Les troubles de l’érection - Le Moniteur des Pharmacies n° 2852 du 30/10/2010 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2852 du 30/10/2010
 

Cahiers Formation du Moniteur

Ordonnance

Une prescription à la loupe

Première prescription de Levitra

RÉCEPTION DE L’ORDONNANCE

Pour qui ?

Monsieur M., 62 ans.

Par quel médecin ?

Dr P. Marq, urologue.

L’ordonnance est-elle recevable ?

Oui, il n’y a pas de médicament à délivrance particulière.

QUEL EST LE CONdiv DE L’ORDONNANCE ?

Que savez-vous du patient ?

Monsieur M. vient tous les mois depuis plusieurs années pour renouveler son traitement antiangoreux : acébutolol 200 mg, Adancor (nicorandil) 20 mg, Kardégic (acétylsalicylate de lysine) 75 mg et Crestor (rosuvastatine) 10 mg. Il a arrêté de fumer depuis 2 ans. Il ne s’est jamais plaint de troubles de l’érection à la pharmacie.

Quel était le motif de la consultation ?

Sur les conseils de son cardiologue, il est allé consulter un urologue pour des problèmes de dysfonction érectile.

Que lui a dit l’urologue ?

La dysfonction érectile dont se plaint monsieur M. peut être favorisée par l’angor, qui est un facteur de risque indirect.

Concernant la responsabilité de l’acébutolol, susceptible d’induire des troubles de l’érection comme tous les bêtabloquants, elle est difficile à évaluer et la décision d’interrompre le traitement bêtabloquant n’est pas envisageable sans l’avis du cardiologue. D’après l’urologue, très nombreux sont les patients sous bêtabloquants qui ne présentent aucun trouble érectile.

Vérification de l’historique du patient

L’historique médicamenteux comporte le traitement antiangoreux.

LA PRESCRIPTION EST-ELLE COHÉRENTE ?

Que comporte la prescription ?

L’urologue lui a prescrit Levitra (vardénafil), un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 (PDE-5). L’inhibition de cette enzyme limite la recontraction des cellules musculaires lisses caverneuses ou artérielles une fois leur relaxation obtenue et permet de maintenir l’érection.

Est-elle conforme aux référentiels ?

Oui. Après une prise en charge des facteurs de risques et des comorbidités, et après appréciation du statut cardiovasculaire du patient, l’urologue lui a prescrit un des inhibiteurs de la PDE-5 qui peuvent représenter un traitement de première intention.

Y a-t-il des médicaments à marge thérapeutique étroite ?

Non.

Y a-t-il des contre-indications pour ce patient ?

Non, à la connaissance du pharmacien, monsieur M. n’a pas de contre-indication à Levitra (perte de vision due à une neuropathie optique ischémique, insuffisances rénale, cardiaque et hépatique, angor instable…)

Les posologies sont-elles cohérentes ?

La dose recommandée est bien de 10 mg à prendre environ 25 à 60 minutes avant l’activité sexuelle. Il ne faut pas dépasser une prise par jour. Une stimulation sexuelle est requise pour que Levitra soit efficace.

Y a-t-il des interactions ?

Oui. Levitra interagit avec l’un des médicaments habituels du patient.

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

L’interaction médicamenteuse concerne :

1) Levitra et Adancor, mais il suffit de prendre Levitra à distance ou de remplacer Adancor par de la molsidomine.

2) Levitra et Adancor : c’est une contre-indication absolue.

3) Levitra et Kardégic. Par son effet antiagrégant plaquettaire, Kardégic réduit le remplissage des corps caverneux et donc l’érection.

L’administration concomitante de Levitra (ou de tout autre inhibiteur de la PDE-5) avec les dérivés nitrés ou les donneurs de monoxyde d’azote comme Adancor est contre-indiquée (réponse 2). Levitra ne peut donc être délivré. Le risque est d’obtenir une potentialisation des effets hypotenseurs d’Adancor par Levitra.

Après avoir expliqué à monsieur M. que ces deux médicaments ne pouvaient être pris ensemble, le patient s’est souvenu de sa consultation avec l’urologue. Ce dernier l’a bien interrogé sur son traitement. Monsieur M. lui a mentionné l’acébutolol, Kardégic et Crestor, mais a oublié Adancor. Le pharmacien décide de joindre par téléphone l’urologue.

Appel au prescripteur

– Bonjour Docteur Marq, je suis le pharmacien de Monsieur M. Votre patient a oublié de vous préciser qu’il prenait Adancor en traitement de fond pour son angor. Je ne peux donc pas lui délivrer Levitra.

– Bien sûr. Conservez l’ordonnance et dites-lui de reprendre rapidement un rendez-vous pour que l’on change de traitement.

RÉCEPTION DE L’ORDONNANCE

Par quel médecin ?

Le même urologue que précédemment, le Dr Marq.

L’ordonnance est-elle recevable ?

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

1) Oui, l’ordonnance est recevable.

2) Non, la prescription de Caverject Dual suit la procédure des médicaments d’exception et nécessite donc une ordonnance à 4 volets.

Caverject Dual suit la procédure des médicaments d’exception uniquement dans le traitement des troubles de l’érection chez les patients souffrant de troubles organiques particuliers.

La prescription concernant monsieur M. n’entre pas dans ce cadre. Elle doit donc se faire sur une ordonnance classique. Il n’y aura pas de prise en charge par la Sécurité sociale. L’ordonnance de monsieur M. est donc bien recevable en l’état (réponse 1).

QUEL EST LE CONdiv DE L’ORDONNANCE ?

Que lui a dit le médecin ?

Le médecin lui a prescrit un autre médicament, Caverject Dual, qui s’injecte, et lui a expliqué qu’il n’y aurait pas d’interaction avec son traitement pour l’angor. Il a défini la dose à injecter avec monsieur M. et lui a montré l’utilisation de Caverject Dual.

LA PRESCRIPTION EST-ELLE COHÉRENTE ?

Que comporte la prescription ?

L’ordonnance comporte Caverject Dual (alprostadil). L’alprostadil est la forme naturelle de prostaglandine E1.

Il induit une érection 5 à 15 min suivant l’injection en relaxant les muscles lisses et en dilatant les artères caverneuses.

Est-elle conforme aux référentiels ?

Oui, ce traitement est indiqué notamment en cas de contre-indication aux traitements oraux (ou d’inefficacité de ceux-ci).

Y a-t-il des médicaments à marge thérapeutique étroite ?

Non.

Y a-t-il des contre-indications pour ce patient ?

Non, il n’y a pas de contre-indications connues du pharmacien pour ce patient.

Les posologies sont-elles cohérentes ?

Oui. L’administration se fait par injection intracaverneuse et la dose minimale efficace est déterminée individuellement avec l’urologue (ici 7,5 µg). Le patient sélectionne la dose prescrite par rotation du corps du dispositif d’injection dans le sens des aiguilles d’une montre. Chez la majorité des patients, une réponse satisfaisante est obtenue avec une dose comprise entre 5 et 20 µg. La fréquence maximale recommandée des injections ne doit pas dépasser une par jour et trois par semaine.

La prescription pose-t-elle un problème particulier ?

Non.

Y a-t-il des interactions ?

Non.

Le traitement requiert-il une surveillance particulière ?

Oui. Après apprentissage auprès d’un personnel médical expérimenté, les injections peuvent être faites par le patient à son domicile. Un suivi régulier est recommandé (tous les 3 mois), notamment au cours de la période des premières auto-injections pendant laquelle un ajustement de la posologie peut être nécessaire.

QUELS CONSEILS DE PRISE DONNER ?

Il s’agit d’une première délivrance de Caverject Dual. Il est indispensable de s’assurer que Monsieur M. a bien compris le mode d’injection et la conduite à tenir en cas de problème.

Utilisation du médicament

→ La solution doit être reconstituée et le site d’injection désinfecté. L’auto-injection (intracaverneuse) se fait à l’aide de l’aiguille fournie. Le site d’injection est situé sur la face dorsolatérale du tiers proximal du pénis.

→ Les veines apparentes doivent être évitées. Le côté du pénis et le site d’injection doivent être modifiés à chaque injection. Le dispositif d’injection est conçu pour administrer une dose unique.

→ Il est important de vérifier que monsieur M. ait été formé à l’auto-injection et de s’assurer qu’il sait adapter la posologie si besoin selon les résultats obtenus, car la durée d’action varie généralement avec la dose injectée.

Quand commencer le traitement ?

L’injection se fait à la demande, immédiatement avant le rapport sexuel.

Le patient pourra-t-il juger de l’efficacité du traitement ?

Oui, le traitement est efficace s’il produit une érection suffisante pour avoir un rapport sexuel.

Quels sont les principaux effets indésirables ?

→ L’effet indésirable le plus fréquent est une douleur pénienne d’intensité légère à modérée après injection.

→ Quelques hématomes et ecchymoses peuvent aussi apparaître au niveau du site d’injection.

→ Une érection pharmacologiquement prolongée peut aussi se produire. Elle n’est habituellement pas délétère pour les corps caverneux mais est surtout très désagréable voire douloureuse. Au-delà de 3 à 4 heures, il peut s’agir d’un priapisme qui induit une ischémie des corps caverneux par thrombose et devient dès lors une urgence fonctionnelle.

Quand contacter le médecin ?

Il doit être contacté en cas d’érection prolongée de 3 heures ou plus. Le traitement d’un priapisme devra être initié dès que possible.

CONSEILS COMPLÉMENTAIRES

→ Communiquer avec sa partenaire

→ Arrêter le tabac et l’alcool.

→ Ne pas consommer de cannabis ou d’autres drogues.

→ Pratiquer un sport (ou de la marche) régulièrement, lutter contre la sédentarité.

→ Dormir suffisament.

→ Avant l’injection de Caverject Dual, vérifier que la solution est limpide.

→ Conserver à proximité le numéro de téléphone du médecin prescripteur ou de l’hôpital pour pouvoir les contacter rapidement en cas d’érection prolongée au-delà de trois heures.

Pathologie

Les troubles de l’érection en 6 questions

Improprement appelés « impuissance », les troubles de l’érection se définissent par une incapacité permanente à obtenir ou à maintenir une érection pénienne suffisante pour obtenir des relations sexuelles satisfaisantes avec pénétration. Elle ne doit pas être confondue avec d’autres troubles de la sexualité : trouble de la libido, trouble de l’éjaculation ou anorgasmie.

COMMENT SURVIENT UNE ÉRECTION ?

→ Phénomène réflexe, l’érection pénienne suit une stimulation psychique (notion de désir sexuel), sensorielle (vue, sons, odeurs, toucher…) et/ou physique (stimulation des zones érogènes entraînant une érection, y compris chez des blessés médullaires).

→ L’érection peut également survenir de façon spontanée : les érections nocturnes, accompagnant de manière inconsciente les phases de sommeil paradoxal et le réveil matinal, contribuent à maintenir la capacité érectile.

COMMENT SE MANIFESTE LA DYSFONCTION ÉRECTILE ?

→ Phénomène complexe, la qualité de l’érection dépend de nombreux facteurs psychologiques, neurologiques, vasculaires et hormonaux se conjuguant pour assurer la turgescence temporaire du pénis.

→ Les troubles de l’érection résultent d’une relaxation insuffisante des fibres musculaires lisses caverneuses.

→ La dysfonction érectile évolue souvent progressivement : le désir est présent, le patient se sent excité mais l’érection devient peu à peu, avec le temps, difficile et reste incomplète. L’érection diminue dès la pénétration. Une éjaculation peut toutefois se produire, même si la verge reste flaccide.

→ L’érection disparaît parfois totalement, y compris l’érection spontanée nocturne ou matinale. Ce phénomène est alors souvent dû aux conséquences physiologiques d’une pathologie sous-jacente (diabète, sclérose en plaques…) ou d’une intervention chirurgicale (prostatectomie totale).

→ Il arrive également qu’une dysfonction érectile survienne brutalement, au décours d’un traumatisme physique (lésion médullaire), psychologique (séparation, deuil) ou lors de la prise de certains médicaments.

COMMENT SE FAIT LE DIAGNOSTIC ?

→ Le diagnostic repose avant tout sur l’interrogatoire du patient, réalisé avec tact. Les antécédents (chirurgicaux, traumatiques ou médicaux), les traitements médicamenteux, les circonstances de survenue, le maintien d’une libido et d’un orgasme et les relations dans le couple sont abordés.

→ L’examen clinique urogénital et périnéal permet de vérifier, entre autres, l’absence de phimosis, de déformation pénienne (maladie de La Peyronie), la taille des testicules, le tonus musculaire du plancher pelvien, le volume et la consistance de la prostate.

→ D’autres examens permettent, si besoin, de vérifier l’absence d’étiologie cardio-vasculaire ou neurologique. Une prise en charge thérapeutique immédiate est possible à l’issu de ces examens.

→ Des examens complémentaires spécifiques peuvent parfois être nécessaires selon les résultats de la première consultation : un bilan biologique (incluant souvent glycémie, testostérone et bilan lipidique) et des examens spécialisés (incluant par exemple : bilan cardiaque approfondi, Doppler des artères caverneuses, consultation auprès d’un psychiatre, endocrinologue…).

→ Parfois, le médecin spécialiste teste la possibilité d’obtenir une érection à l’aide d’un vasodilatateur qui induit en principe une érection au bout de quelques minutes : ce test a une valeur diagnostique et pronostique.

QUELLES SONT LES PRINCIPALES ÉTIOLOGIES ?

→ L’étiologie d’une dysfonction érectile intrique l’âge à de nombreux autres facteurs : troubles métaboliques (diabète, dyslipidémie, simple surcharge pondérale), endocrinopathie (déficit androgène, dysthyroïdie), pathologies vasculaires et cardiaques (angor, insuffisance cardiaque), affections neurologiques (maladie de Parkinson, sclérose en plaques), troubles du sommeil (apnée), troubles psychiatriques (dépression, anxiété de performance, antécédents de violences sexuelles subies), addiction (tabagisme, alcoolisme, toxicomanie), facteurs iatrogènes (médicaments, chirurgie pelvienne), organiques (paraplégie), situation conjugale…

→ En l’absence d’un traumatisme pelvipérinéal, la survenue d’une dysfonction érectile traduit le plus souvent une problématique mêlant trouble psychique et somatique.

→ La persistance d’érections nocturnes et/ou matinales spontanées ou d’érection provoquées (par masturbation) évoque une étiologie essentiellement psychologique et constitue un facteur pronostique favorable de nature à rassurer le patient et à contribuer à restaurer sa capacité sexuelle.

→ Cette dysfonction érectile psychologique s’observe surtout chez l’homme jeune (< 45 ans). Celui-ci, souvent timide, n’obtient pas d’érection pendant les préliminaires ou la voit disparaître au moment de la pénétration malgré un désir et une excitation normaux.

QUELLES SONT LES ÉTIOLOGIES IATROGÈNES ?

Prise de médicaments

→ Divers médicaments peuvent être à l’origine d’une dysfonction érectile. Il faut citer notamment certains antihypertenseurs (d’action centrale, alphabloquants, bêtabloquants), certains hypolipémiants (fibrates), certains diurétiques (thiazidiques, antialdostérone), la cimétidine (anti-H2), les antidépresseurs tricycliques, les antipsychotiques (phénothiazine, benzamide), le lithium, les benzodiazépines, les opiacés (notamment les traitements de substitution opiacée), les antiandrogènes (cyprotérone) et antigonadotropes indiqués dans le traitement du cancer de la prostate (agonistes de la LH-RH)…

→ S’agissant des médicaments psychoactifs, il est parfois difficile de distinguer une dysfonction érectile dépendant de la pathologie justifiant leur prescription d’une dysfonction érectile iatrogène.

→ Les dysfonctions érectiles induites par la prise de médicaments sont toutes réversibles et sans conséquences à l’arrêt du traitement.

Prostatectomie

→ La prostatectomie est aussi une cause iatrogène fréquente de dysfonction érectile. Celles-ci sont d’autant plus fréquentes et sévères que le patient n’avait pas ou peu d’érections avant l’intervention et qu’il est âgé.

QUELLES SONT LES COMPLICATIONS ?

→ Les troubles de l’érection peuvent être le premier signe d’une maladie vasculaire. Il s’agit alors d’angor pénien.

→ Une dysfonction érectile a un retentissement péjoratif important sur la qualité de vie du patient : diminution de l’estime de soi, altération des relations interpersonnelles et même professionnelles ou de la vie de couple. Elle est fréquemment à l’origine d’anxiété, voire de dépression.

Par ailleurs, une dysfonction érectile peut elle-même être à terme à l’origine d’une dysfonction sexuelle secondaire chez la (le) partenaire sexuel. Chez la femme, cette dysfonction peut être confondue avec un manque de désir pour elle.

Thérapeutique

Comment traiter les troubles de l’érection ?

Les objectifs de prise en charge des troubles de l’érection sont de permettre au patient d’avoir de nouveau des rapports sexuels satisfaisants et de dépister et traiter une maladie associée ou un facteur de risque cardiovasculaire.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

→ La prise en charge médicale permet d’évaluer l’authenticité de la demande du patient, de réaliser les bilans minimaux, d’assurer une information sexuelle permettant de dédramatiser la situation, de conseiller des règles d’hygiène de vie (régime alimentaire, éviction du tabagisme, exercice physique…) et d’adapter ou arrêter, si possible, les traitements en cours susceptibles d’expliquer une dysfonction érectile iatrogène. Lorsqu’une étiologie est retrouvée, le traitement doit être dirigé vers l’affection sous-jacente (psychothérapie, médicaments…).

→ Le médecin fait participer activement le patient à la stratégie mise en œuvre pour améliorer ses érections. Il doit veiller à l’informer sur les modalités spécifiques du traitement (risques, bénéfices et coût du traitement).

→ Avant l’instauration d’un traitement de la dysfonction érectile, il examine la fonction cardiovasculaire et vérifie l’aptitude à l’exercice physique : le patient doit pouvoir exécuter avec facilité le rapport sexuel, ce qui revient, s’agissant de la pénétration, à monter aisément deux étages (partenaire nouvelle) ou un étage (partenaire habituelle), ou, s’agissant des préliminaires, à effectuer une vingtaine de minutes de marche.

→ L’absence d’efficacité prouvée de la yohimbine, sauf, éventuellement, sur une dysfonction érectile légère d’origine psychologique, explique que le traitement par un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 (PDE-5) constitue désormais la prescription de première intention chez la grande majorité des patients. L’inefficacité de l’un de ces inhibiteurs ne peut être affirmée qu’après échec d’au moins 8 administrations de la molécule à dose maximale. Si le traitement est généralement administré selon les besoins, un recours quotidien à une dose de 2,5 mg ou 5 mg (voire 10 mg, hors AMM) de tadalafil constitue une option reconnue chez les patients répondeurs à ce traitement et ayant des rapports sexuels au moins deux fois par semaine : cette stratégie permet davantage de spontanéité et se révèle efficace chez la moitié environ des patients non répondeurs à une prise à la demande.

→ Un suivi régulier du patient est indispensable : celui-ci sera revu en consultation un ou deux mois après la prescription pour s’assurer de la bonne tolérance du traitement et de l’amélioration de sa vie sexuelle.

→ Une situation d’échec invite à réévaluer l’étiologie de la dysfonction érectile, à mieux expliquer l’enjeu et les modalités du traitement, à adapter la posologie, à éliminer d’éventuelles interactions médicamenteuses, à réaliser un bilan androgène et à rechercher une anomalie organique demeurée méconnue.

→ Le recours à des administrations locales d’alprostadil ou à un vacuum est généralement proposé en seconde intention par un spécialiste. L’alprostadil peut cependant être prescrit en première intention en cas d’étiologie organique, de prostatectomie, de paraplégie et tétraplégie, de traumatisme du bassin compliqué de troubles urinaires, de séquelles de chirurgie, de radiothérapie abdominopelvienne ou de priapisme, de neuropathie diabétique avérée et de sclérose en plaques.

→ La pose d’une prothèse pénienne ou une chirurgie de revascularisation peuvent être proposées, selon la situation, en dernière intention chez des patients très motivés.

→ Une dysfonction érectile associée à une pathologie organique relève d’une prise en charge collégiale associant un spécialiste adapté (cardiologue, endocrinologue, neurologue, sexologue…) et le médecin traitant. Plusieurs situations spécifiques sont concernées, notamment les patients souffrant d’une pathologie cardiovasculaire : les facteurs de risque cardiovasculaire imposent l’avis d’un cardiologue avant traitement par inhibiteur de la PDE-5 et il est important de ne pas arrêter un traitement cardiologique sans avis spécialisé. Chez ces patients, la dysfonction érectile constitue un signe précoce de leur pathologie cardiovasculaire et un indicateur de risque d’infarctus du myocarde, même chez un sujet ne présentant aucun symptôme cardiaque direct. C’est ce qu’on appelle l’« angor pénien ». Le recours à un inhibiteur de la PDE-5 reste généralement possible en cas de pathologie cardiovasculaire contrôlée, sans accroissement du risque d’infarctus ou de mort subite indépendant du risque lié à la pratique sexuelle elle-même : il semble que ces médicaments, par leur effet vasodilatateur, puissent réduire avec bénéfice la tension artérielle, notamment chez le sujet hypertendu ou coronarien. Il importe en revanche de toujours respecter la contre-indication formelle que représente leur association à des dérivés nitrés.

LES TRAITEMENTS

Traitements par voie générale

Inhibiteurs de la PDE-5

→ Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 facilitent la myorelaxation et l’afflux de sang vers le tissu érectile.

→ Ces médicaments, constituant le traitement de référence des dysfonctions érectiles, s’administrent par voie orale, avant l’acte sexuel ou en continu à faible dose (tadalafil). Ce mode d’administration plus récent ne bénéficie pas de recul à long terme. Leur activité, nécessitant une stimulation sexuelle psychologique ou physique préalable, est améliorée si leur prise est répétée au minimum 4 à 6 fois. Leur action débute 15 à 30 min après la prise.

→ La posologie varie selon les molécules mais le patient ne doit pas dépasser une prise par jour.

→ Le profil des trois inhibiteurs de la PDE-5 diffère : le vardénafil (Levitra) est plus puissant que le sildénafil (Viagra) ou le tadalafil (Cialis), mais ce dernier a une demi-vie d’élimination bien plus prolongée (17,5 h versus 4-5 h), expliquant la survenue d’érections jusqu’à 36 heures après la prise contre 4 à 5 heures pour les autres médicaments de la classe.

→ L’efficacité des inhibiteurs de la PDE-5 est comprise entre 65 % et 85 % sur une population standard. Ils sont moins actifs en cas de diabète, dépression, affection cardiovasculaire… Le traitement des pathologies associées à la dysfonction érectile (diabète, hyperlipidémie, dépression…) améliore la réponse aux inhibiteurs de la PDE-5.

→ L’inefficacité d’une molécule de la classe ne permet pas d’affirmer qu’une autre ne sera pas efficace.

→ Les effets indésirables du traitement restent d’intensité minime à modérée. On peut noter la survenue de céphalées, flushs, congestion nasale avec rhinite, inconfort digestif, sensations vertigineuses, myalgies (douleurs dorsales, notamment avec le tadalafil). La survenue de troubles cardiovasculaires est très rare, comme celle d’un priapisme.

→ Sildénafil et vardénafil interagissent faiblement avec la PDE-6, abondante dans la rétine, ce qui expliquerait les troubles de la vision (anomalies du champ et de la perception des couleurs) et les neuropathies optiques ischémiques parfois rapportées.

→ Le traitement par inhibiteur de la PDE-5 impose le strict respect des contre-indications, dont l’association à des dérivés nitrés ou à des molécules donneuses de monoxyde d’azote telles que les poppers car il y a potentialisation des effets hypotenseurs avec risque de décès.

→ Chez un patient sédentaire et/ou présentant plus de trois facteurs de risque cardiovasculaires, les inhibiteurs de la PDE-5 ne doivent pas être prescrits sans avis d’un cardiologue même si leur usage, n’ayant pas d’effet sur la fonction cardiaque ou sur la circulation générale, ne constitue pas un facteur de risque cardiovasculaire iatrogène.

→ La potentialisation de l’effet hypotenseur des traitements par alphabloquant peut apparaître en association avec les inhibiteurs de la PDE-5.

Autres traitements

→ La yohimbine (Yocoral et Yohimbine Houdé), antagoniste sélectif alpha-2-adrénergique d’action centrale et périphérique, a une action minime sur la dysfonction érectile et n’est indiquée que pour les formes légères d’origine psychologique. Elle ne peut être proposée que si le patient refuse l’emploi d’un inhibiteur de la PDE-5 (en raison de son coût ou par crainte). Ce traitement expose à des effets indésirables digestifs, cardiovasculaires ou du SNC non négligeables mais très rares (anxiété, troubles gastro-intestinaux, vertiges, tachycardie, céphalées…). La posologie maximale est de 20 mg en 3 prises par jour en traitement continu. Un délai de 2 à 3 semaines peut s’avérer nécessaire pour constater les premiers effets.

→ L’androgénothérapie substitutive n’a de sens qu’en cas de déficit androgène avéré lié à l’âge ou à un hypogonadisme. Elle est efficace en cas de vraie déficience. Ce traitement, de durée indéfinie, impose une surveillance rapprochée et est notamment contre-indiqué en cas de pathologie prostatique, d’hyperlipidémie, de polyglobulie ou d’apnées du sommeil.

Le traitement peut se faire par application topique de testostérone, non remboursée par exemple Androgel (en général 5 g de gel soit 1 sachet appliqué une fois par jour à la même heure sur les épaules, les bras ou l’abdomen) ou Testopatch (2 dispositifs transdermiques appliqués simultanément sur la peau et renouvelés toutes les 48 heures au niveau des bras, du bas du dos ou des cuisses). Il peut également faire appel à des injections de testostérone, remboursée à 65 % : par exemple Androtardyl (1 ampoule par voie IM par mois en moyenne). Ces médicaments sont à prescription initiale réservée aux spécialistes en endocrinologie, urologie et gynécologie valable un an et à renouvellement non restreint.

Traitement par voie locale : alprostadil

Voie intracaverneuse

→ L’alprostadil (Caverject, Caverject Dual et Edex), prostaglandine E1 de synthèse, a une action vasodilatatrice mise à profit pour stimuler l’érection sans stimulation sexuelle.

→ L’alprostadil est indiqué en seconde intention, sauf exception : paraplégie et tétraplégie quelle qu’en soit l’origine, traumatismes du bassin compliqué de troubles urinaires, séquelles de la chirurgie (anévrisme de l’aorte, prostatectomie radicale, cystectomie totale et exérèse colorectale), séquelles de radiothérapie abdominopelvienne, séquelles de priapisme, neuropathie diabétique avérée et sclérose en plaques. Dans ces indications, le traitement bénéficie d’un remboursement à 35 % selon la procédure des médicaments d’exception.

→ Caverject Dual peut être utilisé en complément pour établir un diagnostic de l’insuffisance érectile.

→ L’alprostadil a un effet psychologique bénéfique en permettant la poursuite des rapports sexuels. Il permet également l’oxygénation des tissus érectiles et favorise à terme le retour des érections naturelles.

→ Le système d’injection doit être testé par le patient avec le médecin pour apprendre à réaliser le geste et déterminer la dose efficace.

→ La solution reconstituée est destinée à un usage unique. L’air doit être expulsé de la seringue avant injection. Eviter les veines apparentes, les nerfs du côté supérieur et l’urètre du côté inférieur. Le côté et le site d’injection doivent être changés à chaque fois.

→ Injecté en quelques secondes dans des conditions aseptiques au niveau de la face dorsolatérale du tiers proximal du pénis, avec compression digitale du site pendant 2 à 3 minutes, l’alprostadil induit en 5 à 10 minutes une érection complète chez 55 % à 93 % des patients selon l’étiologie de la dysfonction érectile. L’érection ne doit pas durer plus d’une heure.

→ Selon les spécialités, le patient ne doit pas dépasser 1 injection par jour et une durée de 2 voire 3 par semaine avec un intervalle d’au moins 24 heures.

→ Les effets indésirables du traitement sont essentiellement locaux : douleur pénienne d’intensité modérée qui diminue au fil des injections, hématome, fibrose des corps caverneux. Dans 1 à 5 % des cas, l’érection se prolonge (> 3 h) : ce priapisme doit faire l’objet d’un traitement en urgence.

→ Il n’y a pas de contre-indication à son usage en cas de pathologie cardiovasculaire stabilisée.

→ Le passage de l’alprostadil dans le sperme explique la nécessité d’une contraception efficace de la partenaire ou le port d’un préservatif.

Voie intra-urétrale

→ Le système MUSE (Medicated Urethral System for Erection) permet de déposer une dose d’alprostadil dans l’urètre par autoadministration, d’où le médicament diffuse dans les corps caverneux. Il s’agit d’un bâton urétral à usage unique avec applicateur.

→ Il peut être utilisé en association à d’autres tests lors du diagnostic de l’insuffisance érectile.

→ Ce procédé bénéficie d’une bonne tolérance, à l’exception de possibles douleurs péniennes et/ou saignements urétraux, mais reste moins efficace que l’injection intracaverneuse (activité dans 50 % des cas) de par le passage transmuqueux irrégulier. Il peut induire des céphalées, une baisse très modérée de la tension artérielle, des vertiges, des douleurs testiculaires voire un priapisme. Une irritation vaginale (sensation de brûlure ou prurit) est retrouvée chez environ 6 % des partenaires des patients.

→ Chaque malade doit être formé par un médecin en vue de maîtriser la technique d’administration correcte et de déterminer la dose efficace.

→ La posologie ne doit pas dépasser 2 doses par 24 h et 7 par semaine. L’érection survient 5 à 10 min après administration et persiste pendant environ 30 à 60 min. Le patient doit s’asseoir après administration ou se mettre debout et marcher 10 min jusqu’à installation de l’érection.

PERSPECTIVES THÉRAPEUTIQUES

→ De nouveaux inhibiteurs de la PDE-5 sont déjà commercialisés à l’étranger.

→ Le VIP (Vasoactive Intestinal Peptide), participant au contrôle de l’innervation nerveuse du pénis, est déjà commercialisé au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande et au Danemark.

→ Le brémélanotide exerce une activité agoniste des récepteurs à la mélanocortine : il ouvre la voie à une nouvelle classe de médicaments en augmentant la libido et l’intensité des érections, mais induit des nausées.

→ Des essais de traitements topiques appliqués sur le pénis sont en cours (papavérine, minoxidil…).

Accompagner le patient

LES TROUBLES DE L’ÉRECTION VUS PAR LES PATIENTS

Impact psychologique

L’importance que le patient accorde à son problème de dysfonction érectile n’est pas forcément proportionnelle à sa sévérité. Le ressenti est très important car l’insuffisance érectile peut être à l’origine d’une grande souffrance chez l’homme qui en est atteint.

→ Anxiété

Il existe souvent un haut niveau d’anxiété chez les patients ayant une dysfonction érectile avec une angoisse de performance (c’est-à-dire la crainte « de ne pas y arriver »), aboutissant parfois à l’évitement. L’anxiété joue un rôle dans la perception et le maintien des troubles sexuels. En cas d’anxiété de performance, il est important de rassurer le patient.

→ Dépression

Syndrome dépressif et dysfonction érectile sont souvent associés. Le risque augmente avec l’ancienneté de la dépression et sa répétitivité.

Impact dans la vie de couple

La dysfonction érectile traduit souvent un problème relationnel dans le couple (défaut de communication…). Mais elle peut aussi le générer. Cet élément est important à prendre en compte pour que les traitements ne soient pas voués à l’échec.

Impact sur la vie familiale ou professionnelle

→ La dysfonction érectile a souvent un retentissement sur la vie familiale et professionnelle. De nombreux hommes y pensent durant la journée, d’autant plus lorsqu’ils sont en arrêt de travail prolongé, au chômage ou à la retraite.

→ L’homme n’a plus confiance en lui. Il n’est pas conforme à l’image qu’il aimerait avoir de lui. Il peut avoir peur de perdre sa partenaire à cause de ses « contre-performances » sexuelles ou il ne se sent pas à la hdiv pour trouver une nouvelle partenaire. Ce trouble représente souvent pour l’homme un véritable problème d’identité.

À DIRE AU PATIENT

A propos de la maladie

→ Ne pas hésiter à consulter un médecin pour en parler. La dysfonction érectile est une problématique sous-déclarée. Seule une faible proportion d’hommes consulte pour ce motif. Expliquer qu’il existe des traitements, que les médecins ont l’habitude et qu’il n’y a pas de gêne à avoir. Il faut absolument dédramatiser la situation, ce qui permettra une réassurance du patient et de son couple.

→ En cas de reprise d’une activité sexuelle chez un couple âgé, il faut penser à conseiller un gel lubrifiant.

→ La dysfonction érectile est souvent associée à des comorbidités (qu’elle peut aussi révéler) comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, les troubles anxiodépressifs, les troubles mictionnels du bas appareil urinaire… Il est donc important de prendre en charge ces comorbidités pour éviter l’aggravation de la dysfonction érectile.

→ La présence de la partenaire peut être souhaitable aux consultations. La prise en charge n’en sera que meilleure pour l’homme et pour le couple. En effet, un problème sexuel chez un membre du couple est source de souffrance pour les deux. Les partenaires d’hommes souffrant d’une dysfonction érectile rapportent une baisse significative du désir sexuel, de la fréquence des orgasmes et de la satisfaction sexuelle générale. Ces femmes sont également plus sujettes à développer elles-mêmes des troubles sexuels. Ces troubles sexuels pourraient même les conduire à l’arrêt de leur activité sexuelle. Lorsque le traitement est accepté par les deux membres du couple, les conséquences sont largement positives avec une augmentation de la satisfaction sexuelle, de la qualité de vie sexuelle et de la fréquence des rapports.

→ Dans d’autres cas, la présence de la partenaire n’est pas recommandée. Certaines causes de troubles de l’érection ne sont pas toujours avouées et encore moins avouables en présence de la conjointe. Parmi ces causes, on trouve notamment les relations extraconjugales, qui aboutissent à un sentiment de culpabilité du patient à l’origine du trouble érectile et qui sont généralement sans solution.

A propos du traitement

Le maintien d’une bonne santé cardiovasculaire par l’adoption d’habitudes alimentaires saines est indispensable : pratiquer une activité physique régulière, perdre du poids, encourager l’arrêt du tabac, limiter la consommation d’alcool…

Les inhibiteurs de la PDE-5

→ C’est la plupart du temps un traitement à la demande, nécessitant toujours une stimulation sexuelle, dont l’effet peut être visible dès la première prise mais dont les résultats peuvent encore s’améliorer au fil du traitement (nécessitant un minimum de 4 à 6 essais).

→ Le temps entre la prise et le rapport sexuel est variable suivant les spécialités (de 25 min à 1 heure).

→ Le patient et sa partenaire ne doivent pas se sentir obligés d’avoir un rapport sexuel dès que le patient a pris un comprimé. Les inhibiteurs de la PDE-5 ont une plage d’efficacité d’au moins 4 à 5 heures ne nécessitant pas de précipitation pour une relation sexuelle.

→ Ce traitement ne doit en aucun cas être recommandé à une personne présentant des symptômes similaires, sans avis médical.

→ Le jus de pamplemousse peut potentialiser l’effet de ces médicaments et au contraire un repas riche en graisse le diminue ou le retarde.

→ Insister sur la nécessité d’une stimulation sexuelle. Il est important d’aborder le rapport l’esprit détendu avec un réel désir. En effet, nombreux sont les patients persuadés qu’ils n’auront pas d’érection et pour qui, lors des tentatives de rapport, l’inhibition psychogène est telle qu’ils ne sécrètent pas de NO, d’où une apparente inefficacité des médicaments.

Les injections intracaverneuses d’alprostadil

→ Le patient doit être averti des risques d’érection prolongée de plus de 3 à 4 heures (priapisme). Dans ce cas, il doit contacter et consulter rapidement son médecin (conservation du numéro de téléphone du praticien sur lui).

→ Les solutions sont à reconstituer. Les dispositifs d’injection sont conçus pour administrer une dose unique.

→ Le médecin apprend au patient à s’injecter le produit dans le corps caverneux, sur la face dorsolatérale du tiers proximal du pénis, à droite ou à gauche dans des conditions aseptiques. Les veines apparentes doivent être évitées ainsi que les nerfs du côté supérieur et l’urètre du côté inférieur. Le côté du pénis et le site d’injection doivent être alternés à chaque fois.

→ Expulser l’air et ajuster la dose prescrite avant l’injection. Une compression manuelle doit être réalisée sur le point d’injection pendant 2 à 3 minutes.

Délivreriez-vous ces ordonnances ?

Ordonnance 1 : OUI. Les patients répondeurs à un traitement à la demande (Cialis 10 ou 20 mg) et qui prévoient un usage fréquent de Cialis (au moins 2 fois par semaine) peuvent prendre un comprimé par jour, avec des doses plus faibles. Il faut vérifier que le patient répondait auparavant à un traitement à la demande.

Une plus grande liberté de posologie peut aussi être laissée au patient en lui expliquant le délai et la durée d’action du Cialis. Ainsi, le médecin peut dans certains cas proposer : 1 cp/j ou 1 cp tous les 2 jours ou 2 cp à la demande avant un rapport de Cialis 2,5 ou 5 mg.

Ordonnance 2 : NON. Il faut être prudent lorsque le sildénafil est administré à des patients prenant un alphabloquant car l’association des deux peut provoquer une hypotension symptomatique. Afin d’éviter ce risque, une initiation de Viagra à la dose de 25 mg doit être envisagée. Il convient donc d’appeler le prescripteur pour en discuter avec lui.

Mémo délivrance

Sous inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5

Le patient connaît-il les modalités de prise ?

Il existe deux types d’administration : avant l’acte sexuel ou en continu (Cialis (tadalafil) 2,5 ou 5 mg). Dans tous les cas, une stimulation sexuelle préalable est nécessaire. En cas de traitement à la demande, le comprimé agit en 15 à 30 minutes.

Sait-il qu’il existe des contre-indications ?

L’utilisation de dérivés nitrés ou de poppers peut entaîner un malaise cardiaque, voire le décès.

CONDITIONS DE REMBOURSEMENT

Non remboursé.

Sous alprostadil

Le patient connaît-il les modalités d’injection ?

Le médecin apprend la technique d’administration au patient et détermine la dose efficace. Les produits agissent en 5 à 10 minutes environ.

Par voie intracaverneuse

→ L’air de la seringue doit être expulsé avant injection puis le produit est injecté en quelques secondes au niveau de la face dorsolatérale du tiers proximal du pénis avec compression digitale du site pendant 2 à 3 minutes.

→ Max 1 injection/jour et 2 voire 3 injections/semaine selon les spécialités.

Par voie intra-urétrale

→ Le patient doit uriner immédiatement avant introduction du bâton urétral pour humidifier l’urètre et faciliter l’administration et la dissolution du produit. Puis il s’assoit après administration ou se met debout et marche durant 10 min jusqu’à installation de l’érection.

→ Max 2 doses/24 h et 7 doses/semaine.

Le patient sait-il quand contacter le médecin ?

Le patient doit contacter d’urgence le médecin ou se rendre aux urgences en cas d’érection prolongée supérieure à 3 ou 4 heures.

Le couple doit-il utiliser une contraception ?

Une contraception efficace ou le port du préservatif est indispensable en cas de relation sexuelle avec une partenaire susceptible d’être enceinte.

CONDITIONS DE REMBOURSEMENT

→ Par voie intracaverneuse : selon indications, non remboursé ou remboursé à 35 % selon la procédure des médicaments d’exception.

→ Par voie intra-urétrale : non remboursé.

Sous yohimbine

Quand le patient pourra-t-il juger de l’efficacité ?

→ Indiqué dans les formes légères d’origine psychologique, ce médicament a une efficacité modérée et un délai d’action de 2 à 3 semaines.

CONDITIONS DE REMBOURSEMENT

Non remboursé.

Le cas

Monsieur Jacques M., marié, est un patient habituel de la pharmacie traité pour un angor stable. Il arrive aujourd’hui avec une nouvelle ordonnance.

Quinze jours plus tard

Monsieur M. revient à la pharmacie avec une nouvelle ordonnance.

Plan de prise conseillé

→ Caverject Dual : Désinfecter le site d’injection à l’aide de la compresse imprégnée d’alcool fournie. Fixer l’aiguille au dispositif d’injection. Retirer le capuchon de protection extérieur de l’aiguille. Tourner la tige blanche du piston jusqu’au blocage pour reconstituer le produit. Retourner deux fois le dispositif. La solution doit être limpide. Retirer le capuchon de protection intérieur de l’aiguille. En tenant le dispositif verticalement, aiguille vers le haut, appuyer à fond sur la tige du piston. Quelques gouttes apparaîtront à la pointe de l’aiguille. Puis sélectionner la dose désirée.

LES CHIFFRES

→ 2 millions d’hommes en France souffrent de troubles de l’érection, avec une prévalence fortement corrélée à l’âge.

→ Entre 10 % et 16 % des hommes âgés de 18 à 64 ans souffrent de dysfonction érectile.

→ Jusqu’à 52 % des hommes d’âge compris entre 40 et 70 ans souffrent de ce trouble.

→ En France, seuls 25 % des hommes concernés consultent un médecin.

→ 44 % à 75 % des troubles de l’érection s’observent chez des sujets présentant des facteurs de risques cardiovasculaires.

PHIMOSIS

Resserrement de l’anneau du prépuce, empêchant le gland d’être décalotté et entraînant des difficultés et douleurs lors de l’érection et/ou de la pénétration.

PLANCHER PELVIEN

Ensemble des muscles du petit bassin soutenant notamment la vessie et les organes génitaux.

Rappel anatomique

Le pénis est un organe composé de diverses structures rendues rigides par un afflux sanguin, dont :

→ Un corps spongieux entourant l’urètre et qui en régule le diamètre. L’urètre est le canal évacuateur de l’urine ou du sperme. Le corps spongieux se termine par un renflement particulièrement sensible aux stimuli érogènes : le gland.

→ Deux corps caverneux constitués par un tissu conjonctivomusculaire, organisé en travées délimitant des alvéoles tapissées de cellules endothéliales (les espaces sinusoïdes) entourés d’une tunique fibroélastique inextensible : l’albuginée.

→ Les nerfs dorsaux du pénis, qui permettent la transmission des stimulations des zones érogènes périnéales à la moelle épinière. L’érection reste avant tout stimulée par le cerveau (désir, stimulations visuelles, auditives, olfactives…).

TURGESCENCE

Gonflement d’un organe dû à un afflux de sang.

FLACCIDE

Qui est en état de repos, en parlant de la verge, par opposition à l’érection.

MALADIE DE LA PEYRONIE

Sclérose des corps caverneux à l’origine d’une courbure parfois douloureuse de la verge en érection rendant la pénétration difficile.

Mécanisme de l’érection

→ A la suite de stimuli sexuels, les terminaisons nerveuses parasympathiques induisent un relargage de monoxyde d’azote (NO) dans les corps caverneux, leur action l’emportant alors sur celle du tonus sympathique.

→ Le NO active la guanylate-cyclase et favorise la production in situ de guanosine monophosphate cyclique (GMPc) qui induit la relaxation des fibres musculaires lisses et une dilatation des artères des sinus caverneux à l’origine d’un afflux de sang. Les corps caverneux peuvent devenir turgescents par relâchement des fibres lisses qui laissent alors passer le sang des artères bulbo-urétrales dans les acini, comprimant le réseau veineux sous l’albuginée, une tunique fibreuse, et entraînant la rigidification de la verge. Le pénis devient turgescent : c’est l’érection.

→ L’érection persiste, sous l’influence des stimuli sexuels, jusqu’à l’éjaculation du fait de la compression des veines de drainage du sang contre l’albuginée inélastique.

→ Ce phénomène est réversible après l’éjaculation. Le GMPc est dégradé en GMP sous l’action de la phosphodiestérase de type 5 : les fibres lisses se contractent, les acini se vident, le sang est rapidement drainé par les veines péniennes et la verge redevient flaccide (voir schéma page 11).

Ce qui a changé

Disparu

→ Retrait de l’apomorphine (Ixense en 2004, Uprima en 2006) : efficacité modeste et tolérance médiocre, et du moxisylyte (Icavex).

Nouveau

→ Possibilité depuis 2007 d’administrer quotidiennement un inhibiteur de la PDE-5 (tadalafil) à un dosage réduit (Cialis 2,5 ou 5 mg).

→ Nouvelle présentation d’Edex et extension de gamme du Caverject (Caverject Dual) en 2007 : cartouche bicompartimentée intégrée dans le dispositif d’injection non réutilisable.

VACUUM

Système mécanique destiné à obtenir passivement l’érection grâce à une pompe à dépression reliée à un cylindre hermétique dans lequel la verge est introduite. Un anneau élastique compressif positionné à la base du pénis le maintient ensuite en érection.

PRIAPISME

Erection douloureuse et persistante susceptible en l’absence d’intervention chirurgicale d’induire des lésions péniennes irréversibles.

Vigilance !

→ Tous les médicaments des troubles de l’érection sont contre-indiqués chez les hommes pour qui l’activité sexuelle est déconseillée : antécédents d’infarctus du myocarde récent, angor instable, insuffisance cardiaque grave, troubles du rythme, hypotension < 90/50 mmHg ou hypertension artérielle non contrôlée, antécédents d’accident vasculaire cérébral récent…

→ Certaines autres contre-indications doivent être connues du pharmacien :

Inhibiteurs de la PDE-5

– Neuropathie optique ischémique, troubles héréditaires dégénératifs de la rétine (Viagra et Levitra).

– Insuffisance hépatique (Viagra et Levitra).

Yohimbine

– Insuffisances hépatique et rénale sévères.

Alprostadil

– Patients prédisposés au priapisme : souffrant de drépanocytose, de myélome multiple ou de leucémie.

POPPERS

Liquides inhalables destinés à augmenter le plaisir sexuel et renfermant notamment des nitrites aliphatiques (nitrite d’amyle ou d’isobutyle) puissamment vasodilatateurs.

Point de vue

« Les patients me demandent souvent une ordonnance séparée pour leur traitement des troubles de l’érection »

Les patients préfèrent-ils avoir affaire à un homme, médecin ou pharmacien, qu’à une femme ?

Non, au contraire. Certains de mes patients sont contents d’en parler avec une femme plutôt qu’avec un homme. Ils se sentent moins « en compétition ». C’est l’image du médecin que je leur renvoie et non celle de la femme. En revanche, les patients me demandent souvent une ordonnance séparée pour leur traitement car ils préfèrent aller dans une pharmacie dans laquelle ils ne se rendent pas habituellement.

Que pensez-vous de la vente de Viagra et autres produits de ce type sur le Net ? Y a-t-il un risque de surdosage ?

Je pense que les produits vendus sur Internet sont souvent sans efficacité aucune. De toute façon, les patients ne se vantent pas de ces pratiques. Les risques ne sont pas forcément liés au surdosage ou au médicament lui-même mais à l’effort cardiaque lors de la relation sexuelle. Les hommes âgés qui recherchent la performance sexuelle ou ont plusieurs rapports dans la nuit peuvent avoir un problème cardiaque allant éventuellement jusqu’au décès. Par ailleurs, il arrive de voir des complications liées à des produits achetés dans les sex-shops type poppers… Les patients associent leur traitement par inhibiteurs de la PDE-5 aux poppers, pensant ainsi potentialiser l’effet, or cette association est formellement contre-indiquée.

DR SOPHIE CONQUY

Praticien hospitalier Service d’urologie de l’hôpital Cochin, membre du comité scientifique de l’Association française d’urologie

Témoignage

BERNARD, 70 ANS, SOUFFRE DE TROUBLES DE L’ÉRECTION SUITE À UNE PROSTATECTOMIE TOTALE

« Je suis marié depuis 40 ans et, jusqu’en 2009, je menais une vie sexuelle tout à fait épanouie. J’ai dû alors subir une prostatectomie totale. Et là, d’un coup, plus d’érection ! Côté opération et rééducation périnéale, tout s’est très bien passé. Mais personne pour vous expliquer que vous n’aurez plus d’érection ! J’avais le moral à zéro, ça devenait une véritable obsession. C’est de plus très difficile et très gênant d’en parler aux autres, même professionnels de santé, et encore plus si ce sont des femmes ! Finalement, le médecin m’a prescrit du Cialis. Aucun résultat, et en plus des maux de tête insupportables. Il m’a alors parlé des piqûres d’Edex. J’ai eu beaucoup d’appréhension mais le fait de vouloir une érection a primé sur la peur de l’injection ! Depuis, j’ai appris à les faire moi-même et je peux dire que ma vie sexuelle a repris un cours satisfaisant. Le plus dur reste d’aller chercher la prescription d’Edex à la pharmacie. Pour ma part, je vais chez un ami pharmacien que je connais bien mais je ne vais jamais dans la pharmacie à côté de chez moi. »

Question de patient « Puis-je commander mon Cialis sur Internet. C’est moins cher ! »

Non, surtout pas ! Les produits en vente sur Internet sont souvent décrits comme étant des génériques. Or, il n’existe pas encore de génériques pour les médicaments de la dysfonction érectile. En pratique, ces faux médicaments sont au mieux des placebos, au pire dangereux pour la santé.

En savoir plus

L’ADIRS

www.adirs.org

L’Association pour le développement de l’information et de la recherche sur la sexualité a été créée par un groupe de médecins impliqués dans le traitement des problèmes sexuels. Elle a pour objectif d’informer le grand public et le personnel soignant sur la sexualité et sur les problèmes qui y sont liés.

Le SNMS

www.snms.org

Le Syndicat national des médecins sexologues (médecins titulaires d’un Diplôme interuniversitaire de sexologie) met à jour chaque année un annuaire des praticiens concernés. Cet annuaire permet d’orienter correctement les patients car toute personne même non médecin peut se déclarer sexologue.

Question de patients « Y a-t-il un âge limite pour avoir des érections ? »

Non. Des érections satisfaisantes peuvent être obtenues chez des hommes centenaires sans aucun traitement.

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