touraine. Peu importe, Michel-Edouard est déjà reparti au combat avec un nouvel angle d’attaque : le 17 novembre, sur France Inter, il disserte de l’opportunité de s’associer d’une façon ou d’une autre avec les pharmaciens installés dans ses galeries marchandes. Prêt à faire des sacrifices sur le prix du loyer, il se verrait bien en revanche développer un partenariat d’enseigne. Avec, dans son viseur, la vente de médicaments sur Internet. Si cela ne s’appelle pas avoir de la suite dans les idées…

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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