FAIRE FACE À UN DÉCOUVERT BANCAIRE QUI AUGMENTE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3037 du 21/06/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3037 du 21/06/2014
 
TRÉSORERIE

Entreprise

Auteur(s) : François Pouzaud

La trésorerie des officines peut se tendre à certaines périodes critiques de l’année où les échéances se bousculent. Face à un découvert bancaire qui augmente régulièrement et dangereusement, quelles peuvent être les solutions à apporter

Les causes de découvert sont nombreuses : baisse du chiffre d’affaires, augmentation des charges liée à un mauvais calibrage des frais de personnel, autofinancement des investissements qui pèse sur la trésorerie, augmentation des impôts, des cotisations sociales et des prélèvements personnels, etc. Un certain nombre d’entre elles peuvent être traitées par des mesures correctives (ajustement des charges, diminution des prélèvements, restructuration bancaire des emprunts…).

Des actions peuvent également être mises en œuvre rapidement quand le déficit de trésorerie provient d’un accroissement du besoin en fonds de roulement (BFR) lié aux décalages entre les rentrées et les sorties d’argent.

Ponctuels au départ, ces écarts peuvent devenir permanents et rapidement s’aggraver si le titulaire n’y prend pas garde. « Les difficultés de trésorerie ne sont pas toujours détectées à temps car elles bougent comme un oscilloscope avec une tendance vers le bas. Mais, quand on touche la limite basse du découvert bancaire, il est peut-être déjà trop tard », met en garde Joffrey Blondel, directeur gestion officinale de Cerp Rouen (groupe Astera).

Les solutions bancaires

Les solutions aux besoins de trésorerie se trouvent en général avec le banquier que l’on peut solliciter de différentes manières :

– mise en place de « facilités de caisse », pour couvrir les décalages ponctuels entre les dépenses et les recettes, comme au moment du paiement des salaires, de l’Urssaf, de la TVA ;

– lorsque des décalages sont amenés à se répéter, il vaut mieux solliciter un « découvert autorisé », destiné à compléter le fonds de roulement de l’entreprise lorsqu’il est insuffisant.

Toutefois, « attention à ne pas trop utiliser le découvert bancaire ou la facilité de caisse car cette solution est d’un coût prohibitif quand les difficultés de trésorerie sont régulières », met en garde Laurent Cassel, expert-comptable du cabinet AdequA. Si l’officine est en capacité de rembourser un prêt, Jean-Philippe Jacob, expert-comptable du cabinet SEC Burette, suggère de substituer le découvert par un prêt de trésorerie d’une durée maximale de cinq ans. « Les intérêts financiers sont moindres que les agios financiers ».

L’entreprise peut aussi céder ses « créances client » à la banque qui lui fait une avance d’argent dans l’attente du règlement client (système connu sous le nom de « loi Dailly »).

En officine, la solution est plutôt d’externaliser le tiers-payant à un prestataire spécialisé pour ne pas laisser s’accumuler rejets et impayés. Cette prestation a cependant un coût non négligeable dont il faudra mesurer l’intérêt au niveau de la rentabilité.

Les solutions proposées via Internet

Si la situation s’enlise avec la banque qui menace de supprimer les lignes de crédit, il est possible de recourir au médiateur du crédit pour tenter de la débloquer. Il suffit de déposer un dossier de médiation en ligne sur le site Internet de l’organisation (www.mediateurducredit.fr) pour enclencher la procédure de conciliation. Les effets sont rapides : la banque est informée de l’ouverture de la médiation du crédit et dispose de cinq jours ouvrés pour proposer une solution satisfaisante au chef d’entreprise.

Il est également possible de rédiger par Internet une demande motivée de délais de paiement des cotisations Urssaf ou de remises de majorations de retard (sur http://bit.ly/U2no14). L’Urssaf s’engage à traiter ces demandes dans un délai de trois jours (pour les demandes simples). Un délai de paiement d’une durée de trois mois maximum peut être accordé uniquement pour les cotisations patronales (l’employeur doit avoir réglé ses cotisations salariales), les majorations et pénalités de retard.

Si l’Urssaf constate que les difficultés financières concernent plusieurs créanciers publics, elle invitera le chef d’entreprise à prendre contact avec la Commission des chefs de services financiers (CCSF). Cette commission départementale examine les demandes de délais de paiement des passifs fiscaux et sociaux formulées par les entreprises rencontrant des difficultés conjoncturelles. Elle peut accorder un échéancier de paiement concernant des dettes sociales (coti­sations patronales Urssaf), fiscales professionnelles (TVA, impôt sur les sociétés…), et d’assurance-chômage, pour une durée pouvant dépasser une année.

Sur son site Internet (« Mon compte » sur www.rsi.fr), le régime social des indépendants (RSI) va mettre en ligne à partir de l’été un service similaire permettant au chef d’entreprise de demander un délai de paiement de ses cotisations sociales personnelles.

Les autres solutions d’anticipation

En cas de reprise d’une officine et pour éviter les difficultés ponctuelles de trésorerie liées au démarrage, le pharmacien peut tenter d’obtenir un crédit découpage (étalement d’un mois d’achat sur douze mois) ou une avance sur remises.

Si la pharmacie doit faire face à des investissements, le titulaire devra faire les bons choix. « Par exemple, il est plus judicieux de financer une croix d’officine ou l’informatique en location financière sur trente-six mois de manière à lisser cette dépense plutôt que d’appauvrir de manière brutale et immédiate la trésorerie », conseille Joffrey Blondel. Enfin, « réinjecter un apport en compte-courant ou en capital sera apprécié du banquier », conclut-il.

En cas de baisse de revenus, le premier réflexe est de prévenir les administrations compétentes pour anticiper la baisse de l’impôt et des cotisations sociales correspondantes. Et en cas de difficultés à gérer les flux de trésorerie, « il faut mensualiser le plus possible ses charges (cotisations sociales personnelles et salariales…) et l’impôt sur le revenu », recommande Laurent Cassel.

En revanche, lorsque les difficultés sont structurelles, que la situation financière se détériore inexorablement tous les ans (résultats insuffisants pour rembourser les emprunts, dégradation du FR, érosion continuelle de la trésorerie…), d’autres solutions devront être envisagées pour restaurer durablement l’équilibre financier : injections de capitaux à long terme, réétaler l’emprunt…

Comment prévenir les difficultés de trésorerie

Certains groupements proposent à leurs adhérents une analyse financière poussée de leur bilan et compte de résultat, épluchant les entrées, les sorties, les ratios principaux, les variations de BFR et leur impact sur la trésorerie. Chez KPMG, les besoins en trésorerie sont anticipés en établissant des prévisions mensuelles, en partant du budget des produits et des charges réparties mensuellement. Il s’agit d’extraire du bilan du dernier exercice clôturé créances et dettes, qui seront décaissées sur le nouvel exercice. Un budget de trésorerie récapitule, par mois, tous les encaissements et décaissements à venir, en prenant en compte les décalages. « Il peut porter sur une année, voire au-delà, mais a besoin d’être actualisé régulièrement, a minima mensuellement », explique Emmanuel Leroy, expert-comptable, responsable Ile-de-France du réseau santé de KPMG. « En moyenne, la pharmacie doit avoir en trésorerie entre 5 % et 10 % du CA HT », conseille Laurent Cassel (cabinet AdequA).

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