QUELLE FORMULE CHOISIR ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 3041 du 12/07/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3041 du 12/07/2014
 
FINANCER SES ÉQUIPEMENTS

Entreprise

Auteur(s) : François Pouzaud

Vous envisagez de renouveler votre matériel informatique vieillissant ou investir dans un automate pour réaliser la PDA ? Quel mode de financement choisir ? Emprunt, crédit-bail ou location financière ?

Choisir la solution la plus adaptée nécessite d’abord d’analyser le bilan et le compte de résultat. Par conséquent, il ne faut pas hésiter à solliciter votre expert-comptable qui vous accompagnera dans cette démarche et vous aidera à mesurer les impacts financiers et comptables de chaque formule. Pour Joffrey Blondel, directeur de la gestion officinale de Cerp Rouen (groupe Astera), les premières questions doivent concerner la situation financière : « L’officine dégage-t-elle annuellement des flux de trésorerie suffisants et peut-elle s’endetter ? »

– Au vu de l’analyse des documents comptables, si la réponse est clairement « non », vous devez alors vous interroger sur l’incidence de l’investissement sur la rentabilité future de la pharmacie, à savoir s’il va générer un flux de trésorerie supplémentaire.

– Si la réponse est plutôt « oui », il convient d’analyser le passif du bilan pour évaluer votre capacité d’endettement. Celle-ci sera liée à l’importance des emprunts bancaires en cours. « Une dette bancaire élevée ne milite pas pour un nouvel emprunt qui alourdira le passif », souligne, en toute logique, Joffrey Blondel. Il faudra ensuite savoir si les liquidités sont importantes à l’actif du bilan et si les excédents de trésorerie sont placés dans des produits financiers à court terme. « Il est possible d’autofinancer l’investissement en puisant dans la trésorerie disponible, à condition de ne pas l’assécher dangereusement », prévient le spécialiste. Cette option est envisageable si le rendement des valeurs mobilières est plus faible que le taux d’intérêt d’un emprunt à court terme. Néanmoins, contracter un emprunt permet de maintenir le cas échéant l’escompte financier, plus rémunérateur, du grossiste pour un paiement comptant et de conserver sa trésorerie pour les besoins à court terme de son exploitation. D’une manière générale, l’autofinancement est préconisé pour les équipements de faible montant et peu soumis à la dépréciation, tels que le mobilier de bureau.

L’emprunt classique

« Le financement par emprunt est toujours plus intéressant pour une entreprise en bonne santé, qui profite de déductions fiscales importantes en début de période de remboursement grâce au cumul des intérêts dégressifs et de l’amortissement des équipements, souligne Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo. Mais un crédit peut être difficile à obtenir du fait de l’endettement financier qui apparaît au bilan de l’officine. » L’emprunt se prêtant mieux à une durée longue, « il peut être intéressant de financer un investissement lors d’une opération de restructuration de la dette à long terme, avec une mensualité plus faible », suggère Joffrey Blondel.

Le crédit-bail

« Le crédit-bail est attractif dans les périodes de difficultés financières. Il est recommandé pour les entreprises peu solvables et ayant des difficultés à obtenir un crédit égal à 100 % de l’achat », indique Luc Fialletout. Il permet à l’entreprise d’investir sans mobiliser de capitaux (pas de dettes au bilan ni d’augmentation des emprunts). « Néanmoins, il apparaît dans les engagements financiers hors bilan et dans la pratique. Les banques, lors des études des dossiers, comptabilisent les encours de crédit-bail », nuance Amaury de Lagarde, de la société Eurolease (groupe Astera).

La location financière

Les loyers de la location financière ne diminuent pas la capacité d’emprunt du pharmacien, mais, à l’inverse du crédit-bail, « ils ne figurent pas dans les annexes du bilan, l’engagement financier du pharmacien n’est donc pas porté à la connaissance de la banque », souligne Amaury de Lagarde. En principe, il n’est pas possible d’acquérir le matériel en fin de location. Il n’y a donc que deux options possibles: prolonger le contrat ou restituer le matériel. « Il n’y a aucune contre-indication à la location financière », affirme Amaury de Lagarde. Quel que soit le niveau de fiscalisation et d’endettement de la pharmacie, elle apporte une réponse adaptée en toutes circonstances. « L’intérêt de la location financière pour une pharmacie fortement fiscalisée est de pouvoir déduire sur une durée courte des loyers (également modulables) du résultat fiscal. Lors des premières années d’installation, des loyers progressifs seront plus utiles qu’un nouvel emprunt contracté à un moment où la fiscalité est faible. Enfin, si le titulaire est très endetté, il a tout intérêt à diversifier ses sources de financement, sans compter que le contrat de location financière pourra facilement être transféré à son successeur le jour de la revente du fonds. »

Selon Luc Fialletout, l’intérêt de la location financière repose généralement sur les aspects non financiers du contrat : la qualité de la maintenance, la faculté de renouveler l’équipement en cours de contrat… « Ces aspects sont dépendants de la pérennité du fournisseur, si celui-ci venait à disparaître ou s’avérait incapable de tenir ses engagements commerciaux, il ne subsisterait plus qu’un contrat financier peu attractif en tant que tel », met-il en garde.

Un choix dicté par la durée de vie du bien

Côté coût, avantage au crédit classique. « Le crédit-bail et la location financière sont deux formules un peu plus onéreuses car elles intègrent une prime de risque. De plus, ces sociétés se montrent moins sélectives sur les dossiers de demande de financement », explique Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise.

Pour cet expert-comptable, ces deux dernières solutions sont adaptées à des investissements moyens (quelques dizaines de milliers d’euros) qui n’intéressent plus les banques. « Les dossiers de financement sont rapides à monter. Cet avantage sur le crédit classique est apprécié par les pharmaciens, qui n’ont pas de temps à perdre. Ensuite, c’est la nature du bien lui-même qui oriente le choix entre ces deux formules : la location financière est plus adaptée au matériel à obsolescence rapide (par exemple, l’informatique, une imprimante…) alors que le crédit-bail convient mieux à des produits à obsolescence lente (par exemple, une croix, une machine pour la PDA…). »

Trois définitions à connaître

Acquisition financée par emprunt : contrat par lequel un organisme prête à un client une somme, destinée à financer un bien, remboursable selon des modalités convenues à l’avance.

Crédit-bail mobilier : contrat par lequel une société financière achète pour le compte d’un client un bien corporel, lui loue sur une période déterminée et lui propose de racheter à l’issue de la période de location à un prix convenu d’avance.

Location financière : contrat par lequel une société financière achète pour un client un bien corporel et lui loue sur une période déterminée.

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