LES VITAMINES - Le Moniteur des Pharmacies n° 3054 du 08/11/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3054 du 08/11/2014
 

Cahiers Formation du Moniteur

CONSEIL

LES VITAMINES B

« Une vitamine pour traiter une anémie ? »

Lola, 32 ans, sous Dépakine :

– Pourquoi mon médecin m’a-t-il prescrit de la vitamine B9 et non du fer pour mon anémie.

– Toutes les anémies ne sont pas dues à une carence en fer. Certaines sont dues à un manque de vitamines B. Pour vous, de vitamine B9.

– Il m’a dit également que j’allais devoir changer mon traitement.

– En effet, l’acide valproïque inhibe l’absorption et le métabolisme de l’acide folique, et peut, par conséquent, être à l’origine d’une carence.

Les vitamines B regroupent 8 vitamines hydrosolubles aux formules chimiques parfois très différentes et jouant chacune un rôle de cofacteur enzymatique. Exceptée la B8, exclusivement d’origine alimentaire, elles sont en partie synthétisées par la flore colique, mais en quantité insuffisante pour pourvoir aux besoins journaliers.

LA VITAMINE B9

Caractéristiques et rôles

• Le terme « vitamine B9 » désigne un groupe de molécules, également appelées « folates », dérivées de l’acide folique.

• La forme biologiquement active, le monométhyltétrahydrofolate monoglutamate, joue un rôle essentiel dans la synthèse des acides nucléiques et des acides aminés nécessaires à la croissance cellulaire. Elle participe également à la synthèse de neuromédiateurs.

Apports recommandés

• Ils sont d’environ 300 µg/j chez les adultes et les adolescents, de 150 à 250 µg/j chez les enfants selon la tranche d’âge et de 400 µg/j chez la femme enceinte.

Carence

• Elle peut être secondaire à un apport alimentaire insuffisant (régime restrictif), à une insuffisance d’absorption intestinale (maladies inflammatoires chroniques, résections intestinales…) ou à des besoins augmentés (alcoolisme, grossesse). Il existe également des anomalies héréditaires du métabolisme et de l’activation des folates.

• Certains médicaments ont un effet antifolique par inhibition de l’absorption et/ou du métabolisme des folates : méthotrexate, certains anti-infectieux (triméthoprime, pyriméthamine, proguanil, dapsone), sulfasalazine, triamtérène, colestyramine, et de nombreux antiépileptiques (carbamazépine, phénytoïne, lamotrigine, primidone, phénobarbital, acide valproïque).

• Un déficit en B9 provoque un ralentissement de la multiplication des cellules, notamment des cellules à renouvellement rapide comme les cellules des lignées sanguines, de l’intestin ou de la peau. Une carence en vitamine B9 peut donc, à terme, conduire à une anémie macrocytaire normochrome arégénérative avec mégaloblastose médullaire, des troubles neurologiques (anxiété et/ou syndrome dépressif, syndrome démentiel, voire psychose), des troubles digestifs et une atteinte des muqueuses (gencives).

• Chez la femme enceinte, les conséquences d’une carence en vitamine B9 sont majeures : anomalies du développement des tissus maternels (placenta), anomalies de développement du fœtus (spina bifida, anencéphalie) et retard de croissance, augmentation du risque de prématurité, faiblesses des réserves en folates chez le nourrisson.

Excès

• Des doses de plus de 1 000 µg/j doivent être administrées sous contrôle médical car elles pourraient masquer les symptômes d’une carence grave en vitamine B12, à l’origine de dommages neurologiques irréversibles.

• Des doses supérieures à 5 000 µg/j pourraient entraîner des troubles digestifs, une irritabilité, une confusion, des perturbations des cycles du sommeil et provoquer une réaction allergique (rare).

Intérêts pharmaceutiques

• Médicaments : pour réduire le risque d’anomalie par défaut de fermeture du tube neural (1 grossesse sur 1 000 en France), une supplémentation est recommandée au moins 4 semaines avant la conception et 8 semaines après (0,4 mg/j en prévention primaire et jusqu’à 5 mg/j en prévention secondaire, lors d’antécédents d’enfants porteurs d’anomalies du tube neural), ce d’autant plus que les contraceptifs oraux peuvent diminuer le stockage de l’acide folique. Cette supplémentation devient indispensable si la femme enceinte reçoit un traitement susceptible de provoquer une déficience (concernant les antiépileptiques, cette supplémentation est remise en cause).

• L’acide folique est utilisé pour traiter les anémies consécutives à une carence : 5 à 15 mg/j.

• Les compléments alimentaires contenant de la vitamine B9 peuvent prétendre contribuer à la croissance des tissus maternels pendant la grossesse, à la division cellulaire et la formation des cellules sanguines, au bon métabolisme des acides aminés, de l’homocystéine, au fonctionnement normal du système immunitaire, à la réduction de la fatigue, aux fonctions mentales normales.

• Recherche : les folates pourraient avoir un rôle dans la prévention des pathologies cardiovasculaires. Néanmoins, aucune étude n’a démontré d’effets réellement bénéfiques dans ce domaine. Au contraire, chez des personnes à haut risque de pathologie cardiovasculaire, de très fortes doses de vitamines B9 sur une longue période peuvent augmenter le risque de rechute d’événement cardiovasculaire et de décès.

• Les folates pourraient diminuer le risque de cancers digestifs. Toutefois, une supplémentation à doses très élevées ou en présence de foyers néoplasiques favorise la carcinogenèse au lieu de l’inhiber.

Précautions d’emploi

• Les folates peuvent réduire l’activité de certains antiépileptiques (phénytoïne, phénobarbital, primidone) par augmentation de leur métabolisme hépatique dont ils représentent un des cofacteurs.

LA VITAMINE B1

Caractéristiques et rôles

• La vitamine B1, dont la forme active est le pyrophosphate de thiamine, intervient dans le métabolisme énergétique des glucides et acides aminés, indispensable au fonctionnement cérébral. Elle participe également à la synthèse de l’acétylcholine et à la transmission de l’influx nerveux.

Apports recommandés

• Ils sont de 1,3 mg/j chez l’homme, de 1,2 mg/j chez la femme et de 1,8 mg/j en cas de grossesse et d’allaitement.

Carences et excès

• Une légère carence en B1 se traduit par une neuropathie périphérique, une atrophie musculaire, une asthénie, des nausées, des troubles émotionnels (béribéri). Une carence sévère provoque en plus des troubles neurologiques et cardiovasculaires pouvant aller jusqu’à l’insuffisance cardiaque. S’y ajoutent un œdème et une anorexie.

• Le syndrome de Wernicke-Korsakoff (troubles de la vigilance, de l’équilibre, hypersomnie, confusion à amnésie antérograde avec désorientation, fabulation…) se développe dans des situations de carences aiguës sévères (alcoolisme).

• Il n’existe pas de surdosage à proprement parler de thiamine.

Intérêts pharmaceutiques

• Médicaments : la thiamine est indiquée dans le traitement de la carence en vitamine B1, jusqu’à 500 mg/j.

• Associée à la vitamine B6, elle détient une AMM pour le traitement d’appoint de l’asthénie fonctionnelle (dose maximale : 1 g/j).

• Les compléments alimentaires peuvent prétendre contribuer au métabolisme énergétique normal, au bon fonctionnement du cœur, du système nerveux et des capacités intellectuelles.

LA VITAMINE B6

Caractéristiques et rôles

• Le terme « vitamine B6 » regroupe des substances de structures chimiques proches.

• La forme active, le phosphate de pyridoxal, intervient principalement dans le métabolisme des acides aminés et des glucides, dans la synthèse des neurotransmetteurs, la libération du glucose à partir du glycogène et dans la formation de l’hémoglobine.

Apports recommandés

• Ils sont de 1,8 mg/j chez l’homme, de 1,5 mg/j chez la femme, de 2 mg/j pour les femmes enceintes, et de 2,2 mg/j pour les personnes âgées.

Carence et excès

• Une carence (alcoolisme, maladies chroniques de l’intestin) est responsable de signes cutanéomuqueux (lésions séborrhéiformes, acné), neurologiques (crampes, polynévrite distale, asthénie, dépression) et hématologiques (anémie microcytaire hypochrome) non spécifiques.

• En excès, la pyridoxine peut être responsable d’une polynévrite distale.

Intérêts pharmaceutiques

• Médicaments : la vitamine B6 prévient ou fait régresser les cas de neuropathies provoquées par les antituberculeux (isoniazide, éthambutol).

• Compléments alimentaires : elle contribue au bon fonctionnement du métabolisme énergétique, à la synthèse de la cystéine et du métabolisme de l’homocystéine, du glycogène et des protéines, elle participe à la formation des hématies, au fonctionnement du système immunitaire et nerveux, à la régulation de l’activité hormonale, à la réduction de la fatigue et au maintien des fonctions mentales.

LA VITAMINE B12

Caractéristiques et rôles

• La vitamine B12 regroupe 4 molécules actives, les cobalamines, en grande partie synthétisées par la microflore intestinale. Le stock corporel serait suffisant pour couvrir les besoins pendant 3 à 5 ans.

• Les cobalamines sont indispensables au renouvellement cellulaire, particulièrement celui de la peau et des cellules nerveuses, et nécessaires à la synthèse des hématies.

Apports recommandés

• Ils sont de 2,4 µg/j chez l’adulte, de 2,6 µg/j chez la femme enceinte et de 3 µg/j chez les personnes âgées.

Carences et excès

• La carence peut être consécutive à une insuffisance d’apport alimentaire (végétaliens stricts), une malabsorption digestive (personnes âgées, par diminution de l’acidité gastrique avec l’âge ; patients sous metformine ou régulièrement sous antisécrétoires ; alcoolisme ; maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ; gastrectomie partielle ; maladies immunitaires…). Un déficit congénital de métabolisation et d’activation de la vitamine B12 est également possible. Les symptômes sont polymorphes et de gravité variable : anémie mégaloblastique, altération de l’état général (fatigue, perte d’appétit et de poids), troubles de l’humeur, symptômes digestifs, neurologiques périphériques et centraux.

• Il n’existe pas de signes de toxicité connus par surdosage, mais il est possible que des doses pharmacologiques sur une longue durée puissent induire un risque de poussée évolutive de tumeurs malignes et l’apparition d’anticorps antivitamine B12.

Intérêts pharmaceutiques

• Médicaments : une supplémentation permettrait de prévenir une carence et le développement de troubles neurologiques irréversibles chez les personnes âgées. La vitaminothérapie B12 est également indiquée dans le traitement des anémies par carence en B12.

• Les compléments alimentaires peuvent prétendre contribuer au bon métabolisme énergétique, au métabolisme normal de l’homocystéine, à la formation des hématies, à la division cellulaire, au bon fonctionnement du système immunitaire et nerveux, aux fonctions mentales normales, à la réduction de la fatigue.

LA VITAMINE C

« Lou a avalé 5 comprimés de vitamine C ! »

La maman de Lou, 6 ans, est affolée :

– Ma fille a avalé 5 comprimés de vitamine C à 500 mg. Est-ce grave ?

– Rassurez-vous, il n’y a pas de risque d’intoxication aiguë à la vitamine C. Au plus, une diarrhée peut survenir dans les heures qui suivent, mais il n’y a aucun caractère de gravité.

– Que dois-je faire ?

– Faites-lui simplement boire de l’eau pour diluer les comprimés et aider à l’élimination.

La vitamine C ou acide ascorbique est une vitamine hydrosoluble dont les concentrations dans l’organisme dépendent exclusivement des apports alimentaires. Sa carence est à l’origine du scorbut, pathologie qui a décimé les équipages de marins entre les XVe et XVIIIe siècles, jusqu’à ce que le rôle curatif de la consommation d’oranges et de citrons soit découvert en 1753.

RÔLES PHYSIOLOGIQUES

• La vitamine C est indispensable à de nombreuses réactions biochimiques. Cofacteur enzymatique, elle intervient notamment dans :

– la biosynthèse du collagène, nécessaire à la formation des fibres élastiques de la paroi des vaisseaux sanguins, le derme, les os, les tendons, les ligaments et les gencives,

– le métabolisme de la carnitine (intervenant dans le catabolisme des acides gras),

– la synthèse des catécholamines (dopamine, noradrénaline, adrénaline),

– l’absorption et le stockage du fer,

– la régénération de la vitamine E.

• La vitamine C est également un antioxydant puissant qui assure la protection des cellules contre les radicaux libres.

APPORTS RECOMMANDÉS

• Il n’y a pas de réserve de vitamine C dans l’organisme et un apport quotidien de 100 à 200 mg est nécessaire chez l’adulte.

• Les besoins dépendent de l’âge et du terrain : les femmes enceintes et/ou allaitantes, les sujets âgés, les diabétiques et les fumeurs ont des besoins accrus en vitamine C.

• Certaines situations pathologiques (infections, fractures, cancers) nécessitent d’augmenter les apports.

• La consommation quotidienne de 500 g de fruits et de légumes permet d’assurer la couverture des besoins journaliers en vitamine C. Il est également conseillé de manger au moins un fruit ou légume cru par jour (vitamine thermolabile).

CARENCE

• La carence en vitamine C est toujours d’actualité. Des observations de scorbut sont encore rapportées, et la détection d’état de déplétion vitaminique dans la population générale a été incriminée comme facteur de risque d’un certain nombre de pathologies : cancers oropharyngés et digestifs, cataracte, troubles cognitifs, maladies cardiovasculaires.

• La carence peut être due à :

– une insuffisance d’apports : les hommes seuls, les personnes âgées, les alcooliques ou les personnes ayant des régimes alimentaires volontairement restrictifs sont principalement atteints. D’autres situations favorisent la carence : les troubles psychiatriques (psychoses, anorexie mentale), les affections cachectisantes (cancers, sida…), la nutrition parentérale non supplémentée, les sujets en hémodialyse ;

– une malabsorption : certaines pathologies intestinales (maladie de Crohn, maladie de Whipple, la maladie cœliaque…) ;

– une augmentation des besoins : grossesse et allaitement, diabétiques insulinodépendants, fumeurs (au-delà de 20 cigarettes/jour, le turnover de la vitamine C est 40 % supérieur à celui d’un non-fumeur).

• L’état de déplétion est le plus souvent asymptomatique, et il peut être délétère s’il se pérennise.

• Le tableau clinique de scorbut se constitue en un à trois mois de carence absolue en acide ascorbique. Des symptômes généraux apparaissent (asthénie, anorexie, amaigrissement), avec gingivite et manifestations articulaires (arthralgies des genoux, chevilles, épaules, poignets, myalgies et hémarthrose). Un syndrome hémorragique (hématomes, ecchymoses, saignements digestifs, gynécologiques…) survient généralement ensuite.

• En l’absence de traitement, le pronostic vital peut être engagé.

• Le traitement du scorbut consiste en l’administration de 1 g de vitamine C réparti en plusieurs prises quotidiennes durant 15 jours.

EXCÈS

• Aucun seuil de toxicité n’est réellement défini. Au-delà de 2 g/j, le taux d’absorption de vitamine C diminue considérablement.

• Les surdoses en vitamine C peuvent être fréquentes mais les intoxications rapportées rarissimes. Au plus, on note l’apparition de troubles digestifs (diarrhées, ballonnements, brûlures d’estomac, nausées) dans les heures qui suivent l’ingestion, avec parfois des vomissements pour de fortes doses.

• Quelques cas d’œsophagite ont été rapportés chez des personnes âgées qui consommaient des quantités importantes régulièrement.

• La consommation d’une grande quantité de vitamine C au long cours peut favoriser l’apparition de calculs rénaux.

INTÉRÊTS PHARMACEUTIQUES

• Les compléments alimentaires contenant au moins 12 mg de vitamine C pour 100 g ou 100 ml peuvent prétendre contribuer :

– à la formation normale du collagène nécessaire au fonctionnement des vaisseaux sanguins, des os et cartilages, de la peau, des dents et des gencives ;

– au fonctionnement normal du système nerveux (notamment les fonctions mentales), du système immunitaire et du métabolisme énergétique ;

– à la réduction de la fatigue, à la régénération de la vitamine E dans sa forme réduite, à l’absorption du fer, à un effet antioxydant…

• Les compléments alimentaires qui apportent 300 mg de vitamine C peuvent prétendre contribuer au fonctionnement normal du système immunitaire pendant et après un effort physique intense.

• Recherche : la vitamine C peut être utilisée dans le traitement du rhume. Une méta-analyse récente signale qu’un apport de 1 g par jour de vitamine C ne diminue pas l’incidence du rhume dans la population générale mais réduit sa durée de 10 à 20 %. D’autres études scientifiques lui attribuent par ailleurs un rôle préventif des maladies cardiovasculaires, de certains cancers (cancers de la cavité buccale, du pharynx, de l’œsophage, de l’estomac et du pancréas) et de la cataracte.

CONTRE-INDICATIONS

• Les contre-indications à l’utilisation de la vitamine C sont exceptionnelles : l’oxalose, le déficit en G6PD (risque d’hémolyse) et les situations aggravées par une charge acide (goutte, acidose tubulaire rénale, cirrhose, hémoglobinurie paroxystique nocturne).

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI

• Excitante, la vitamine C doit être consommée de préférence le matin.

• Les personnes sujettes aux calculs urinaires ou chez qui l’on observe une accumulation de fer (hémochromatose, drépanocytose, thalassémie) doivent s’abstenir de prendre des doses élevées de vitamine C de manière prolongée.

• La vitamine C peut interférer avec certains tests biologiques (créatinémie, glycémie, glycosurie), à des doses > 2 g/j.

LES VITAMINES A ET E

« Des vitamines pour bien voir »

Michèle, 68 ans, est atteinte de DMLA. Son ophtalmologiste lui a conseillé un complément alimentaire enrichi en vitamines A et E.

– Ce n’est pas remboursé ! Est-ce utile ?

– Oui, les études montrent une diminution du risque d’aggravation de DMLA grâce à cette supplémentation. Il n’existe pas de traitement curatif, d’où l’importance de ralentir l’évolution.

– Il n’y a pas de risque avec Préviscan ?

– La vitamine E fluidifie le sang à doses élevées. Les doses contenues dans les compléments sont faibles. Si votre INR est équilibré et que vous respectez les doses prescrites, il n’y a pas de risque.

LA VITAMINE A

Caractéristiques

• On appelle vitamine A tout composé liposoluble présentant une structure et des propriétés similaires à celles du rétinol.

• Le rétinol est soit d’origine animale, soit formé à partir de certains pigments végétaux : bêtacarotène et autres caroténoïdes.

Rôles physiologiques

• La vitamine A est primordiale dans le mécanisme de la vision : perception des couleurs et des formes, adaptation à l’obscurité.

• Elle régule l’expression de certains gènes et intervient dans de nombreuses fonctions de l’organisme : développement embryonnaire, croissance cellulaire, renouvellement des tissus, système immunitaire…

Apports recommandés

• La vitamine A provient exclusivement de l’alimentation. Besoins quotidiens : 800 µg pour les hommes, de 600 µg pour les femmes, de 950 µg pour les femmes allaitantes et de 450 à 550 µg pour les enfants.

• Elle est stockée dans le foie et libérée en fonction des besoins.

• Elle reste relativement stable à la cuisson.

Carence

• La carence en vitamine A est l’une des premières causes de cécité dans les pays en voie de développement. Plus rare dans les pays développés, elle est due le plus souvent à des maladies chroniques digestives avec malabsorption.

• Les signes sont surtout oculaires : baisse de l’acuité visuelle, surtout la nuit, xérophtalmie puis ulcérations cornéennes pouvant aboutir à la cécité. Des signes cutanéomuqueux s’observent également : hyperkératose, desquamation, ulcération de la muqueuse digestive à l’origine de diarrhées. Des troubles de l’ossification et une diminution de la résistance aux infections peuvent s’y ajouter.

Excès et toxicité

• L’hypervitaminose A n’est possible que par un excès de rétinol et non de carotène, la transformation de carotène en vitamine A étant régulée.

• Les signes d’une intoxication aiguë (30 000 µg/j) comprennent céphalées et vomissements, hypertension intracrânienne et vertiges, somnolence et irritabilité et une desquamation cutanée massive.

• Le surdosage chronique (consommation prolongée > 7 500 µg/j) se manifeste par des signes cutanés (peau sèche, lèvres gercées, alopécie) et des troubles hépatiques sévères.

Intérêts pharmaceutiques

• Médicaments : la vitamine A est commercialisée sous forme de pommade pour le traitement d’appoint des dermites irritatives sèches et fissuraires (gerçures, érythème fessier du nourrisson, brûlures…). Il existe des collyres et pommades ophtalmiques pour les lésions cornéennes.

• Les rétinoïdes de synthèse sont formés à partir du rétinol.

• Les compléments alimentaires contenant de la vitamine A peuvent prétendre contribuer à la spécialisation cellulaire, au fonctionnement normal du système immunitaire, du métabolisme énergétique et du fer, au maintien d’une vision normale et à l’intégrité de la peau et des muqueuses.

Contre-indications

• Le rétinol est contre-indiqué en cas de grossesse (tératogène).

Précautions d’emploi

• La supplémentation en bêtacarotène serait associée à une augmentation du risque de cancer du poumon chez le fumeur.

• La vitamine A ne doit pas être associée aux dérivés de l’acide rétinoïque (risque accru d’effets indésirables) ou à la doxycycline (risque d’hypertension intracrânienne pour un apport ≥ 10 000 UI ou 3 000 µg de vit. A).

• Chez la femme ménopausée, des apports supérieurs à 1 500 µg par jour augmentent le risque de fractures.

• Eviter la vitamine A en cas de maladie hépatique (risque de fibrose) et en association avec l’alcool (métabolisme accéléré).

LA VITAMINE E

Caractéristiques

• La vitamine E est une substance liposoluble (tels les tocophérols et tocotriénols) dont la forme active, directement assimilable par l’organisme, est le D-alphatocophérol (forme naturelle). Elle est stockée dans le tissu adipeux et musculaire. Le stock adipocytaire, très stable (de l’ordre de plusieurs années) est faiblement mobilisable.

Rôles physiologiques

• Antioxydant puissant, elle protège les cellules des radicaux libres et joue un rôle capital de stabilisation des lipides membranaires.

• Elle possède également des propriétés antithrombotiques par diminution de l’agrégabilité plaquettaire.

Apports recommandés

• L’alimentation doit apporter entre 4 et 11 mg /j chez l’enfant en fonction de l’âge et 12 mg /j chez l’adulte.

• La vitamine E est peu sensible à la chaleur et à la lumière, mais très sensible à l’oxydation.

Carence

• Rare dans les pays industrialisés, la carence en vitamine E s’observe en cas de prématurité, pathologies digestives avec malabsorption et certaines maladies génétiques.

• Le tableau clinique est celui d’un syndrome neurodégénératif : signes neuromusculaires (sensations de brûlure dans les pieds et les mains, ataxie, paresthésies), signes hématologiques (hémolyse) et signes ophtalmologiques (rétinite pigmentaire).

• Un statut vitaminique E précaire est corrélé à une déficience immunitaire et à un risque accru de cardiopathies ischémiques.

Excès et toxicité

• Au-delà de 40 mg de vitamine E par jour (limite de sécurité), il existe un risque hémorragique.

• Un apport supérieur aux besoins journaliers augmenterait la mortalité globale et la supplémentation à long terme pourrait accroître le risque d’accident vasculaire.

Intérêts pharmaceutiques

• Médicaments : la vitamine E est proposée dans la prévention des maladies cardiovasculaires et des maladies dégénératives liées à l’âge (cataracte, DMLA, maladie d’Alzheimer).

• Elle est utilisée en traitement curatif dans l’anémie hémolytique du prématuré, en cas de malabsorption chronique (mucoviscidose, maladie cœliaque, insuffisance pancréatique) et dans le traitement de certaines pathologies (en association avec le riluzole dans la sclérose latérale amyotrophique, dans l’artérite des membres inférieurs pour améliorer le périmètre de marche).

• La vitamine E protège la vitamine A de l’oxydation et favorise son stockage dans le foie, ce qui justifie l’addition systématique de vitamine E dans le traitement prophylactique d’une carence en vitamine A.

• Les compléments alimentaires à base de vitamine E ne peuvent revendiquer qu’une action antioxydante.

• Une étude a récemment rapporté un intérêt dans les troubles érectiles en association avec les inhibiteurs de phosphodiestérase de type 5.

Précautions d’emploi

• De fortes doses de vitamine E sont liées à un risque hémorragique accru lorsqu’elles sont associées, entre autres, à des médicaments fluidifiants du sang, des compléments alimentaires contenant du ginkgo de l’ail, et en cas de lésions susceptibles de saigner.

• Toute supplémentation doit être interrompue un mois avant une intervention chirurgicale.

LA VITAMINE D

« J’ai oublié de prendre mon ampoule ! »

Denise, 65 ans :

– Je prends l’ampoule d’Uvédose le premier jour du mois, mais cette fois je l’ai oubliée. Ça fait 5 jours…

– Prenez votre ampoule de vitamine D oubliée aujourd’hui, même dès ce soir. Il faut boire l’ampoule pure ou diluée dans du lait car, dans de l’eau, le produit va rester sur les parois du verre.

– Ça ne va pas m’empêcher de dormir ?

– Il n’y a pas de risque d’insomnie, la vitamine D n’est pas énergisante. Elle permet la fixation du calcium sur les os.

CARACTÉRISTIQUES

• La vitamine D, liposoluble, existe sous deux formes :

– la vitamine D2 ou ergocalciférol, d’origine végétale,

– la vitamine D3 ou cholécalciférol, synthétisée au niveau de la peau par l’action des ultraviolets sur le cholestérol. Elle est également présente dans les aliments d’origine animale (notamment les huiles de poissons).

• L’ergocalciférol et le cholécalciférol subissent dans l’organisme (foie, rein) une série d’hydroxylations. Le produit final est le calcitriol, véritable forme active.

RÔLES PHYSIOLOGIQUES

Croissance et minéralisation osseuse

• La vitamine D joue un rôle majeur dans le métabolisme osseux. Le terme vitamine est d’ailleurs inapproprié ; elle doit plutôt être considérée comme une prohormone ayant une action hypercalcémiante. Elle permet le maintien de l’équilibre phosphocalcique par augmentation de l’absorption intestinale du calcium et du phosphore et une bonne minéralisation de l’os.

Rôle extraosseux

• La vitamine D, en améliorant les fonctions musculaires et notamment celles du sujet âgé, participe à la prévention des chutes.

• Des études en cours tentent de faire le rapprochement entre la vitamine D et certaines pathologies comme le cancer, le diabète de type 1, les maladies cardiovasculaires… Il existerait aussi un lien entre vitamine D et système immunitaire. A l’heure actuelle rien n’est formellement démontré.

APPORTS RECOMMANDÉS

Plusieurs facteurs influent sur les besoins en vitamine D :

– l’exposition au soleil est la source principale (90 %) : la synthèse de vitamine D3 varie considérablement selon la latitude, la saison, l’heure de la journée, la pigmentation de la peau et l’utilisation d’écran solaire ;

– l’alimentation ne représente que 10 % des apports. La vitamine D (D2 et D3) est présente majoritairement dans l’huile de foie de morue et les poissons gras. Attention : elle est sensible à la chaleur, la lumière et l’oxygène !

• Les besoins alimentaires pour les adultes et enfants de plus de 3 ans sont de 5 µg soit 200 UI/j. Ils sont augmentés chez l’enfant de moins de 3 ans, la femme enceinte et allaitante, ainsi que la personne âgée (10-15 µg soit 400-600 UI/j). Ces besoins tiennent déjà compte d’un ensoleillement correct.

• Une partie de la vitamine D est retenue dans le tissu adipeux.

CARENCE

• Elle peut être due à :

– un manque d’ensoleillement (personne âgée, à mobilité réduite), surtout pendant la période hivernale ;

– une alimentation mal adaptée d’où sont exclus viande, poissons, laitages (végétaliens, personnes sous-alimentées) ;

– certaines pathologies digestives : malabsorption intestinale, insuffisance hépatique, atteinte pancréatique ;

– d’autres étiologies : cancer, insuffisance rénale chronique, hypothyroïdie, alcoolisme, obésité (rétention de vitamine D dans les cellules graisseuses).

• La principale conséquence d’une carence est une augmentation du risque d’ostéoporose. Un déficit en vitamine D entraîne une anomalie du développement de l’os qui devient alors plus fragile. Le risque de fractures est ainsi augmenté.

• Par ailleurs, un état rachitique peut être décrit chez l’enfant (déformations osseuses avec retard de l’ossification, troubles de la marche, tétanie) et une ostéomalacie chez l’adulte. Apparaissent aussi une grande fatigue et des douleurs musculaires, pouvant être à l’origine de chutes.

INTÉRÊTS PHARMACEUTIQUES

Médicaments

• La supplémentation en vitamine D est majoritairement indiquée dans le traitement et la prévention de l’ostéoporose chez l’adulte et la prévention du rachitisme chez l’enfant. Elle est également prévue en cas de troubles calciques liés à une corticothérapie ou à un traitement par anticonvulsivants.

• Un supplément en vitamine D en absence d’un apport calcique adéquat est inefficace.

• Dans tous les cas, la supplémentation médicamenteuse nécessite un avis médical. Un suivi régulier de la calcémie peut aussi être exigé.

Compléments alimentaires

• Ils peuvent prétendre contribuer à la croissance et à la bonne minéralisation osseuse.

• Les réglementations françaises et européennes permettent l’ajout de vitamine D2 ou D3 dans les denrées alimentaires (produits laitiers, huiles…).

Recherche

• L’intérêt pour la vitamine D n’a cessé d’augmenter ces dernières années car, en plus de son rôle dans la minéralisation osseuse, elle pourrait avoir un rôle protecteur vis-à-vis de nombreuses affections (cancer, diabète de type 1, maladies cardiovasculaires). Pour le moment l’ensemble des études récentes n’a révélé que de résultats modestes ou discordants.

EXCÈS ET TOXICITÉ

• La vitamine D peut être toxique. Prise de façon excessive (doses > 10 000 UI/j), elle peut entraîner des calcifications tissulaires (cœur, reins, poumons, artères), des lithiases rénales et des déminéralisations osseuses. On observe aussi une hypercalciurie, une déshydratation, une soif intense, une perte d’appétit, des nausées, des vomissements voire une insuffisance rénale.

LA VITAMINE K

« J’adore les épinards ! »

Monsieur G, qui vient tous les mois renouveler son traitement par AVK, est heureux de vous offrir une belle botte d’épinards de son jardin :

– La récolte est excellente cette année ! Nous en avons suffisamment pour en manger tous les jours !

– Attention à ne pas changer vos habitudes alimentaires ! Les épinards sont particulièrement riches en vitamine K. Avec Préviscan il faut être vigilant car ils risquent de déstabiliser votre INR et d’entraîner la formation d’un caillot de sang.

CARACTÉRISTIQUES

• La vitamine K existe sous deux formes :

– K1 ou phylloquinone (d’origine végétale),

– K2 ou ménaquinone (issue de la flore intestinale).

• La vitamine K1 est absorbée au niveau intestinal. La vitamine K2 est synthétisée par les bactéries présentes dans le côlon. Le taux d’absorption de la vitamine K est très variable (10 % à 80 %) selon son origine.

• La forme active de la vitamine K est l’hydroquinone (vitamine K réduite). Vitamine liposoluble, elle peut être stockée dans le tissu adipeux.

RÔLES PHYSIOLOGIQUES

Coagulation sanguine

• La vitamine K est un cofacteur essentiel de la coagulation : les réactions en chaîne sont bloquées en son absence. Elle permet la transformation des précurseurs inactifs des facteurs de coagulation II (prothrombine), VII (proconvertine), IX (facteur antihémophilique B), X (facteur Stuart), et les protéines S et C (synthétisées dans le foie) en leur forme activable.

• L’inhibition ou le manque de vitamine K entraîne une diminution des facteurs de coagulation, avec pour conséquence un risque hémorragique.

Santé osseuse

• Elle participe aussi à la formation d’une protéine de l’os, l’ostéocalcine (exclusivement synthétisée par les ostéoblastes matures), et retarde l’apparition de l’ostéoporose en fixant le calcium au niveau des os.

Recherche

• Comme toutes les vitamines, la vitamine K est l’objet de nombreuses études en cours. Dernièrement, on a découvert son implication dans le métabolisme cardiovasculaire et dans toutes les étapes de vie d’une cellule (croissance, prolifération, migration, apoptose, et phagocytose).

APPORTS RECOMMANDÉS

Sources

• La production de vitamine K est majoritairement endogène (forme K2) grâce à la synthèse des bactéries présentes dans le côlon.

• Les apports exogènes sont surtout d’origine végétale, sous forme de phylloquinones (K1) : principalement les choux, brocolis, laitues, le cresson, les épinards… On trouve également de la vitamine K2 dans le foie de veau, de bœuf ou de porc et dans les produits laitiers.

Doses quotidiennes recommandées

• Les besoins précis ne sont pas déterminés. Les apports quotidiens conseillés sont de 45 µg pour un homme adulte, de 35 µg pour une femme adulte, de 15 à 30 µg pour un enfant ou de 10 µg pour un nourrisson.

• Une alimentation équilibrée couvre les besoins. Ils ne doivent pas être augmentés lors de la grossesse ou l’allaitement.

• A noter : la vitamine K est sensible à l’air et à la lumière.

CARENCE

• On recense cinq étiologies majoritaires :

– malabsorption des graisses (patients atteints de mucoviscidose, de maladies du pancréas et du foie, de parasitoses intestinales, de résections importantes de l’intestin, ou chez des patients atteints de diarrhées chroniques) ;

– défaut de synthèse microbienne au niveau de la flore intestinale ;

– carence pharmacologique : des interactions avec certains médicaments peuvent être à l’origine d’une carence en vitamine K (céphalosporines, antiépileptiques, aspirine, fer). Les AVK sont un cas particulier : l’effet recherché est une meilleure fluidité sanguine mais la complication majeure est le risque hémorragique accru ;

– hypothrombinémie du nouveau-né : le nourrisson ne peut faire de synthèse endogène puisque son intestin est stérile à la naissance. La conséquence est l’apparition de saignements digestifs et, dans les formes graves, de saignements cérébraux. L’hypothrombinémie n’est observée qu’en cas d’allaitement maternel exclusif et non supplémenté ;

– carence d’apport : se voit en cas de nutrition parentérale prolongée et non supplémentée.

• Une carence en vitamine K entraîne un risque de saignement accru. Il faut une chute de 70 % d’un des facteurs de coagulation pour qu’un trouble apparaisse. Les effets cliniques n’apparaissent, eux, qu’après 2 à 3 jours, ou plus.

EXCÈS ET TOXICITÉ

• Il n’a pas été décrit de toxicité due à une ingestion importante de vitamine K d’origine naturelle, sauf chez le patient sous AVK, chez qui cela peut entraîner une déstabilisation de son traitement. Ce n’est pas la consommation ponctuelle d’aliments riches en vitamine K qui perturbe l’INR, mais leur apport en grande quantité et de manière inhabituelle, ou leur retrait de manière brutale. C’est pourquoi il est recommandé aux patients sous AVK de varier leur alimentation tout en limitant l’apport (sans les interdire) des aliments riches en vitamine K.

INTÉRÊTS PHARMACEUTIQUES

Médicaments

• La vitamine K est prescrite :

– en prévention de la maladie hémorragique du nouveau-né. Une dose est donnée à la naissance. Pour les nourrissons nés à 36 semaines de gestation ou plus, en bonne santé et exclusivement nourris au lait maternel, 2 doses orales de vitamine K1 sont ensuite recommandées : l’une entre le 4e et le 7e jour, l’autre à l’âge de un mois. Dans les autres cas, la quantité et la fréquence des doses ultérieures sont déterminées en fonction de la coagulation ;

– chez la femme enceinte, uniquement en fin de grossesse (2 semaines avant l’accouchement) chez les patientes prenant des médicaments qui modifient le métabolisme de la vitamine K (antiépileptiques, antituberculeux) ;

– comme antidote pour un surdosage en AVK ;

– en cas d’intoxication par un raticide : chaque année, les centres antipoisons reçoivent environ 300 appels pour intoxication par raticide qui, pour la plupart, sont à base d’anticoagulants. Ils augmentent la tendance aux saignements en provoquant une déplétion en vitamine K active.

Compléments alimentaires

• Les compléments alimentaires contenant de la vitamine K peuvent prétendre contribuer à la coagulation sanguine (mais sans prétendre la stimuler) et au fonctionnement normal des os.

L’INTERVIEW Dr Léopold Tchiakpe, RESPONSABLE DU LABORATOIRE DE NUTRITION ET DIÉTÉTIQUE, FACULTÉ DE PHARMACIE DE MARSEILLE

« Les Français n’ont pas de carences vitaminiques »

Le Moniteur : La population française est-elle carencée en vitamines ?

Léopold Tchiakpe : Les apports alimentaires spontanés de la population française sont en réalité excédentaires. Nous sommes donc, toutes vitamines confondues, très loin d’un risque de carence d’apport. On peut tout au plus considérer que certaines vitamines sont plus labiles que d’autres, que certaines situations physiologiques particulières entraînent une augmentation des besoins habituels ou une élimination accrue des micronutriments, justifiant des apports complémentaires pour les vitamines les plus spécialement impliquées dans le renouvellement cellulaire (vitamines B9, B12 et D).

A qui conseiller les compléments vitaminiques ?

Ils sont justifiés dans les situations où le besoin en micronutriment paraît augmenté et/ou l’élimination accrue : fatigue, stress, sport intensif, grossesse, dénutrition, séjour en institution, certains traitements médicamenteux ou états pathologiques… La prudence voire l’abstention devrait être de mise pour les enfants ainsi que pour les sportifs « tout venant ». Le risque pour ces populations ne tient pas à une éventuelle toxicité mais à la possible création d’un réflexe conditionné de prise de médicaments. Dans tous les cas, la prise de compléments de façon continue sur le long terme a peu de justifications. On ne saurait donc recommander que des cures brèves « coup de poing », périodiques. Une semaine, deux ? Un mois tout au plus probablement ! La philosophie générale de cette complémentation serait la « recharge » d’éventuelles insuffisances des stocks corporels en micronutriments.

Si la meilleure prévention est une bonne alimentation, qu’est-ce qu’une « bonne alimentation » exactement ?

C’est une alimentation équilibrée apportant tous les nutriments indispensables en quantité et qualité nécessaires pour couvrir les besoins physiologiques. Cela nécessite une diversification et une modération des apports alimentaires.

L’acide folinique

• C’est est un dérivé de l’acide folique (5-formyltétrahydrofolate) prescrit dans la prévention et la correction de la toxicité des antifoliques (méthotrexate, pyriméthamine, triméthoprime).

• Il a l’avantage par rapport à l’acide folique d’être directement actif sans subir de transformation enzymatique. Il est en revanche moins stable et plus onéreux.

• Attention : l’acide folinique potentialise les effets cytostatiques et indésirables (notamment digestifs) du fluoro-uracile. Par extrapolation, ces effets sont aussi attendus avec la capécitabine.

INFOS CLÉS

• Une supplémentation en folates (B9) est recommandée chez la femme enceinte pour éviter les anomalies de fermeture du tube neural du fœtus.

• La pyridoxine (B6) est nécessaire dans la prévention des neuropathies provoquées par les antituberculeux.

MÉGALOBLASTOSE

Erythroblastes géants présents sur le myélogramme.

SPINA BIFIDA

Malformation congénitale caractérisée par une anomalie de fermeture du tube neural dans sa partie postérieure.

ANENCÉPHALIE

Malformation congénitale caractérisée par une absence de fermeture de l’extrémité antérieure du tube neural.

Testez-vous

Quelle(s) vitamine(s) conseiller pour une chute de cheveux ?

a) B8

b) B9

c) B12

Réponses : a. La vitamine B8, de préférence associée à la vitamine B5 : elles sont actives en synergie et doivent être prises au moment du repas.

MALADIE DE WHIPPLE

Maladie inflammatoire intestinale rare, due à une bactérie (Tropheryma whippleii), dont l’évolution spontanée est mortelle en l’absence d’antibiothérapie.

INFOS CLÉS

• Consommer 500 g de légumes ou fruits par jour permet de couvrir les besoins quotidiens en vitamine C.

• Le tabac diminue l’absorption et augmente le catabolisme de la vitamine C.

• En cas de surdosage il n’y a pas de risque d’intoxication aiguë chez l’enfant ou l’adulte.

Vitamine C naturelle ou de synthèse : laquelle choisir ?

• La vitamine C est synthétisée en laboratoire depuis 1933. D’un point de vue moléculaire, elle est strictement identique à la vitamine C naturelle.

• En termes d’efficacité, une étude néo-zélandaise de 2013 a démontré que le corps humain ne fait aucune différence (tant pour l’absorption que pour l’utilisation) entre la vitamine C naturelle et la vitamine C synthétique. La vitamine C extraite de fruits n’est donc pas plus efficace que la vitamine C synthétique.

• Néanmoins, les fruits et les légumes contenant un ensemble de substances biochimiques présentant un intérêt pour la santé (flavonoïdes), il est conseillé de consommer la vitamine C dans le cadre d’une alimentation riche en fruits et légumes.

OXALOSE

Trouble du métabolisme d’origine génétique entraînant un dépôt de cristaux d’oxalate dans les reins et conduisant à des néphropathies et à une insuffisance rénale.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

M. J, sous colchicine pour traiter une crise de goutte, demande :

– Je suis très fatigué. Je n’ai pas dormi pendant deux nuits à cause de cette crise de goutte. Je voudrais faire une cure de vitamine C.

– Très bien. Prenez un comprimé de 1 g de vitamine C tous les matins.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Non. Le pharmacien aurait dû conseiller à M. J d’attendre que l’épisode goutteux soit passé. La crise de goutte est due à une accumulation d’acide urique. L’acide ascorbique va augmenter la charge acide et ralentir l’élimination de l’acide urique.

XÉROPHTALMIE

Sécheresse de la conjonctive entraînant l’opacité de la cornée.

INFOS CLÉS

• Une surconsommation en vitamines A ou E peut être dangereuse.

• Le rétinol est contre-indiqué chez la femme enceinte.

• A dose élevée, la vitamine E fluidifie le sang.

Vitamine A et femmes enceintes

• La femme enceinte ne doit pas consommer de façon régulière du foie (riche en rétinol, vitamine A directement assimilable). En revanche, les apports alimentaires de provitamine A (caroténoïdes dans les fruits et légumes colorés) sont sans danger durant la grossesse.

Testez-vous

Une femme enceinte doit limiter sa consommation :

a) de carottes

b) de foies de volailles

c) de noix

Réponses : b. Les foies de volailles sont riches en rétinol.

INFOS CLÉS

• L’exposition au soleil est très importante puisqu’elle stimule la synthèse endogène de vitamine D active.

• La vitamine D joue un rôle majeur dans la croissance et la minéralisation osseuse.

• Un supplément en vitamine D en absence d’un apport calcique adéquat est inefficace.

Administrer Uvestérol D chez le nourrisson

En raison de signalements de malaise et de fausse-route non négligeables et parfois graves chez des nourrissons, il est nécessaire de rappeler aux parents les bonnes pratiques d’administration d’Uvestérol D :

• Le produit doit toujours être administré avant la tétée ou le biberon.

• Seule la pipette doseuse fournie dans la boîte doit être utilisée.

• Administrer la solution à l’enfant éveillé installé en position semi-assise.

• Placer la pipette contre l’intérieur de la joue. Laisser l’enfant téter et, si ce dernier ne tète pas, appuyer très lentement sur le piston de la pipette (écoulement goutte à goutte).

• En cas de reflux gastro-œsophagien, de problèmes digestifs ou de troubles de la déglutition, ne pas administrer le médicament pur (diluer dans un peu de lait) et l’administrer dans une tétine.

• Ne pas allonger l’enfant immédiatement après l’administration.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

M. G, 68 ans, dialysé, présente une ordonnance d’Un-alfa 0,25 µg.

– Je ne comprends pas : ma femme aussi manque de vitamine D et elle ne prend qu’une ampoule d’Uvedose tous les 3 mois. C’est plus pratique !

– Uvedose contient une forme de vitamine D inactive en l’état, qui a besoin du rein pour devenir active. Votre rein ne fonctionnant plus, il vous faut une forme de vitamine D adaptée.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui. Puisque c’est au niveau du rein qu’est métabolisée la 25-OH vitamine D en 1,25-diOH vitamine D (ou calcitriol, forme active), un patient insuffisant rénal a besoin d’une forme déjà hydroxylée en 1 : soit la 1-hydroxycholécalciférol (Un-Alfa), soit la 1,25-dihydroxycholécalciférol (Rocaltrol). Bien que des études récentes aient démontré une production de calcitriol extrarénale active, les données cliniques sont insuffisantes pour établir une efficacité de l’Uvédose (vitamine D non hydroxylée) chez l’insuffisant rénal.

INFOS CLÉS

• La vitamine K, liposoluble, est d’origine végétale ou bactérienne.

• Elle a un rôle essentiel dans la coagulation sanguine et la santé osseuse.

• Une alimentation équilibrée suffit à couvrir les besoins journaliers.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Madame J. a accouché il y a un mois :

– A la naissance de mon fils, le médecin avait prescrit de la vitamine K, dont une ampoule à lui donner quand il aurait 1 mois. Mais comme je n’allaite plus du tout, je ne sais pas s’il faut lui administrer ou pas. Que dois-je faire ?

– Puisque votre fils est nourri exclusivement avec des laits infantiles, il n’est pas nécessaire de lui donner cette dernière dose de vitamine K.

Le pharmacien a-t-il raison ?

Oui. La vitamine K1 est donnée en prévention de la maladie hémorragique du nourrisson. Cette pathologie est due à un faible taux de vitamine K à la naissance, les nouveau-nés ne pouvant faire de synthèse endogène puisque leur intestin est stérile à la naissance. La vitamine K1 est présente en quantité insuffisante dans le lait maternel, alors que les laits infantiles en poudre sont suffisamment enrichis pour couvrir les besoins du bébé.

L’essentiel à retenir

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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