Stribild - Le Moniteur des Pharmacies n° 3021 du 01/03/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3021 du 01/03/2014
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Yolande Gauthier

Stribild renferme un nouvel inhibiteur d’intégrase, l’elvitégravir (150 mg), ainsi que deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse : emtricitabine 200 mg et ténofovir disoproxil 245 mg (présents par ailleurs dans Truvada et dans les trithérapies Atripla et Eviplera). Ces 3 molécules antirétrovirales sont associées au cobicistat (150 mg), nouveau principe actif qui permet d’augmenter la demi-vie d’élimination de l’elvitégravir et de l’administrer en une prise unique quotidienne.

Indications

Stribild est indiqué pour le traitement de l’infection par le VIH de type 1 chez les adultes.

Ce médicament est réservé aux patients naïfs de tout traitement antirétroviral, ou infectés par une souche de VIH-1 dépourvue de toute mutation connue comme pouvant être associée à une résistance aux molécules utilisées.

Mode d’action

– L’elvitégravir appartient, tel le raltégravir (Isentress), à la classe des inhibiteurs d’intégrase. Cette enzyme codée par le VIH-1 est indispensable à la réplication virale.

– Le cobicistat, en inhibant le métabolisme médié par le CYP3A, permet d’augmenter l’exposition systémique de l’elvitégravir.

– L’emtricitabine et le ténofovir sont des analogues nucléosidiques qui inhibent de façon compétitive la transcriptase inverse du VIH-1.

Posologie

– La posologie est de un comprimé par jour, avec de la nourriture. Le comprimé ne doit être ni croqué ni écrasé.

– Le traitement doit être initié par un médecin expérimenté dans la prise en charge de l’infection par le VIH.

– En cas de vomissement dans l’heure qui suit la prise, il faut prendre un nouveau comprimé.

– Si un comprimé est oublié et si la durée de l’oubli est inférieure à 18 heures, le comprimé de Stribild doit être pris aussitôt, avec de la nourriture. La prise suivante aura lieu à l’heure habituelle. Si l’oubli excède 18 heures le patient poursuivra son traitement normalement, en « sautant » la dose oubliée.

Contre-indications

– Stribild est contre-indiqué chez les patients qui ont dû auparavant arrêter un traitement par ténofovir disoproxil en raison d’une toxicité rénale.

– L’hypersensibilité à l’un des principes actifs ou des excipients constitue également une contre-indication au traitement. En raison de la présence de lactose, les patients qui présentent une intolérance au galactose ou une malabsorption du glucose/galactose ne doivent pas prendre Stribild.

Grossesse et allaitement

– Stribild doit être utilisé pendant la grossesse seulement si les bénéfices potentiels du traitement sont plus grands que les risques potentiels.

– L’allaitement est déconseillé pendant le traitement et, plus généralement, pour toutes les femmes infectées par le VIH.

– La femme en âge de procréer doit utiliser une contraception efficace durant le traitement. S’il s’agit d’une contraception hormonale, celle-ci doit être dosée à au moins 30 µg d’éthinylestradiol, en association au norgestimate comme progestatif.

Effets indésirables

– Les effets indésirables le plus souvent signalés au cours du traitement ont été des nausées, des diarrhées, des céphalées, un rash cutané, une asthénie, ainsi que des anomalies biologiques (hypophosphatémie, élévation de la créatine kinase…).

– Diminution de l’appétit, rêves anormaux, insomnies, douleurs abdominales et éruptions cutanées sont également fréquents.

Interactions médicamenteuses

– Stribild est un traitement complet de l’infection par le VIH-1. Il ne doit donc pas être pris en même temps que d’autres médicaments antirétroviraux.

– L’administration concomitante de Stribild et des molécules suivantes, métabolisées principalement par le CYP3A, est contre-indiquée : alfuzosine, antiarythmiques (amiodarone, quinidine), dérivés de l’ergot de seigle (dihydroergotamine, ergométrine, ergotamine), certaines statines (lovastatine, simvastatine), un neuroleptique (pimozide), le midazolam per os. Des effets indésirables graves et/ou mettant en jeu le pronostic vital peuvent survenir.

– La coadministration de Stribild et de médicaments inducteurs du CYP3A (millepertuis, rifampicine, anticonvulsivants tels carbamazépine, phénobarbital et phénytoïne) est également contre-indiquée en raison du risque de perte de réponse virologique et de développement éventuel de résistance à Stribild.

Conservation

Conserver le flacon fermé dans son emballage extérieur et à l’abri de l’humidité.

FICHE TECHNIQUE

Elvitégravir 150 mg, cobicistat 150 mg, emtricitabine 200 mg et ténofovir disoproxil 245 mg pour un comprimé pelliculé en forme de bâtonnet vert.

Boîte de 30 comprimés, 980,21 €, remb. SS à 100 %, AMM : 34009 274 264 5 2.

Gilead Sciences 01 42 73 70 70

L’infection à VIH

Qu’est-ce que c’est ?

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) appartient à la famille des rétrovirus, sous-famille des lentivirus. Il est responsable d’une infection entraînant un déficit immunitaire. On distingue 2 types de virus chez l’homme : le VIH-1, présent partout dans le monde, et le VIH-2, retrouvé surtout en Afrique de l’Ouest. L’infection par le VIH se transmet par voie sexuelle, sanguine et maternofœtale.

Quel est le cycle de réplication du VIH ?

Les cellules cibles sont principalement les lymphocytes T CD4+, les cellules dendritiques des ganglions, les cellules de Langerhans et les macrophages. Elles se caractérisent par la présence de récepteurs CD4 qui sont reconnus par la protéine d’enveloppe du virus gp120. La reconnaissance de gp120 par les CD4 permet la pénétration du virus au sein de la cellule cible. La transcriptase inverse transcrit alors l’ARN viral natif en ADN. Cet ADN viral s’intègre dans le génome de la cellule cible grâce à une intégrase virale et est à son tour transcrit en ARN viral, lui-même traduit en protéines virales. Ces protéines virales sont alors clivées et assemblées grâce à la protéase virale, ce qui permet la libération de nouvelles particules virales dans le milieu extracellulaire et l’infection de nouvelles cellules cibles.

Quels sont les signes ?

La primo-infection, qui survient environ 20 jours après la contamination et dure 1 à 3 semaines, est symptomatique dans environ 75 % des cas (syndrome viral aigu avec fièvre, asthénie, myalgies, arthralgies et adénopathies). Elle est suivie d’une 2e phase, le plus souvent asymptomatique, correspondant à une diminution lente du taux de CD4+ sur plusieurs mois ou années. La 3e phase, appelée « sida », caractérisée par la diminution brutale du taux de CD4+ et l’augmentation de la charge virale, se traduit par l’apparition d’infections opportunistes et/ou de cancers.

Delphine Guilloux

Dites-le au patient

Des sensations vertigineuses ont été rapportées lors de traitements par Stribild. Prudence donc en cas de conduite d’un véhicule ou d’utilisation de machines.

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important.

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V).

→ Population cible estimée à environ 13 000 patients.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Une alternative contre le VIH-1

• Bien que l’Agence européenne du médicament ait agréé Stribild chez le patient séropositif au VIH-1 naïf de traitement antirétroviral comme chez celui infecté par une souche dépourvue de mutation associée à une résistance à l’un des trois antirétroviraux contenus dans le médicament, la Commission de la transparence ne s’est pas prononcée sur son intérêt chez le sujet non naïf car les données restent limitées.

• L’évaluation de Stribild repose sur deux études contrôlées versus comparateurs actifs, randomisées, en double aveugle, ayant inclus des sujets naïfs : Stribild vs éfavirenz/emtricitabine/ténofovir (Atripla) et Stribild vs atazanavir/ritonavir (atazanavir boosté) + emtricitabine/ténofovir (Truvada). Environ 1 400 sujets ont été inclus, majoritairement asymptomatiques, avec une charge virale médiane de 4,8log10 copies/ml et un taux médian de CD4+ de 370x106 cellules/l, non coïnfectés par le VHB ou le VHC.

• La réponse virologique per protocole (patients ayant suivi parfaitement le protocole) montre la non-infériorité de Stribild : 94,9 % (Stribild) vs 96,0 % (Atripla) et 97,5 % (Stribild) vs 97,7 % (atazanavir boosté + Truvada). La réponse dans l’analyse en intention de traiter est analogue : 87,6 % vs 84,1 % (Stribild vs Atripla) et 89,5 % vs 86,8 % (Stribild vs Truvada + atazanavir boosté). La réponse virologique est maintenue à 96 semaines dans tous les groupes.

La réponse immunologique est comparable entre Stribild et ses comparateurs à 96 semaines. Les tests in vitro et les observations cliniques suggèrent que la barrière génétique à la résistance de l’elvitégravir (in Stribild) est relativement basse, comme celle du raltégravir (Isentress), avec résistance croisée entre ces deux inhibiteurs de l’intégrase. Le profil de tolérance est comparable dans chaque étude : des événements iatrogènes graves ont été rapportés chez 9,2 % des sujets sous Stribild vs 6,7 % sous Atripla et 8,1 % sous Truvada + atazanavir boosté.

DÉLIVRANCE

• Liste I.

• Prescription initiale hospitalière annuelle.

• Renouvellement non restreint.

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