Prééclampsie et éclampsie - Le Moniteur des Pharmacies n° 3052 du 25/10/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3052 du 25/10/2014
 

Comptoir

Fiche formation

Auteur(s) : Patricia Willemin

La prééclampsie est une pathologie grave de la grossesse qui touche 5 % des femmes enceintes. Elle peut se compliquer d’éclampsie d’apparition brutale mettant en jeu le pronostic vital de la mère et de l’enfant.

De quoi s’agit-il ?

• L’éclampsie est une crise convulsive généralisée tonicoclonique survenant dans un condiv de pathologie hypertensive de la grossesse.

• Elle est précédée d’une phase de prééclampsie caractérisée par une hypertension artérielle (HTA) et une protéinurie.

• Son origine est un défaut d’insertion du placenta dans l’utérus. Il entraîne une ischémie placentaire responsable de lésions de l’endothélium vasculaire maternel et parfois d’un retard de croissance fœtale.

• Il s’agit d’une urgence obstétricale pouvant survenir pendant la grossesse, lors de l’accouchement voire en post-partum.

• C’est la 2e cause de décès maternel.

Quels sont les facteurs de risque ?

Ils sont génétiques, immunologiques (primiparité, période d’exposition au sperme du père courte) ou physiopathologiques (âge maternel élevé, antécédent de prééclampsie, HTA chronique, obésité, diabète).

Quels sont les signes de la maladie ?

• L’HTA gravidique se définit par une pression artérielle systolique (PAS) ≥ 140 mmHg et/ou diastolique (PAD) ≥ 90 mmHg apparue après 20 semaines d’aménorrhée (SA) chez une femme jusque-là normotendue.

• La prééclampsie (PE) associe HTA et protéinurie (> 300 mg/24 h) +/- prise de poids rapide et œdèmes.

• La prééclampsie sévère se caractérise par une tension artérielle d’emblée plus élevée (PAS ≥ 160 mmHg et/ou PAD ≥ 110 mmHg) ou des symptômes annonçant l’imminence de la crise : céphalées, nausées, vomissements, douleurs épigastriques, troubles visuels, hyporéflexivité ostéotendineuse.

• La crise d’éclampsie se manifeste par la survenue brutale de crises convulsives et/ou de troubles de la conscience.

Quelles sont les complications ?

Elles touchent à la fois la mère et l’enfant.

• Mère : éclampsie, syndrome de HELLP (associant hémolyse, cytolyse et thrombopénie), hématome rétroplacentaire, AVC, coagulation intravasculaire disséminée, œdème pulmonaire, décès.

• Enfant : retard de croissance in utero, souffrance fœtale aiguë voire mort fœtale, prématurité (cause d’un tiers des naissances de grands prématurés).

Quel est le traitement ?

• Le traitement est symptomatique. Le seul traitement curatif est l’arrêt de la grossesse, discuté selon le terme, la gravité et l’urgence maternelle et/ou fœtale.

• L’aspirine à faibles doses (100 à 160 mg/j) peut être utilisée en prévention (efficace dans 10 à 15 % des cas) : à débuter avant 16 SA en cas de prééclampsie à la première grossesse.

Prise en charge de la PE

• La PE nécessite une hospitalisation pour un suivi rapproché. L’enjeu est de prolonger la grossesse et de réduire les risques liés aux poussées hypertensives.

• Un traitement par antihypertenseur est débuté si la PAS > 160 mmHg ou PAD > 110 mmHg. Les inhibiteurs calciques sont utilisés en première intention. Le régime hyposodé n’est pas recommandé (risque d’hypoperfusion fœtale).

• Une corticothérapie en pre-partum permet de favoriser la maturation des poumons du fœtus.

• En cas de PE sévère, le sulfate de magnésium (MgSO4) en intraveineuse (IV) est indiqué devant l’apparition de signes neurologiques.

Traitement de l’éclampsie

Il repose sur l’administration d’anticonvulsivant : MgSO4 en IV en première intention ou, à défaut, diazépam ou clonazépam, oxygénothérapie et naissance en urgence.

Sources : « Les progrès physiopathologiques intervenus dans la compréhension de la prééclampsie », La Revue du praticien, vol. 60, 20 mai 2010 ; Prééclampsie, INSERM, 2013, www.inserm.fr ; « Urgences obstétricales extrahospitalières », SFAR, 2010, www.sfar.org ; « Prise en charge multidisciplinaire des formes graves de prééclampsie », CNGOF, 27.1.2009, www.cngof.asso.fr ; « Pression artérielle », partie IV, p. 8 à 19, formation « Les thématiques » Prescrire, mai-août 2014 ; Association de prévention et d’actions contre la prééclampsie, www.apape.fr

EN PRATIQUE

• Insister sur les signes d’alerte : en cas de vomissements, troubles visuels, œdèmes, maux de tête, barre à l’estomac, diminution des urines, la patiente doit consulter en urgence.

• Recommander le repos, de limiter les efforts physiques, l’arrêt du tabac.

• Veiller à l’observance du traitement.

• Expliquer l’autosurveillance si elle est prescrite : automesure tensionnelle et recherche de protéinurie par bandelette.

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