Jean-Marie Kutner Adieu Gentiane, bonjour Marianne !

Ce n’est pas parce qu’il a cédé son officine en décembre dernier que Jean-Marie Kutner, 62 ans, va se retirer de la vie publique. Le remuant ex-titulaire de la Pharmacie de la Gentiane à Schiltigheim (prononcer « Schilik ») a même décidé d’en profiter pour monter d’un cran son engagement politique. Cette fois c’est en candidat UDI, tête de liste de « Ensemble naturellement », qu’il va s’opposer au maire socialiste Raphaël Nisand.

Bien qu’il ait de réelles chances de l’emporter tant de nombreuses controverses mettent à mal le pouvoir en place, Jean-Marie Kutner ne redoute pas l’échec. Ni les revers de situation qui se sont toujours succédé. Dans son exercice professionnel tout d’abord, avec quelques épisodes douloureux (2 retraits de licences en 1990 et 1996 pour quota de population insuffisant). C’est d’ailleurs la mobilisation de la population en sa faveur qui l’a mené en politique. « Il y a eu un tel soutien des habitants que je devais le leur rendre », se souvient-il. Celui qui considère que « la politique locale échappe aux logiques de partis, contrairement à ce qui se passe au niveau national », a pour souci premier la vie de sa cité. Or, affirme-t-il, « les solutions aux problèmes des citoyens se situent très souvent à la mairie ! ».

Une conviction qui l’a mené au poste d’adjoint pendant sept ans. Mais, là aussi, l’histoire lui joue des tours. En 2008, Jean-Marie Kutner s’estime lâché par le maire de l’époque, Alfred Muller, qui lui préfère pour poulain Raphaël Nisand. La rupture est consommée entre le pharmacien et l’équipe municipale. Il crée alors l’association « Ensemble pour Schilik » dont le but est de rassembler des personnes de tous horizons pour discuter de la vie quotidienne de la cité.

Des solutions, en santé comme en politique

L’engagement de Jean-Marie Kutner a aujourd’hui évolué vers la liste d’opposition « Ensemble naturellement ». Et c’est en rassembleur des mécontents qu’il fédère aujourd’hui pêle-mêle dans cette ville novatrice des écologistes régionalistes, des centristes et même des déçus de la majorité municipale comme Patrick Heiwy. L’ancien adjoint aux sports, rallié désormais à la liste du pharmacien, souligne que « Jean-Marie Kutner est parvenu à réunir des personnes de bords différents pour se mobiliser en faveur de leur ville. »

Andrée Munchenbach, présidente d’Unser Land, le parti autonomiste alsacien qui a partagé les bancs de l’opposition avec Jean-Marie Kutner, occupe aujourd’hui la deuxième position sur la liste. « Je constate en faisant du porte-à-porte avec lui combien il est connu et apprécié des habitants », confie-t-elle, en faisant le parallèle avec le rôle du pharmacien qui autrefois livrait les personnes âgées à domicile. Une comparaison que ne réfute pas Jean-Marie Kutner. Ses 28 années à la tête de plusieurs pharmacies successives confirment son ancrage à Schilik. Il reconnaît d’ailleurs avec amusement qu’il reste en toutes circonstances « le pharmacien ». Sans doute parce que dans la vie politique comme derrière le comptoir, son rôle reste le même : « trouver des solutions », comme il le définit lui-même. Le pharmacien table en tout cas sur cette forte identification à sa profession. Car, affirme-t-il avec un rien de présomption, « quand on confie sa santé à son pharmacien, ce choix n’est pas neutre. Eh bien c’est la même chose pour le bulletin de vote ! ».