Souverain !

Alors qu’il avait habitué l’officine à des croissances à deux chiffres les années précédentes, le marché de l’homéopathie n’a pas renouvelé cette performance en 2013. Sa courbe de croissance s’infléchit de plus de moitié, avec tout de même une progression du chiffre d’affaires de 6,2 % contre 11 % en 2012. Pour autant, la surprise n’est que feinte car le nombre d’unités vendues marquait déjà le pas depuis quelques années. La stagnation se confirme avec une croissance limitée à 1,5 point l’an dernier.

Les pathologies hivernales font la pluie et le beau temps sur ce terrain composé pour moitié de spécialités axées sur les voies respiratoires. Ce segment connaît une hausse de près de 10 % de ses ventes en valeur. Un score qui profite au groupe Boiron, comme le confirme sa directrice France, Anabelle Flory-Boiron: « En 2013, nous avons réalisé une croissance de 6,5 % de notre chiffre d’affaires, du fait, notamment, de la forte pathologie hivernale du premier trimestre. Dans le domaine des voies respiratoires, Oscillococcinum et Stodal ont enregistré une croissance de leur part de marché, respectivement de 5 % et 12 %. »

Le marché de l’homéopathie renforce également ses défenses immunitaires dans ses autres compétences historiques: les sédatifs, les antalgiques et la circulation, marqués par une croissance respective de 2,7 %, 7,5 % et 5 % en valeur. En revanche, il poursuit sa perte de vitesse dans d’autres sphères thérapeutiques comme la dermatologie, les voies digestives, l’appareil urogénital. L’homéopathie y subit l’avancée des autres solutions de santé au naturel. S’il n’est pas clairement étayé par les chiffres, le report des ventes sur la phytothérapie, l’aromathérapie mais aussi la nutrithérapie, qui pèse désormais, en valeur, près de quatre fois plus en pharmacie que l’homéopathie, explique en partie cette érosion. La progression de ces rayons, d’année en année, atteste de l’explosion du marché de l’automédication au naturel.

Anabelle Flory-Boiron se refuse cependant à opposer l’homéopathie aux autres solutions : « L’homéopathie s’inscrit dans le marché global du médicament. Notre but est de faire avancer l’homéopathie comme solution de première intention, ou en conseil associé, que ce soit dans les voies respiratoires, les poussées dentaires, ou encore dans l’accompagnement des malades cancéreux en soins de support. »

La concurrence stimule les fabricants

La marque Ferrier s’inscrit dans la même ligne. « L’homéopathie est de plus en plus prisée en première intention, notamment chez les enfants, sur prescription des pédiatres mais aussi comme médecine adjuvante dans les pathologies les plus graves, en post-chimiothérapie par exemple », note Laurent Priou, chef de produit et pharmacien responsable de Ferrier. Cette filiale d’Arkopharma, dont le chiffre d’affaires a progressé de 18 % en 2013, s’affirme en officine. Il semblerait même que la concurrence des autres médecines naturelles aiguillonne l’innovation des laboratoires homéopathiques. Acthéane de Boiron en est un exemple. « Ce traitement des bouffées de chaleur, prescrit par les gynécologues et conseillé par les pharmaciens, correspond à une réelle attente sur le marché de la ménopause », relève Anabelle Flory-Boiron. Le leader français vient également de relancer Coryzalia sous une forme dispersible, utilisable dès l’âge de 18 mois.

De même, Ferrier ouvre l’homéopathie aux personnes intolérantes au lactose en leur fournissant depuis mars des granules et des doses sans lactose, en saccharose pur. « Nous continuons également nos développements de nouvelles souches et dilutions », promet Laurent Priou. Le succès de cette expertise à l’officine reste toutefois suspendu au dynamisme des pharmaciens. Il leur revient de donner lisibilité à ces produits, qui sont moins exposés que la phytothérapie et l’aromathérapie. Et d’afficher une certaine compétence dans le domaine.