URGENCES À L’OFFICINE - Le Moniteur des Pharmacies n° 2916 du 21/01/2012 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2916 du 21/01/2012
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

MALAISES

« Je fais une hypoglycémie! »

Monsieur. R, sous Daonil:

– Puis-je m’asseoir ? Je me sens mal.

– Que vous arrive-t-il ?

– Je dois faire une hypoglycémie. Je n’ai pas déjeuné ce matin car j’étais barbouillé.

– Mais vous avez pris vos médicaments?

– Oui, comme chaque matin.

– Vous ne devez pas prendre de Daonil si vous ne déjeunez pas. Vous risquez de faire une hypoglycémie !

HYPOGLYCÉMIE

Symptômes

L’hypoglycémie se manifeste par un certain nombre de signes qui, s’ils sont souvent identiques chez une personne donnée, varient d’une personne à l’autre.

• Parmi eux, certains sont liés à la production d’adrénaline: sueurs, pâleur, tachycardie, tremblements, sensation de faim, fourmillements, anxiété.

• D’autres sont provoqués par l’insuffisance de glucose au niveau du système nerveux : asthénie, « jambes en coton », bâillements, vertiges, difficultés d’élocution, céphalées, agressivité, troubles de la vision.

Origines

Diabète de type I

Une hypoglycémie survenant chez un diabétique traité par insuline est principalement liée à une erreur de dose, à une activité physique sous-estimée, à des erreurs alimentaires (repas tardif ou même sauté, repas pauvre en glucides), à la prise d’alcool ou de médicaments hypoglycémiants (aspirine à forte dose, fluoxétine, tramadol, IEC…).

Diabète de type II

Sous traitement oral, les hypoglycémies surviennent surtout sous sulfamides hypoglycémiants et sous répaglinide, particulièrement chez la personne âgée et l’insuffisant rénal, ou encore en cas d’association de plusieurs hypoglycémiants, à la suite d’une prise d’alcool, d’une activité physique importante ou d’une alimentation insuffisante.

Non diabétique

Toute hypoglycémie chez un sujet non diabétique nécessite la recherche de son étiologie (prise de médicaments, tumeur, alcoolisme, insuffisance hépatocellulaire…).

Conduite à tenir

Patient conscient

• Si le patient est conscient, il doit réaliser lui-même son resucrage: cela permet de vérifier son état de conscience et d’éviter les fausses routes. Pour cela, lui proposer l’équivalent de 15 grammes de glucides d’index glycémique élevé, soit 3 morceaux de sucre (1 sucre pour 20 kg de poids chez l’enfant), 150 ml de soda ou de jus de fruits sucré, ou encore 15 ml de miel ou de confiture.

• Pour exercer leur effet hyperglycémiant, ces produits sucrés doivent être consommés seuls. La glycémie est contrôlée 20 minutes après le resucrage (si la glycémie ne remonte pas, demander un avis médical).

• Ensuite, soit le repas est pris rapidement après l’hypoglycémie, soit une collation est nécessaire pour éviter une récidive. Conseiller la prise de 15 à 20 grammes de glucides d’index glycémique faible, c’est-à-dire une tranche de 30 grammes de pain, 3 biscuits secs, un fruit cru ou 2 ou 3 carrés de chocolat noir.

Patient inconscient

• Si le patient est inconscient ou incapable de déglutir, il doit être mis en position latérale de sécurité (PLS) en attendant les secours. Une injection de glucagon par voie sous-cutanée ou intramusculaire (la voie IV est réservée au personnel médical) peut être réalisée par l’entourage du diabétique insulinotraité, ou par l’équipe officinale après avis du SAMU-Centre 15. Le glucagon augmente la glycogénolyse hépatique, diminue la glycogenèse, inhibe la glycolyse et stimule la néoglycogenèse. Attention: le glucagon est réservé aux patients sous insuline.

• Si au bout de 10 minutes le patient a repris connaissance et est capable de déglutir, lui faire prendre 15 g de sucre pour éviter une récidive. Sinon, l’administration de glucose par un médecin est nécessaire.

MALAISE VAGAL

Le malaise vagal survient en général dans un condiv de stress, de chaleur, d’espace confiné, d’émotion forte…

Symptômes

• Le sujet est pâle, nauséeux, en sueur. Il a l’impression qu’il va « tomber dans les pommes ». Sa vue se brouille et ses oreilles bourdonnent. Son pouls descend sous la normale (tableau page 11).

• Le malaise vagal peut aller jusqu’à la syncope (perte de connaissance temporaire).

Origine

Dans une situation de stress, l’excès de stimulation du nerf vague entraîne un ralentissement du rythme cardiaque, d’où une baisse de la tension artérielle et de l’apport d’oxygène au cerveau.

Conduite à tenir

• Allonger le patient pendant 10 à 15 minutes en lui surélevant les jambes pour améliorer la perfusion cardio-pulmonaire et cérébrale, puis mesurer ses constantes (fréquences cardiaque et respiratoire, pression artérielle).

• Le sujet doit alors se relever doucement pour limiter les risques de chutes: vérifier d’abord que la fréquence cardiaque est redevenue normale. Dans le cas contraire, contacter le Centre 15.

CRISE CONVULSIVE

Une crise convulsive peut survenir dans différents condivs : épilepsie mais aussi hypoglycémie, fièvre élevée ou variation rapide de la température chez l’enfant…

Symptômes

Chez l’épileptique, la crise tonicoclonique (grand mal épileptique) se caractérise par une chute précédée d’un cri. Ensuite, se succèdent :

– une phase tonique (contraction de tous les muscles) durant laquelle la victime peut se mordre la langue (sans gravité) ;

– une phase myoclonique (contraction de muscles, convulsions) ;

– une phase post-critique (reprise progressive de la conscience avec une certaine confusion, relâchement sphinctérien avec perte d’urines possible).

Facteurs favorisants

Chez l’épileptique, manque de sommeil, consommation excessive d’alcool, écrans (ordinateur, télévision, jeux vidéo) chez certains patients souffrant de crises photo-induites, arrêt ou introduction d’un médicament.

Conduite à tenir

Phase myoclonique

Protéger la victime en éloignant les objets qui pourraient la blesser, en amortissant les chocs (vêtement sous sa tête).

Attention : ne rien lui mettre dans la boucheet s’éloigner pour ne pas prendre de coups !

Phase d’inconscience

Mettre la victime en PLS après avoir libéré ses voies aériennes supérieures et la couvrir.

Reprise de connaissance

Rassurer la victime et prendre un avis auprès du Centre 15.

DOULEURS THORACIQUES

« J’ai comme un étau sur la poitrine ! »

Une personne entre dans la pharmacie, affolée :

– Un homme d’une soixantaine d’années est assis sur un plot dehors.?Il n’a pas l’air bien du tout !

Le pharmacien se dirige vers l’homme :

– Que vous arrive-t-il, Monsieur ?

– J’ai mal dans la poitrine.

– Entrez dans la pharmacie. Je vais appeler le Centre 15, mais est-ce la première fois ? Depuis combien de temps avez-vous mal ?

Pour une bonne prise en charge, une victime doit être rapidement orientée vers la bonne structure. Pour cela, il faut donner au Centre 15 le maximum d’informations.

CONDUITE À TENIR

Toute douleur thoracique doit être considérée comme un syndrome coronarien aigu jusqu’à preuve du contraire.

• Mettre au repos la personne en l’asseyant (de préférence par terre pour éviter toute chute).

• Poser les cinq questions suivantes : « Est-ce la première fois ? », « Depuis combien de temps avez-vous mal ? », « Quel âge avez-vous ? », « Avez-vous déjà été hospitalisé ou gravement malade à la suite de ce type de malaise ? », « Avez-vous un traitement en cours ? ».

• Rechercher les signes de gravité : pâleur intense (surtout au niveau des muqueuses), sueurs, nausées, vomissements, difficulté à respirer… Faire décrire la douleur par le patient.

• Mesurer les constantes :

– fréquence ventilatoire (voir tableau Constantes page 11) ;

– fréquence cardiaque ;

– pression artérielle (toutefois, les appareils sont moins fiables en cas de valeurs basses : préciser au médecin régulateur si l’appareil se met en erreur).

• Appeler le Centre 15. Surveiller la victime.

• En attendant les secours, il faut être prêt à pratiquer une réanimation cardio-pulmonaire, avec défibrillateur automatisé externe si possible, chez l’adulte et l’enfant de plus de un an (voir encadré page 5).

• Si la pharmacie est équipée, le médecin régulateur peut demander la mise sous oxygène de la victime (9 l/min).

ÉTIOLOGIES POSSIBLES

Infarctus du myocarde

Physiopathologie

• L’infarctus du myocarde correspond à la nécrose plus ou moins importante du muscle cardiaque, généralement consécutive à l’obstruction brutale d’une artère coronaire (rupture d’une plaque d’athérome entraînant la formation d’un thrombus).

• Le pronostic dépend de la zone atteinte et de la rapidité de la prise en charge.

Symptômes

• La douleur est souvent décrite comme une sensation de compression du thorax par un étau. Intense et angoissante, elle survient brutalement et persiste. Elle irradie parfois tout l’avant-bras jusqu’à la mâchoire.

• Cette douleur s’accompagne souvent d’une difficulté à respirer, de sueurs ainsi que de nausées, voire de vomissements.

• La douleur d’un infarctus du myocarde n’est pas toujours typique, en particulier chez la femme. Toutefois, certains gestes comme les mains ou le poing sur la poitrine orientent vers un trouble cardio-vasculaire. Cette douleur peut même parfois être absente, notamment chez le diabétique et le sujet âgé.

• Dans tous les cas, un électro-cardiogramme est nécessaire pour confirmer le diagnostic.

Angor

Physiopathologie

• L’angor stable est dû à la présence d’une plaque d’athérome au niveau d’une artère coronaire, entraînant le rétrécissement de l’artère.

• L’angor devient instable en cas d’obstruction partielle d’une artère coronaire par une plaque d’athérome qui s’est rompu.

Symptômes

• La douleur de l’angor est la même que celle de l’infarctus : une douleur rétrosternale irradiant souvent vers l’avant-bras et la mâchoire.

• La plupart du temps, le patient dispose de trinitrine (spray ou comprimé à sucer) sur lui. La trinitrine est indiquée pour son effet vasodilatateur.

• En cas de crise ne cédant pas à la prise de trinitrine, contacter le Centre 15 en précisant la présence de signes de gravité : crise ne cédant pas après la prise de trinitrine, présence de signes inhabituels (vomissements, douleur irradiant le bras gauche, essoufflement…), augmentation de la fréquence des crises ou crises survenant au repos sur un angor d’effort, douleur angineuse après un infarctus (risque d’infarctus du myocarde).

Embolie pulmonaire

Physiopathologie

L’embolie pulmonaire est une complication de la thrombose veineuse profonde. Elle fait suite à la migration d’un thrombus veineux des membres inférieurs vers une artère pulmonaire ou l’une de ses branches.

Symptômes

• On observe classiquement trois tableaux d’embolie pulmonaire :

– l’infarctus pulmonaire, qui se caractérise par une douleur intense et soudaine, « en coup de poignard ». Le patient crache souvent un peu de sang. La fièvre et la toux sont généralement modérées. La dyspnée est généralement secondaire ;

– la dyspnée isolée, brutale et augmentant à l’effort ;

– la syncope, moins fréquente.

• Le condiv oriente parfois vers le diagnostic : une situation à risque de thrombose veineuse des membres inférieurs (chirurgie, alitement, grossesse et post-partum, voyage en avion de plus de six heures…).

• Dans tous les cas, alerter immédiatement le Centre 15.

Autres

Dissection aortique

• La dissection aortique correspond à une déchirure au niveau de la paroi de l’aorte.

• Décrite comme un coup de couteau, la douleur est aiguë, spontanée, irradiante entre les omoplates et jusque dans les lombaires ou l’abdomen. Son intensité est comparable à celle de la colique néphrétique. Elle est sans lien avec un effort.

• Alerter immédiatement le Centre 15 et installer le patient dans la position qui lui fait le moins mal.

Péricardite aiguë

• La péricardite aiguë correspond à une inflammation du péricarde, avec épanchement ou non.

• Brutale et oppressive, la douleur survient dans un condiv fébrile. Le plus souvent bénigne, la péricardite est traitée par du repos et par la prise d’anti-inflammatoires, parfois associée à un traitement étiologique.

• En attendant les secours, comme pour toutes les douleurs thoraciques, le patient est installé en position assise (atténuation de la douleur).

TRAUMATISMES

« Je viens de m’entailler le doigt ! »

Le boucher du coin de la rue entre dans la pharmacie en se tenant le doigt enroulé dans une compresse :

– Je viens de m’entailler le doigt. Pourriez-vous me faire un pansement ?

– Je vais regarder comment se présente la plaie… Elle est profonde et à proximité d’une articulation. Vous devez aller aux urgences ! En attendant, je vais juste remettre une compresse avec du sparadrap pour protéger la plaie.

PLAIES

Critères de gravité

Lorsqu’une personne se présente à la pharmacie pour une plaie, rechercher d’abord les signes de gravité qui doivent orienter vers une consultation médicale :

– une plaie au niveau des mains, des articulations, des tendons, du visage présentant un risque fonctionnel et/ou esthétique ;

– une plaie survenant chez un diabétique ou une personne âgée, chez qui la cicatrisation est plus longue ;

– la présence d’un corps étranger ne partant pas au lavage ;

– une plaie profonde, notamment au niveau du thorax, de l’abdomen ou du globe oculaire, qui nécessite l’intervention du SAMU.

Conduite à tenir

Avant tout geste réalisé à l’officine, prévenir un accident d’exposition au sang en se protégeant avec des gants (après s’être lavé les mains).

Plaie simple

• Une plaie simple nécessite un lavage à l’eau et au savon, suivi d’un rinçage et de l’application d’un antiseptique.

• La protéger à l’aide d’un pansement.

• Vérifier le statut sérologique de la victime vis-à-vis du tétanos. En l’absence de vaccination, ou si celle-ci est incomplète ou douteuse, orienter la victime vers un médecin afin que ce dernier mette à jour la vaccination antitétanique et qu’il réalise éventuellement une injection d’immunoglobuline humaine tétanique (Gammatétanos) pour prévenir le risque tétanique.

Plaie grave

• En attendant un avis médical, laver la plaie au sérum physiologique ou à l’eau, la protéger avec une compresse puis allonger si besoin la victime et la couvrir.

• Deux cas particuliers :

– plaie profonde au niveau de l’abdomen : installer la victime en position allongée, jambes fléchies ;

– plaie profonde au thorax : la victime doit être en position demi-assise.

• Attention ! Certains gestes sont à proscrire : ne pas désinfecter ou retirer un corps étranger volumineux.

• En cas de section d’un membre, un doigt, par exemple, arrêter l’hémorragie et mettre le membre dans une compresse, puis l’envelopper dans un sachet en plastique lui-même placé dans un sac en plastique rempli de glaçons ou d’un accumulateur de froid.

BRÛLURES

Critères de gravité

La gravité d’une brûlure dépend de différents facteurs :

– étendue de la brûlure : brûlure dont la surface totale des cloques est supérieure à la moitié de la paume de la mainde la victime ;

– profondeur de la brûlure : brûlure du 2e degré profond et du 3e degré;

– localisation : brûlures au niveau des plis, des orifices naturels (bouche, périnée…), des yeux ;

– type de patient : nourrisson ou enfant présentant même une rougeur peu étendue, patient diabétique, personne âgée ;

– agent responsable : brûlures chimiques par un produit acide ou basique, sauf si la zone atteinte est très petite.

Conduite à tenir

Brûlures bénignes

• Seule une brûlure ne présentant pas de signe de gravité chez un sujet dont la vaccination antitétanique est à jour peut être prise complètement en charge à l’officine.

• Dans ces cas, mettre la zone atteinte directement sous le jet du robinet d’eau froide pour limiter la propagation de la brûlure et pour un effet antalgique. La brûlure est ensuite désinfectée puis recouverte par une crème cicatrisante, par exemple.

Brûlures présentant au moins un signe de gravité

En attendant l’arrivée des secours :

– refroidir la brûlure dix minutes avec l’eau du robinet, ou plus selon les instructions du médecin régulateur ;

– protéger la zone atteinte en réalisant un enveloppement d’urgence si possible (compresses non tissées maintenues par un filet tubulaire à mailles élastiques large) ;

– si la surface atteinte est importante, allonger la victime du côté non brûlé et la couvrir ;

– surveiller la victime en mesurant sa tension artérielle, son pouls et sa fréquence ventilatoire.

CHOCS

Traumatisme crânien

Un traumatisme crânien après un choc au niveau de la tête se caractérise par un ou plusieurs signes parmi les suivants : douleur diffuse ou localisée, présence d’une bosse, d’une plaie ou d’un hématome, otorragie ou épistaxis, troubles de la conscience, vomissements, convulsions, photophobie, céphalées, troubles moteurs.

Facteurs de gravité

Un questionnement de la victime ou de l’entourage permet de repérer la présence de signes de gravité, pas toujours en rapport avec la violence du choc, imposant l’appel du Centre 15 :

– patient inconscient ou présentant des troubles de la conscience (somnolence…) ;

– notion de cinétique violente, notamment la hdiv de la chute : supérieure à 2 fois la taille de la personne ;

– perte de connaissance initiale ou amnésie du choc ;

– convulsions ;

– vomissements tardifs ;

– troubles de la vue, de la parole, de l’équilibre ou du comportement ;

– otorragie ou épistaxis.

Conduite à tenir

Selon les signes de gravité ou en cas de doute, une personne ayant subi un traumatisme crânien est orientée vers un médecin ou un service d’urgence (appel du Centre 15) :

– si la victime est consciente, l’allonger et la couvrir ;

– si la victime est inconsciente, libérer ses voies aériennes et l’installer en position latérale de sécurité (voir page 3), en la couvrant et en surveillant ses constantes. Attention! Chez un nourrisson, il ne faut pas basculer la tête en arrière pour libérer les voies aériennes mais ramener la tête en position neutre.

Entorses

Une entorse est une lésion ligamentaire survenant après le mouvement forcé d’une articulation pouvant aller du simple étirement à la rupture du ligament.

Facteurs de gravité

Les critères de gravité d’une entorse, faisant suspecter une lésion associée, sont : l’impression d’un craquement lors du choc, l’impossibilité de poser le pied par terre, un gonflement immédiat en œuf de pigeon.

Conduite à tenir

En attendant un avis médical, appliquer le protocole GREC (glace, repos, élévation, compression) :

– refroidir l’articulation à l’aide de glace pendant vingt minutes environ pour un effet anti-œdémateux, anti-inflammatoire et antalgique ;

– mettre au repos le membre atteint ;

– surélever le membre pour faciliter le retour veineux et limiter la formation de l’œdème ;

– mettre en place une compression pour limiter l’œdème et stabiliser l’articulation (pose d’une bande cohésive).

Fractures

• En cas de choc, une fracture est suspectée devant une impossibilité de bouger totalement ou partiellement le membre atteint, une douleur très importante (avec sensation nauséeuse), un gonflement et/ou une déformation.

• En attendant l’arrivée des secours, ne pas déplacer la victime et immobiliser le membre atteint, la couvrir, surveiller ses constantes (pression artérielle, fréquences respiratoire et cardiaque) et son état de conscience et la laisser à jeun, comme toutes les victimes.

• Dans le cas d’une fracture ouverte, protéger également la plaie avec des compresses.

DÉTRESSES RESPIRATOIRES

« Mon fils a avalé un bonbon de travers ! »

Martin, 4 ans, joue dans l’espace enfants de la pharmacie quand il s’agite subitement en se tenant le cou. Sa mère interpelle la préparatrice :

– Vite, mon fils a du mal à respirer.?Je crois qu’il a avalé un bonbon de travers !

– Restez calme, je vais voir ce qu’il se passe.

La préparatrice s’approche de l’enfant qui n’arrive plus à parler. Aucun son n’est perceptible. Elle lui donne quatres claques vigoureuses dans le dos et parvient ainsi à lui faire cracher le bonbon.

OBSTRUCTION DES VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES

Circonstances

• Chez l’adulte, l’obstruction des voies aériennes supérieures a généralement lieu à l’occasion d’un repas.

• Chez l’enfant et le nourrisson, une obstruction des voies aériennes supérieures peut être provoquée par un jouet non adapté à l’âge de l’enfant, par un aliment (cacahuète, bonbon, grain de raisin…) ou par de petits objets portés à la bouche.

Signes de gravité

• Les signes de gravité d’une obstruction des voies aériennes supérieures sont ceux d’une obstruction totale : apparition d’une cyanose, notamment chez l’enfant, absence de toux ou du bruit de la respiration, impossibilité de parler ou d’émettre un son. L’adulte porte généralement ses mains à la gorge, la bouche ouverte le plus souvent.

• L’obstruction des voies aériennes supérieures peut entraîner le décès si la victime est seule ou si l’entourage ne sait pas réagir.

Conduite à tenir

Obstruction totale

La victime ne parle pas et ne tousse pas. Elle porte ses mains à la gorge et devient rouge.

• Si la personne est consciente :

– donner jusqu’à 5 claques vigoureuses dans le dos, entre les omoplates, avec la paume de la main ;

– en cas d’inefficacité, passer aux compressions abdominales, dite méthode d’Heimlich (voir encadré), ou réaliser des compressions thoraciques si l’enfant a moins de 1 an ou s’il s’agit d’une femme enceinte ou d’un patient obèse (pratiquer jusqu’à cinq compressions);

– si cette manœuvre n’est toujours pas efficace, alterner cinq claques et cinq compressions.

• En cas de perte de connaissance de la victime (qui ne respire plus), appeler le Centre 15 et, en attendant l’arrivée des secours, commencer la réanimation cardio-pulmonaire, associée si possible à la défibrillation automatisée externe.

• L’objectif de ces méthodes est de rétablir une respiration efficace, le plus souvent grâce à l’expulsion du corps étranger. Les claques dans le dos et les compressions abdominales ou thoraciques sont généralement très efficaces.

• Un avis médical auprès du Centre 15 est indispensable si l’on n’est pas certain que la totalité du corps étranger ait été expulsée (gêne respiratoire), s’il s’agit d’un enfant de moins d’un an et/ou si des compressions abdominales ont été nécessaires.

Obstruction partielle

La victime présente des difficultés à respirer, mais parle et tousse.

• Encourager la victime à tousser, la toux ayant pour but de faciliter l’élimination du fragment alimentaire ou de l’objet responsable de l’obstruction.

• Si la victime présente toujours des difficultés à respirer, la mettre en position demi-assise et appeler le Centre 15. Surveiller ses constantes (pression artérielle, fréquences ventilatoire et cardiaque).

• Attention ! Ne pas mettre en œuvre les méthodes employées pour la désobstruction totale, car elles risqueraient de déplacer le corps étranger et de créer une obstruction totale.

CRISE D’ASTHME

Une crise d’asthme se caractérise par une gêne respiratoire oppressante avec sifflements et par la présence d’une toux.

Signes de gravité

• Une crise d’asthme est une situation d’urgence quand la gêne respiratoire entraîne une incapacité à faire des phrases complètes (la personne ne s’exprime qu’à l’aide de mots ou de syllabes), quand la crise présente des caractères inhabituels (crise plus longue, plus intense…). La présence de sueurs et d’une cyanose (notamment au niveau des lèvres) est également un signe de gravité.

• Les difficultés respiratoires peuvent entraîner une perte de connaissance suivie d’un arrêt respiratoire, puis d’un arrêt cardiaque.

Conduite à tenir

• Installer la personne en position assise.

• Rassurer le patient et lui demander : « Depuis quand dure la crise ? », « Avez-vous déjà été hospitalisé pour ce problème ? »

• Aider le patient à prendre 5 ou 6 bouffées de son bronchodilatateur d’action rapide avec une chambre d’inhalation.

• Contrôler la fréquence respiratoire 2 minutes après la prise du bronchodilatateur.

• En l’absence d’amélioration, appeler le Centre 15 et répéter l’administration de bronchodilatateur d’action rapide selon les indications du médecin en attendant les secours. Si la pharmacie est équipée, le médecin régulateur peut demander l’administration d’oxygène (9 l/min).

INTOXICATIONS

« Je me suis trompée de pipette! »

Une mère, affolée, téléphone :

– J’ai donné à ma fille de 2 ans de l’Advil avec la pipette du Doliprane !

– Combien de fois avez-vous commis l’erreur ?

– Trois fois. Je m’en suis rendu compte ce soir en rangeant les flacons.

– La dose toxique de l’ibuprofène est élevée. Je vais tout de même demander un avis médical. Laissez-moi vos coordonnées pour que je vous rappelle.

CONDUITE À TENIR

• Que l’intoxication soit d’origine médicamenteuse ou due à produit domestique, si la victime :

– est inconsciente, la mettre en position latérale de sécurité ;

– est somnolente, la maintenir éveillée en la stimulant ;

– présente une gêne respiratoire, l’installer en position demi-assise.

• Appeler le Centre 15 (qui se chargera de prendre des informations auprès du centre antipoison et de toxivigilance) et suivre leurs instructions.

• Ne pas faire vomir la victime sauf indication contraire. Les vomissements entraînent un second passage au niveau de l’œsophage, et par conséquent une seconde agression de la muqueuse (si produit corrosif) ou un risque de fausse route (si troubles de la conscience).

• Ne rien donner à boire, surtout pas de lait qui, riche en graisses, risque d’accélérer le passage du toxique dans le sang.

• Dans la majorité des cas, la surveillance est effectuée par l’entourage au domicile en suivant les conseils donnés par le médecin régulateur.

INTOXICATIONS MÉDICAMENTEUSES

Les classes de médicaments les plus souvent responsables d’intoxications sont les antalgiques et les psychotropes.

Antalgiques

Paracétamol

• Le paracétamol est souvent incriminé dans les intoxications volontaires et involontaires. Chez le nourrisson et le jeune enfant, l’intoxication fait suite à une erreur thérapeutique. Chez l’adulte, il s’agit d’un surdosage ponctuel ou répété (douleurs dentaires, lombalgies…).

• La dose toxique de paracétamol est de 200 mg/kg chez l’enfant de moins de 6 ans et de 150 mg/kg chez le grand enfant et l’adulte.

• L’intoxication est parfois asymptomatique, jusqu’à 2 ou 3 jours après l’ingestion. Compte tenu du risque de toxicité hépatique, toute suspicion d’intoxication au paracétamol nécessite l’appel immédiat du Centre 15.

Morphinique

Un surdosage d’antalgiques ou d’antitussifs de type dérivés morphiniques (codéine, tramadol, dextrométhorphane) peut entraîner, selon la quantité ingérée, un effet sédatif avec somnolence et hypotonie, voire des pauses respiratoires et un coma. Compte tenu du risque d’arrêt respiratoire, toute suspicion d’intoxication aux opiacés nécessite un avis médical immédiat.

Psychotropes

Benzodiazépines

• Parmi les psychotropes, les benzodiazépines et apparentés (zolpidem, zopiclone) sont les plus fréquemment incriminées dans les intoxications volontaires.

• Une intoxication aiguë entraîne une somnolence, voire, à fortes doses, un coma hypotonique avec risque de mort par inhalation de régurgitations en l’absence de mise en PLS.

ISRS

• Parmi les antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (citalopram, fluoxétine, paroxétine, sertraline), fréquemment prescrits, présentent à fortes doses une toxicité cardiaque et neurologique comparable à celle des antidépresseurs tricycliques.

INTOXICATIONS AUX PRODUITS DOMESTIQUES

• Les intoxications par les produits domestiques sont principalement accidentelles.

• Elles concernent surtout les enfants de moins de 3 ans.

Produits moussants

• L’ingestion de produits moussants (savon, gel douche, shampooing, lessive à la main, liquide vaisselle…) est le plus souvent asymptomatique. Les produits pour lave-vaisselle ou machine à laver sont bien plus irritants.

• Les produits moussants peuvent être responsables d’une irritation, de douleurs au niveau des muqueuses ORL et digestive. Ils peuvent également entraîner nausées et vomissements.

• Le plus grand risque concerne un passage du produit dans les voies aériennes supérieures par fausse route ou reflux de la mousse. Cette inhalation, à l’origine de gêne respiratoire (toux…), peut conduire à une pneumopathie. De ce fait, il ne faut pas faire boire dans les 2 heures qui suivent l’ingestion.

Caustiques

• L’ingestion de caustiques, qu’ils soient acides (détartrants, antirouilles…), basiques (déboucheurs de canalisations, nettoyants pour les fours…) ou oxydants (eau de Javel, eau oxygénée concentrée…) sont dangereux, car ils sont à l’origine de brûlures immédiates (douleur locale oropharyngée, épigastralgies…) et de séquelles importantes. L’estomac peut être toutefois atteint sans symptôme buccal. Ne pas faire boire ou vomir.

• La projection cutanée ou oculaire peut entraîner des lésions caustiques de la peau ou de la cornée en l’absence de rinçage immédiat abondant et prolongé.

Solvants et dérivés pétroliers

• L’ingestion ou l’inhalation de solvants (white-spirit, trichloréthylène, acétone, diluants peinture) ou de dérivés pétroliers (carburants…) peut entraîner des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées) ainsi qu’une sensation d’ébriété avec vertiges et somnolence.

• Ils peuvent aussi être à l’origine d’une pneumopathie (fausse route, inhalation ou élimination du toxique). Les dérivés chlorés comme le trichloréthylène peuvent provoquer des troubles du rythme.

• Les liquides lave-glaces et antigel (méthanol, éthylène glycol) ont une toxicité classique de solvant, majorée d’un risque particulier d’atteinte rénale ou oculaire.

Cosmétiques

• L’ingestion accidentelle d’une petite quantité de cosmétiques (crèmes hydratantes, maquillage, démaquillants et produits bébé) est le plus souvent asymptomatique ou à l’origine de nausées et de vomissements.

• Attention toutefois aux dissolvants pour vernis à ongles, même sans acétone (présence de lactones) !

COMMENT LIMITER LES RISQUES

• Entreposer les produits domestiques (ménage, jardinage, bricolage), ainsi que les cosmétiques hors de portée des enfants ou utiliser des fermetures de sécurité.

• Conserver les médicaments dans une armoire fermée à clé.

• Laisser toujours les produits et les dispositifs d’administration dans leur conditionnement d’origine: l’une des causes d’intoxication est le transvasement de produits domestiques, comme le white-spirit, les berlingots d’eau de Javel ou les déboucheurs de canalisations, dans des bouteilles d’eau minérale.

• Lire le mode d’emploi avant d’utiliser un produit.

• Eloigner les enfants lors de travaux avec des produits dangereux tels que les déboucheurs de canalisation, les décapants…

• Essayer d’éduquer le plus tôt possible les enfants sur les dangers des produits domestiques et des médicaments.

L’INTERVIEW Jean Occulti PHARMACIEN D’OFFICINE, CHARGÉ D’ENSEIGNEMENT À LA FACULTÉ DE PHARMACIE (UNIVERSITÉ PARIS-DESCARTES), MONITEUR DE PREMIERS SECOURS (INTERVENANT POUR LE COMPTE DE FORMATEURS DE SANTÉ ASSOCIÉS)

« Formez-vous ! »

Le Moniteur : La formation aux premiers secours est-elle obligatoire pour l’équipe officinale ?

Jean Occulti : Depuis 2003, les étudiants de l’option officine devaient suivre un enseignement aux premiers secours lors de leur formation initiale. Depuis 2007, cette obligation a été étendue à l’ensemble des options.

Cette formation aux gestes et aux soins d’urgence, d’une durée minimale de 21 heures, doit être effectuée avant la fin du 2e cycle universitaire et se concrétise par la remise d’une attestation (AFGSU* de niveau 2).

Pour les pharmaciens déjà diplômés, l’obtention de l’AFGSU n’est pas obligatoire même si elle est fortement recommandée par le ministère de la Santé comme par nos instances professionnelles.

De leur côté, les préparateurs en pharmacie bénéficient souvent d’une formation aux premiers secours au cours de leur Brevet professionnel. Toutefois, l’obtention de l’AFGSU-2 n’est pour l’instant exigée que pour les préparateurs hospitaliers.

Comment réactualiser ses connaissances ?

Des formations continues spécifiquement adaptées à notre profession, incluant le programme de l’AFGSU, sont proposées en France depuis plusieurs années. Souvent animées par un binôme pharmacien-médecin urgentiste, elles sont destinées à l’équipe officinale et prises en charge par l’OPCA-PL et le FIF-PL. Par ailleurs, des formations grand public sont proposées par la Protection civile, la Croix-Rouge et les pompiers.

La mise en place progressive de défibrillateurs dans les officines devrait être l’occasion d’une remise à niveau des équipes officinales. Suivre un stage pratique de 2 jours au minimum tous les 15 ans me semble être raisonnablement envisageable !

Les pharmaciens et les préparateurs peuvent-ils être poursuivis juridiquement s’ils n’interviennent pas lors d’un accident ou un malaise ?

Oui, car ils ont déjà en tant que citoyens une obligation d’assistance. En tant que professionnels de santé, ils ont en plus le devoir d’agir personnellement pour secourir une victime.

AVC : signes annonciateurs

Contacter le SAMU-Centre 15 le plus vite possible en cas d’apparition brutale de troubles sensitifs (faiblesse, engourdissement, paralysie au niveau du visage, d’un bras ou de tout un côté du corps), de troubles de la vision, de l’élocution, de difficulté à marcher, de troubles de l’équilibre, y compris si ces signes sont transitoires car un accident ischémique transitoire est souvent annonciateur d’un infarctus cérébral.

INFOS CLÉS

• Hypoglycémie :

– patient conscient : l’aider à se resucrer et contrôler sa glycémie;

– patient inconscient : le mettre en position latérale (PLS) de sécurité et suivre les conseils téléphoniques du SAMU-Centre 15.

• Malaise vagal : allonger le patient en surélevant ses jambes et surveiller.

• Crise d’épilepsie : protéger le patient puis le mettre en PLS en attendant les secours.

Testez-vous

Une victime doit être mise en position latérale de sécurité :

a) absolument du côté droit

b) absolument du côté gauche

c) d’un côté ou de l’autre

Réponse : c) sauf chez la femme enceinte et la personne obèse, qu’il vaut mieux placer sur le côté gauche.

Appel des secours : informations à communiquer

• Une bonne prise en charge par le SAMU est améliorée par la communication d’informations les plus précises possibles :

– lieu : nom, adresse et numéro de téléphone de la pharmacie ;

– appelant : préciser qu’il s’agit d’un professionnel de santé ;

– victime : sexe, âge (même approximatif);

– circonstances d’apparition du malaise et état de la victime avec un bilan chiffré (fréquence ventilatoire, pouls, tension artérielle…).

• Ne raccrocher que lorsque le SAMU-Centre 15 invite à le faire.

INFOS CLÉS

• Toute douleur thoracique doit faire suspecter un syndrome coronarien aigu et nécessite une prise en charge la plus rapide possible.

• Dans l’attente des secours, être prêt à faire face à un possible arrêt cardiaque.

Testez-vous

Le massage cardiaque alterne :

a) 10 compressions thoraciques et 2 insufflations

b) 15 compressions thoraciques et 2 insufflations

c) 30 compressions thoraciques et 2 insufflations

Réponse : c)

Réanimation cardio-pulmonaire

• La réanimation cardio-pulmonaire ne doit être entreprise que si la personne est inconsciente et si elle ne respire pas. Libérer les voies aériennes par bascule de la tête en arrière et approcher l’oreille en regardant l’abdomen pour écouter ou sentir la respiration sur la joue ou observer les mouvements respiratoires de l’abdomen.

• Pratiquer des compressions thoraciques, la victime placée sur un plan dur de préférence : 30 compressions profondes de 5 à 6 cm, les deux mains placées sur la partie inférieure du sternum à alterner avec 2 insufflations (avec un masque de protection si possible). Commencer par 5 insufflations chez l’enfant et revérifier l’absence de respiration avant les compressions.

• Si un défibrillateur automatisé externe (DAE) est disponible à proximité, demander à un témoin d’aller le chercher (ces appareils sont très simples d’utilisation : il suffit de suivre les consignes vocales de l’appareil) :

– mettre le DAE en marche;

– coller les électrodes sur le torse nu et rasé de la victime (kit de rasage et de nettoyage présent dans l’appareil) : le DAE analyse le rythme cardiaque de la victime et détermine si un choc électrique est nécessaire (en cas de fibrillation ventriculaire essentiellement) ;

– s’assurer que personne ne touche la victime pendant l’analyse comme lors de la délivrance d’un choc ;

– tout choc délivré est obligatoirement suivi de 2 min de réanimation (compressions/insufflations), l’appareil faisant une analyse toutes les 2 min ;

– suivre les instructions de l’appareil et continuer la réanimation jusqu’au relais par les secours ou jusqu’à ce que la victime respire (la mettre alors en PLS).

Que faire en cas d’hémorragie ?

• En l’absence de fracture ou de corps étranger:

– effectuer une pression à l’aide de la main protégée par un gant ou, à défaut, un sac en plastique ;

– allonger la victime ;

– surélever les jambes en cas d’hémorragie importante (ne jamais les rabaisser) ;

– appeler le SAMU-Centre 15.

• Si le saignement est stoppé par la pression (dans 90 % des cas), remplacer la main par un tampon compressif: compresse avec bandage serré ou coussin hémostatique d’urgence (CHUT).

• La pose d’un garrot ne doit être envisagée que s’il est impossible de comprimer la plaie (fracture, corps étranger) ou si le secouriste doit s’absenter pour alerter le SAMU-Centre 15 alors que le pansement compressif est inefficace. Dans ce cas, le garrot est posé sur une zone où il n’y a qu’un seul os (cuisse, bras) avec un lien large, non élastique, sur lequel est notée l’heure de façon non ambiguë (15 h 45, 04 h 40). La levée du garrot doit se faire à l’hôpital selon un protocole bien codifié. En effet, les cellules en aval du garrot ne sont plus irriguées et libèrent des toxines qui, relarguées d’un coup, peuvent entraîner le décès de la victime. Une amputation est également à craindre.

INFOS CLÉS

• Plaies :

– ne pas retirer de corps étranger important ;

– ne pas désinfecter une plaie grave ;

– vérifier le statut sérologique de la victime vis-à-vis du tétanos.

• Brûlures : refroidir la zone atteinte directement.

• Fractures : ne pas déplacer la victime sauf en cas de danger immédiat.

Blessure à l’œil

• En cas de contusion importante au niveau de l’œil, appeler le SAMU-Centre 15. En attendant les secours, allonger la victime et lui demander de garder les deux yeux fermés.

• En cas de brûlure oculaire, réaliser un lavage de l’œil à l’eau du robinet de longue durée selon l’avis médical.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Une femme, affolée, se présente à l’officine :

– Mon fils de 6 ans vient de tomber et de se casser une dent. Dois-je l’emmener aux urgences ?

– S’agit-il d’une dent de lait ou d’une dent définitive ?

– D’une dent de lait.

– Dans ce cas, ne vous inquiétez pas : vous n’avez rien à faire de particulier.

Votre confrère a-t-il bien répondu ?

Non, il aurait dû dire à la patiente d’emmener son fils chez le dentiste. Ce dernier aurait fait une radiographie afin de vérifier l’intégrité de la racine. Si la dent fracturée avait été une dent définitive, il aurait fallu conserver la dent avec un peu de salive dans du sérum physiologique, du lait ou dans la solution nutritive SOS Dentobox (ni alcool, ni glace), après l’avoir brièvement rincée à l’eau claire (sans frotter) pour éliminer les éventuelles souillures.

Cryo et thermothérapie

• L’application de froid, ou cryothérapie, est indiquée pour résorber les œdèmes, ainsi que pour ses effets anti-inflammatoire et antalgique. Elle permet de soulager les douleurs dues à des lésions aiguës (entorses, tendinites…), les migraines, les douleurs dentaires…

• L’application de chaleur, ou thermothérapie, est indiquée pour son effet antalgique en cas d’atteinte musculaire sans lésion anatomique (courbatures, contractures…), de douleurs lombaires ou cervicales chroniques, ainsi que pour les douleurs menstruelles.

• Des poches à usage unique ou réutilisables permettent de diffuser du chaud, après chauffage à l’aide du four à micro-ondes ou d’eau bouillante, ou du froid après un séjour au réfrigérateur ou congélateur. La cryothérapie se présente également sous forme de gel ou de spray réfrigérant.

INFOS CLÉS

• Obstruction totale des voies aériennes supérieures : jusqu’à 5 claques vigoureuses dans le dos, à alterner si inefficacité avec des compressions abdominales (ou thoraciques si le nourrisson a moins de 1 an).

• Crise d’asthme : rassurer le patient et l’installer en position assise. L’aider à prendre son broncho-dilatateur d’action rapide avec une chambre d’inhalation. Contacter le SAMU-Centre 15 si pas d’amélioration rapide ou si aggravation.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Le père de Léo appelle la pharmacie :

– J’ai l’impression que Léo a avalé une pile-bouton. Il a toussé au début et maintenant ça a l’air d’aller.

– Il y a combien de temps ?

– A peu près un quart d’heure.

– Est-ce qu’il vomit ?

– Non, pas du tout.

– Dans ce cas, pas de souci : la pile va s’éliminer naturellement dans ses selles.

Votre confrère a-t-il bien répondu ?

Non, il n’a pas bien répondu. L’ingestion d’une pile nécessite l’extraction de celle-ci le plus rapidement possible car elle risque de libérer des substances caustiques, pouvant entraîner une nécrose œsophagienne. De même, l’ingestion d’aimants constitue une urgence médicale.

Les autres signes de gravité de l’ingestion de corps étrangers au niveau digestif sont : la forme et la taille de l’objet, l’apparition d’une toux persistante, une gêne qui dure et qui empêche la personne de s’allonger, la survenue de vomissements à chaque tentative de prise alimentaire.

Quelles informations attend le SAMU-Centre 15 ?

• Lors d’un appel au SAMU-Centre 15, un médecin recueille et analyse les informations sur l’accident pour évaluer le risque et orienter la prise en charge de la victime.

• Pour aider le médecin, donner des renseignements précis sur la victime (sexe, âge, poids, taille, antécédents, traitement en cours et état de la victime), sur l’intoxication (nom du/des produit (s), mode d’utilisation, heure de l’ingestion, quantité ingérée, circonstances) et sur l’entourage (pour une éventuelle surveillance).

• Si une prise en charge médicale est nécessaire, apporter le produit au service de soins pour que le personnel dispose de l’étiquetage.

INFOS CLÉS

– En cas d’intoxication, appeler le SAMU-Centre 15 qui contactera le Centre antipoison si besoin.

– Sauf indication contraire, ne faire ni vomir, ni boirela victime. La maintenir éveillée en la stimulant.

– Suivre les instructionsdu médecin régulateur.

Testez-vous

Vrai ou faux ?

Les dissolvants sans acétone ne sont pas toxiques en cas d’ingestion.

Réponses : faux.

L’essentiel à retenir

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


Décryptage

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