Le chrome - Le Moniteur des Pharmacies n° 2881 du 07/05/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2881 du 07/05/2011
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Lien Diep

Qu’est-ce que c’est ?

• Le chrome, oligoélément essentiel, joue un rôle clé dans le métabolisme glucidique et lipidique : il potentialise l’effet de l’insuline, il augmente le taux de HDL-cholestérol et réduit celui des triglycérides.

• Il intervient aussi dans le métabolisme osseux, celui des hormones corticoïdes et des acides nucléiques.

Quelles sont les sources ?

• Les aliments les plus riches en chrome (de 100 à 340 g/kg) sont la levure de bière, le foie, le jaune d’œuf et les épices. Les Français le consomment surtout dans le chocolat, les céréales, les fromages, les abats et les charcuteries, les sucres et dérivés, les entrées, les condiments et les sauces.

• La biodisponibilité du chrome est variable : plus l’apport est faible, plus le taux d’absorption est élevé. Le picolinate est mieux absorbé que le chlorure ; son absorption est augmentée en présence d’amidon, d’acides aminés, d’oxalates et d’acide ascorbique, mais réduite en présence de phytates, de manganèse, de calcium et d’antiacides ; elle est très faible pour la viande, le lait et les légumes verts, plus importante pour les céréales non raffinées.

Comment agit-il ?

• Le mécanisme d’action du chrome n’est, à ce jour, pas encore totalement élucidé.

• Son rôle dans le métabolisme glucidique a d’abord été expliqué par sa capacité à augmenter le nombre de récepteurs à l’insuline, à modifier la liaison insuline/récepteur et à augmenter l’internalisation de l’insuline.

Les autres hypothèses, plus récentes, font intervenir la chromoduline, qui amplifie le signal insulinémique, ou le cholestérol membranaire, qui restaure l’insulino-sensibilité.

Quels sont les apports recommandés ?

• L’apport journalier conseillé (ANC) est de 65 g pour les hommes et 55 g pour les femmes.

• En 2004, l’apport moyen journalier de la population française a été estimé à 77 g. Il n’y a donc pas de risque de carence pour la population générale en cas d’alimentation équilibrée.

Quelles situations exposent à une carence ?

Une excrétion urinaire du chrome accrue, en lien avec un apport de sucres rapides, le stress, un exercice physique intense, l’âge, la grossesse et l’obésité.

Quelles sont les conséquences ?

• Une carence en chrome entraîne une augmentation de l’insulinémie, du glucose plasmatique, du cholestérol, du LDL, des triglycérides dans le sang et une baisse du HDL cholestérol.

• Le risque d’ostéoporose pourrait aussi être augmenté (rôle du chrome dans le métabolisme des corticoïdes).

• Possible altération des fonctions immunes.

Quand recourir à une supplémentation ?

• Seules les populations particulières (sujets âgés, obèses, diabétiques de type 2) justifient une supplémentation (si déficit).

• L’intérêt de la prise de chrome par la population générale en prévention de l’obésité ou en cas d’insulino-résistance, pour perdre du poids ou augmenter la masse musculaire n’est à ce jour pas démontré.

Quelle est la toxicité du chrome ?

• Pas de dose limite de sécurité. L’OMS fixe la dose maximale apportée par les compléments alimentaires à 250 g/j.

• En 2010, l’EFSA a estimé qu’in vitro, à fortes concentrations, le picolinate de chrome avait un effet clastogénique, qu’in vivo cet effet n’était pas retrouvé et que le chrome n’est pas cancérogène.

Quels sont ses inconvénients ?

Des troubles gastro-intestinaux légers sont possibles pour des doses comprises entre 200 et 1 000 g/j.

Possible addition d’effets avec les plantes ou d’autres ingrédients ou médicaments hypoglycémiants.

Décaler de 2 heures la prise de chrome de celle de zinc, de calcium ou d’antiacides.

LES DIFFÉRENTES FORMES DE CHROME

• Le chrome (Cr) existe sous différents degrés d’oxydation, dont le chrome trivalent Cr III, forme sous laquelle il se présente en tant qu’oligo­élément, et le chrome hexavalent Cr VI, toxique mutagène, principalement retrouvé en milieu industriel (acier, tannage du cuir, pigments…).

• Le chrome est ingéré sous forme de Cr III ou de chrome organique GTF (Glucose Tolerance Factor), complexe comprenant du Cr III, de l’acide nicotinique et trois acides aminés. Le Cr III est très peu absorbé (de 0,4 à 3 %).

• Dans les compléments alimentaires, il se présente sous forme de sels : picolinate (absorption : de 2 à 5 %), chlorure, sulfate, etc., ou sous forme de levure enrichie, mieux absorbée (10 %).

Sources : Afssa, saisine 2007, SA-0315 du 19 janvier 2009 ; www.passeportsante.net ; « Scientific opinion on the safety of trivalent chromium as a nutrient added for nutritionnal purposes to foodstuffs for particular nutritional uses and foods intended for the general population (including food supplements) » EFSA, 2010, 8 (12) : 1882 ; « Chrome et sensibilité à l’insuline », A.M. Roussel et R.A. Anderson, Médecine et Nutrition, 2005, 41, 1 : 21-28 ; « Eléments traces essentiels en nutrition humaine : chrome, sélénium, zinc et fer », A.M. Roussel et I. Hininger-Favier, 2009 Elsevier Masson ; « Etude de l’alimentation totale en France », J.C. Leblanc et P. Verger, 2004, INRA et Afssa.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !