Le temps du sans vignette - Le Moniteur des Pharmacies n° 3038 du 28/06/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3038 du 28/06/2014
 
INFORMATIQUE

Dossier

Auteur(s) : Virginie Saurel

Fin de la chronique d’une suppression annoncée ! La disparition de la vignette sur les boîtes de médicaments sera effective le 1er juillet. Qu’est-ce que cela va impliquer en termes de gestion informatique derrière le comptoir, en back-office ou pour les patients ?

A partir du 1er juillet, les prix et les conditions de prise en charge de chaque médicament ne figureront plus sur leur conditionnement. Elles seront alors disponibles à partir d’une base nationale de référence, accessible aux pharmaciens via leurs logiciels de dispensation et aux usagers depuis le site . Cette base unique, gérée par le Comité économique des produits de santé (CEPS), constituera un même référentiel pour l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament. L’information sur les prix des remboursables achetés sans ordonnance devra être accessible au sein de l’officine au moyen d’un affichage, d’un catalogue électronique ou d’une interface Internet. C’est cette dernière qui va permettre de consulter les prix publics, actualisés quotidiennement à partir de la base de données nationale.

Les logiciels de gestion de l’officine (LGO) étant agréés Sesam Vital 1.40 addendum 4 (Alliance Premium, Opus et Périphar, Caduciel, Infosoft, Winpharma…) et versions ultérieures depuis plusieurs années pour certains, la problématique pour les pharmaciens sera d’être équipés de lecteurs de codes Datamatrix et d’emplacements de consultation en ligne des bases de données médicamenteuses ou de la base opposable. Pour Emmanuel Fretti, directeur général d’Isipharm, pas de quoi s’en faire tout un monde : l’impact sur les SSII de la suppression de la vignette est peu important au regard des autres gros dossiers en cours : certification des logiciels d’aide à la prescription et d’aide à la dispensation gérée par la Haute Autorité de santé (HAS), prescription électronique médicamenteuse pilotée par la CNAMTS, expérimentation de dispensation des antibiotiques à l’unité menée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), mise en place des fonctionnalités dans le cadre des honoraires de dispensation du pharmacien. « Pour les SSII, l’enjeu était assez simple. Il y avait deux architectures possibles : nous interfacer avec la base CEPS ou laisser le système gérer les prix via les bases de données médicamenteuses agréées, la Base Claude Bernard (BCB) ou la Base Data SEMP de Vidal. La situation est donc parfaitement transparente. Notre logiciel Léo travaille avec la base Vidal », explique-t-il. « Nous avons opté pour une base de données qui sera un mix entre la base CEPS et la base Data SEMP » annonce pour sa part Philippe Desquesses, directeur commercial de Caduciel. Pharmagest, quant à lui, remontera les informations prix via la base de données produits ClickaDoc du logiciel LGPI (qui elle-même s’appuie sur la base de données publique). De son côté, Alliadis (Périphar, Opus, Alliance Premium) utilise la base de données produits BCB, qui intègre le référentiel prix (d’achat et de vente) du CEPS et ses mises à jour. « Nous proposons une mise à jour quotidienne de la BCB afin de permettre aux utilisateurs de nos solutions de facturer correctement et d’éviter les rejets. Cette mise à jour se fait via notre réseau haut débit sécurisé PharmaDSL », commente Sophie Roussel, responsable communication d’Alliadis.

Si le changement est totalement transparent pour le pharmacien, il devra tout de même expliquer à son patient les nouvelles modalités et lui remettre le « Ticket Vitale », imprimé sur le verso de l’original de l’ordonnance. Ce ticket sera normé et lui fournira des informations sur le produit. Il devra comporter le prix, le taux de prise en charge et, le cas échéant, le tarif forfaitaire de responsabilité ou la base de remboursement.

On peut supposer que la suppression de la vignette va engendrer davantage d’échanges autour du prix au comptoir, ce qui ne va pas, dans un premier temps, fluidifier la délivrance. Bénédicte Karpov, directrice de Winpharma précise d’ailleurs que le pharmacien « peut facilement accéder dans Winpharma à la liste des modifications de prix sur l’ensemble des codes CIP. Il reçoit le fichier complet des prix réglementaires tous les jours (prix actuels et prévisions des futures modifications de prix). En fonction des dates de facturation, Winpharma va chercher le bon prix dans le fichier officiel imposé par le ministère. Ce prix unique imposé et fixé dans le logiciel accompagnera la minimisation des rejets. »

PC connectés contre bornes dédiées

« La base pourra être consultable par les patients, a minima sur un PC connecté ou bien une borne dédiée », précise Philippe Desquesses. Nous n’avons rien fixé aujourd’hui. Cela se traduira forcément par un investissement pour le pharmacien dans du matériel de consultation. Il est possible d’envisager un poste tout en un avec écran tactile ou un iPad encaissonné. La question est évidemment celle de la rentabilité d’un tel investissement. » Un PC avec écran tactile demandera en tout état de cause un investissement minimal de 600 à 800 €. Pharmagest propose, via un prestataire partenaire, des bornes d’affichage de prix à disposer côté clients permettant de scanner le code Datamatrix des boîtes. Alliadis annonce qu’une borne de consultation multi-usage est en cours d’élaboration. Vindilis, dont le logiciel est agréé Sesam Vitale 1.40 addendum 5.2 a prévu pour les patients de ses clients un écran tactile en consultation grand public avec une interface vers www.sante.gouv.fr « Nous donnons déjà la possibilité aux pharmaciens, depuis de nombreuses années, de permettre à leurs patients de consulter des informations sur les produits, par l’intermédiaire de fiches médicament à imprimer ou à consulter au comptoir », rappelle Emmanuel Fretti d’Isipharm. La borne interactive dans l’espace de vente sera aussi une solution. Et le tirage papier semble évidemment à éliminer en raison de la complication de sa consultation et de son actualisation. « Nos pharmaciens ont formulé deux types de demande: des postes avancés pour la vente rapide et qui pourraient servir à la consultation des prix des médicaments remboursés et des demandes de bornes de service “renforcées” et manipulables par le grand public avec matériel informatique encapsulé. »

Vers une consultation ambulatoire

Le problème pour le pharmacien concernant ce type d’équipement est essentiellement économique, mais il est aussi relatif au contenu. Ces bornes doivent être utiles de manière multiple : permettre la consultation des prix mais aussi afficher des contenus divers régulièrement actualisés et donnant une image valorisante de l’officine et de ses services. Or, aujourd’hui il n’existe plus beaucoup de sociétés à même de fournir des contenus pertinents diffusables sur écran. Interrogé sur le sujet, Guy Taïeb, directeur et fondateur de Futura Media, déclare qu’il ne proposera pas aux pharmaciens une borne de consultation qui mixerait un contenu informatif global sur l’offre officinale et une fonction de consultation des prix des médicaments. « Quoi qu’il en soit, pour être consultées – et pas seulement consultables – ces bornes devront être dans de multiples sites du point de vente : 10 ou 15 pour les plus grosses officines qui voient plus de 1 000 clients par jour. » La borne de consultation et de communication n’est pas non plus d’actualité pour Clip Santé.

Chaque fournisseur a déjà évidemment pensé à la possibilité d’une consultation via les smartphones et autres tablettes. Chez Isipharm, le chemin est tracé depuis plusieurs années avec l’appli Pill Tag, en partenariat avec Orange Santé : un flash code imprimé sur l’ordonnance avec la posologie correspondante. « Nous y verrons plus clair à partir du dernier trimestre de l’année, voire début 2015, moment où les logiciels seront agréés sur le tandem LGO/données médicamenteuses », commente Emmanuel Fretti. De son côté, Philippe Desquesses (Caduciel) estime qu’il pourra effectivement être envisageable de coupler une consultation sur borne iPad à l’officine et une application dédiée sur smartphone.

La Source Informatique propose d’ores et déjà une solution globale. La borne digitale PharmInfoPrix (PIP) possède un écran tactile, un lecteur de codes barres 2D, le tout relié à une base de données sécurisée (prix du médicament, forme, classe thérapeutique, notice d’utilisation). Elle contient aussi des informations sur les produits non médicamenteux correspondant aux produits en stock dans l’officine et actualisées par extraction du LGO (prix du produit, famille, prix au litre et au kilo). PharmInfoPrix est disponible en libre-service (modèle Micro Kiosk MK 3190 de Motorola) mais aussi sur iPad et sur smartphone Samsung Galaxy. Il en coûtera au pharmacien 49,99 € par mois sur trois ans, matériel inclus, pour la borne Motorola et 10 € par mois sur douze mois, matériel non inclus, pour le logiciel tablette. Bénédicte Karpov (WinPharma) rappelle par ailleurs que le ministère a pour projet de créer une application smartphone qui permettra par simple scan sur le produit de consulter son prix.

Sur le même sujet, lire l’article en page 10 et 11.

Un impact sur la gestion de stock

Si la mise en place technique de la suppression de la vignette va être relativement aisée et aura peu d’impact sur le quotidien de la délivrance au comptoir, il n’en sera en revanche pas de même sur la gestion économique globale de l’officine. La tolérance de la CNAM concernant le remboursement des médicaments, dont les prix avaient baissé sur la base des prix d’achat initiaux par les pharmaciens, est revisée.

Chaque baisse de prix sera appliquée immédiatement car totalement automatisée. Il est évident qu’une gestion de stocks serrée devra être mise en place, voire une gestion en flux tendus, tout en veillant pour autant à ne pas augmenter les manquants.

Le paramétrage des minima et maxima par ligne, qui se fait aujourd’hui de manière automatique, devra être surveillé pour les produits qui subiront des baisses de prix. Une vigilance accrue devra s’exercer dès la date de publication des baisses de prix pour ne pas subir une perte de trésorerie au moment de l’application.

L’affichage électronique

On rappelle chez Alliadis et chez Pharmagest que l’affichage électronique des prix, déjà utilisé depuis longtemps en médication familiale et parapharmacie pour sa grande souplesse (changements de tarif à vue) pourra aussi être utilisé pour les médicaments remboursables vendus sans ordonnance. On en perçoit plus facilement l’avantage dans la perspective d’une variation des prix « administrés » du médicament. Linda Leprovost, chargée de communication et marketing chez Pharmagest, rappelle par ailleurs que l’étiquetage classique reste une voie d’information du consommateur : « Le pharmacien peut depuis son LGPI éditer des étiquettes de prix à coller sur les boîtes ou à disposer sur ces linéaires. Pour plus de facilité, le logiciel propose l’édition de ces étiquettes à chaque changement de tarif sur un ou plusieurs produits ».

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