Le préoccupant rapport de l’ANSM

Alors que le rapport annuel de suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires en France en 2013 établi par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) révèle une véritable baisse de l’utilisation des antibiotiques et une diminution de l’antibiorésistance, le rapport sur la consommation humaine des antibiotiques en France sur la période 2000-2013 est beaucoup plus préoccupant. En 2013, les antibiotiques représentaient 4 % de la consommation globale de médicaments en France. Et 90 % des antibiotiques ont été administrés en ville.

Bien que la prise d’antibiotiques ait globalement diminué de 10,7 % depuis 2000, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souligne un regain d’intérêt pour cette classe depuis 2010 (+ 5,9 %). Parmi les causes évoquées pour justifier cette augmentation, l’essoufflement des effets de la campagne de santé publique instaurée au début des années 2000 est invoqué, mais aussi la forte attente d’une prescription de la plupart des patients se rendant en consultation. Le rapport estime également que le vieillissement de la population a entraîné une augmentation de la consommation, les personnes de plus de 64 ans utilisant d’avantage cette classe thérapeutique que le reste de la population.

Néanmoins, le vieillissement de la population concerne également les autres pays européens et il n’a pas été retrouvé d’augmentation similaire. Or, la consommation moyenne française se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne. La France est ainsi au 4^e rang des pays européens les plus consommateurs.

Un plan d’alerte fixé à 25 % de réduction

Parmi les antibiotiques les plus utilisés, c’est la classe des bêtalactamines qui est la plus sollicitée avec les pénicillines en tête. Les associations de pénicillines ont fortement progressé et représentent, en 2013, 24,4 % des prescriptions. Ceci est d’autant plus inquiétant que l’association amoxicilline-acide clavulanique, pas toujours nécessaire, favorise grandement la survenue de résistances bactériennes.

Le plan national d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016 avait fixé un objectif de réduction de la consommation des antibiotiques de 25 %. Il semblerait donc que seule une nette inversion de la tendance et des habitudes des Français dès maintenant permettra sa réalisation.