Les ingrédients cosmétiques montrés du doigt (parabens, sels d'aluminium...) - Le Moniteur des Pharmacies n° 2777 du 25/04/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2777 du 25/04/2009
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

en pratique - les conservateurs et additifs - au comptoir

« Les parabens sont-ils vraiment nocifs ? »

Ma fille me conseille de ne plus acheter de crèmes de soin contenant des parabens. Qu'est-ce que c'est au juste ? Est-ce dangereux ? »

Votre réponse

« Les parabens sont des conservateurs. Ils empêchent le développement de bactéries ou de moisissures, parfois toxiques, lorsque le produit est en cours d'utilisation. Ces substances ont été soupçonnées de provoquer des cancers du sein. Cependant, aucune étude sérieuse ne l'a confirmé. »

Les conservateurs

La présence de conservateurs est quasiment indispensable dans la formulation d'un produit cosmétique. Généralement, les cosmétiques en renferment plusieurs afin d'augmenter le spectre d'activité.

Les parabens

Les parabens sont des esters de l'acide parahydroxybenzoïque. Ils sont très utilisés dans les produits cosmétiques du fait de leur efficacité antimicrobienne et de leur relative innocuité, en particulier vis-à-vis des effets sensibilisants. Les plus courants sont le méthyl-, l'éthyl-, le propyl-, le butyl-, l'isobutyl- et l'isopropylparaben.

La controverse

- En 2004, une étude britannique (Darbre et al., Concentrations of parabens in human breast tumours. J. appl. Toxicol. 24 : 5-13, 2004) a montré la présence de parabens dans des biopsies de tumeurs de patientes atteintes de cancer du sein. Toutefois, l'origine des parabens trouvés dans ces échantillons demeurait inconnue (origine alimentaire, pharmaceutique ou cosmétique ?). Après avoir été largement reprise, cette étude a été critiquée par la communauté scientifique en raison des biais méthodologiques. A ce jour, aucun lien de causalité n'a pu être établi entre une éventuelle toxicité des parabens et l'application de produits cosmétiques en contenant.

- Des études ont montré récemment que les parabens pouvaient être à l'origine d'une perturbation du système endocrinien. Mais cette activité reste très faible (de 1 000 à 1 000 000 fois moins que le 17-bêta-estradiol).

- Chez le rat, par voie orale, certaines études, actuellement controversées, ont mis en évidence des effets toxiques sur la reproduction pour certains d'entre eux.

Etudes en cours

Au vu de ces données, des experts européens ont examiné l'ensemble de ces conservateurs. Leur analyse n'a pas pu mettre en évidence de lien entre parabens et cancer du sein.

Le méthylparaben et l'éthylparaben ne constituent pas des sujets de préoccupation. Pour les autres esters de paraben, des études sont en cours. Les résultats attendus permettront de finaliser l'évaluation de risque.

Réglementation actuelle

Les parabens sont autorisés dans les produits cosmétiques jusqu'à une certaine concentration : elle est au maximum (en acide) de 0,4 % pour un ester et globalement de 0,8 % pour les mélanges d'esters.

Les éthers de glycol

Les éthers de glycol constituent une famille de plus de 80 substances. Certains d'entre eux sont utilisés comme conservateurs et solvants (ou solubilisants) pour d'autres conservateurs, notamment les parabens, d'où l'association fréquente éthers de glycol-parabens. Ils sont aussi utilisés dans les teintures capillaires.

Risque avéré

Les éthers de glycol sont des molécules irritantes. Toutefois, chaque éther de glycol possède ses spécificités et sa propre toxicité. Certains sont classés comme substances cancérogènes de catégorie 1, 2 ou 3 (voir encadré page 2). Ceux des catégories 1 et 2 ne sont pas utilisés en cosmétique.

Données actuelles

Considérant que d'autres substances de cette classe pouvaient être utilisées dans les cosmétiques, une évaluation a été conduite par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Ses résultats l'ont amenée à ne pas remettre en cause la réglementation appliquée au phénoxyéthanol (EGPhE). Mais une décision de police sanitaire du 23 novembre 2005 a limité l'utilisation de 3 éthers de glycol :

- le DEGEE [2-(2-éthoxy)éthanol] sur la base d'effets toxiques rénaux graves observés en cas de surdosage et d'effets toxiques pour la reproduction observés chez l'animal à cause de son impureté (l'éthylène-glycol) ;

- le DEGBE (butoxyéthoxyéthanol ou dibutoxyéthanol) et l'EGBE (butoxyéthanol), sur la base d'un risque d'hématotoxicité chez l'animal.

Cette mesure de police sanitaire de l'Afssaps a été notifiée auprès de la Commission européenne.

Réglementation actuelle

- L'EGBE n'est utilisé que dans les teintures capillaires à la concentration maximale de 2 % dans les teintures capillaires non diluées avant application (colorations non oxydantes), et à la concentration maximale de 4 % dans les teintures capillaires diluées à 50 % avant application (colorations d'oxydation) ;

- le DEGBE n'est utilisé que dans les teintures capillaires non diluées, à la concentration maximale de 9 % ;

- le DEGEE peut être utilisé sous réserve de critères de pureté et à la concentration maximale de 1,5 % dans tous les produits cosmétiques, à l'exception des produits d'hygiène buccale dans lesquels son utilisation est interdite ;

- Le phénoxyéthanol peut être utilisé en tant que conservateur dans tous les produits cosmétiques à une concentration maximale de 1 %.

Formaldéhyde et libérateurs de formol

Le formaldéhyde, ou formol, est utilisé comme conservateur. Il est également employé dans les durcisseurs d'ongles. Il est de plus en plus souvent remplacé par les « libérateurs de formol », plus faciles à manipuler et moins allergisants (diméthyloldiméthylhydantoïne, imidazolidinylurée, quaternium-15, 2-bromo-2-nitropropane-1,3-diol ou bronopol...).

Risque avéré

- Au niveau européen, le formaldéhyde est classé comme substance cancérogène de catégorie 3. Mais, en 2004, il a été classé comme cancérogène certain (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Le formaldéhyde est par ailleurs allergisant et irritant.

Un dossier concernant la révision de classement du formaldéhyde au niveau européen a été déposé. Il est proposé de le classer comme cancérogène de catégorie 1 par inhalation.

- Les libérateurs de formol libèrent sous certaines conditions (au contact de l'eau lors de la fabrication du cosmétique, dans son contenant ou au moment de son utilisation) du formaldéhyde, de manière plus ou moins importante selon les molécules.

Données actuelles

L'étude d'évaluation du risque lié à l'utilisation du formaldéhyde dans les différents produits cosmétiques est en cours de finalisation à l'Afssaps.

Réglementation

Le formaldéhyde est interdit dans les aérosols. Dans les autres produits, sa concentration ne doit pas dépasser 0,2 %, sauf pour les produits pour hygiène buccale où elle est limitée à 0,1 %. Dans les durcisseurs d'ongles, sa concentration est autorisée jusqu'à 5 %.

Les libérateurs de formol sont autorisés à des concentrations maximales qui diffèrent selon les molécules.

Autres additifs

Antioxydants

Le butylhydroxytoluène (BHT) et le butylhydroxyanisole (BHA) sont utilisés comme antioxydants. Ils ne sont pas soumis à restriction.

Le Centre international de recherche sur le cancer classe le BHA parmi les cancérogènes possibles. Le BHT est actuellement considéré comme inclassable au point de vue de la cancérogénicité pour l'homme.

Phtalates

Les phtalates sont présents dans de nombreux produits. Ces substances chimiques sont très utilisées dans l'industrie, notamment pour assouplir les articles en PVC. Ils sont également utilisés dans les produits cosmétiques, en particulier comme vecteurs.

Plusieurs phtalates ont été interdits d'utilisation dans les produits cosmétiques compte tenu de leur potentiel toxique pour la reproduction (catégorie 2 et 3 pour certains) : dibutylphtalate (DBP), diéthylhexylphtalate (DEHP)... Actuellement, seul le diéthylphtalate (DEP), considéré comme présentant de très faible risque, est autorisé dans les produits cosmétiques. Le DEP a fait l'objet d'évaluations au niveau européen en 2002, 2003 et 2007 qui ont toutes conclu à son innocuité pour un usage cosmétique.

Les muscs de synthèse

Les muscs de synthèse sont des substances utilisées en parfumerie pour leur odeur et pour leur pouvoir fixateur qui empêche les composants volatils d'un parfum de s'évaporer trop rapidement.

Certains de ces muscs bioaccumulables sont interdits en cosmétologie. Les muscs xylène et cétone sont autorisés à concentration limitée dans les produits finis. La tonalide et la galaxolide sont des muscs polycycliques très utilisés. Des effets endocriniens chez l'animal auraient été mis en évidence avec ces substances (Interaction of musks and UV filters with the estrogen receptor, Androgen receptor and progesteron receptor in reporter gene bioassays ; Richard H.M.M. Schreurs, Edwin Sonneveld ; Jenny H.J. Jansen, Willem Seinen and Bart van der Burg ; Toxicol. Science, 10 november 2004).

A l'heure actuelle, la tonalide est réglementée (autorisée à une concentration maximale variable selon le type de produit : produits non rincés, produits rincés, parfums...). La galaxolide n'est pas une substance réglementée. Elle a fait l'objet d'une expertise au niveau européen concluant à une absence de risque pour un usage cosmétique aux concentrations d'utilisation déclarées par l'industrie.

en pratique - les sels d'aluminium - au comptoir

« Les sels d'aluminium des déodorants sont-ils dangereux ? »

Faut-il éviter les déodorants avec des sels d'aluminium ? Sont-ils nocifs ? »

Votre réponse

« Comme pour les parabens, certaines études ont émis l'hypothèse d'un lien entre cancer du sein et utilisation de déodorant contenant des sels d'aluminium. Mais, jusqu'à présent cela n'est pas confirmé. »

Utilisés pour bloquer le processus de transpiration, les sels d'aluminium resserrent les pores et limitent la sécrétion sudorale. Après dissolution dans la sueur, ils forment une fine pellicule de gel sur les glandes sudoripares. Cette pellicule réduit la quantité de sueur sur la peau pendant plusieurs heures après l'application de l'antitranspirant.

Risques potentiels

Cancer du sein

L'accumulation d'aluminium consécutive à une utilisation répétée de produits en contenant a été mise en cause dans l'apparition du cancer du sein.

- En constatant une incidence élevée de cancer du sein dans le quadrant supéroexterne (localisation proche de la surface habituelle d'application des déodorants et/ou des antitranspirants), des équipes scientifiques ont émis l'hypothèse d'un lien possible entre antitranspirants et cancer du sein.

En novembre 2003, un rapport d'expertise interagences (AFSSA, Afssaps, InVS) a été rédigé. Les conclusions formulées sont qu'en l'état actuel des connaissances, les sels d'aluminium utilisés dans les antitranspirants ne sont pas considérés comme cancérigènes. Plus récemment, les conclusions d'un groupe d'experts scientifiques international rejoignent ces données. Toutefois, des études complémentaires, notamment de pénétration cutanée, sont jugées nécessaires pour confirmer ces résultats. Elles sont actuellement en cours.

- Par ailleurs, il peut être conseillé de ne pas utiliser d'antitranspirants avant une mammographie. Ils peuvent apparaître sur les clichés et gêner leur interprétation.

Irritations et eczémas

Les sels d'aluminium peuvent être à l'origine d'irritations, de réactions inflammatoires voire également d'eczémas.

Réglementation

Parmi les sels d'aluminium utilisés en tant qu'agents antitranspirants, seuls ceux à base d'hydroxychlorure d'aluminium et de zirconium hydratés sont réglementés.

A l'heure actuelle, ces sels d'aluminium sont autorisés par la réglementation cosmétique uniquement dans les produits antitranspirants à la concentration maximale de 20 % d'aluminium et de zirconium anhydre.

Certains fabricants ont toutefois préféré éliminer l'ensemble des sels d'aluminium de leur formulation. Ils sont par exemple remplacés par des huiles essentielles aux propriétés antibactériennes, par le triéthylcitrate, un antiseptique issu notamment du jus de griottes, ou par le ricinoléate de zinc (issu de l'huile de ricin) qui capte les mauvaises odeurs.

en pratique - les filtres solaires - au comptoir

« Je veux un lait solaire sans nanoparticules »

J'aimerais un lait solaire pour mes enfants mais sans nanoparticules. Comment savoir s'il en contient ? »

Votre réponse

« Malheureusement, les fabricants ne sont pas tenus d'indiquer si les filtres utilisés sont sous forme de nanoparticules ou non. »

Écrans minéraux

Les écrans minéraux (dioxyde de titane, oxyde de zinc) agissent par réflexion et dispersion des rayons UV. Sous leur forme naturelle, ils ne sont pas toxiques. Pour assurer une protection suffisamment efficace (recouvrement maximal) et pour éviter le film blanc laissé sur la peau après application, les écrans minéraux sont utilisés sous forme de nanoparticules.

- On ne connaît pas à l'heure actuelle l'impact que peuvent avoir ces nanoparticules appliquées sur la peau. Les études concernant leur pénétration cutanée sont contradictoires. La pénétration serait possible notamment par le biais de petites lésions.

- Leur réaction à la lumière serait également susceptible de produire des radicaux libres qui pourraient endommager l'ADN des cellules cutanées.

- Le Centre international de recherche sur le cancer a classé le dioxyde de titane comme « cancérogène possible » pour les personnes exposées aux poussières de dioxyde de titane par inhalation.

- Les nanoparticules ont aussi des applications dans le domaine médical (nano-implants, nanodétection...), l'industrie (électronique, matériaux...). Le risque soulevé par les nanoparticules en général fait l'objet de nombreuses recherches au niveau européen et international. Dans l'attente des résultats des études en cours, le risque généré par l'utilisation d'écrans minéraux sous forme de nanoparticules est moindre que celui d'une exposition solaire sans protection.

- Actuellement, le fabricant n'est pas obligé d'indiquer si le ou les écrans minéraux utilisés dans sa formule sont sous forme de nanoparticules ou non.

Filtres de synthèse

Les filtres synthétiques assurent la protection cutanée par absorption sélective des rayons ultraviolets. Contrairement aux écrans minéraux, il existe une absorption cutanée de ces filtres au niveau de la peau qui a conduit à préférer l'utilisation de filtres solaires minéraux chez les enfants.

- Selon une étude de l'université de Zurich sur des bébés rats (Schlumpf M, Schmid P et al. Endocrine activity and developmental toxicity of cosmetic UV filters - an update, Toxicology. 2004 Dec 1;205(1-2) :113-22.), certains filtres solaires agiraient comme des estrogènes (éthylcinnamate, éthylhexyl- et isoamylméthoxycinnamate...). A l'heure actuelle, ces résultats ne peuvent être transposés à l'homme.

- De plus en plus utilisés (crèmes anti-âge, rouges à lèvres, protecteurs de cheveux...), leur impact négatif sur l'environnement est aujourd'hui décrié (on en retrouve dans certains poissons et ils mettraient en danger les récifs coralliens).

- Enfin, certains de ces filtres solaires sont allergisants comme les dérivés du dibenzoylméthane ou les esters de l'acide para-aminobenzoïque. Les dérivés de la benzophénone sont aussi allergisants, telle l'oxybenzone (benzophénone 3) dont la présence doit être signalée par la mention « Contient de l'oxybenzone » si la concentration utilisée dépasse 0,5 %.

en pratique - les substances allergisantes - au comptoir

« Plus sûrs, les produits hypoallergéniques ? »

Je ne supporte plus certains produits cosmétiques. Les produits hypoallergéniques sont-ils plus fiables ? »

Votre réponse

« La mention hypoallergénique indique que le fabricant a étudié le risque de réactions allergiques. Toutefois, les substances allergisantes sont nombreuses. Comparez la liste des ingrédients des produits que vous tolérez à celle des ingrédients que vous ne tolérez pas. Si cela est difficile, faites des tests. »

La mention « hypoallergénique » signifie que le produit cosmétique a été étudié et formulé en vue de minimiser les risques allergiques et sensibilisants. Cette mention n'est pas réglementée et ne constitue pas une garantie.

Substances allergisantes

Si certains filtres UV synthétiques, tensioactifs, produits de coloration capillaires ou colorants peuvent se révéler allergisants, ce sont principalement les substances parfumantes et les conservateurs qui sont responsables d'allergie.

Les parfums

26 substances parfumantes susceptibles d'entraîner des réactions allergiques de contact sont inscrites dans l'annexe III de la directive « cosmétique ». Elles doivent obligatoirement être mentionnées sur le récipient et sur l'emballage du produit si elles sont présentes à une concentration supérieure à 0,001 % pour les produits non rincés et à 0,01 % pour les produits à rincer. Parmi ces 26 substances, 16 existent à l'état naturel, les autres étant obtenues par synthèse. Beaucoup de ces substances naturelles se retrouvent dans les huiles essentielles (HE) : l'HE de rose contient six allergènes présents sur cette liste (eugénol, citral, géraniol, citronellol, farnésol, linalol).

Les conservateurs

- Le triclosan et le triclocarban (conservateurs à large spectre) peuvent être à l'origine d'allergies, tout comme le formaldéhyde.

- La suppression des parabens entraîne le recours à d'autres conservateurs comme le Kathon CG, un mélange de deux substances allergisantes (méthylisothiazolinone et méthylchloro-isothiazolinone).

Les huiles essentielles

Face à l'utilisation croissante des HE, en particulier depuis le boom des cosmétiques bio, qui les utilisent à la place des substances de synthèse comme les parabens, et compte tenu de leur toxicité potentielle, l'Afssaps a élaboré un document visant à mieux encadrer leur utilisation. Destiné aux industriels, il souligne l'importance des critères de qualité des HE et des matières premières dont elles sont issues. Un document ultérieur doit être élaboré afin de contribuer à l'évaluation du risque éventuel des cosmétiques contenant des HE pour les consommateurs.

Les tests

- Il existe deux tests regroupant 14 des 26 allergènes parfumés à étiquetage obligatoire : Fragrance mix I et II. Ils s'effectuent chez le dermatologue.

- Chez soi, il est possible de tester un soin en l'appliquant (une noisette) dans le creux du coude. Après 48 heures, l'apparition d'une réaction type eczéma confirme l'allergie.

en pratique - les cosmétiques bio et naturels - au comptoir

« Les produits cosmétiques bio contiennent-ils des conservateurs ? »

Pourquoi certains soins bio affichent-ils la mention « sans conservateurs » ? Cela signifie-t-il que les autres en contiennent ? »

Votre réponse

« Les labels bio autorisent quelques conservateurs de synthèse. Ils peuvent aussi avoir recours à l'alcool ou à certaines huiles essentielles. »

Les produits cosmétiques bio sont très en vogue à l'heure actuelle. Ils revendiquent l'absence de nombreuses substances synthétiques. Mais sont-ils sans danger ?

Les labels bio

Il existe plus d'une dizaine de labels bio en Europe. En France, les trois labels couramment rencontrés sont Cosmébio, BDIH et Nature et Progrès.

Les labels français

Cosmébio/Ecocert

La charte Cosmébio (issue de la collaboration d'une dizaine de laboratoires cosmétiques impliqués dans les produits naturels ou bio) propose deux niveaux de certification : les labels « Cosmétique Bio » et « Cosmétique Eco » (voir page 10). Ces labels sont certifiés par les organismes de contrôle Ecocert ou Qualité France, dont les cahiers des charges sont très proches.

Les labels sont réservés aux laboratoires adhérents à l'association Cosmébio. Pour un laboratoire non adhérent, il est possible de faire certifier ses produits par le label « Ecocert » ou « Qualité France ».

BDIH

Le label « BDIH Cosmétiques naturels contrôlés » est présent en Allemagne et en France. Il est issu d'un groupe de laboratoires allemands qui a élaboré un cahier des charges. Ce label est certifié par des organismes certificateurs indépendants allemands. Sa particularité est qu'il indique dans son cahier des charges les substances autorisées sous la forme d'une liste positive.

Nature et Progrès

Le cahier des charges « Nature et Progrès » est l'un des plus restrictifs en ce qui concerne les composants et les processus chimiques autorisés (voir page 10).

Les labels européens

Cosmos

Le référentiel « Cosmos » a été mis en place par un groupe de travail européen réunissant des organismes de certification (Cosmébio/Ecocert, BDIH...), des associations de fabricants et de consommateurs. L'objectif : harmoniser les différents labels en créant un label de référence au niveau européen et mieux informer les consommateurs. La certification des premiers produits débutera en avril 2009. Deux niveaux de certification sont prévus : « naturel » et « bio ».

Le label « Cosmos » a aussi pour objectif de protéger l'environnement en veillant aux différentes étapes de fabrication jusqu'au produit final (recyclage des déchets...).

Natrue

Le premier label européen, « Natrue », a été fondé en 2008 par les principaux fabricants de cosmétiques allemands. Les premiers produits certifiés Natrue sont commercialisés depuis le début de l'année 2009. Trois niveaux de certification sont possibles.

Natrue a pour origine un groupe d'intérêt industriel : les fabricants allemands à l'origine de Natrue se sont en fait détachés du groupe de travail européen à l'origine du référentiel « Cosmos » car ils estimaient que la mise en place du référentiel européen prenait trop de temps.

Les points communs

Quel que soit le label, des similitudes existent : exclusion des colorants ou des parfums de synthèse, des silicones et des paraffines (et tout produit dérivé du pétrole), des OGM, des matières éthoxylées (polyéthylène-glycol ou polypropylène-glycol), des parabens et du phénoxyéthanol. Les tests sur les animaux ne sont pas acceptés (tout comme pour les cosmétiques traditionnels) et les procédés de transformation doivent être non polluants avec prise en compte importante des impacts environnementaux.

Les actifs

Si la plupart des ingrédients des cosmétiques bio sont bien définis, certains posent quelques problèmes.

L'eau : bio ou pas bio

- L'eau n'est pas prise en compte dans le calcul du pourcentage des ingrédients naturels, et a fortiori dans le calcul du pourcentage d'ingrédients bio. Dans les cosmétiques bio, elle est très souvent remplacée par de l'eau florale issue de la distillation d'un extrait de plante ; cette eau contient une fraction d'huile essentielle bio (entre 0,05 et 0,5 %).

Le remplacement de l'eau par une eau florale permet pour la charte Cosmébio de considérer l'eau comme bio. L'eau entre ainsi dans le calcul du pourcentage d'ingrédients bio. En revanche, les labels BDIH et Natrue ne comptabilisent pas l'eau florale issue d'huile essentielle bio comme un ingrédient bio (seul l'extrait de plante utilisé au départ est considéré comme bio).

Cette question n'est pas encore tranchée pour le label Cosmos. Si l'eau florale n'est plus considérée comme bio, de nombreux produits ne seront plus labellisés, notamment les shampooings, gels douche, lotions, qui contiennent plus de 80 % d'eau.

- Par ailleurs, l'eau pour les soins du contour de l'oeil ou les produits bébés ne doivent pas contenir plus de 100 germes par gramme. Pour les autres produits, elle doit contenir au maximum 1 000 germes par gramme. Il en est de même pour l'eau thermale.

L'alcool

L'alcool est présent dans de nombreuses formules de cosmétiques bio, et ce pour deux raisons : en tant que tel comme conservateur et dans le cadre des extraits hydroalcooliques (macération de plantes sèches en général dans un mélange eau-alcool, puis pressage et filtration).

L'alcool utilisé peut être un ingrédient bio s'il s'agit d'un alcool végétal (alcool obtenu par fermentation de végétaux bio) : il est donc comptabilisé dans le calcul du pourcentage d'ingrédients bio. Mais l'éthanol n'étant pas une matière première totalement anodine, les fabricants doivent, comme pour tous les ingrédients utilisés, garantir la sécurité d'emploi des produits cosmétiques en contenant.

Les conservateurs

La plupart des labels bio ont défini une liste très restreinte de conservateurs de synthèse, mais qui existent dans la nature, autorisés sur des critères de protection de l'environnement et de sécurité sanitaire : benzoate de sodium, alcool benzylique, acide formique, acide propionique et ses sels (sauf dans le label BDIH), acide salicylique et ses sels, acide sorbique et ses sels.

Depuis le début de l'année, le référentiel Ecocert interdit l'utilisation des parabens et du phénoxyéthanol comme conservateur dans les ingrédients. Jusqu'à cette date, ils étaient autorisés (jusqu'à une certaine concentration) et pouvaient donc se retrouver à l'état de traces dans le produit fini.

Comment les remplacer ?

- Renoncer à tout conservateur nécessite généralement d'avoir recours à des composants aux propriétés conservatrices tels que l'alcool ou les huiles essentielles (substances non anodines).

- La conservation peut aussi passer par un système adéquat : conditionnement en tubes et non en pots, et idéalement des flacons-pompes ou mieux « airless » (qui empêchent l'entrée d'air ou sont munis d'un filtre). Certains fabricants ont recours à la stérilisation UHT (gamme Dermatherm) : le produit est chauffé à très haute température puis soumis à un refroidissement immédiat pour éviter la contamination bactérienne.

Durée de conservation

Comme tous les produits cosmétiques, les produits cosmétiques naturels et bio doivent passer avec succès les tests de conservation (challenge test, études de stabilité, contrôle microbien du produit fini).

En règle générale, les dates de péremption du produit et la date de péremption après ouverture (PAO) sont souvent plus courtes, voire très courtes pour les produits bio.

Mention « sans conservateurs »

- La mention « sans conservateurs » n'a pas de caractère réglementaire. Il s'agit d'une information apportée par le fabricant. Elle n'est recevable que si le produit fini ne contient effectivement aucun conservateur de l'annexe VI. C'est théoriquement possible, par exemple pour certains conditionnements galéniques particuliers (flacon-pompe airless, produits stériles conditionnés en monodose...).

- La mention « sans conservateurs de synthèse », également sans aucun caractère réglementaire, est plus juste. Elle implique une absence de tout conservateur de synthèse, même ceux autorisés par les référentiels bio ou naturels. La présence d'autres conservateurs naturels, type éthanol, glycérol, voire huiles essentielles, est en revanche possible.

- En cas d'utilisation d'un des conservateurs de synthèse autorisés, les labels BDIH et Natrue exigent que soit mentionné sur le conditionnement : « conservé avec... ». Pour les produits certifiés Ecocert/Cosmébio, ceci n'est pas obligatoire.

communiquez ! - réalisez votre vitrine

Quand la nature s'invite

Le concept

- L'événement : La mise en avant des cosmétiques bio

- Le message : Les cosmétiques bio prennent soin de la peau

- Les produits : Gel douche bio, crème hydratante bio, déodorant bio

- La couleur : Vert et ocre brun

Les slogans

- « Du bio pour votre peau »

- « Optez pour le bio »

- « Mettez votre peau au bio »

Les fournitures

- Panneau de polystyrène extrudé

- Cartons

- Gazon artificiel

- 3 paniers en osier

- 2 tiges de bambou

- Fleurs en tissu

- Billes de verre transparentes

- 2 guirlandes de lierre artificiel

- 3 petites serviettes de toilette

- Morceau de tissu type lin

- Lettres pochoirs

- Bombe de peinture verte

- Fil de nylon

- Etiquettes en papier

- Petits fils de métal

Plan de la vitrine

Créer le panneau de fond et le suspendre au plafond avec du fil nylon. Surélever le niveau du sol de votre espace vitrine à l'aide de cartons récupérés, puis recouvrir de gazon artificiel. Fixer les tiges de bambou en les plaçant dans le sol et en les suspendant au plafond à l'aide de fil nylon. Peindre le slogan sur le morceau de tissu à l'aide des lettres pochoirs. Accrocher la bannière slogan sur les tiges de bambou. Enrouler les guirlandes de lierre. Disposer les paniers contenant les produits rangés par catégorie et les prix, les fleurs et les perles (pour imiter la rosée) au sol.

Détail d'un élément du décor

Découper en forme de buisson un panneau de fond en polystyrène extrudé. Le recouvrir de gazon artificiel en collant celui-ci à l'aide de la colle en bombe et en renforçant le tout avec des agrafes. A défaut, le peindre en vert.

Malin

Pour que les produits soient bien visibles dans le panier, les surélever à l'aide d'une serviette de toilette pliée.

communiquez ! - des conseils pour votre rayon

Des cosmétique beaux et... bio !

Les cosmétiques bio se portent très bien, preuve en est la multiplication des marques. Ce rayon est à bichonner car la pharmacie est le premier réseau de distribution de ces produits avec près de 30 % d'acheteuses.

Un corner « frontière »

En fonction de la topologie des rayons et de la demande, les cosmétiques bio font partie d'un corner bio reprenant l'ensemble de l'offre (des huiles essentielles à la cosmétique), ou sont intégrés aux dermocosmétiques, mais au sein de descentes bien identifiées. L'option corner bio peut être mise en scène avec un coin détente à proximité (fauteuil, fontaine diffusant des huiles essentielles, éclairage doux et musique relaxante). Dans le cas du corner, l'implantation par famille peut être verticale. Lorsque les rotations deviennent plus importantes avec une demande bien installée, les cosmétiques bio migrent au sein du rayon cosmétique. L'idéal, quand les deux rayons sont côte à côte : positionner les cosmétiques bio dans la prolongement des produits bio du rayon bébé.

Travailler l'offre

L'explosion de l'offre (près de 400 nouvelles références en 2007 !) et une demande accrue autorisent à référencer au minimum deux ou trois voire quatre marques bio. Inutile toutefois de multiplier les références qui obligent à surstocker et qui peuvent nuire à la lisibilité du rayon.

Une marque leader en termes de parts de marché, munie d'une forte notoriété spontanée, est une obligation. Elle sert aussi de caution au rayon. Une marque « abordable » est également nécessaire pour servir de produits d'appel sur ce rayon. Enfin, l'officine peut proposer une marque « régionale » et/ou conseil. Dans tous les cas, le choix des références doit être clairement établi en fonction des qualités et des certifications des produits. Les clients y sont particulièrement sensibles dans ce domaine.

Balisage : dégradé de verts !

Code couleur, signalétique argumentant les vertus du bio... Selon les spécialistes, les produits bio nécessitent un balisage qui se démarque clairement des codes classiques de l'officine. Celui-ci pourra être de nuance bien différente du « vert pharmacie », tout en y restant fidèle.

Côté signalétique et réglettes, place à l'imagination : une typographie manuscrite, des dessins de feuilles ou de plantes, ou même des feuilles séchées sur les réglettes peuvent trancher en douceur.

Animation : cela sent bon

Les animations du rayon cosmétique bio peuvent être alliées avec celles de l'espace médecine naturelle et de l'aromathérapie. Vous pouvez proposer la « semaine du bio » au printemps : diffuser des huiles essentielles, prendre des rendez-vous avec une esthéticienne qui travaillera avec une des gammes bio... Enfin, si les clientes sont moins sensibles aux promotions sur la cosmétique bio, l'échantillonnage donne de très bons résultats et permet d'initier de nouvelles clientes.

En collaboration avec Francis Brichet, directeur d'Atout merchandising.

votre valeur ajoutée

Prévenez les risques d'allergie

La suppression de substances synthétiques dans les cosmétiques bio n'implique pas leur innocuité. Bien au contraire, ces ingrédients non naturels, comme les conservateurs par exemple, peuvent être remplacés par des substances naturelles, mais potentiellement allergisantes telles que les huiles essentielles. Un label bio ne représente pas une garantie de sécurité vis-à-vis des réactions allergiques. Il est donc important de prendre ce risque en compte lors du conseil.

Tester les produits

Avant d'utiliser un produit cosmétique, qu'il soit bio ou non, il est judicieux de le tester. Incitez vos clients à le faire, notamment lorsqu'il s'agit de personnes potentiellement à risque : « Au vu de vos nombreuses réactions allergiques antérieures, je vous propose, avec cette dose d'essai, de vérifier que cette crème ne vous provoque aucune réaction. »

Ne pas confondre allergie et irritation

L'apparition de rougeurs immédiatement après l'application d'un produit cosmétique ne signifie pas une allergie. Une allergie de contact n'apparaît qu'au bout de 48 heures après l'application du produit. Elle se manifeste par des rougeurs, des démangeaisons, des vésicules, un oedème des paupières...

Les allergies sont donc à distinguer des irritations qui touchent principalement les peaux réactives et se traduisent par des tiraillements voire des brûlures de la peau. Ces irritations sont souvent la conséquence d'un produit non adapté (exemple : crèmes aux acides de fruits sur une peau fragile) ou mal utilisé (exemple : gommage utilisé tous les jours) ou bien même de mauvaises habitudes comme des lavages trop fréquents. Faites un bilan avec votre cliente de tous les soins utilisés.

Déclaration à la cosmétovigilance

Même si la plupart ne sont pas graves, ne minimisez pas les effets indésirables des cosmétiques. Ceux-ci doivent être pris en charge par l'équipe officinale au même titre que les effets indésirables engendrés par les médicaments. Cela permet de rassurer le client.

N'oubliez pas de déclarer cet effet indésirable à la cosmétovigilance et de proposer une alternative au soin incriminé voire un traitement quand celui-ci n'est pas du ressort du médecin.

documentez-vous

Livres

Produits dermocosmétiques mode d'emploi

C. Lafforgue, J. Thiroux, éditions Arnette, 2008

L'ouvrage récapitule la législation des produits cosmétiques, leurs formulations, les matières premières utilisées, l'étiquetage. On y trouve la liste des substances parfumées allergènes, celle des photoprotecteurs UV admis dans les produits cosmétiques, la liste des conservateurs, celle des colorants et pigments pour cosmétique. Un tableau présente près de 4 000 ingrédients sous leur dénomination INCI, leur nom commun, leur origine et leur fonction. Des exercices corrigés permettent de s'exercer à identifier les composants d'une liste d'ingrédients. Un chapitre fait l'objet d'une mise au point sur Reach et de son impact sur les ingrédients à visée cosmétique.

Site internet

http://www.parlonscosmetiques.com

Lancé par la Fédération des entreprises de la beauté, ce site, destiné au grand public, regroupe des informations pratiques sur les produits cosmétiques : réglementation (fabrication, contrôle...), étiquetage, rôle des ingrédients...

à retenir - les ingrédients cosmétiques montrés du doigt

A dire aux patients

- La mention « hypoallergénique » ne signifie pas que le risque de réaction allergique au produit soit nulle. Testez-le en l'appliquant dans le pli du coude ; l'apparition d'une réaction au bout de 48 heures confirme l'allergie.

- Les substances naturelles telles les huiles essentielles peuvent être allergisantes et sensibilisantes.

- La mention « sans conservateurs » n'a pas de caractère réglementaire. C'est une information donnée par le fabricant.

- Les labels BDIH et Natrue exigent que les conservateurs de synthèse soient mentionnés sur le conditionnement (« conservé avec... »).

- Les labels des cosmétiques bio n'ont pas tous les mêmes critères d'exigence.

Substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques

L'annexe I de la directive 67/548/CEE du 27 juin 1967, relative aux substances dangereuses, regroupe les substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (reprotoxiques). Ces substances sont classées en 3 catégories (1, 2 et 3) correspondant respectivement aux substances certainement, très probablement et potentiellement mutagènes, cancérogènes et reprotoxiques. L'utilisation en cosmétologie des substances de catégorie 1 et 2 est interdite. Seules les substances de la catégorie 3 qui ont fait l'objet d'une opinion favorable du Comité scientifique européen des produits de consommation (SCCP) peuvent être utilisées dans les produits cosmétiques.

Infos clés

- Parabens : pas de lien mis en évidence entre parabens et cancer du sein. Etudes complémentaires en cours pour certains parabens.

- Ethers de glycol : certains sont classés cancérogènes. Quatre d'entre eux, non classés, sont utilisés dans les produits cosmétiques.

- Formaldéhyde : allergisant et irritant ; potentiellement cancérogène, en particulier par inhalation.

l'avis du spécialiste

« Des contrôles plus rigoureux pour les cosmétiques destinés aux bébés »

catherine desmares, directrice de l'évaluation de la publicité, des produits cosmétiques et biocides

Comment est évaluée la sécurité des produits cosmétiques ?

Tout fabricant est tenu d'évaluer la sécurité du produit cosmétique. L'ensemble des informations constituant le « dossier cosmétique » du produit est tenu à disposition des autorités en charge de la surveillance du marché (Afssaps et DGCCRF). Pour l'évaluation de la sécurité du produit fini, le fabricant doit notamment tenir compte du profil toxicologique des ingrédients, de leur structure chimique et de leur niveau d'exposition, ainsi que des caractéristiques spécifiques d'exposition des zones corporelles sur lesquelles le produit sera appliqué ou de la population à laquelle il est destiné.

Et pour les cosmétiques destinés aux enfants ?

Ils font l'objet d'une évaluation spécifique et adaptée à cette population. Les programmes réguliers d'inspection et de contrôles en laboratoire sont intensifiés concernant les produits destinés aux enfants de moins de trois ans. Actuellement, l'Afssaps a constitué un groupe de travail portant sur l'évaluation spécifique de la sécurité des produits cosmétiques destinés aux enfants de moins de 3 ans. Ce groupe est chargé d'établir un état des lieux des stratégies mises en place par les industriels concernés et d'identifier les paramètres essentiels d'une telle évaluation.

Interdiction des dentifrices au diéthylène-glycol

Le diéthylène-glycol (DEG) est une substance utilisée comme solvant ou comme antigel. En 2007, il a été retrouvé dans certains dentifrices importés de Chine ou d'Afrique du Sud. Il jouait le rôle d'épaississant en remplacement de la glycérine. Le diéthylène-glycol présente un risque de toxicité aiguë en cas d'ingestion accidentelle du dentifrice, notamment par des jeunes enfants. Face à cette situation, l'Afssaps a décidé le retrait et l'interdiction de la fabrication et de la commercialisation des dentifrices en contenant en tant qu'ingrédient. Plusieurs dentifrices ont ainsi été retirés du marché.

Cette décision a été notifiée au niveau européen, assortie d'une demande de réglementation portant sur l'interdiction du diéthylène-glycol dans les produits d'hygiène buccale. En octobre 2008, une interdiction du DEG dans tous les produits cosmétiques et une limitation du DEG en tant que traces à la concentration maximale de 0,1 % a été votée par la Commission européenne.

pour approfondir

La directive « cosmétique » et ses sept annexes

Les produits cosmétiques sont encadrés par une réglementation européenne, la directive « cosmétique » 76/768/CEE du Conseil du 27 juillet 1976, pour laquelle les autorités compétentes en matière de contrôle sont l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, la Direction générale de la santé et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Cette directive comporte sept annexes régulièrement mises à jour par le Comité scientifique européen des produits de consommation (SCCP) :

- l'annexe I comporte une liste indicative décrivant les différentes catégories de produits cosmétiques ;

- l'annexe II comprend la liste des substances qui ne peuvent entrer dans la composition des produits cosmétiques ;

- l'annexe III comprend la liste des substances soumises à restrictions et conditions. Elle contient notamment la liste des 26 substances parfumées allergisantes (voir page 8). ainsi que la liste des substances provisoirement admises ;

- l'annexe IV fixe la liste des colorants admis ;

- l'annexe V contient la liste des substances exclues du champ d'application de la directive ;

- l'annexe VI comporte la liste des conservateurs admis ;

- l'annexe VII celle des filtres solaires.

Cette directive sera bientôt remplacée par un règlement européen en vue d'une simplification. L'objectif est de fournir une meilleure défense au consommateur.

pour approfondir

L'alun naturel est réputé inerte

L'alun naturel est une poudre cristalline naturelle provenant de l'alumine et des schistes. Le plus courant est l'alun de potassium, un sulfate double d'aluminium et de potassium : AL2(SO4)3, K2SO4, 24 H2O.

Au contact de l'eau, celui-ci libère des oxydes et des hydroxydes d'aluminium qui sont réputés inertes. Aucun renseignement toxicologique sur ce sulfate double ne figure sur le site de l'Institut national de recherche et de sécurité. Aucune restriction d'utilisation ne concerne l'alun naturel. Ces composés sont même autorisés en cosmétologie naturelle et biologique à la différence du chlorhydrate d'aluminium.

La pierre d'alun (Potassium alum), à ne pas confondre avec la pierre d'alun synthétique (Ammonium alum), est utilisée comme déodorant naturel, antiseptique et cicatrisant. Il suffit de mouiller légèrement la pierre avant de l'appliquer. Il s'utilise aussi en après-rasage car il arrête le saignement des microcoupures.

Infos clés

- Données actuelles insuffisantes pour permettre d'établir un lien entre sels d'aluminium et cancer du sein.

- Etudes complémentaires attendues sur la pénétration cutanée.

pour approfondir

L'étiquetage des ingrédients sous la nomenclature INCI

- Dans la liste des composants d'un produit, les ingrédients sont dénommés selon la nomenclature internationale INCI (International Nomenclature for Cosmetic Ingredients). Si l'emballage est trop petit pour pouvoir citer tous les ingrédients, une notice doit être jointe au produit et sa présence doit être signalée sur l'emballage par un logo.

- Les ingrédients sont cités par ordre décroissant de poids au moment de leur incorporation. Ceux en concentration inférieure à 1 % peuvent être indiqués dans le désordre, après les substances en concentration supérieure à 1 %. Les parfums et compositions parfumantes sont désignés par « parfum » ou « arômes ». Les colorants sont listés sans ordre après les autres ingrédients sous la dénomination CI (Color Index) suivie d'un nombre de 5 chiffres.

Infos clés

- Ecrans minéraux : les nanoparticules font l'objet de recherches internationales.

- Filtres de synthèse : certains évoquent une activité perturbatrice endocrinienne. Allergies possibles.

pour approfondir

Cosmétovigilance : déclaration des effets indésirables

Les professionnels de santé ont l'obligation de déclarer sans délai à l'Afssaps tout effet indésirable lié à un cosmétique « paraissant revêtir un caractère de gravité ». La fiche de notification d'effets indésirables suite à l'usage d'un cosmétique (téléchargeable sur le site de l'Afssaps) est destinée aux professionnels de santé mais aussi à toute personne souhaitant déclarer un effet indésirable. La première partie comporte notamment la dénomination du produit et la description de l'effet indésirable. La seconde est réservée aux professionnels de santé. Elle permet d'apporter des précisions sur l'effet indésirable, le patient et l'enquête allergologique s'il y a lieu.

Infos clés

- 26 substances susceptibles d'entraîner des allergies de contact sont répertoriées. Leur présence au-delà d'une concentration doit être mentionnée sur le produit.

- Beaucoup d'autres substances sensibilisantes existent également : conservateurs, huiles essentielles...

Attention aux cosmétiques pseudo-naturels !

Certaines marques de cosmétiques communiquent sur la notion de « naturel ». Les quelques ingrédients naturels ou d'origine naturelle sont mis en avant alors que, par ailleurs, les émulsifiants ou les additifs utilisés ne le sont pas (PEG, phénoxyéthanol, conservateurs de synthèse, parfums synthétiques, silicones...). Beaucoup de fabricants ont recours à ces substances car les éliminer nécessiterait de revoir l'ensemble de la formulation et de réaliser à nouveau des tests de conservation.

Infos clés

- Chaque label bio a son propre cahier des charges. Au niveau européen, deux labels se mettent en place : « Cosmos » et « Natrue ».

- Les points communs : exclusion des colorants ou des parfums de synthèse, des silicones et des paraffines, des OGM, des matières éthoxylées, des parabens et du phénoxyéthanol. Les procédés de transformation doivent être non polluants. Aucun test n'est effectué sur les animaux.

- La plupart des labels bio autorisent une liste restreinte de conservateurs de synthèse.

Exigences des principaux labels des cosmétiques bio

Label Cosmébio/Ecocert

- Cosmétique Bio

- 95 % des ingrédients doivent être naturels ou d'origine naturelle ; possibilité de recourir jusqu'à 5 % d'ingrédients de synthèse.

- 95 % au minimum des ingrédients végétaux doivent être certifiés bio sur le total des ingrédients végétaux.

- 10 % au moins du total des ingrédients doit être constitué d'ingrédients bio (ingrédient naturel, végétal ou issu de la production animale qui peut être certifié selon les règles de production de l'agriculture biologique).

- Cosmétique Eco

- 95 % des ingrédients doivent être naturels ou d'origine naturelle ; possibilité de recourir jusqu'à 5 % d'ingrédients de synthèse.

- 50 % au minimum des ingrédients végétaux doivent être certifiés bio sur le total des ingrédients végétaux.

- 5 % au moins du total des ingrédients doivent être constitués d'ingrédients bio.

Label BDIH

- Incitation à utiliser des ingrédients bio mais pas de pourcentage minimal.

- Les ingrédients utilisés doivent figurer sur la liste positive des substances autorisées.

- Au moins 60 % des produits d'une marque doivent être certifiés avant que le premier produit puisse porter le label BDIH.

Label Nature et Progrès

Tous les ingrédients du produit doivent obligatoirement être certifiés bio et au moins 70 % des produits finis de la marque doivent être labellisés Nature et Progrès.

Label Natrue

- Le label « une étoile » caractérise un produit issu de la cosmétologie naturelle (les ingrédients, bien que naturels, ne sont pas nécessairement d'origine biologique contrôlée).

- Les produits « deux étoiles » doivent contenir au moins 70 % de substances naturelles d'origine biologique (sur la totalité des ingrédients certifiables).

- Les produits « trois étoiles » sont constitués à plus de 95 % de substances naturelles provenant de l'agriculture biologique contrôlée.

Label Cosmos

- Produits « naturels » : les ingrédients doivent être d'origine naturelle ou transformés par des procédés chimiques respectueux de l'environnement. Ils ne doivent pas comporter plus de 5 % de produits de synthèse.

- Produits « bio » : le label exige 20 % d'ingrédients bio sur la totalité de la formule et 95 % des ingrédients végétaux certifiables doivent provenir de cultures biologiques.

pour approfondir

Reach : réglementation européenne des substances chimiques

Reach (Registration Evaluation and Autorization of Chemicals) est une nouvelle réglementation européenne, entrée en vigueur en juin 2007, qui a pour objectif d'offrir une meilleure protection vis-à-vis des substances chimiques utilisées. Les ingrédients doivent faire l'objet d'une déclaration par leur fabricant ou leur importateur. Une évaluation des substances est prévue afin de détecter celles présentant un risque pour la santé et/ou l'environnement. Les substances considérées comme « extrêmement préoccupantes » seront sujettes à une procédure d'autorisation. La liste de ces substances est consultable sur le site de l'Agence européenne des produits chimique).

Quelles sont les substances concernées ?

Les substances existant dans la nature et dont la composition chimique n'est pas modifiée ne sont pas soumises à l'obligation d'enregistrement. Il est également prévu l'absence d'obligation d'enregistrement pour les substances produites ou importées à moins d'une tonne par an. Les substances utilisées dans les cosmétiques sont déjà réglementées par la directive européenne mais elles sont concernées par Reach pour les procédures d'enregistrement et d'évaluation.

En juillet 2008, un groupe a été créé pour décider si les nanoparticules entraient dans le champ de Reach.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !