Le cannabis - Le Moniteur des Pharmacies n° 2973 du 09/03/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2973 du 09/03/2013
 

COMPTOIR

FICHE FORMATION

Auteur(s) : Denis Richard

La banalisation de l’usage du cannabis pose un problème de santé publique : son usage chronique expose à un risque de dépendance et de trouble psychique avec rupture sociale.

Qu’est-ce que le cannabis ?

• Le cannabis est une plante herbacée psychoactive consommée simplement séchée (« herbe ») ou sous forme de « résine » concentrée. La drogue est inhalée généralement mélangée à du tabac (« joint », « pétard », etc.). Il est banal de consommer la résine à l’aide d’une « pipe à eau » ou « bang ». Rarement, le cannabis est ingéré (pâtisseries, confiseries).

• L’action psychotrope est induite par les cannabinoïdes : le tétrahydrocannabinol (THC) est puissamment actif sur le cerveau où il se fixe à des récepteurs spécifiques.

• Le cannabis est consommé car il induit un sentiment de bien-être, de détente psychique, de désinhibition, parfois une sensation violente (« défonce ») obtenue par l’association de psychotropes, le choix d’une préparation fortement concentrée en THC et/ou l’usage d’une pipe à eau.

• Près de 13 millions de Français ont expérimenté l’usage de ce stupéfiant ; 1,2 million en utilisent au moins dix fois par mois. 39 % des lycéens français de 15/16 ans en ont consommé.

• La plante et tous ses dérivés sont des stupéfiants. L’usage à des fins thérapeutiques, encadré dans divers pays, reste prohibé en France.

Quels troubles somatiques peut entraîner le cannabis ?

• La toxicité du cannabis s’ajoute souvent à celle du tabac qui lui est associé, mais le cannabis est au moins aussi toxique consommé isolément.

• Les goudrons volatils sont associés à divers cancers (bronches, prostate, testicule, utérus, vessie).

• La fumée est à l’origine de toux chronique, d’une hypersécrétion bronchique, de dyspnée, de BPCO.

• Troubles du rythme cardiaque, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux et artérite s’observent chez des sujets souvent jeunes.

• L’intoxication aiguë par le cannabis n’entraîne pas de décès.

• Chez la femme enceinte, les cannabinoïdes sont à l’origine d’un retard de croissance intra-utérin, d’une hypotrophie fœtale, d’un possible accouchement prématuré.

Quels troubles psychiques peut-il entraîner ?

• A court terme, l’« ivresse » cannabique associe dysphorie, comportement inadapté, altération du jugement, troubles cognitifs (perte de mémoire, diminution de l’attention, désorientation, etc.). Elle dure 2 à 8 heures.

• Une crise d’anxiété aiguë peut revêtir la forme d’une attaque de panique, avec réactions d’allure psychotique (délire, dépersonnalisation, déréalisation).

• Lors d’un usage chronicisé, le syndrome amotivationnel se traduit par un désintérêt pour des activités jusqu’alors appréciées, par des difficultés d’intégration, des perturbations mnésiques et une altération des capacités d’apprentissage.

• L’usage précoce et prolongé de cannabis peut précipiter l’évolution d’une schizophrénie chez un sujet vulnérable, multiplie le risque d’épisodes aigus, réduit l’action des antipsychotiques.

• La consommation de cannabis diminue les réflexes, altère la coordination et allonge le temps de réaction pendant 2 à 10 heures. Elle double le risque d’accident de la route.

L’usage du cannabis rend-il dépendant ?

• Le cannabis induit une dépendance chez 10 % à 15 % des usagers.

• Les signes de sevrage s’observent dans les 24 à 48 heures suivant la privation et perdurent environ une semaine : irritabilité, agressivité, anxiété, anorexie, troubles du sommeil, tachycardie, tremblement des extrémités, nausées.

EN PRATIQUE

• L’INPES (www.inpes.sante.fr) propose une synthèse sur le repérage précoce de l’usage de cannabis.

• Si la situation le justifie, usagers et proches peuvent consulter un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, un médecin exerçant en réseau spécialisé (Généralistes & Toxicomanies…) ou contacter Ecoute Cannabis au 0 811 91 20 20.

• Le site www.drogues-info-service.fr propose de nombreuses informations et fournit les centres de consultation (rubrique : « S’orienter »).

Sources : Meier M.H., Caspi A., Ambler A. et al. (2012), Persistent cannabis users show neuropsychological decline from childhood to midlife, Proc. Natl. Acad. Sc. ; Poblete M. (2011), « Cannabis : aider mon ado à s’en sortir », L’Etudiant, Paris, 187 pages ; Richard D. (2009), Le Cannabis et sa consommation, Armand Colin, Paris, 128 pages ; Observatoire français des drogues et des toxicomanies, www.ofdt.fr.

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