L’AFIPA NE MANQUE PAS D’AUDACE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3049 du 04/10/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3049 du 04/10/2014
 
RELANCER L’AUTOMÉDICATION

Entreprise

Auteur(s) : François Pouzaud

Le marché de l’automédication fait grise mine. En 2014, il baisse de 2,6 %. Une évolution qui concerne d’ailleurs presque tous les segments du marché. Comment relancer l’automédication ? Lors de son forum, l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) égrène les vraies et fausses idées.

Le marché de l’automédication va mal. A fin août 2014, le chiffre d’affaires de l’automédication a baissé de 2,6 %, d’après une enquête de Celtipharm révélée lors du 4e Forum de l’automédication et du selfcare qui s’est tenu à Paris le 17 septembre. Signe inquiétant : sur les dix segments de marché de l’automédication, huit sont en diminution, parfois franche comme les voies respiratoires (- 8,8 %) et les antitabac (- 8,8 %). L’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) s’est attachée à démonter les idées du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et lancé de nouvelles propositions.

L ’automédication en grande surface ?

La remise en cause du monopole des pharmaciens proposée dans le rapport de l’Inspection générale des finances remet au cœur de l’actualité la possibilité de vente au détail de certains médicaments en grandes et moyennes surfaces (GMS), avec pour finalité d’avoir des prix moins chers pour le consommateur. Les médicaments d’automédication en grande surface vont-ils vraiment augmenter le pouvoir d’achat des patients ? Une fausse bonne idée pour l’AFIPA. En effet, selon elle, dans la mesure où l’automédication représente une faible part du marché des médicaments (15,7 % en volume), nettement inférieure à la moyenne européenne (25,7 %) et que les prix sont déjà particulièrement bas dans l’Hexagone, les gains potentiels par des baisses de prix seraient insignifiants pour le porte-monnaie des Français (voir infographie ci-dessous). Pour l’AFIPA, il est donc clair que la vente de médicaments en grande surface ne restituera pas du pouvoir d’achat aux Français, mais constitue un vrai risque d’accès aux soins.

Créer un taux de TVA identique

Remettre tous les médicaments sur un même pied d’égalité en matière de TVA, avec un taux de 2,1 % (proposition inédite de l’AFIPA) ne serait pas révolutionnaire pour le pouvoir d’achat. Mais cette mesure aurait le mérite de réduire le différentiel important de prix entre un médicament vigneté en vente libre et son équivalent OTC non remboursable dont la TVA est passée de 5,5 % à 7 %, puis à 10 % en l’espace de deux ans. Selon l’AFIPA, ce relèvement de la TVA sur les médicaments non remboursables a provoqué une augmentation mécanique des prix de 4 %.

Etendre le Répertoire des génériques

Pascal Brossard, président de l’AFIPA, stigmatise les propositions alternatives de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) aux conclusions du rapport de l’IGF pour faire baisser les coûts des produits de l’automédication. « Le Répertoire des génériques est défini par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, il comprend également des groupes génériques pour les médicaments non remboursables. Il est donc différent du Répertoire sur lequel on s’engage conventionnellement avec l’Assurance maladie, précise Philippe Besset, vice-président de la FSPF. La marque a des atouts indéniables et il n’est pas question de la tuer. Cependant, nous proposons que la profession s’engage à informer le patient lors d’un conseil de la molécule équivalente la moins chère dans une classe thérapeutique donnée, libre ensuite à ce dernier de choisir la marque ou son générique. »

Pascal Brossard fustige cette proposition : « Ce syndicat veut étendre le Répertoire aux produits non remboursables pour faire baisser les prix de 20 à 30 %. C’est oublier que ce sont les marques à forte notoriété qui développement ce marché. » En effet, en 2013, le top 10 des marques sur le marché de l’automédication a crû de 0,7 % en valeur, alors que le marché chutait, lui, de 3 %. Depuis 2008, le marché se concentre de manière marquée autour de quelques marques leaders, qui représentaient 19,6 % du marché en valeur en 2013 (+ 2,8 points en 5 ans).

Dérembourser par indication

En France, la culture de la gratuité des médicaments reste ancrée, y compris pour l’automédication (voir sondage ci-dessous). D’où la proposition de l’AFIPA à l’adresse des pouvoirs publics pour permettre à la France de rattraper son retard : définir les affections bénignes et les indications qui relèvent de la prise en charge collective de celles qui sont du ressort de la dépense individuelle. Cette proposition est rejetée par Olivier Véran, député PS de l’Isère, membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Il juge qu’une telle mesure creuserait la fracture sociale et créerait encore plus de difficultés d’accès aux médicaments, en particulier pour les plus démunis. « Le déremboursement de pathologies est un raccourci qui mettrait à mal notre système de protection sociale. Pour ne pas pénaliser financièrement certains Français, nous n’envisageons pas de dérembourser les soins courants », précise-t-il.

L’automédication, inscrite dans le DP

Pour sécuriser l’usage de l’automédication, l’AFIPA demande l’inscription obligatoire des médicaments d’automédication dans le dossier pharmaceutique (DP), qui est une des clés de voûte de la coopération interprofessionnelle. Un préalable indispensable pour le développement d’une information éducative auprès des patients pour les responsabiliser vis-à-vis de leur santé. Une proposition qui contente l’Ordre des pharmaciens, mais aussi les médecins.

Offrir un avantage fiscal

L’AFIPA suggère que l’achat de médicaments de prescription médicale facultative (PMF) non remboursés par la collectivité donne droit à un avantage fiscal, à l’instar de ce qui est prévu pour les dons versés à des organismes d’intérêt général ou associations d’utilité publique, c’est-à-dire la possibilité de déduire de son impôt sur le revenu 66 % de son don. Ainsi, un don de 40 € ne coûtera que 13,60 € après déduction fiscale.

Favoriser les délistages

Avec les mauvais chiffres du marché des médicaments d’automédication en 2014, Pascal Brossard espérait convaincre Cécile Delval, directrice de l’évaluation à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), d’aller plus vite sur les délistages de 20 à 50 molécules soumises actuellement à prescription médicale, où, là encore le retard de la France par rapport à l’Europe est criant.

Mais, à cette requête récurrente des industriels de l’AFIPA, la réponse de Cécile Delval a été très décevante, ne laissant même aucun espoir d’accélérer l’allure compte tenu des lourdeurs de fonctionnement de l’agence (complexité de l’évaluation du fait d’études de croisement entre une molécule et une indication, travail avec de nombreux comités d’interfaces…).

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