Cote d’alerte - Le Moniteur des Pharmacies n° 3039 du 05/07/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3039 du 05/07/2014
 

Marchés 2013

MÉDICAMENT REMBOURSABLE

Auteur(s) : François Pouzaud

Pour le médicament remboursable, l’année 2013 est une réplique de l’année 2012, marquée par une nouvelle baisse du chiffre d’affaires. Et, si l’on prend au pied de la lettre les récentes déclarations de Marisol Touraine, pour les 10 milliards d’euros d’économies escomptés sur les dépenses de santé en trois ans, le médicament sera mis à contribution à hauteur de 3,5 milliards d’euros. Conclusion : cela n’est pas près de s’arrêter.

En 2011, le marché du médicament remboursable entrait en récession et nous annoncions que ce cycle de baisse aller durer quatre ans. Si l’on s’en tient à cette prévision d’IMS Health, la France aurait donc fait les trois quarts de ce chemin de croix. En effet, en 2012, les ventes s’enfonçaient un peu plus dans la dépression (– 2,3 % en valeur) et, en 2013, elles n’ont pas relevé la tête. Le chiffre d’affaires a fléchi l’an dernier de – 1,8 % à 27,1 milliards d’euros (en prix public TTC), le nombre d’unités vendues augmentant pour sa part timidement de 0,3 %, à 2,5 milliards. L’écart entre ces deux tendances inverses en valeur et en volume s’explique par la baisse des prix des médicaments et la substitution des pharmaciens qui, après l’accélération de 2012, s’est stabilisée en 2013 aux environs de 82 %.

L’involution du marché pharmaceutique global en ville (intégrant en plus les spécialités non remboursables) est du même ordre, de – 1,7 % en valeur à 27,63 milliards d’euros et de + 0,3 % en volume à 2,65 milliards de boîte vendues. Selon IMS, cette tendance à près de – 2 % va perdurer cette année, la LFSS (loi de financement de la Sécurité sociale) 2014 (2,4 Md€ d’économies trouvés) ressemblant, en effet, en tout point à celle de 2013. Et tout porte à croire que l’atonie va rempiler une année supplémentaire, en 2015, ce qui serait inédit (cinq années de baisse successives). Pour le Pr Claude Le Pen, économiste de la santé, la récession attendue en 2015 dépendra de l’effort supplémentaire que le ­gouvernement demandera au domaine, sachant qu’une baisse de l’ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance-maladie) de 2,4 % en 2014 à 1,75 % en 2015 reviendra à trouver plus d’1 Md€ d’économies supplémentaires.

Les médecins incités à lever le stylo

Les politiques de maîtrise des dépenses de santé menées auprès des médecins prescripteurs continuent à porter leurs fruits. Le premier artisan de la baisse du marché des médicaments remboursables prescrits (– 2,2 % en CA et – 0,3 % en volume) est sans conteste le médecin généraliste. Les ventes de médicaments prescrits par ses soins chutent beaucoup plus que la moyenne, de 5,4 % en valeur et de 0,8 % en volume, réalisant malgré tout près de 59 % du CA remboursable et 76 % des volumes. La prescription des médicaments indiqués dans les grandes pathologies chroniques est également sous contrainte (baisse des prix, générication accrue, mesures d’accompagnement des professionnels de santé déployées par l’Assurance maladie et l’ANSM vers la juste prescription et le bon usage des traitements médicamenteux…). La déflation est nettement perceptible en 2013 chez les cardiologues (– 0,5 % en valeur, – 0,7 % en volume), les rhumatologues (– 0,4 % en valeur, – 2,3 % en volume) et les pneumologues (– 2,4 % en valeur, + 0,7 % en volume).

Les médicaments prescrits par des médecins hospitaliers et dispensés en ville et les médicaments de spécialités prescrits en cas de pathologies lourdes et graves continuent, en revanche, d’être des moteurs de croissance (+ 5,1 % en valeur et + 4,2 % en volume à l’hôpital ; + 356 M€ d’augmentation des dépenses de l’assurance-maladie, + 11,3 % en valeur et + 2,1 % en unités pour les hématologues et oncologues).

Des marchés chahutés surtout en valeur

Malgré des plans de maîtrise de plus en plus sévères et la pression sur les prix, pénalisant fortement le médicament, les marchés occupant les premières places s’en sortent relativement bien en volume et mal en valeur. Ainsi, les volumes font mieux que se maintenir sur les analgésiques non morphiniques, premier marché en unités (+ 4,2 %, 549 millions de boîtes), sur les antiulcéreux (+ 3,6 %, 73 millions, troisième marché du remboursable) et les antibiotiques à large spectre de la famille des pénicillines (+ 3,8 %, 58,5 millions, en rapport avec la forte recrudescence de la grippe sur la saison hivernale 2012-2013, justifiant un recours accru au médecin). En revanche, le deuxième marché du remboursable en volume, les tranquillisants, est stable (+? 0,1 %), alors que les ventes d’antidépresseurs reculent (– 2,2 %).

Avec les baisses de prix infligées en 2013, les marchés dans le peloton de tête en CA ne font pas bonne figure, exception faite des antiviraux (+ 3,8 %). Chef de file également en CA, les analgésiques non morphiniques ne reculent pas trop en CA (– 2,3 % à près de 1,3 Md€, l’augmentation des volumes compensant partiellement cette baisse). On ne peut pas en dire autant des ventes de médicaments contre le cholestérol, qui n’ont pas été ménagées (– 11,1 %) : les actions de sensibilisation des médecins aux recommandations sanitaires et les rémunérations sur objectifs de santé publique pour favoriser la prescription des statines dans le Répertoire ont contribué au recul de cette classe thérapeutique.

On retrouve également dans ce quatuor les antiulcéreux qui plongent en CA (– 24,2 %) sous le double effet des baisses des prix au sein de cette classe thérapeutiques et de la générication de Pariet qui a perdu en une année 83 % de son CA (– 100 M€ sur 120 M€). Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ont connu la plus forte diminution en termes de dépenses de l’assurance-maladie en 2013 (– 176 M€ dont 100 M€ de baisses des prix).

Après les antiulcéreux, la classe des antihypertenseurs et celle des hypolipidémiants connaissant les plus fortes baisses (respectivement de – 11,1 % et – 11,8 % en 2013), cela représente pour l’assurance-maladie une baisse de dépenses de 152 M€ (– 6,8 %) pour les premiers et de 114 M€ (– 8,6 %) pour les seconds. Plusieurs facteurs s’associent pour expliquer ces baisses à deux chiffres: les chutes tarifaires notamment sur les IEC-sartans, la progression de la substitution générique, la générication de molécules clés dans la classe des sartans.

Des classes étrangères à la crise

Avec une croissance en 2013 plus forte qu’en 2012 (+ 16 % en valeur versus + 2 %), les anticancéreux affichent les plus belles performances de l’année, en raison de nombreux lancements comme ceux de Zelboraf, Jakavi ou Xalkori – tous crédités d’une ASMR III (amélioration du service médical rendu modeste) – et de la montée en puissance de Zytiga, nouvel espoir dans la lutte contre le cancer de la prostate.

Les immunomodulateurs (+ 9,3 %) ont également le vent en poupe.

Les antidiabétiques oraux emmenés par les nouveaux blockbusters de cette classe thérapeutique, grâce à des taux de croissance élevés liés à l’effet de structure, s’inscrivent dans une bonne dynamique (+ 5,3 % en valeur, + 3,3 % en volume). Victoza et Lantus enregistrent ainsi les plus fortes hausses.

Seconde classe en termes de croissance des dépenses en 2013 (+ 11,2 %, + 79 M€ par rapport à 2012), les médicaments antirhumatismaux sont en verve (+ 5 % des volumes remboursés). Humira figure toujours parmi les 10 premiers produits en termes de croissance des dépenses en 2013 (en seconde position derrière Lucentis mais devant Crestor et Doliprane), avec + 37 M€ en 2013. Le nouveau traitement Simponi, commercialisé fin 2012, enregistre une croissance de 31 M€.

Les ventes d’anticoagulants oraux directs (AOD) ont été dopées par l’obtention d’une extension d’indication dans la prévention de l’AVC et de l’embolie systémique en 2012. La dynamique profite à Xarelto, médicament enregistrant la plus forte croissance en 2013 (+ 74 M€), tandis que Pradaxa se place en 8e position (+ 39 M€). Néanmoins, la croissance des AOD a atteint un palier depuis l’été 2013, notamment sous l’effet des recommandations appelant à une vigilance accrue dans leur utilisation.

Le nouveau paradigme des blockbusters

Au niveau des laboratoires pharma­ceutiques, « ceux qui tirent leur épingle du jeu ne sont plus les mêmes qu’auparavant, on assiste à une redistribution des cartes dans un marché qui fait sa mue, et à l’installation d’un nouveau paradigme pour les blockbusters (molécules réalisant un CA mondial supérieur à 1 Md$, N.D.L.R.) », observe Vincent Bildstein, président d’IMS Health France. Historiquement, les blockbusters concernaient des médicaments innovants dans des pathologies de masse et classes thérapeutiques majeures. Depuis 2008, ils correspondent à des lancements récents réussis en médecine de spécialité, dans des aires thérapeutiques avec de forts besoins (diabète, sclérose en plaques, hépatite C, ostéoporose, cancer de la prostate, schizophrénie…) et sur des populations restreintes. « Une quinzaine de molécules ont atteint la barre du milliard de dollars en 2013 », signale-t-il. A l’exception de Xarelto (1,19 Md$) et de Victoza (1,89 Md$) dont la cible est large, les blockbusters d’aujourd’hui sont essentiellement des médicaments de spécialité s’adressant à des populations très ciblées, tels que Gilenya, Stelara, Invega Sustenna, Incivek, Prolia, Zytiga…

– 1,8 %

En 2013, le médicament remboursable a régressé de 1,8 % en valeur, enregistrant un chiffre d’affaires de 27,1 milliards d’euros. En volume, l’augmentation est de 0,3 % à 2,5 milliards de boîtes vendues.

LE TOP 10 EN UNITÉS

1 Doliprane 1 000 mg, cp. sec. (8)

2 Dafalgan 1 g, cp. pell. (8)

3 Dafalgan 500 mg, gél. (16)

4 Efferalgan 1 g, cp. eff. (8)

5 Doliprane 1 000 mg, cp. eff. (8)

6 Uvedose, amp. buv. (1 x 2 ml)

7 Kardegic 75 mg, sach. (30)

8 Doliprane 500 mg, cp. sec. (16)

9 Lamaline, gél. (16)

10 Doliprane 2,4 % susp buv sans sucre, flac. (100 ml)

Source : IMS

L’hôpital rame aussi

L’hôpital a affiché une croissance inférieure à 1 % en 2013 (+ 0,73 %, source : IMS), les ventes à prix officiels avoisinant les 8 Md€. En revanche, les transferts de ventes de l’hôpital vers la ville vont bon train, au rythme de + 5 % de progression en valeur en 2013. Les médicaments rétrocédés reculent de 32 M€ en raison de l’inscription en ville de plusieurs spécialités à fort remboursement depuis fin 2012 (Zytiga, Incivo, Victrelis, Zelboraf, Jakavi et Xalkori). L’hôpital prescrit donc aujourd’hui plus qu’il n’achète.

Nouvelle baisse des dépenses de l’assurance-maladie en 2013

Comme en 2012, les dépenses de médicaments de ville remboursées par l’assurance-maladie baissent en 2013, de – 0,4 % à 22,6 Md€, sous l’effet conjugué des baisses tarifaires pour 853 M€ d’économies (– 3,8 % de dépenses) et de la substitution générique (– 2,2 %). Il y a toutefois une hausse de 1,2 % des volumes de prescription liée à la grippe de 2013. Les effets de structure (report des prescriptions vers des produits plus chers) contribuent pour + 3,1 points d’évolution de la part relative des médicaments coûteux.

Ils sont particulièrement élevés au sein de classes comme les anticancéreux (+ 135 M€ de dépenses, + 8,1 % vs 2012), les antiagrégants-antithrombotiques (+ 75 M€, + 8,7 %) et les antidiabétiques (+ 78 M€, + 6 %). Les dépenses de médicaments des épisodes aigus (– 238 M€) ont été plus fortement touchées qu’en 2012 par les baisses de prix et les génériques, alors que la diminution des montants liés aux traitements des pathologies chroniques a été deux fois moins importante (– 219 M€).

LE TOP 10 EN CA

1 Lucentis 10 mg/ml, sol.inj. (0,23 ml)

2 Lantus Solostar 100 UI/ml, (5 x 3 ml)

3 Doliprane 1 000 mg, cp. sec. (8)

4 Humira 40 mg, stylo prérempl. (2 x 0,8 ml)

5 Seretide Diskus 500/50 microgr, pdre pour inh. (60 doses)

6 Truvada, cp. pell. (30)

7 Humira 40 mg, seringue prérempl. (2 x 0,8 ml)

8 Neulasta 6 mg, seringue prérempl. (1 x 0,6 ml)

9 Zytiga 250 mg, cp. (120)

10 Glivec 400 mg, cp. pell. (30)

Source : IMS

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