SE PROTÉGER DU SOLEIL - Le Moniteur des Pharmacies n° 2884 du 28/05/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2884 du 28/05/2011
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

PATHOLOGIES DUES AU SOLEIL

« Le soleil va améliorer mon acné »

Marina, 16 ans, vient à l’officine pour acheter son gel nettoyant « anti-acné » habituel.

– Je pars en Espagne la semaine prochaine. J’espère que le soleil va améliorer mon acné car j’ai entendu dire qu’il faisait disparaître les boutons.

– C’est vrai que le soleil semble améliorer l’acné, mais ce n’est que temporaire ! Au contraire, l’exposition au soleil entraîne un épaississement de l’épiderme et une obstruction des pores de la peau, ce qui favorise la formation des points noirs et des microkystes, qui se manifesteront à votre retour.

– Quelle horreur ! Comment éviter cela ?

– Protégez-vous du soleil et appliquez cette crème solaire non comédogène.

LES RAYONS UV

Les ultraviolets (UV) émis par le soleil peuvent être responsables de lésions cutanées.

Trois types d’UV

Situé au-delà du violet dans le spectre, ce rayonnement électro-magnétique invisible est subdivisé en trois types d’UV :

• les UVA (95 % des UV arrivant à la surface de la terre), les moins puissants, arrivent jusqu’au niveau du derme profond. Ils sont responsables d’une pigmentation immédiate fugace mais aussi d’effets néfastes à plus long terme : vieillissement de la peau et cancers cutanés ;

• les UVB (5 % des UV arrivant à la surface de la terre) sont arrêtés au niveau du derme superficiel. Ils sont responsables des coups de soleil, de l’épaississement de la peau, du bronzage et interviennent aussi dans les cancers cutanés ;

• les UVC, les plus nocifs, sont majoritairement absorbés par la couche d’ozone. Ils ne sont pas présents dans le spectre solaire naturel au sol.

Facteurs influents

Contrairement aux UVA, la quantité d’UVB reçue par la peau dépend de facteurs environnementaux.

Horaire

Entre 12 h et 16 h (heures d’été), le soleil est à son zénith. Les UVB traversent une épaisseur moins importante d’atmosphère et d’ozone que lorsque le soleil est plus bas dans l’horizon. Les UVB sont donc moins filtrés.

Nuages

La quantité d’UVB filtrée par les nuages dépend de la nature de ces derniers : un épais nuage filtre jusqu’à 70 % des rayons, alors qu’un ciel voilé laisse passer jusqu’à 95 % du rayonnement, tout en réduisant l’impression de chaleur.

Altitude

En altitude, la distance parcourue par les UVB est moindre. Ceux-ci sont donc plus présents avec une sensation de fraîcheur trompeuse.

Réverbération

La réverbération des UVB au niveau de certaines surfaces augmente la quantité d’UV reçue par la peau : par exemple, près de 85 % de réflexion sur les surfaces blanches.

PATHOLOGIES IMMÉDIATES

Coup de soleil

Le coup de soleil, ou érythème actinique, correspond à une brûlure à la suite d’une exposition solaire prolongée. Sa sévérité est proportionnelle à la quantité de rayons UV reçus (UVB à 80 %, mais aussi UVA).

Symptômes

L’érythème résulte d’une vasodilatation provoquée par la libération de cytokines en réaction à l’absorption du rayonnement UV par les différents constituants cellulaires. Cette réaction inflammatoire varie en fonction de l’intensité de l’exposition solaire : l’érythème peut aller de la couleur rosée au rouge vif, voire cyanique et œdémateux. En cas d’atteinte des couches profondes, on observe des phlyctènes douloureuses. L’érythème actinique atteint son maximum d’intensité dans les 8 à 24 heures suivant l’exposition et disparaît en quelques jours, après une desquamation plus ou moins importante.

Prise en charge

La prise en charge de l’érythème actinique est identique à celle d’une brûlure : application d’une crème apaisante, hydratante et facilitant la cicatrisation, utilisation de pansements gras et de compresses stériles en cas de phlyctènes. La reprise de l’exposition solaire n’est possible qu’après guérison et sous photoprotection adaptée.

Lucite estivale bénigne

La lucite estivale bénigne, appelée communément « allergie solaire », est une photodermatose fréquente due aux UVA, en particulier chez les femmes entre 15 et 25 ans.

Symptômes

Elle survient dans les quelques jours qui suivent la première exposition solaire importante et se caractérise par l’apparition de papules érythémateuses très prurigineuses au niveau du décolleté, des épaules, des bras, des jambes. Le visage est épargné.

Prise en charge

La lucite régresse spontanément avec l’apparition du bronzage en une à deux semaines. En attendant, l’éruption et les démangeaisons peuvent être traitées par un dermocorticoïde et un antihistaminique par voie orale.

Prévention

• La lucite se renouvelle chaque année en s’aggravant, et la meilleure solution demeure la prévention par une photoprotection efficace.

• Per os, les antipaludéens de synthèse sont le traitement le plus efficace – 200 à 300 mg de chloroquine (Nivaquine) par jour ou 400 à 600 mg d’hydroxy-chloroquine (Plaquenil) par jour, à débuter 7 jours avant le début de l’exposition solaire, puis à poursuivre durant les 15 premiers jours. En cas d’échec, la photothérapie UVB ou la puva-thérapie ont une place de choix.

Sont également utilisés les bêtacarotènes (efficacité non démontrée par des études correctement conduites) ou l’acide para-aminobenzoïque (Pabasun et Paraminan) : AMM mais efficacité relative. Ils sont à débuter 15 jours avant et à poursuivre durant la période d’exposition.

Photosensibilisation

La photosensibilisation provient de l’interaction entre une substance présente dans la peau et un rayonnement de longueur d’onde correspondant.

Origine

La substance peut être endogène (ex. : porphyrines), ou bien exogène lorsqu’elle est introduite dans l’organisme par voie cutanée (cosmétiques, parfums, lessives, plantes…) ou générale (médicaments).

Symptômes

On distingue deux types de pathologies :

• Phototoxicité

La phototoxicité se manifeste sans sensibilisation préalable, quelques minutes à quelques heures après l’exposition. Elle se caractérise par un érythème intense, douloureux, parfois bulleux, limité au zones photoexposées. A l’arrêt de l’exposition, la guérison est rapide (8 à 10 jours), mais la persistance d’une pigmentation résiduelle est fréquente.

• Photoallergie

La photoallergie, plus rare, est une réaction immunologique qui ne survient que chez le sujet préalablement sensibilisé. Elle se présente sous la forme d’un eczéma aigu avec prurit, ou d’un urticaire, principalement au niveau des zones cutanées exposées, mais pouvant s’étendre aussi aux zones couvertes. La guérison est plus lente, jusqu’à 2 à 3 semaines, et nécessite parfois une cortico-thérapie locale associée à un antihistaminique per os en cas de prurit.

Pathologies oculaires

Les rayonnements solaires peuvent être à l’origine de réactions inflammatoires douloureuses sur les tissus sensibles du globe oculaire et des paupières, dans les heures suivant l’exposition.

• Ces photoconjonctivites (inflammation de la conjonctive) ou photokératites (inflammation de la cornée) sont réversibles et n’entraînent pas de lésions à long terme ou de baisse de la vision. La cécité des neiges (ou ophtalmie des neiges) est une forme de photokératite liée à une forte réverbération au sol des rayons UV dont l’intensité est extrême en haute altitude.

• Les surexpositions au soleil semblent aussi être à l’origine d’une augmentation du nombre de dégénérescences maculaires liées à l’âge et de cataractes.

PATHOLOGIES TARDIVES

Vieillissement cutané

• Le vieillissement cutané est lié à l’âge mais aussi à des facteurs environnementaux (le soleil principalement). On parle alors de photovieillissement, également appelé héliodermite ou vieillissement actinique.

• Le photovieillissement résulte de l’effet cumulatif de l’exposition au soleil et aux rayonnements UV artificiels. Il se traduit au niveau des zones exposées (visage, mains, avant-bras) par un épaississement de la peau, une perte d’élasticité, une sécheresse cutanée, un teint jaunâtre, l’apparition de rides, de télangiectasies (petits vaisseaux dilatés) et des troubles de la pigmentation. En effet, on observe un dérèglement dans la production et la répartition de la mélanine à la surface de l’épiderme, à l’origine de taches hyper et/ou hypopigmentées.

Cancers cutanés

L’incidence des cancers cutanés est en constante augmentation. L’excès de soleil et d’UV artificiels en est une des causes principales, aussi bien lors d’expositions chroniques longues et nombreuses que d’expositions fortes et intermittentes.

Carcinomes

Les carcinomes sont les cancers de la peau les plus fréquents (90 %). Ils guérissent généralement après un traitement chirurgical. On rencontre majoritairement des carcinomes basocellulaires, d’évolution lente et limités à la peau. Ils correspondent à une dégénérescence des kératinocytes de l’épiderme. Les carcinomes épidermoïdes cutanés (ou spinocellulaires), plus rares, apparaissent surtout chez les sujets âgés. Ils sont plus agressifs car ils pénètrent le derme et peuvent se disséminer dans l’organisme.

Mélanomes

Les mélanomes sont des cancers cutanés moins fréquents mais beaucoup plus graves qui peuvent affecter tous les âges. Ils se développent aux dépens des mélanocytes à partir d’un grain de beauté existant ou bien apparaissent à la surface d’une peau sans grain de beauté. Sans traitement, ils progressent rapidement vers le derme et l’hypoderme. Leur fort potentiel métastatique en fait toute leur gravité. Pour un diagnostic précoce, il est important de connaître les critères ABCDE qui les caractérisent :

– A pour « lésion asymétrique » ;

– B pour « bords irréguliers » ;

– C pour « couleurs hétérogènes »;

– D pour « diamètre supérieur à 6 mm » ;

– E pour « évolution récente de la lésion ».

PHOTOPROTECTEURS

« Une protection solaire pour la mer »

Une préparatrice conseille une femme enceinte :

– Je pars au bord de la mer demain. J’ai besoin d’une crème solaire pour mon mari et moi ainsi qu’une protection spécifique pour notre garçon de 2 ans.

– Je vois que vous attendez un bébé ?

– Oui, en effet.

– Vous devez utiliser une crème solaire renfermant des écrans minéraux, comme votre fils. Les écrans minéraux ne traversent pas la barrière cutanée et sont donc sans risque pour le bébé à naître. Dans tous les cas, évitez l’exposition entre 12 h et 16 h et n’oubliez pas la protection vestimentaire.

LE BRONZAGE

Soumise aux radiations UV, la peau possède différents moyens naturels de défense, en particulier un épaississement de la couche cornée (hyperkératose) et une pigmentation mélanique de deux sortes :

• la pigmentation immédiate observée juste après une exposition est due aux UVA (le « hâle du soir »). Elle est transitoire et non protectrice ;

• la pigmentation retardée (ou bronzage) est essentiellement due aux UVB. Elle résulte de la stimulation des mélanocytes qui synthétisent la mélanine. Elle apparaît dans les 2 à 3 jours après l’exposition solaire. Elle atteint son maximum en 2 à 3 semaines puis disparaît progressivement avec la desquamation de la peau.

Limite

• Selon le type de peau, le bronzage obtenu est différent et offre une protection variable (voir « Indice de protection et phototypes », page 9). Par ailleurs, certaines peaux ne bronzent pas.

• Le bronzage offre une certaine protection contre les UVB responsables des coups de soleil, mais n’arrête pas les UVA : les expositions solaires répétées au fil des ans, même sur une peau bronzée, accélèrent le photo-vieillissement et augmentent le risque de cancers cutanés.

Notion de « capital soleil »

C’est une notion facile à comprendre et qui permet de sensibiliser le patient aux risques induits par des expositions solaires trop importantes. Le « capital soleil » peut être considéré comme l’ensemble des systèmes de défense de la peau face aux agressions solaires. Ce capital propre à chaque individu est déterminé génétiquement (plus faible pour les peaux claires que pour les peaux mates). Il est entamé dès les premières expositions et diminue chaque fois que le système de protection de la peau est mobilisé. Ainsi, par exemple, la corrélation entre la quantité de soleil reçue avant l’âge de 20 ans et le développement de cancers cutanés à l’âge adulte est clairement établie.

COMMENT SE PROTÉGER ?

Eviction solaire

L’éviction solaire est la première méthode à mettre en œuvre pour se protéger des UV.

• Eviter toute exposition entre 12 h et 16 h (heure d’été en France) devrait être un réflexe en particulier chez les jeunes enfants : c’est le moment où les radiations sont les plus verticales, donc les plus intenses. Un enfant de moins de 2 ans ne doit pas être exposé directement au soleil !

• L’ombre n’est pas toujours un gage de sécurité : sous un parasol, jusqu’à 50 % des UV ambiants peuvent être présents, en particulier du fait de la réflexion par le sol (15 à 30 % sur le sable).

Protection vestimentaire

Dans tous les cas, et surtout chez l’enfant, la protection vestimentaire (vêtements, chapeau et lunettes) doit être privilégiée.

• Les chapeaux à large bord sont préférables aux casquettes qui ne protègent ni les oreilles, ni la nuque.

• La protection conférée par un vêtement varie selon la texture, la couleur et l’épaisseur du vêtement. Les couleurs foncées sont plus efficaces que les claires, mais elles absorbent les infrarouges, donc procurent une sensation de chaleur importante. Par ailleurs, les vêtements mouillés ou humides (transpiration) protègent moins efficacement qu’un vêtement sec. Les vêtements anti-UV garantissent en revanche une protection même mouillés (mais variable selon les vêtements). Ils sont utiles en cas d’activité aquatique, d’exposition longue et intense, de peau très sensible…

• Choisir des lunettes de catégorie 3 (forte luminosité solaire), voire 4 (luminosité solaire exceptionnelle, mais non compatible avec la conduite).

LES FILTRES SOLAIRES

• Les photoprotecteurs ne doivent être utilisés qu’en complément des autres méthodes de protection. L’Afssaps précise (dans son rapport de 2006) qu’ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans la prévention des mélanomes. Leur utilisation ne doit pas laisser penser que l’on peut s’exposer plus longtemps.

• La liste des photoprotecteurs admis dans les cosmétiques figure au niveau de l’annexe VII de la directive européenne (76/768/CEE) : cette liste comporte 27 filtres chimiques ou organiques et un écran minéral, le dioxyde de titane. Pour chaque substance, la concentration maximale autorisée dans les formules est précisée. L’association de ces différents écrans permet de diminuer la quantité de filtres chimiques utilisés.

Filtres chimiques

Principe

Les filtres chimiques sont des molécules qui absorbent certaines longueurs d’onde du spectre UV. L’énergie absorbée est restituée sous forme de rayonnement. Selon leur domaine d’efficacité, on distingue des photo-protecteurs de type UVB, UVA ou ayant un spectre large (UVB et UVA). Le domaine d’absorption des UVA est plus ou moins étendu (UVA court, UVA long), d’où la nécessité d’associer plusieurs types de filtres pour couvrir la plus grande partie du spectre UV.

Tolérance

Les filtres chimiques sont absorbés au niveau de l’épiderme. Il existe un risque d’effet systémique (chez le bébé en particulier ou sur des peaux lésées).

Ce type de substances peut être à l’origine d’irritations et d’allergie. Par exemple, les dérivés du dibenzoylméthane (avobenzone) ou les esters de l’acide para-aminobenzoïque (PABA) sont allergisants. Les dérivés de la benzophénone le sont aussi et notamment l’oxybenzone qui doit être signalée par la mention « contient de l’oxybenzone » si la concentration utilisée dépasse 0,5 %. L’octocrylène est également impliqué dans des réactions de photoallergie.

Stabilité

Le protecteur solaire doit être chimiquement stable (à la chaleur, à la lumière, à l’air…). Certains filtres non photostables sont associés à d’autres pour être stabilisés : l’association méthylbenzylidène camphre et octocrylène stabilise l’avobenzone (Parsol 1789). De même, les cinnamates peu photostables sont associés à d’autres filtres chimiques.

Ecrans minéraux

Le dioxyde de titane est souvent associé à l’oxyde de zinc (une poudre blanche également inerte) pour augmenter l’efficacité du produit fini.

Principe

Ces composés réfléchissent et dispersent le rayonnement UV. Pour pallier les inconvénients cosmétiques du dioxyde de titane (effet « blanc » sur la peau, galénique difficile à étaler), la taille des particules est réduite (nanoparticules).

Tolérance

Les écrans minéraux ont une bonne tolérance. Ils ne pénètrent pas au niveau de la peau et n’induisent pas d’allergie.

Stabilité

Pour stabiliser ces pigments minéraux, les fabricants ont recours à des films de silicone, de mica ou d’oxyde de fer qui réfléchissent et dispersent également les rayonnements.

A savoir

La question de la pénétration transcutanée des nanoparticules de titane est soulevée par certains experts. A partir de juillet 2013, les fabricants auront l’obligation d’indiquer la présence de nanoparticules dans la liste des ingrédients (liste INCI). Les solaires labélisés BDIH, Nature & Progrès, Cosmébio ou Ecocert interdisent les filtres chimiques et l’utilisation de nanoparticules.

Filtres organiques

Le seul représentant actuel est le Tinosorb M (INCI : methylene bis-benzotriazolyl tetramethyl-butylphenol). Il s’agit d’une molécule photostable assurant une protection large couvrant les UVB et UVA. Le Tinosorb M absorbe les UV comme les filtres classiques mais agit aussi en réfléchissant et en diffusant le rayonnement.

Tolérance

Le Tinosorb M possède un poids moléculaire élevé et forme un maillage à la surface de la couche cornée. La molécule ne pénètre pas à travers la peau, d’où une très bonne tolérance (locale et systémique).

Adjuvants

Associés aux photoprotecteurs, les adjuvants sont des agents hydratants et émollients, des agents de rémanence à l’eau, des antiradicaux libres : vitamine E, Uncaria d’Amazonie, feverfew (grande camomille), mannitol…

CHOIX DU PHOTOPROTECTEUR

Pour certains profils, les écrans minéraux sont à privilégier (bonne tolérance).

Bébés, enfants

La couche cornée, très mince chez les bébés et les jeunes enfants, est facilement perméable. Le risque de toxicité systémique d’une application topique est beaucoup plus important que chez l’adulte.

Femmes enceintes

Il est nécessaire de limiter tout risque pour le fœtus en privilégiant des molécules dépourvues de passage transcutané.

Peaux sensibles

Les composants connus pour être irritants ou allergisants doivent être évités.

Peaux à tendance atopique

En cas d’eczéma, la peau est fragilisée et le risque de passage transcutané est plus important.

INDICES DE PROTECTION ET PHOTOTYPES

« Une crème solaire pour toute la famille »

Une patiente habituelle de la pharmacie.

– Nous partons 15 jours en Italie. Je voudrais une protection solaire pour toute la famille.

– Oui, mais un seul tube risque de ne pas être suffisant. De plus, vous avez la peau mate alors que votre mari et votre fille ont la peau claire. Allez-vous vous baigner ? Pratiquerez-vous des activités sportives ?

– Pas moi, j’ai horreur de ça ! Mais mon mari et ma fille, oui, bien sûr !

– Le mieux est de prendre deux produits différents car les besoins de protection ne sont pas les mêmes.

LES ÉLÉMENTS POUR COMPRENDRE

Qu’est-ce que le « FPS » ?

Le facteur de protection solaire (FPS ou SPF, sun protection factor) reflète la protection du produit solaire vis-à-vis des UVB.

Protocole de mesure

La mesure du FPS est réalisée in vivo chez l’homme selon la méthode proposée par le COLIPA (Comité de liaisons des associations européennes de la parfumerie). Elle s’effectue à l’aide d’une source artificielle d’UV dont le rayonnement se rapproche au mieux du rayonnement solaire.

Définition

Le FPS représente le rapport entre la dose érythémale minimale (DEM) mesurée sur la peau protégée par le produit testé et la DEM mesurée sur une peau non protégée (la DEM correspondant au temps d’exposition nécessaire à l’apparition d’un érythème minimal). Par exemple, pour un protecteur solaire dont le FPS est de 15, si l’érythème apparaît en 10 minutes chez un individu donné lorsqu’il n’est pas protégé, cela signifie, en théorie, qu’avec le protecteur solaire, le même érythème mettra 15 fois plus de temps à apparaître (dans les mêmes conditions d’exposition), soit 150 minutes.

En conditions réelles

Dans la pratique, plusieurs données peuvent modifier le FPS :

– la quantité de produit appliqué sur la peau : les mesures théoriques sont réalisées avec une quantité de produit de 2 mg/cm2 de peau (soit 6 cuillères à café de produit pour le corps d’un adulte moyen), ce qui est beaucoup plus que la quantité généralement appliquée par les consommateurs ;

– les conditions d’utilisation ne sont pas les mêmes que celles réalisées expérimentalement : abrasion par le sable, le frottement (serviette)…

L’indice de protection UVA

Deux protocoles de mesure

• Afssaps

En 2007, l’Afssaps recommandait la mesure de l’indice UVA selon la méthode de la dose pigmentaire persistante (DPP, ou PPD en anglais), une méthode réalisée in vivo, en attendant la mise au point d’une méthode in vitro. La méthode de la dose pigmentaire immédiate (DPI, ou IPD en anglais) a également été souvent utilisée.

Le test consiste à évaluer l’apparition d’une pigmentation cutanée liée à l’oxydation des précurseurs des mélanines sous l’effet des UVA. La pigmentation obtenue est estimée immédiatement (DPI) ou 2 heures après (DPP) l’irradiation. L’indice de protection est obtenu en faisant le rapport entre la durée nécessaire pour obtenir cette pigmentation de la peau avec et sans le produit solaire (comme pour le FPS).

• COLIPA

Le COLIPA recommande depuis 2009 l’utilisation d’une méthode in vitro pour le calcul de l’indice de protection UVA. Cette méthode est considérée comme plus fiable que la méthode in vivo.

Mesures effectuées par les laboratoires

En pratique, à l’heure actuelle, les laboratoires évaluent l’indice de protection UVA selon l’une ou l’autre de ces méthodes.

Selon les recommandations de l’Afssaps, la protection UVA d’un produit solaire doit représenter au moins un tiers de la protection UVB. En apposant le logo UVA (logo proposé par la Fédération des industries de la parfumerie) sur le packaging, le fabricant s’engage sur ce point.

Les phototypes

Six phototypes

Classiquement, on définit 6 phototypes, depuis le sujet à peau très claire (correspond au phototype 1) jusqu’au sujet à peau et cheveux noirs (phototype 6) qui n’attrape jamais de coups de soleil. Le phototype 0 correspond au sujet albinos.

Quatre profils

D’accès plus facile, l’Afssaps publie un tableau pour guider les consommateurs, répertoriant 4 grandes tendances :

– sujet extrêmement sensible au soleil ;

– sujet sensible au soleil ;

– sujet à peau intermédiaire ;

– sujet à peau résistante.

Deux mélanines

Ces différences sont liées au fait qu’il existe deux types de mélanine présents en proportion différente selon les individus.

• Eumélanines

Les eumélanines, brunes à noires confèrent à la peau une protection importante. Elles ont une capacité de diffraction et de réflexion de la lumière (effet écran), d’absorption des UV (comme les filtres chimiques) et elles piègent une partie des radicaux libres.

• Phaeomélanines

Les phaeomélanines, jaunes à rouges, ne sont pas photoprotectrices. Elles pourraient se comporter comme des photo-sensibilisateurs.

CHOISIR L’INDICE DE PROTECTION

Le phototype et le type d’exposition solaire orientent le choix de l’indice de protection (voir tableau).

Pour simplifier, l’Afssaps a retenu quatre catégories de protection permettant de classer les différents produits :

– Faible protection : FPS affichés « 6 » ou « 10 » ;

– Moyenne protection : FPS affichés « 15 », « 20 » ou « 25 » ;

– Haute protection : FPS affichés « 30 » ou « 50 » ;

– Très haute protection : FPS affiché « 50 + ».

Questions à poser

• « Etes-vous sujet aux coups de soleil », « Bronzez-vous facilement » « Au soleil avez-vous des taches de rousseur » orientent vers le phototype.

• « Où partez-vous en vacances (mer, montagne, tropiques…) ? », « Pratiquez-vous un sport » déterminent l’intensité de l’ensoleillement, le risque de réverbération, la nécessité d’une protection résistante à l’eau ou à la transpiration.

• « Prenez-vous des médicaments actuellement », « Les premières expositions au soleil déclenchent-elles des réactions cutanées (type lucite estivale bénigne) ? », « Avez-vous des problèmes cutanés particuliers (acné…) ? » orientent nécessairement vers des indices de protection élevée.

Cas particuliers

Peaux sensibles

Dans certaines situations, une protection maximale (FPS 50 +) est nécessaire.

• Enfants

Les bébés et les enfants jusqu’à l’âge de 8-10 ans ont un déficit en mélanine, en sueur, en sébum et un film hydrolipidique plus mince.

• Femmes enceintes

L’apparition du masque de grossesse (chloasma) est plus fréquente chez les femmes à peau mate. Une fois installé, il ne s’atténue qu’au bout de plusieurs mois. Il a tendance à réapparaître lors des expositions solaires suivantes, même après la grossesse.

Peau noire

Les personnes à peau noire sont naturellement mieux protégées de certains effets des rayons UV : photo-vieillissement, risque carcinogène… Mais elles ne sont pas protégées des effets immunosuppresseurs des radiations solaires (altération des cellules de Langerhans…). De plus, chez ces personnes, l’exposition solaire est souvent à l’origine de problèmes dyschromiques (taches très foncées ou très claires). Une protection faible reste indispensable.

Autre cas

Les patients qui prennent des médicaments photosensibilisants ne doivent pas recevoir de rayonnements UV (voir « Pathologies dues au soleil » page 3).

CHOISIR LA GALÉNIQUE

Questions à poser

• « A qui est destiné le produit ? » (homme, femme, enfant, toute la famille, visage ou corps…)

• Au niveau du visage, cibler le type de peau : à tendance grasse (la peau est luisante avec parfois des imperfections), à tendance sèche (peau inconfortable, tendance aux tiraillements).

L’offre

Textures fluides

Les gels, les émulsions fluides (H/E) type lait s’étalent et pénètrent très facilement. Elles sont adaptées aux peaux à tendance grasse, aux hommes, ou en général lorsque la pilosité est importante.

Textures plus épaisses

Les textures plus épaisses (crème) et en particulier les émulsions E/H sont préférables dans tous les autres cas car elles limitent plus efficacement la déshydratation.

Sprays

Les formes sprays sont privilégiées pour leur côté pratique.

Sticks

Les formes sticks sont constituées d’un mélange d’huiles et de cires renfermant des filtres solaires lipophiles. Très résistants à l’eau et dotés d’indices de protection élevés, ils ciblent des zones très exposées : nez, pommettes, menton, oreilles.

Couleurs

• Les crèmes teintées beige aident à masquer d’éventuelles taches.

• Une coloration transitoire bleue ou verte permet de vérifier l’uniformité de l’application.

L’APPLICATION

• Appliquer le produit en quantité suffisante, soit 6 cuillères à café pour le corps d’un adulte moyen. L’application d’une quantité plus faible réduit de façon importante l’indice de protection. Appliquer de façon homogène en lissant le produit. Pour les filtres chimiques, la première application doit se faire une demi-heure avant l’exposition.

• Renouveler les applications toutes les deux heures et après chaque baignade : la protection diminue avec les bains, la transpiration, les frottements…

LES CONSEILS ASSOCIÉS

• S’exposer dans tous les cas de façon progressive.

• Continuer à appliquer une protection solaire même si la peau est bronzée (le bronzage n’arrête pas le rayonnement UVA).

• Essuyer sa peau après chaque bain plutôt que la laisser sécher au soleil.

• Ne pas prolonger l’exposition solaire sous prédiv d’être protégé : le produit solaire ne fait que diminuer les dommages causés par une exposition raisonnable.

• Se méfier d’un ciel couvert, du vent : le signal d’alarme représenté par la chaleur est supprimé mais le rayonnement UV peut être intense.

PRODUITS COMPLÉMENTAIRES

« La coloration n’est pas homogène ! »

Une cliente vous rapporte un spray autobronzant :

– La coloration obtenue n’est pas la même sur tout mon corps. Certaines zones apparaissent plus foncées et c’est très inesthétique.

– Un gommage exfoliant est préalablement nécessaire pour éliminer les cellules mortes et obtenir une coloration homogène. Utilisez aussi une crème hydratante avant l’application pour une meilleure absorption du produit.

– A quelle fréquence dois-je renouveler l’application ?

– Une application tous les quatre à six jours permet de maintenir la coloration. Mais attention, ça ne protège pas du soleil et la crème solaire reste indispensable !

AUTOBRONZANTS

Les autobronzants permettent d’obtenir une coloration superficielle de la peau proche du bronzage en l’absence d’exposition solaire, ou bien de conserver une peau hâlée. Ils sont dénués d’effets photo-protecteurs vis-à-vis des UV.

Mode d’action

Les actifs utilisés, dihydroxy-acétone (DHA) essentiellement et érythulose, agissent uniquement en superficie. La coloration obtenue résulte d’un phénomène d’oxydation des cellules de l’épiderme, sans action sur la mélanogénèse : le groupement carbonyle de la DHA interagit avec la fonction amine des acides aminés des kératinocytes, ce qui aboutit à la formation de mélanoïdines à l’origine de la coloration. Celle-ci varie individuellement en fonction de la quantité d’acides aminés de la peau et du pH cutané. La coloration est résistante à l’eau et à la transpiration, et elle s’élimine progressivement lors de la desquamation de la peau en 6 jours environ. L’entretien de la coloration nécessite donc un renouvellement de l’application tous les 4 à 6 jours.

Présentations

Différentes galéniques existent : crèmes, gels, lotions, sprays. Les autobronzants destinés aux peaux claires contiennent environ 3 % de DHA contre 5 % pour les peaux mates.

Conseils associés

• Un gommage est conseillé avant l’application du produit pour éliminer les cellules mortes et affiner l’épiderme, notamment au niveau des zones où la couche cornée est plus épaisse : coudes, talons, genoux. Une bonne hydratation est aussi nécessaire pour faciliter l’application de l’autobronzant et obtenir une uniformité de la couleur.

• Toujours se laver les mains après l’application et bien attendre que le produit soit sec sur la peau (environ 15 minutes) avant de se rhabiller, au risque d’une coloration hétérogène.

APRÈS-SOLAIRES

Actifs

Apaisant

Les produits après-solaires sont avant tout destinés à apaiser les sensations de chaleur et de picotements, mais aussi à atténuer les rougeurs cutanées grâce à l’utilisation d’actifs anti-inflammatoires, cicatrisants et décongestionnants : enoxolone, calendula, calophyllum, aloe vera, azulène, eaux thermales…

Hydratant

Les substances hydratantes et relipidantes favorisent la réparation cutanée, une réhydratation en profondeur, et diminuent la desquamation de la peau : acides gras essentiels, jojoba, karité, céramides, acide hyaluronique, glycérols, polyols, biocymectine…

Antioxydant

Les antioxydants sont destinés à lutter contre les radicaux libres dont la quantité augmente avec des expositions répétées et prolongées au soleil, ainsi qu’en prévention du vieillissement cutané : bêtacarotène, flavonoïdes, vitamine C, vitamine E, ginkgo…

Prolongateur de bronzage

Les soins après-solaires ont également pour but de prolonger la pigmentation, grâce à des prolongateurs de bronzage : DHA ou précurseurs de la mélanine comme des dérivés de la tyrosine.

Conseils associés

L’utilisation d’un gommage doux est intéressante pour éliminer les cellules mortes et permettre à la peau de se régénérer.

PROTECTION DES CHEVEUX

Comme la peau, les cheveux sont sensibles aux rayons du soleil mais aussi au sable, au sel, au chlore et au vent.

Pourquoi ?

Ces éléments sont à l’origine d’une irritation du cuir chevelu. Les UV, notamment, ralentissent l’évacuation des acides gras contenus dans le sébum, ce qui favorise l’altération du film hydrolipidique à la surface du cheveu. La tige pilaire est déshydratée et progressivement les écailles se soulèvent puis se cassent. Les cheveux sont alors électriques et difficiles à démêler. Ils sont cassants sur les longueurs et fourchus sur les pointes. L’altération de la kératine et des pigments naturels (mélanines) ou artificiels (coloration) modifient également la teinte du cheveu.

Protéger avant et après

La protection des cheveux s’effectue avant et après l’exposition solaire.

Avant l’exposition

Appliquer sur les cheveux un soin protecteur contenant des filtres solaires (huile, lotion…).

Après l’exposition

Le lavage des cheveux avec un shampooing doux permet d’éliminer toute trace de sable, de sel ou de chlore, de réhydrater et réparer la tige pilaire par l’apport d’éléments nutritifs, et de faciliter le démêlage. L’application d’un soin gainant et nourrissant permet de restructurer le cheveu.

COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES

La prise per os de compléments alimentaires spécifiques « soleil » ou « bronzage » vise à diminuer la sensibilité de la peau aux UV.

Actifs

Les molécules retrouvées sont essentiellement des caroténoïdes et des substances antioxydantes : bêtacarotène, lycopène, sélénium, vitamine E, vitamine C, flavonoïdes, lutéine.

Mode d’action

Le soleil entraîne une diminution de toutes les molécules antioxydantes présentes dans la peau et favorise la production de radicaux libres. La prise d’antioxydants permet de renforcer les défenses de la peau contre le vieillissement cutané et le développement de cancer. L’apport d’un ensemble équilibré de molécules antioxydantes est à privilégier plutôt que la prise isolée d’un seul antioxydant.

Mode de prise

La prise de ces compléments alimentaires est à commencer 15 jours à un mois avant le début de l’exposition et à continuer jusqu’à l’installation d’un bronzage protecteur. La prise ne doit pas être conseillée au-delà d’un mois après l’exposition solaire du fait du risque d’effets pro-oxydants suceptibles de provoquer des cancers (étude SUVIMAX).

Attention !

• Il faut expliquer au patient que le hâle artificiel induit par le bêtacarotène ne protège pas des UV et ne dispense pas d’une photoprotection externe.

• Ces compléments alimentaires peuvent colorer les lentilles de contact.

PATCHS UV

De couleur « peau », les indicateurs d’exposition solaire (UV patchs) virent au marron dès que la dose érythémale minimale pour une peau sensible est atteinte.

L’INTERVIEW Pr MARIE-THERESE LECCIA Chef de service de la clinique de dermatologie et photobiologie au chu michallon, grenoble et membre de la société française de dermatologie

« Attention aux mélanomes ! »

Le Moniteur : Comment évoluent l’incidence et la mortalité des mélanomes ?

Pr Marie-Thérèse Leccia : Les bulletins épidémiologiques les plus récents montrent que l’incidence des mélanomes continue d’augmenter, mais de façon plus modérée semble-t-il depuis 2000, et que la mortalité semble se stabiliser. Cela peut être lié au dépistage de nombreux mélanomes de petite épaisseur. Dans les équipes hospitalières spécialisées, nous constatons cependant une augmentation de la demande de prise en charge pour des mélanomes de grosse épaisseur et pour des mélanomes métastatiques.

Les messages de santé publique ne sont donc pas efficaces ?

D’après les études récentes, les Français semblent très peu réceptifs aux recommandations de protection contre le soleil, car leur objectif principal reste le bronzage. Ils ne deviennent plus vigilants qu’après l’apparition d’un cancer de la peau et surtout d’un mélanome. Toutefois, tous les mélanomes ne sont pas liés à la surexposition solaire. Le terrain génétique est un déterminant probablement majeur et il est possible que des mélanomes soient liés à des agents mutagènes de notre environnement, autre que les UV.

Quel est le rôle de l’équipe officinale dans la protection solaire ?

Les pharmaciens et les préparateurs sont les premiers professionnels de santé sollicités pour le choix des crèmes solaires. Ils doivent rappeler que les crèmes solaires protègent des coups de soleil mais qu’il n’existe pas de preuve concernant la protection contre les cancers de la peau, même avec les indices les plus élevés. Seuls l’ombre et le port de vêtements couvrants sont réellement efficaces.

L’équipe officinale doit sensibiliser les parents : les enfants qui ne marchent pas ne doivent pas être exposés au soleil et les enfants et adolescents n’ont pas à rester sur la plage toute la journée. La majorité des Français ont un phototype III, et un indice 20-30 est suffisant dans des conditions habituelles d’exposition solaire. Un indice 50 + est à conseiller en condition extrême (altitude, tropiques…).

Enfin, il est indispensable de conseiller un produit de protection solaire répondant à la réglementation européenne.

EXPERT : DR JEAN-CLAUDE BÉANI, PROFESSEUR DE DERMATOLOGIE AU CHU DE GRENOBLE.

Les bienfaits du rayonnement ultraviolet

Les ultraviolets exercent aussi des effets bénéfiques sur l’organisme.

• Le rayonnement UV stimule de façon naturelle la production de vitamine D, nécessaire à la fixation du calcium sur les os et à la régulation du métabolisme phosphocalcique dans l’organisme.

• Médicalement, les UV sont utilisés comme traitement de certaines dermatoses, comme le psoriasis ou le vitiligo. Il existe deux techniques :

– la puvathérapie, qui consiste à exposer les zones cutanées à traiter à un rayonnement UVA, après administration préalable d’un médicament photosensibilisant (psoralène) ;

– la photothérapie UVB qui ne nécessite pas la prise de psoralène et présente moins de contre-indications.

INFOS CLÉS

Risques liés au soleil :

• coups de soleil ;

• lucite estivale bénigne :

– femme entre 15 et 25 ans prédisposée ;

– s’aggrave au fil des ans ;

• photosensibilisation : en particulier médicaments topiques ou per os

• cancers cutanés :

– carcinomes (90 % des cas) chez les sujets âgés

– mélanomes (10 %) à tout âge, gravité +++.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Un adolescent, rouge et désorienté, vers 15 heures.

« Je viens de courir 20 km en préparation d’un semi-marathon et je ne me sens pas bien. J’ai très chaud, mal à la tête et des vertiges. Puis-je avoir du Doliprane en attendant de voir le médecin ? »

A quoi le pharmacien doit-il penser ?

Au coup de chaleur ! Particulièrement dangereux chez les jeunes enfants et les personnes âgées, il constitue une urgence médicale. Il s’observe dans un condiv de forte chaleur ambiante, associée à une activité physique excessive, une absence d’aération ou une déshydratation (penser aux médicaments diurétiques). Les premiers symptômes sont généralement une fièvre élevée supérieure à 40°C, une peau rouge, chaude et sèche, des céphalées, des vertiges, avec parfois des nausées et une somnolence. Il évolue en quelques heures vers des troubles cardiovasculaires avec chute de la pression artérielle, tachycardie et atteinte respiratoire parfois fatale.

Il est conseillé de transporter le patient dans un endroit frais et ombragé, de le rafraîchir (faire boire, vaporiser de l’eau fraîche…), et d’appeler les secours. La prise d’antalgiques, inefficaces dans ce cas, risque au contraire d’entraîner des effets secondaires néfastes (atteintes hépatiques pour le paracétamol et coagulopathies pour l’ibuprofène).

EXPERT : DR CHRISTINA MATEUS, SERVICE DE DERMATOLOGIE, INSTITUT GUSTAVE ROUSSY, VILLEJUIF.

INFOS CLÉS

• Les photoprotecteurs externes ne sont qu’un moyen supplémentaire de se protéger du soleil après l’éviction solaire et la protection vestimentaire.

• Les filtres chimiques franchissent la barrière cutanée contrairement aux écrans minéraux et organiques. Ils peuvent être responsables de réactions cutanées.

• Les écrans minéraux sont recommandés aux femmes enceintes et aux peaux sensibles ou irritées.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Un patient que vous ne connaissez pas entre dans la pharmacie pour demander une protection solaire.

– Bonjour, je pars en montagne réaliser plusieurs courses dont certaines sur des glaciers. Je voudrais une protection solaire très efficace pour le visage et les mains.

– Bien sûr. Avez-vous des problèmes de peau ? De l’eczéma ?

– Non.

– Avez-vous déjà fait des allergies à certains produits ?

– J’ai fait une réaction allergique après une exposition solaire, mais on m’avait prescrit du gel Ketum pour une tendinite.

– Effectivement, de nombreuses réactions allergiques de ce type ont été recensées avec ce médicament… mais aucun rapport avec les produits solaires.

Que pensez-vous de la réponse du pharmacien ?

Le pharmacien se trompe ! En cas d’antécédents de photoallergie au kétoprofène, l’application d’un produit solaire renfermant de l’octocrylène peut conduire à l’apparition d’un nouvel épisode de photoallergie (même en l’absence d’application concomitante de kétoprofène). Plusieurs cas de ce type ont été rapportés. Chez les personnes ayant développé une photoallergie au kétoprofène, les protections solaires renfermant de l’octocrylène doivent donc être déconseillées. Vérifier systématiquement leur absence dans la liste des ingrédients ou, plus simplement, orienter vers des écrans minéraux ou organiques.

EXPERT : DR CHRISTINA MATEUS, SERVICE DE DERMATOLOGIE, INSTITUT GUSTAVE ROUSSY, VILLEJUIF.

INFOS CLÉS

• L’indice de protection est fonction du phototype et du type d’exposition (altitude, tropiques, réverbération…).

• Dans certaines situations, une protection maximale est recommandée : bébés et enfants jusqu’à l’âge de 8/10 ans, femmes enceintes, antécédents de réactions allergiques, prise de médicaments photosensibilisants, certaines pathologies (acné, vitiligo…).

• Appliquer le produit en quantité suffisante. Renouveler régulièrement les applications.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Une jeune femme blonde à la peau claire.

– Je voudrais une crème solaire car je pars le mois prochain au bord de la mer.

– Je vois que vous avez la peau claire. Vous devez appliquer un produit avec un indice de protection élevé.

– En fait, une amie m’a conseillé de préparer ma peau au soleil en faisant des séances d’UV. Du coup, je n’ai peut-être pas besoin d’une protection élevée ?

– Les lampes UV ne préparent pas la peau au soleil : la pigmentation obtenue n’est pas photoprotectrice. De plus, ce type d’exposition peut s’avérer dangereux car les rayonnements employés sont parfois très puissants.

Qu’en pensez-vous ?

Le pharmacien a raison de mettre en garde la patiente. En principe, les lampes UV ne devraient émettre que des UVA (la réglementation interdisant l’utilisation d’UVB en dehors d’une prescription médicale). Toutefois, le rayonnement UVA utilisé est très puissant. Or, les UVA n’engendrent pas de pigmentation photoprotectrice : le bronzage obtenu de cette façon n’offre qu’une protection très limitée contre les coups de soleil. De plus, ce rayonnement expose à une accélération du vieillissement de la peau et participe au risque de développement d’un cancer cutané… Plusieurs études récentes indiquent qu’il existe un lien entre l’utilisation des lits de bronzage et l’apparition de mélanome.

Mesure de la résistance à l’eau

La mesure de la résistance à l’eau (WR) se fait selon les recommandations du COLIPA. Elle consiste à mesurer l’indice de protection (FPS) avant et après immersion. Un produit est dit « résistant » à l’eau s’il conserve au moins 50 % de son facteur de protection après 2 bains de 20 min dans l’eau. Il est dit « très résistant » s’il conserve plus de 50 % du FPS après 4 bains de 20 min dans l’eau.

EXPERT : PR MARIE-THÉRÈSE LECCIA, CHEF DE SERVICE DE LA CLINIQUE DE DERMATOLOGIE ET PHOTOBIOLOGIE AU CHU MICHALLON, GRENOBLE ET MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE DERMATOLOGIE.

INFOS CLÉS

• Les autobronzants entraînent une coloration superficielle de l’épiderme sans effet protecteur vis-à-vis des rayons UV.

• Les compléments alimentaires destinés au bronzage améliorent la tolérance de la peau au soleil.

• Les effets délétères du soleil sur la peau et les cheveux sont aussi à prendre en charge après l’exposition solaire : après-solaires, soins hydratants et nutritifs.

Pas de bêtacarotène chez le fumeur

• Plusieurs études menées chez des fumeurs ont mis en évidence que la prise de bêtacarotène à la dose de 20 à 30 mg par jour sous forme de compléments alimentaires augmenterait l’incidence du cancer du poumon en majorité, mais aussi celle de cancers digestifs. Le risque est multiplié par 2 à 3 selon les études, par rapport à la population de non-fumeurs. En revanche, ce risque n’est pas augmenté avec un apport de bêtacarotène au sein d’une alimentation normale et équilibrée.

• En effet, les produits issus du tabac (de même que l’exposition à l’amiante) entraînent une oxydation excessive dans l’organisme (stress oxydatif). Les caroténoïdes apportés par les compléments alimentaires sont donc à leur tour oxydés, et les molécules issues de cette dégradation pro-oxydantes favorisent le processus de carcinogénèse.

Testez-vous

Quelles sont les affirmations exactes concernant les autobronzants ?

a) Après leur action sur l’épiderme, les autobronzants pénètrent dans la circulation générale.

b) Les autobronzants forment des complexes colorés au niveau de la couche cornée.

c) L’intensité de la coloration dépend du pH cutané.

d) La coloration disparaît sous l’effet de la desquamation.

e) Les autobronzants s’éliminent avec l’eau.

Réponses exactes : b, c et d.

L’essentiel à retenir

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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