PHYTO, AROMA ET HOMÉO EN ORL - Le Moniteur des Pharmacies n° 2867 du 05/02/2011 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2867 du 05/02/2011
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

LE RHUME

« Je voudrais une inhalation pour Léo »

Une jeune maman entre dans la pharmacie :

– Mon fils Léo est enrhumé et a du mal à respirer, surtout la nuit. Je voudrais de l’huile essentielle d’eucalyptus globuleux pour faire des inhalations.

– Quel âge a votre fils ?

– Il va bientôt avoir 8 ans.

– L’huile essentielle d’eucalyptus contient des terpènes et ne doit donc pas être utilisée en inhalation chez un enfant de moins de 12 ans. Il faut déjà qu’il se lave le nez avec, par exemple, une solution d’eau de mer. Vous pouvez lui donner en complément de l’homéopathie, plus adaptée à son âge. Nous allons voir quel remède lui conviendrait.

Infection des voies respiratoires supérieures, le rhume est le plus souvent d’origine virale.

TRAITEMENT PHYTOTHÉRAPIQUE

Traitement général

Stimuler les défenses immunitaires

L’échinacée est la plante la plus utilisée dans cette indication et doit être prise dès les premiers symptômes. Stimulant immunitaire non spécifique, elle possède in vitro des propriétés antibactériennes et antivirales. Son emploi est déconseillé chez l’enfant de moins de 12 ans ainsi qu’en cas de grossesse et d’allaitement faute de données suffisantes.

• Posologie

• Echinacea purpurea (partie aérienne) : 6 à 9 ml de suc par jour en 2 à 4 prises ou 2 à 3 cuillères à café (10 à 15 ml) de SIPF (suspension intégrale de plantes fraîches) par jour.

• Echinacea purpurea (racine) : 4 cuillères à café d’EPS (extraits fluides de plantes fraîches standardisées) par jour diluées dans un peu d’eau.

• Echinacea pallida (racine) : 25 gouttes de teinture au 1/5 5 fois par jour.

Un avis médical est nécessaire si les symptômes persistent au-delà de 10 jours de traitement.

• Contre-indications

Maladies auto-immunes, déficit immunitaire, immuno-suppression, pathologies touchant les leucocytes, maladies systémiques évolutives.

Désinfecter les voies respiratoires

Après ingestion, les huiles essentielles contenues dans les plantes s’éliminent par voie respiratoire et exercent leur action antiseptique et fluidifiante des sécrétions. Conseiller les plantes sous forme de tisanes sucrées avec du miel, ce dernier ayant lui-même une action anti-infectieuse.

• Eucalyptus globuleux (feuille) : bonne action antiseptique et fluidifiante. Infusion 15 minutes à 10 à 20 g/l, 250 à 500 ml par jour.

• Pin sylvestre (bourgeon) : adoucissant et antiseptique. Infusion 15 minutes à 20 g/l, 250 à 500 ml par jour.

• Thym (partie aérienne) : action antibactérienne et effet tonique général. Infusion 5 minutes à 5 g/l, 250 à 500 ml par jour. CI : obstruction des voies biliaires en raison de son action cholérétique légère.

Traitement local

Il vise à décongestionner les muqueuses nasales, fluidifier les sécrétions et exercer une action antiseptique. Les plantes utilisées (thym, origan, eucalyptus, pin, sapin, myrrhe, menthe poivrée) étant riches en huiles essentielles, l’emploi de l’aromathérapie sous forme d’inhalations est une alternative intéressante.

TRAITEMENT AROMATHÉRAPIQUE

Les huiles essentielles (HE) sont choisies pour leur activité anti-infectieuse, immunostimulante et décongestionnante des voies aériennes supérieures. Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est mis en place dès les premiers symptômes. Souvent, plusieurs HE, à action synergique ou complémentaire, sont utilisées.

Le traitement associe la voie locale (inhalations sèches, sur un mouchoir ou humides) à la voie systémique grâce au passage des HE dans le sang après application sur la peau (frictions sur le thorax, le haut du dos et/ou la voûte plantaire). En friction, les HE sont le plus souvent diluées dans de l’huile végétale ou un gel neutre ; la concentration et la quantité à utiliser dépendent du but recherché, de leur caractère plus ou moins irritant pour la peau et de la sensibilité cutanée individuelle. A titre exceptionnel, des HE parfaitement tolérées peuvent être utilisées pures sur la peau durant une courte période pour répondre à une situation d’urgence.

L’emploi des HE nécessite un avis médical en cas de grossesse, allaitement, enfant de moins de 3 ans quelle que soit la voie d’administration, enfant de moins de 6 ans pour la voie orale, en cas d’asthme ou encore d’antécédents d’épilepsie.

HE antivirales

Elles contiennent du 1,8-cinéole et un alcool (alphaterpinéol, linalol, géraniol, thuyanol). Elles sont aussi immunostimulantes.

• HE de saro (Cinnamosma fragrans) : antivirale, antibactérienne et expectorante ; 1 à 5 gouttes en application locale pure ou diluée 3 fois par jour.

• HE d’eucalyptus radié (Eucalyptus radiata) : expectorante et anticatarrhale, elle s’emploie en préventif en période d’épidémie virale à raison de 4 à 6 gouttes en application quotidienne sur le thorax et le dos. En curatif, 3 à 4 gouttes d’HE pure ou diluée dans 3 gouttes d’huile de noisette en friction locale, 3 fois par jour.

• HE de ravintsara (Cinnamomum camphora CT cinéole) : indiquée dans toutes les infections virales, elle est également indiquée dans la fatigue nerveuse ou physique ; 5 gouttes 3 fois par jour en massage local. En prévention lors d’une épidémie hivernale,

4 gouttes sur la voûte plantaire ou sur le thorax matin et soir.

• HE de thym saturéoïde (Thymus satureoides) : indiquée dans les infections respiratoires chroniques virales ou bactériennes, c’est également un tonique général. A utiliser diluée (dermocausticité possible à l’état pur) : 3 gouttes dans 5 gouttes d’huile de noisette en massage local 3 fois par jour.

• HE de niaouli (Melaleuca quinquenervia) : antivirale puissante, elle est également anticatarrhale et expectorante ; 4 gouttes en friction locale, 3 fois par jour. A utiliser diluée si elle irrite la peau.

• HE d’eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus) : à la fois décongestionnante et antiseptique des voies respiratoires, elle a aussi une action anti-inflammatoire et expectorante. A utiliser diluée en application sur la peau : 2 à 4 gouttes dans 3 gouttes d’huile de noisette, 3 fois par jour. A éviter chez l’asthmatique et contre-indiqué chez l’enfant de moins de 12 ans.

HE antiseptiques

Elles sont riches en terpènes. Irritantes à l’état pur sur la peau, elles doivent être diluées. Ne pas les utiliser régulièrement pour éviter tout phénomène de sensibilisation.

• HE de sapin baumier (Abies balsamea) : spécifique des rhumes et catarrhes bronchiques, elle peut être conseillée à raison de 3 gouttes mélangées à 3 gouttes d’HE d’Eucalyptus radié dans 3 gouttes d’huile de noisette en application sur le thorax.

• HE de pin sylvestre (Pinus sylvestris) : elle est aussi expectorante et cortisone-like ; 3 gouttes dans 5 gouttes d’huile de noisette en friction locale 3 fois par jour.

HE décongestionnantes

La plus utilisée est l’HE de menthe poivrée (Mentha x piperita). D’activité antibactérienne et antivirale moyenne, elle procure par sa richesse en menthol une sensation de frais et aide à respirer.

• Modes d’utilisation

– En inhalation sèche ou humide : 2 à 4 gouttes par bol d’eau chaude, jusqu’à 3 fois par jour.

– En spray nasal contenant de 1 à 5 % d’HE pour les adolescents de plus de 16 ans et les adultes

– En application sur la peau (poitrine, dos) : préparations huileuses à 5 à 20 % d’HE chez l’adulte et l’adolescent de plus de 16 ans.

• Effets indésirables

Risque d’apnée, bronchospasme ou spasme laryngé chez les personnes sensibles.

• Contre-indications

Enfant de moins de 2 ans et antécédents de convulsions.

• Précautions d’emploi

– Enfant de moins de 4 ans et femme enceinte ou qui allaite. – Entre 4 et 16 ans, les posologies doivent être adaptées.

Exemples

– Spray : spray nasal Aromaforce, SOS Coup de froid, Zen Hiver.

– Voie orale : Oléocaps Nez/Gorge, Oléocaps Défenses naturelles.

– Inhalation : Aromasol, Myrtine Inhalante, Brumessence, Pérubore, Basofulmine…

TRAITEMENT HOMÉOPATHIQUE

Les remèdes doivent évoluer avec les symptômes.

Posologie

Tous sont à prendre en 5 ou 7 CH à raison de 3 à 5 granules, 5 fois par jour en espaçant les prises au fur et à mesure de l’amélioration, sauf Pulsatilla à prendre en 9 CH, 3 fois par jour sinon il peut accélérer une suppuration et surtout une otite, et Mercurius solubilis doit être pris en 7 à 9 CH 3 fois par jour durant 5 jours au maximum. En cas d’hésitation entre 2 souches, on peut les alterner.

Conditions de déclenchement

• Le rhume est apparu après avoir été mouillé ; éternuements, raideurs articulaires et courbatures : Rhus toxicodendron.

• Le rhume a été déclenché par l’humidité : Dulcamara, 1 dose en 15 CH.

• Le rhume survient en période de froid sec, est précédé de frissons le long de la colonne vertébrale et évolue vers des éternuements, une congestion nasale et un mal de tête : Camphora.

Aspect de l’écoulement

• Ecoulement aqueux et irritant

• L’écoulement irrite les narines et la lèvre supérieure ; éternuements en entrant dans une pièce chaude ; amélioration à l’air frais : Allium cepa.

• Des douleurs brûlantes touchent les muqueuses ; aggravation la nuit et à l’air ; les yeux larmoient ; la personne a soif, boit peu mais souvent : Arsenicum album.

• L’écoulement est abondant, brûlant et irrite la lèvre supérieure et les narines ; il est souvent associé à un mal de gorge et de l’enrouement : Arum triphyllum.

• Ecoulement aqueux et non irritant

• Le nez est bouché la nuit, coule dans la journée avec des éternuements le matin dès le lever ; amélioration à l’air frais : Nux vomica.

• Ecoulement épais et irritant

• Les sécrétions sont visqueuses, jaune verdâtre, adhèrent aux muqueuses (croûtes dans le nez) et s’écoulent dans l’arrière-gorge ; amélioration à la chaleur mais aggravation la nuit ; aggravation au froid et à l’air : Kalium bichromicum.

• L’écoulement nasal est brûlant et le nez gonflé ; les sécrétions sont jaune verdâtre, s’aggravent la nuit et à la chaleur ; mal de gorge, grande soif, salivation, langue chargée gardant l’empreinte des dents : Mercurius solubilis.

• Ecoulement épais et non irritant

• L’écoulement est jaune-vert dans la journée mais le nez est bouché la nuit avec perte d’odorat : Pulsatilla.

• Obstruction nasale

• Le nez est bouché la nuit, très sec, empêchant de respirer ; éternuements le matin : Ammonium carbonicum.

• Pulsatilla : voir ci-dessus.

• Le besoin de se moucher est permanent mais sans résultats : Sticta pulmonaria.

LES MAUX DE GORGE

« Des Blackoïds, s’il vous plaît »

Un patient de 70 ans vient renouveler son traitement antihypertenseur :

– Je voudrais aussi une boîte de Blackoïds, s’il vous plaît.

– C’est pour vous ?

– Oui, depuis ce matin j’ai un peu mal à la gorge. C’est un vieux remède qui m’a toujours bien réussi.

– Il n’est pas adapté à votre cas car il contient de la réglisse qu’il vaut mieux pas utiliser en cas d’hypertension artérielle. Mais je peux vous proposer un autre médicament à base de plantes.

Angines et pharyngites sont le plus souvent d’origine virale.

TRAITEMENT PHYTOTHÉRAPIQUE

Plantes à action antiseptique

Plantes à tanins

Elles sont utilisées pour leurs actions antimicrobienne et protectrice des muqueuses. Elles s’emploient en gargarismes tièdes 3 à 5 fois par jour.

• Ronce (feuille) : décoction 2 min à 50 g/l puis infusion 10 min.

• Potentille tormentille (rhizome) : décoction 10 min, 0,8 à 3 g/100 ml.

• Rose rouge (pétale) : infusion à 20 g/l.

• Noyer (feuille) : décoction 10 min, 1,5 g/250 ml.

• Cyprès (cône) : décoction 15 min à 5 g/250 ml. En EPS, 15 ml dans 300 ml d’eau à boire lentement en plusieurs fois dans la journée.

Plantes à huiles essentielles

De nombreuses HE possèdent une action antibactérienne.

• Pin sylvestre et sapin argenté (bourgeons), qui sont aussi adoucissants et riches en vitamine C. En pastilles ou gargarismes : infusion 10 min à 20 g/l.

• Origan (sommité fleurie), qui a d’importantes propriétés antimicrobiennes et un effet antalgique local probable. En infusion 5 min à 5 g/250 ml, à boire dans la journée.

• Thym (feuille et sommité fleurie), qui a également une action anti-inflammatoire. En gargarismes : infusion 10 min à 5 g/100 ml.

• Sauge (feuille), qui est anti-inflammatoire. En gargarismes : infusion 10 min, 2,5 g/100 ml.

Plantes adoucissantes

Elles ont pour principes actifs des mucilages. Ces polysaccharides sont solubles dans l’eau où ils forment une solution visqueuse. Absorbée lentement ou en gargarismes, elle recouvre les muqueuses d’un film protecteur vis-à-vis des irritations locales.

• Bouillon-blanc (fleur mondée) : outre des mucilages, elle contient des principes actifs anti-inflammatoires, antalgiques, antibactériens et antiviraux : infusion 15 min, 5 g pour 250 ml en gargarismes ou à boire dans la journée. Bien filtrer pour éliminer les poils qui recouvrent la plante.

• Guimauve (racine) : la racine est la partie de la plante la plus riche en mucilages ; elle a des effets anti-inflammatoires et immunostimulants chez l’animal de laboratoire ; macération 30 min en agitant fréquemment, 0,5 g à 3 g pour 150 ml d’eau à 40 °C, en gargarismes plusieurs fois par jour sans dépasser la dose journalière de 15 g.

• Mauve (feuille ou fleur) : mêmes propriétés et indications que la guimauve mais action plus légère. En gargarismes : infusion 15 min, 20 g/l.

Plantes anti-inflammatoires

• Erysimum (feuille, sommité fleurie) : surtout connue contre l’enrouement, elle porte le nom d’herbe aux chantres.

Drill Enrouement, Activox, Euphon et Voxyl sont des pastilles à base d’Erysimum.

• Réglisse (organes souterrains) : propriétés anti-inflammatoires, antibactériennes, antivirales et antifongiques. Infusion 15 min, 1 à 3 g pour 250 ml d’eau.

– Précautions d’emploi : ne pas dépasser la dose maximale (en infusion : 8 g de racine/24 h, 5 g de poudre/24 h ou, en extrait : 8 mg d’extrait/kg/24 h de glycyrrhizine). Tenir compte de l’ingestion simultanée de réglisse (boissons, confiseries).

– Contre-indications : hypertension, grossesse, allaitement, hypokaliémie, cirrhose hépatique, insuffisance rénale grave.

– Effets indésirables : en cas de surdosage ou d’usage prolongé. Ils sont de type minéralocorticoïde : rétention d’eau et de sodium, pertes en potassium avec hypertension et œdèmes.

– Interactions médicamenteuses : avec les médicaments qui augmentent l’élimination de potassium (risque accru de sensibilité aux digitaliques).

• Souci (capitule) : à la fois anti-inflammatoire, cicatrisant, immunostimulant et antibactérien. 50 gouttes de teinture mère dans 1/2 verre d’eau en gargarisme.

• Matricaire (capitule) : anti-inflammatoire, cicatrisante et antimicrobienne. En gargarismes sous forme d’infusion 15 min, 2,5 g pour 250 ml d’eau.

• Plantain (feuille), à la fois adoucissant et émollient grâce à la présence de mucilages, il est également anti-inflammatoire et antibactérien ; macération pendant 1 à 2 h de 1,5 g dans 150 ml d’eau, en remuant fréquemment, en gargarismes.

TRAITEMENT AROMATHÉRAPIQUE

À visée antivirale, antibactérienne et antalgique, il est d’autant plus efficace qu’il est débuté dès les premiers signes. Il est d’abord local : gargarisme, spray, HE appliquées sur le cou au niveau des amygdales ou sucées sur un morceau de sucre, ou encore à prendre mélangées à une cuillère à café de miel. Lorsque le mal de gorge est d’origine bactérienne, le traitement local est complété par un traitement oral sous contrôle médical. Tenir compte des précautions d’emploi données pour le rhume.

L’activité antibactérienne des HE utilisées localement est liée essentiellement à la présence d’alcools terpéniques (géraniol, thuyanol, terpinène-1-ol-4), qui confèrent également des propriétés antivirales. Il peut être utile d’associer deux HE contenant des alcools différents pour élargir le spectre antimicrobien.

• HE de thym (thuyanol - Thymus vulgaris CT thuyanol) : indiquée dans les infections ORL, buccales, urinaires ou cutanées ; dès le début du mal de gorge, 2 gouttes d’HE sur 1/4 de morceau de sucre à sucer 3 à 4 fois par 24 h. A conseiller en première intention.

• HE d’arbre à thé (terpinène-1-ol-4 - Melaleuca alternifolia) : indiquée dans toutes les infections bactériennes, virales, candidosiques. A utiliser de préférence en association avec d’autres HE pour obtenir une synergie ; son mauvais goût peut donner une haleine désagréable ; 1 goutte 3 fois par jour.

• HE de palmarosa (géraniol - Cymbopogon martinii), elle agit aussi comme antalgique ; 2 gouttes 3 fois par jour sur le cou ; grande prudence chez la femme enceinte.

• HE de menthe poivrée (Mentha x piperita) est utilisée en complément pour son action antalgique, anti-inflammatoire et plus faiblement antibactérienne ; 2 gouttes 3 à 4 fois par jour sur un morceau de sucre à sucer. Attention à ses précautions d’emploi (voir page 2) !

Exemples

Aromagom, Aromaforce Spray buccal, Pâtes Suisses…

LES AFFECTIONS GRIPPALES

« Echinacée ou Oscillococcinum ? »

Une jeune femme, la trentaine :

– J’ai dû prendre froid ou alors c’est un début de grippe. Une collègue de bureau me conseille de prendre tout de suite Oscillococcinum et une autre me dit de prendre de l’échinacée. Qu’en pensez-vous ?

– Les deux sont utilisés pour combattre les états grippaux, mais doivent souvent être complétés par d’autres médicaments. Je peux vous aider à choisir un traitement en fonction de vos symptômes.

La grippe est le plus souvent bénigne et, en règle générale, les symptômes disparaissent en 2 à 7 jours. Mais la toux résiduelle et, surtout, l’asthénie peuvent persister. Lorsqu’il s’agit d’un simple état grippal, les symptômes sont moins marqués.

TRAITEMENT PHYTOTHÉRAPIQUE

Il doit être mis en œuvre dès les premiers signes et a plusieurs objectifs.

Stimuler les défenses immunitaires

L’objectif est de raccourcir la durée de l’épisode infectieux et de réduire l’intensité des symptômes.

• Echinacée : doit être pris dès les premiers symptômes, à la même posologie que pour le rhume (voir page 2), et en tenant compte de ses contre-indications et précautions d’emploi. Lorsque la maladie infectieuse est nettement déclarée, la prise d’Echinacée ne semble pas apporter de bénéfice et est limitée à une durée de 10 jours sans avis médical.

• Le cyprès lui est parfois associé pour son action antivirale ; par exemple, EPS échinacée et EPS cyprès, 2 cuillères à café par jour de chaque pendant 5 à 7 jours.

• Acérola et cynorrhodon, plantes riches en vitamine C. Les lymphocytes ont des besoins importants en vitamine C pour lutter contre les infections.

Traiter la fièvre

Plantes fébrifuges

Leur prise dans cette indication ne devrait pas dépasser 3 jours sans avis médical.

• Saule (écorce) : il contient au minimum 1,5 % de dérivés salicylés, en partie à l’origine de son action anti-inflammatoire, antalgique et antipyrétique ; décoction 15 min à 20 g/l, 250 à 500 ml/jour.

• Reine-des-prés (sommité fleurie) : c’est dans l’huile essentielle que sont libérés, lors du séchage de la plante, les dérivés salicylés qui expliquent son action anti-inflammatoire et antipyrétique. Egalement diurétique, elle est utilisée en cas de fièvre et de douleurs ; infusion 15 min dans de l’eau chaude (mais non bouillante pour éviter la volatilisation des principes actifs) à 20 g/l, 250 à 500 ml/jour, à boire chaud.

Contre-indications pour ces deux plantes : hypersensibilité à l’aspirine ou aux AINS, asthme, ulcère peptique en cours, troubles de la coagulation sanguine, altération sévère des fonctions rénales ou hépatiques, enfants et adolescents de moins de 12 ans, grossesse.

Il ne faut pas les utiliser en même temps que l’aspirine ou d’autres AINS sans avis médical. Ils risquent d’augmenter les effets des anticoagulants oraux. Ces précautions d’emploi sont toutefois à relativiser car elles ne sont réelles que pour une utilisation en traitement continu.

• Quinquina rouge (écorce de tige) : il n’est plus utilisé en tisane en vrac dans les états fébriles en raison de ses effets indésirables en cas de surdosage. Il contient un alcaloïde, la quinine, à action antimalarique et très modestement antipyrétique (centrale). C’est aussi un tonique amer stimulant de l’appétit. Pour des doses supérieures à 2 g de quinine/jour, apparition de troubles neurosensoriels et cardiaques. Il existe également un risque, rare, de sensibilisation se manifestant par allergie, fièvre et exceptionnellement thrombocytopénie.

Plantes sudorifiques

Les plantes sudorifiques facilitent l’élimination de la chaleur par la transpiration, favorisant ainsi la baisse de la température corporelle. Elles sont plus efficaces si elles sont bues en infusion chaude.

• Sureau (fleur) : aussi diurétique ; en infusion 10 min, 2 à 5 g/tasse, 1 tasse 3 fois par jour. Limiter le traitement à 8 jours.

• Tilleul (inflorescence) : également anxiolytique et sédatif, il faut préférer une prise en fin de journée ; infusion 15 min à 10 g/l, 250 à 500 ml/jour.

Traiter la toux

Plantes à mucilage

Elles adoucissent la gorge et créent une barrière physique qui protège des irritations locales. Il est conseillé de les prendre sous forme liquide, à boire lentement.

• Bouillon-blanc (fleur mondée) : infusion 10 min, 1,5 à 2 g/tasse, à raison d’une tasse 3 à 4 fois/jour.

• Guimauve (racine) : principe de la macération, 30 min mais avec de l’eau à 40°, 0,5 à 3 g/tasse, en agitant fréquemment, une tasse plusieurs fois par jour sans dépasser la dose maximale de 15 g de plante. Boire immédiatement. La macération avec de l’eau tiède permet d’extraire le mucilage sans extraire l’amidon, ce qui nuirait à la qualité de la préparation.

• Mauve (feuille et fleur) : moins riches en mucilage que la Guimauve ; infusion 15 min à 10 g/l, 500 à 1 000 ml/jour.

• Violette (fleur) : adoucissante et anti-inflammatoire en expérimentation animale ; en infusion 15 min, 5 g/250 ml à 500 ml d’eau à boire dans la journée.

• Les « espèces pectorales » sont constituées à parts égales de fleurs de mauve, guimauve, bouillon-blanc, tussilage, pied de chat, violette, coquelicot ; infusion de 15 min à la concentration de 5 g/l en cas de toux, 3 à 4 tasses par jour.

Plantes antispasmodiques

Elles permettent de calmer la toux.

• Droséras : ces plantes de conservation difficile, souvent protégées, sont employées surtout en homéopathie et sous forme de spécialités.

• L’eau de laurier-cerise est stimulant respiratoire et antispasmodique. Elle est toxique par la présence d’acide cyanhydrique. Elle était utilisée dans les sirops pour contrecarrer l’effet dépresseur des opiacés.

Spécialités antitussives : Pertudoron, Stodal, Drosetux, Pectoflorine

TRAITEMENT AROMATHÉRAPIQUE

La prise en charge des états grippaux est à visée antivirale et immunostimulante. Elle utilise les mêmes HE que celles utilisées dans le traitement du rhume ; elles sont appliquées si possible pures, pour plus d’efficacité, et jusqu’à 6 fois par jour sur le thorax et le haut du dos, ou le long de la colonne vertébrale ou encore la voûte plantaire. Si le traitement est débuté dès les premiers symptômes, il est à poursuivre 3 jours. S’il est mis en œuvre plus tardivement, il y a risque de surinfection bactérienne : il devra être poursuivi durant 5 à 7 jours et complété, après avis médical, par un traitement antibactérien par voie orale (HE d’Origanum compactum, de sarriette).

• Par exemple, dès les premiers symptômes, conseiller l’HE de Cinnamomum camphora CT cinéole (ravintsara) : 10 gouttes pures sur le thorax et la colonne vertébrale, 3 à 4 fois par jour durant 2 à 3 jours.

• Ce traitement de première intention est à compléter par la diffusion atmosphérique d’HE à activité antiseptique pour limiter la contagion. Ne pas diffuser d’HE antibactériennes irritantes pour les muqueuses (HE à phénols). Préférer les essences d’agrumes qui sont de bons antiseptiques aériens (citron, pamplemousse, orange douce) et les HE antivirales douces qui dégagent aussi les voies respiratoires (HE sapin baumier, pin, eucalyptus radié, bois de rose, eucalyptus globuleux mais en petite quantité).

• Mode opératoire : avec un diffuseur électrique, aseptiser 15 à 20 minutes 2 à 3 fois par jour, pièces vides, puis maintenir l’asepsie en diffusant 5 à 10 minutes toutes les 2 heures, sauf dans les pièces où séjournent des enfants de moins de 3 ans et en dehors de la présence des enfants de 3 à 10 ans.

Exemples

Phytaroma GAE capsules, Aromaforce, Pranaforce Résistance et Défenses naturelles…

TRAITEMENT HOMÉOPATHIQUE

Il est efficace s’il est mis en œuvre tout de suite. Le choix des souches dépend du stade de l’épisode grippal.

A la phase d’invasion

Dès les premiers frissons, conseiller de prendre Oscillococcinum, 1 dose 3 fois par jour à 6 h d’intervalle pendant 2 jours ou Influenzinum 9 CH, 1 dose le jour même et Sérum de Yersin 9 CH le lendemain, 1 dose.

Y associer dans les deux cas :

• Aconitum : la fièvre est d’apparition brutale élevée (supérieure à 39°), la peau est rouge, sèche ; soif intense ; 1 dose en 7 CH ou 3 granules en 7 CH toutes les heures.

• Ou Belladonna : dès que la transpiration apparaît. La peau est très rouge et très chaude, irradiant la chaleur, température voisine de 39°.

A la phase d’état

Il est fréquent d’alterner deux souches parmi les suivantes :

• Si la douleur est au premier plan

• Rhus toxicodendron : douleurs musculaires diffuses avec besoin de changer de position ; fièvre élevée, visage très rouge, toux sèche. Remède fréquent quand les épidémies surviennent lorsque le temps est humide.

• Eupatorium perfoliatum : courbatures généralisées avec sensations de douleurs osseuses, douleurs de la tête et des globes oculaires ; peu ou pas de sueurs, soif ; très grande sensibilité au froid ; fièvre plus élevée le matin.

• Gelsemium : douleurs musculaires diffuses, frissons, tremblements ; sujet abattu et somnolent. Fièvre sans soif. Remède fréquent lorsque les épidémies surviennent par temps doux.

• Si la toux est au premier plan

• Bryonia : toux sèche douloureuse, fièvre modérée, soif de grandes quantités d’eau froide. Aggravation de tous les symptômes (maux de tête, douleurs musculaires) par le moindre mouvement obligeant à l’immobilité.

• Ferrum phosphoricum : toux sèche et douloureuse, fièvre modérée (38-38,5°) ; inflammation des tympans et des bronches ; congestion du visage qui est tantôt pâle, tantôt rouge ; douleurs battantes.

Posologie : prendre en 9 CH, 3 à 5 granules toutes les heures ou en alternance, en espaçant au fur et à mesure de l’amélioration.

En fin de maladie

Pour accélérer la convalescence : Sarcolactic acidum : prendre 1 dose en 9 CH s’il y a eu beaucoup de courbatures ou Avena sativa 1 DH, 10 gouttes matin et soir en cas de fatigue et perte d’appétit.

Exemples

Homéogrippe, Paragrippe, L 52, Oscillococcinum, Infludo.

LA BRONCHITE AIGUË

« Mon mari tousse très gras »

Madame L. se présente à la pharmacie :

– Mon mari a attrapé ma bronchite. Peut-il prendre l’acétylcystéine qui m’a été prescrite ?

– Sa toux est-elle grasse ? A-t-il une maladie respiratoire ou cardiaque qui nécessiterait de consulter ? Souffre-t-il d’un ulcère gastrique ?

– Sa toux est très grasse et il prend effectivement un traitement pour son ulcère.

– Il doit donc éviter l’acétylcystéine. Je vais plutôt vous proposer un produit à base de plantes. Quelle forme galénique préfère-t-il ?

La bronchite aiguë a pour origine une infection virale dans la majorité des cas. Elle provoque une toux grasse avec des sécrétions jaunâtres. D’autres symptômes peuvent être associés : fièvre modérée, maux de tête et fatigue. Elle guérit en une à trois semaines mais peut se compliquer et évoluer vers une pneumonie.

Il faut d’abord observer des règles hygiénodiététiques simples : se reposer, boire chaud (suffisamment pour hydrater les muqueuses et fluidifier les sécrétions), humidifier l’air ambiant (surtout la chambre à coucher), éviter l’exposition au tabac, aux polluants atmosphériques et à l’air froid.

Le traitement spécifique, s’il est nécessaire, vise à soulager la gêne respiratoire.

TRAITEMENT PHYTOTHÉRAPIQUE

Il est à base de plantes expectorantes. Le type même des expectorants est l’ipéca à faible dose (Phytotux…). De nombreuses plantes expectorantes peuvent être proposées à l’officine (voir tableau page 12).

TRAITEMENT AROMATHÉRAPIQUE

A visée antibactérienne, antivirale, mucolytique et expectorante, il associe souvent plusieurs HE pour obtenir un traitement efficace. En première intention, les HE sont utilisées en application sur la peau (thorax, haut du dos) pendant une dizaine de jours. Dans les cas plus sévères (surinfection bactérienne), l’application cutanée est complétée, après avis médical, par un traitement oral ou des suppositoires associant des HE fortement anti-infectieuses. Il existe cependant des spécialités (solution buvable Gouttes aux essences) pour la voie orale destinées aux cas simples de bronchites et plus faciles à conseiller qu’un traitement par ces mêmes HE prises pures par voie orale.

L’activité expectorante

Elle est surtout liée à la présence de 1,8-cinéole (eucalyptol) ou de terpènes (pinène). Le 1,8-cinéole est aussi décongestionnant des voies respiratoires, immunostimulant et plus faiblement mucolytique.

HE à 1,8-cinéole

Ce sont les mêmes HE que celles utilisées dans le traitement du rhume et elles le sont à la même posologie.

• HE d’eucalyptus globuleux : une des HE les plus riches en cinéole, surtout si elle est rectifiée, pouvant conduire à des spasmes bronchiques.

• HE de niaouli : une des principales HE des affections respiratoires.

• HE d’eucalyptus radié : elle a une bonne tolérance cutanée.

• HE de ravintsara : à utiliser en première intention au tout début d’une infection virale. La demande excède l’offre et son prix devient élevé.

• HE de saro ou mandravasarotra : elle peut remplacer l’HE de ravintsara dans les infections virales et agit aussi en synergie avec cette dernière dans la stimulation immunitaire.

HE à 1,8-cinéole et lactone

• HE de laurier commun (Laurus communis) : antivirale, antibactérienne et expectorante, elle est légèrement mucolytique. Appliquée sur la peau, elle peut être à l’origine d’une sensibilisation de type allergique ; préférer 2 à 3 gouttes diluées dans 2 gouttes d’huile de noisette en application sur le thorax, 3 fois par jour.

HE à pinènes

Attention à leur pouvoir irritant lorsqu’elles sont appliquées pures sur la peau ! Il faut les utiliser à la dilution maximale de 20 %.

• HE de pin sylvestre : même posologie que pour le rhume.

L’activité mucolytique

Elle est due à la présence de cétones (verbénone, menthone, pipéritone) ou de lactones (alantolactone). Les cétones présentent l’inconvénient d’une neurotoxicité plus ou moins importante selon la cétone mais qui contre-indique l’emploi des HE qui en contiennent chez l’enfant de moins de 6 ans. Les lactones sont allergisantes (HE de laurier déjà citée).

HE à cétones

• HE de romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis CT verbénone) : elle a de bonnes propriétés mucolytiques et expectorantes d’où son indication dans la bronchite et la congestion pulmonaire. Régulateur endocrinien, elle est contre-indiquée en cas de cancer ou d’antécédent de cancer hormonodépendant et ne doit pas être utilisée de façon prolongée sans avis médical ; 3 gouttes 3 fois par jour sur le thorax.

• HE d’eucalyptus mentholé (Eucalyptus dives) : elle est au premier rang pour traiter les pathologies avec encombrement respiratoire ou ORL (sinus) par du mucus. Son usage par voie orale est réservé aux thérapeutes. En application sur la peau, elle peut être sensibilisante et nécessite d’être diluée. Pas d’utilisation prolongée sans avis médical . 2 gouttes d’HE plus 2 gouttes d’huile de noisette, 3 fois par jour sur le thorax.

HE complémentaires

Ce sont des HE antimicrobiennes comme le thym saturéoïde et l’arbre à thé.

Exemples

Gouttes aux essences (voie orale), Pectoderme (en application sur la peau).

TRAITEMENT HOMÉOPATHIQUE

En cas de toux, on peut utiliser de nombreux médicaments homéopathiques. Certains sont plus faciles à utiliser et à conseiller. Les principaux remèdes de la toux grasse peuvent se différencier par les modalités d’aggravation ou d’amélioration par la chaleur.

• Toux grasse améliorée par la chaleur

• Ipeca : toux ininterrompue accompagnée de nausées ; beaucoup de mucus dans les bronches mais expectoration parfois peu abondante. Souvent donné en phase d’état en alternance avec Antimonium tartaricum.

• Kalium bichromicum : toux due aux mucosités du nez, épaisses, visqueuses jaunes ou verdâtres. Amélioration à la chaleur du lit mais aggravation dans la nuit.

• Aggravation à l’air frais et en se déshabillant

• Corallium rubrum : toux quinteuse avec vomissements de glaires. Aggravation par l’air frais (la personne dort sous les couvertures) et au réveil.

• Toux grasse aggravée par la chaleur

• Antimonium tartaricum : mucus accumulé dans les bronches, expectoration difficile, respiration gênée (graillonnante).

• Pulsatilla : toux grasse le jour avec expectoration jaune verdâtre, sèche la nuit. Perte du goût et de l’odorat.

Posologie : ces médicaments sont à prendre en 9 CH, 2 à 5 fois par jour en espaçant au fur et à mesure de l’amélioration, ou après chaque quinte de toux.

L’INTERVIEW Dr Paul Goetz MÉDECIN PHYTO-AROMATHÉRAPEUTE ET RÉDACTEUR EN CHEF DE LA REVUE PHYTOTHÉRAPIE

« Les officinaux ont fait un effort pour répondre à la demande des patients »

Les Français sont-ils de plus en plus demandeurs de médecines naturelles ?

Oui, mais ils ne savent pas pour autant se soigner tout seuls et se tournent souvent vers un spécialiste. Les pharmaciens ont d’ailleurs fait un effort pour pouvoir répondre à la demande des patients et ont acquis des connaissances spécifiques, en participant notamment à des DU. Comme pour toute spécialisation, l’important est de pouvoir recevoir une formation permettant de répondre au plus grand nombre de questions possible, et d’orienter vers un médecin si nécessaire.

Les plantes, largement utilisées, sont-elles pour autant mieux étudiées ?

Le problème des études réalisées sur les plantes est réel. En effet, les plantes sont de plus en plus utilisées, y compris dans le domaine agroalimentaire, lequel n’a pas les mêmes exigences en matière de connaissances scientifiques, ce qui risque d’entraîner une augmentation du nombre de plantes sur le marché sans que des études soient réalisées.

Quelles sont les précautions à prendre en matière d’aromathérapie ?

Souvent, un médecin prescrivant de la phytothérapie associe de l’homéopathie, et inversement. Concernant l’aromathérapie, c’est une thérapeutique à part car elle fait souvent appel à des mélanges d’huiles essentielles dont la prescription par le médecin est impérative. Le pharmacien est le seul vraiment apte à contrôler et à honorer ladite ordonnance. Le risque réside dans le fait que les patients préparent eux-mêmes leurs mélanges, avec les problèmes liés aux interactions et aux surdosages. Il faut toujours avoir à l’esprit que les huiles essentielles sont contre-indiquées chez les enfants, femmes enceintes et allaitantes, d’autres alternatives étant alors possibles.

Bibliographie complète des Cahiers Formation sur WK-Pharma.fr/onglet Formation

INFOS CLÉS

• Les inhalations à base d’huiles essentielles sont conseillées chez l’adulte et l’enfant de plus de 12 ans pour décongestionner les voies respiratoires supérieures.

• L’échinacée, déconseillée avant 12 ans, permet de réduire la durée et l’intensité de l’épisode infectieux à condition d’être prise dès les premiers symptômes.

• L’application cutanée d’HE d’eucalyptus radié ou de ravintsara en période épidémique hivernale vise à éviter les infections virales contagieuses.

Comment faire une inhalation avec des HE ?

Dans un inhalateur ou à défaut dans un grand bol, verser de l’eau bouillante, ajouter 2 à 5 gouttes d’HE pures ou la quantité indiquée pour un mélange prêt à l’emploi. Respirer doucement et profondément au-dessus de l’inhalateur. Faire 2 à 3 inhalations par jour de 5 à 10 minutes chacune, en évitant de sortir dans l’heure qui suit l’inhalation. Les inhalations avec des HE sont réservées à l’adulte et à l’enfant de plus de 12 ans (risque d’abaissement du seuil épileptogène). Elles ne doivent pas utiliser d’HE dermocaustiques, irritantes ou neurotoxiques et sont contre-indiquées en cas d’asthme, couperose, irritations cutanées localisées au visage.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Madame L. est perplexe devant sa prescription de Ribes nigrum MG 1D.

– Je ne connais pas ce médicament. Est-ce de l’homéopathie ? Comment dois-je le prendre ?

– C’est ce qu’on appelle un gemmothérapique. Il est préparé à partir de bourgeons de cassis. Vous devez diluer quelques gouttes dans un demi-verre d’eau et les prendre au réveil.

Le pharmacien a-t-il donné le bon conseil ?

Oui. Il est conseillé de diluer les gouttes de gemmothérapiques dans un demi-verre d’eau quelques minutes avant les repas et de préférence sans les mélanger.

Propolis et maux de gorge

La propolis regroupe un ensemble de substances récoltées par les abeilles sur certains végétaux. Anti-infectieuse, immunomodulatrice, antioxydante et antiradicalaire, anti-inflammatoire, la propolis a en usage externe (pastilles à sucer, spray buccal) une action cicatrisante et anesthésiante. A ce titre, elle est indiquée en complément du traitement des trachéites, laryngites, rhinopharyngites et inflammations ORL. Effets indésirables possibles : hypersensibilité, effets cutanés et respiratoires (surtout en cas d’antécédents allergiques) et insuffisance rénale aiguë.

INFOS CLÉS

• En phytothérapie, l’Erysimum est la plante majeure des atteintes pharyngées avec enrouement ou extinction de voix.

• En aromathérapie, l’HE de thym vulgaire à thuyanol est donnée en première intention pour les maux de gorge.

• On peut faire un gargarisme avec Phytolacca et Calendula TM 4 fois par jour.

Testez-vous

En cas de mal de gorge, vous pouvez proposer :

a) des pastilles à la réglisse

b) Apis 5 CH si les douleurs sont améliorées par le chaud

c) De l’HE de thym à thuyanol à sucer sur un morceau de sucre.

Réponses : a et c.

Traitement homéopathique

• Prendre 3 à 5 granules 5 CH trois à six fois par jour sauf Mercurius solubilis (7 CH trois fois par jour), en espaçant les prises avec l’amélioration.

• Spécialités : Homéogène 9, Angipax, Complexe 39 (Lehning)…

• En complément : gargarismes avec Calendula et Phytolacca TM, 25 gouttes de chaque dans un peu d’eau, 4 fois par jour.

INFOS CLÉS

• Les traitements homéopathique, phytothérapique et aromathérapique ont une bonne efficacité dans les affections grippales si le traitement est mis en œuvre dès les premiers frissons.

• La prise d’échinacée peut être associée à celle de cyprès ou de plantes fébrifuges.

• L’HE de ravintsara peut être utilisée en première intention en application sur le thorax et le haut du dos ou le long de la colonne vertébrale.

• Oscillococcinum ou Influenzinum et Sérum de Yersin sont à prendre avec Aconit ou Belladonna.

La gelée royale en convalescence

• La gelée royale, sécrétée par les abeilles, sert à nourrir la reine qui vit ainsi 5 ans contre 6 semaines environ pour les ouvrières. Stimulant immunitaire et de l’humeur, elle accroît la vitalité et la longévité, tout du moins chez l’animal de laboratoire, et aurait des propriétés antivirales (grippe, herpès).

• Elle est recommandée au convalescent, en cas de fatigue et de surmenage, y compris chez le sportif, et au bien portant qui souhaite rester en forme.

• La posologie conseillée est de 100 à 250 mg par jour de gelée royale lyophilisée (ou l’équivalent frais) à prendre le matin à jeun pendant 3 semaines. Elle se conserve au réfrigérateur quand elle est fraîche uniquement.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Une patiente revient de chez son médecin homéopathe avec une ordonnance pour une affection grippale

– Le médecin m’a prescrit Oscillococcinum et des Gouttes aux essences. Il y a de la menthe dans ce médicament. Je croyais qu’il ne fallait pas prendre de menthe quand on prend de l’homéopathie.

– Effectivement, la menthe diminue l’absorption des médicaments homéopathiques quand on prend les deux en même temps ou si l’on prend la menthe juste avant l’homéopathie. Si vous prenez les Gouttes aux essences 1 heure après la dose d’Oscillococcinum, il n’y a pas de risque.

Que pensez-vous du conseil du pharmacien ?

Le pharmacien a raison et a donné le bon conseil. Le menthol de l’HE de menthe poivrée provoque une vasoconstriction capillaire. Au niveau sublingual, ceci diminue l’absorption des médicaments homéopathiques si la menthe est prise juste avant ceux-ci. Pour prévenir ce risque, prendre la menthe 1 heure après les remèdes homéopathiques ou sous forme de gélules.

Mode d’action des plantes expectorantes

Les plantes expectorantes facilitent l’élimination des glaires :

• en fluidifiant les sécrétions par augmentation de la sécrétion séreuse au niveau des voies respiratoires, ce qui permet leur hydratation et les rend moins visqueuses (plantes à saponosides) ;

• en facilitant leur expectoration par stimulation de l’activité mucociliaire bronchique (exemples : HE, isothiocyanates provenant de la dégradation d’hétérosides soufrés comme les glucosinolates).

Des propriétés antimicrobiennes peuvent s’y rajouter.

INFOS CLÉS

• Les plantes expectorantes et fluidifiantes des sécrétions bronchiques sont la base du traitement des bronchites aiguës bénignes : eucalyptus globuleux, lierre commun, plantain, primevère, thym, réglisse.

• Les HE expectorantes et mucolytiques s’emploient en application sur le thorax : niaouli, eucalyptus globuleux, ravintsara, saro, laurier.

Testez-vous

Je suis une plante dont les organes souterrains ont des propriétés expectorantes, anti-inflammatoires, antispasmodiques et antimicrobiennes. Qui suis-je ?

a) le radis noir

b) le lierre commun

c) la réglisse

Réponse : c.

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