Médicament familial et grossesse - Le Moniteur des Pharmacies n° 2718 du 01/03/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2718 du 01/03/2008
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

douleur - au comptoir

« J'ai mal au dos en fin de journée »

J 'ai souvent mal au dos en fin de journée. Je voudrais prendre un antalgique mais je suis enceinte de 8 mois. Que pouvez-vous me conseiller ? »

Votre réponse

« Prenez du paracétamol, il est dénué de risque pour le foetus pendant toute la grossesse. En revanche, vous ne devez prendre ni aspirine ni ibuprofène, même en prise ponctuelle. »

Les douleurs lombaires sont souvent le résultat d'une position de cambrure exagérée afin de compenser le poids du ventre.

Les antalgiques par voie orale

Le paracétamol

Le paracétamol est à conseiller en première intention quelle que soit la période de la grossesse. Il est dénué de risques de foetotoxicité et de tératogénicité.L'aspirine et les AINS

Avant le 6e mois de grossesse

- L'aspirine, à des doses ³ 500 mg/j, peut être utilisée ponctuellement pendant les 5 premiers mois de grossesse en évitant les prises chroniques. Aucun élément inquiétant concernant l'effet malformatif chez les femmes enceintes exposées à l'aspirine pris en traitement ponctuel, notamment au premier trimestre, n'a été mis en évidence. Ceci étant, il est préférable de ne pas conseiller sa prise, même en l'absence d'effets toxiques rapportés à ce jour, car l'appareil cardiopulmonaire et la fonction rénale du foetus sont en place dès les deux premiers mois de grossesse et leur maturation continue tout au long de la grossesse.

- La prise d'ibuprofène et, de manière plus générale, d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne doit pas être conseillée pendant les 5 premiers mois de la grossesse. Elle ne doit être envisagée que si nécessaire et de manière ponctuelle, sans dépasser 1,2 g par jour. A des doses quotidiennes supérieures à 2 g par jour, l'ibuprofène expose le foetus à un risque de toxicité cardiovasculaire et rénale (le risque associé aux faibles doses est inconnu). De plus, les AINS seraient responsables de fausses couches lors de leur prise au cours du premier trimestre.

A partir du sixième mois (5 mois de grossesse révolus)

- L'aspirine à des doses ³ à 500 mg/j et les AINS (ibuprofène, kétoprofène...), y compris les inhibiteurs de cox-2, sont formellement contre-indiqués au-delà de 24 semaines d'aménorrhée (5 mois révolus), quelle que soit la voie d'administration. Ils sont responsables de toxicité foetale et/ou néonatale cardiopulmonaire (hypertension pulmonaire avec fermeture prématurée du canal artériel) ainsi que de toxicité rénale (oligurie ou anurie, lésions histologiques rénales...), parfois irréversible, voire fatale.

- En fin de grossesse, l'aspirine (antiagrégant plaquettaire) peut provoquer un allongement du temps de saignement de la mère et de l'enfant, même à très faibles doses.

- La durée de la grossesse et du travail peut aussi se trouver allongée par inhibition de l'action des prostaglandines-synthétases.

En pratique

- Attention aux spécialités commercialisées par des laboratoires homéopathiques contenant de l'aspirine ! Céphyl renferme en effet 330 mg d'acide acétylsalicylique. Bien que les recommandations ne prennent en compte le risque foetotoxique de l'aspirine qu'à partir de 500 mg, il semble judicieux d'être prudent dès 300 mg.

- Il vaut mieux aussi éviter de conseiller de l'aspirine ou de l'ibuprofène avant le 6e mois pour éviter toute habitude d'automédication pendant la grossesse, les AINS étant contre-indiqués à partir du 6e mois.

- Alertez les femmes qui avaient l'habitude de prendre des AINS (céphalées, douleurs...) avant la grossesse sur leurs risques foetotoxiques.

La codéine

- La codéine peut, selon le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), être utilisée à la posologie usuelle à tout moment de la grossesse.

- Toutefois, elle doit être conseillée avec prudence car, utilisée pendant la période précédant l'accouchement, elle peut être responsable d'une toxicité néonatale (sédation voire dépression respiratoire) chez le nouveau-né. Ses organes étant encore immatures, il n'arrive pas à éliminer la codéine.

- A l'inverse, le nouveau-né dont la mère a pris régulièrement de la codéine peut ressentir un syndrome de sevrage (irritabilité, trémulations, un cri aigu et une hypertonie survenant à distance de la naissance).

- Par conséquent, il est préférable de ne pas conseiller la codéine avant l'accouchement et de la réserver à un traitement de courte durée ; c'est un antalgique de deuxième intention.

Les topiques

antalgiques

- Les AINS par voie locale suivent les mêmes recommandations que la voie orale. Il ne faut donc pas les conseiller chez une femme enceinte.

- En ce qui concerne les myorelaxants (Décontractyl, Baume Algipan...), il n'existe pas assez d'études pour statuer sur leurs risques.

Les conseils associés en cas de mal de dos

- Repos et bonne literie.

- Apporter de la chaleur pour que les muscles dorsaux se décontractent.

- Eviter les gestes brusques, les torsions, le port de charges lourdes, les positions statiques prolongées.

- Avoir une activité physique régulière (marche, natation, aquagym...).

- Eviter de porter des talons hauts.

- Ne pas prendre trop de poids.

En cas de crampes

Les crampes, qui touchent 10 % des femmes enceintes, sont souvent associées à une sensation de membres engourdis et de fourmillements. Ces signes semblent être dus à une carence en vitamine B6. Cette vitamine peut être proposée lors de la grossesse, associée au magnésium.

troubles digestifs - au comptoir

« Ma femme, enceinte de 6 mois, est très constipée depuis quelques jours »

Ma femme n'arrive pas à aller à la selle depuis quatre jours. Elle n'a jamais été constipée, mais elle est enceinte de six mois. Est-ce lié ? Que pourriez-vous lui conseiller ? »

Votre réponse

« Les problèmes de constipation sont fréquents au cours de la grossesse. Votre femme doit commencer par adopter certaines règles hygiénodiététiques que je vais vous détailler. Si cela ne suffit pas, je lui conseillerais un laxatif doux. »

Face à des troubles digestifs durant la grossesse, il faut avant tout privilégier les conseils hygiénodiététiques ; la prise de médicaments n'est envisagée que si ces mesures sont insuffisantes. Il est également plus prudent d'éviter les médicaments contenant des associations de plusieurs principes actifs afin de ne pas multiplier les risques.

La constipation

La constipation, fréquente au cours de la grossesse, peut s'aggraver chez les femmes y étant déjà sujettes.

Elle est consécutive au relâchement des muscles intestinaux (constipation atonique) puis à la pression de l'utérus sur les intestins, ralentissant le cheminement des selles.

Quel que soit le terme de la grossesse

- Les laxatifs de lest (fibres et mucilages) sont à utiliser en première intention : gommes guar (Mucipulgite...), Sterculia (Normacol...), graines d'ispaghul (Spagulax...), de psyllium (Transilane, Psylia...), son (Infibran...), etc.

Leur apport doit être progressif et associé à une prise importante d'eau afin d'éviter des ballonnements.

- Certains laxatifs osmotiques peuvent être conseillés en cas d'échec d'un laxatif de lest :

- polyéthylènes-glycols (macrogol) : ils ne sont ni absorbés ni hydrolysés dans l'intestin grêle et le côlon ;

- lactulose, lactitol : ces deux molécules ne sont pas dégradées au niveau intestinal et arrivent intactes dans le côlon où elles sont hydrolysées en acides organiques ;

- sorbitol : il se métabolise en glucose et en fructose.

Le mannitol et le pentaérythritol sont à éviter car ils ont été peu étudiés chez la femme enceinte.

Localement, la patiente peut avoir recours à des suppositoires à la glycérine ou, en cas de nécessité, aux microlavements (Microlax).

Eductyl peut également être conseillé chez la femme enceinte compte tenu de son action essentiellement mécanique (libération de gaz carbonique qui augmente la pression intrarectale, déclenchant ainsi le réflexe exonérateur).

A limiter

- Les laxatifs lubrifiants

A base de paraffine, ils peuvent diminuer l'absorption des vitamines liposolubles (A, D, E et K) en cas de prise prolongée. Leur utilisation, bien que possible, doit donc rester ponctuelle.

u Les laxatifs stimulants

Les dérivés anthracéniques issus de diverses plantes (séné, aloès, bourdaine, cascara...), le bisacodyl, le docusate sodique et le picosulfate de sodium sont fortement déconseillés chez la femme enceinte car ils peuvent entraîner des contractions utérines et une éventuelle stimulation de l'intestin foetal.

Cependant, si un laxatif stimulant doit être utilisé ponctuellement, après l'échec des autres types de laxatifs et pour une constipation opiniâtre, on préfère le séné (Sénokot) - le mieux étudié en cours de grossesse -, quel que soit le terme de la grossesse.

Il faut aussi penser à mettre en garde les patientes contre les tisanes laxatives. Elles peuvent paraître anodines mais elles peuvent contenir des composés anthracéniques.

Conseils hygiénodiététiques

- Privilégier les fibres alimentaires (légumes et fruits, céréales complètes...).

- Boire 1,5 à 2 litres d'eau par jour ; un verre d'eau fraîche le matin à jeun éveille le réflexe gastrocolique.

- Pratiquer une activité physique régulière et adaptée (natation, gymnastique douce, marche), sauf au moment des contractions utérines.

- Se présenter à la selle tous les jours à heure régulière.

- Ne pas se retenir.

Les nausées et vomissements

Les nausées et les vomissements sont fréquents lors du premier trimestre de la grossesse. Toutefois, il n'existe pas de médicament conseil suffisamment bien évalué dans cette indication.

- Les antihistaminiques H1 tels que le diménhydrinate (Dramamine, Mercalm, Nausicalm) et la diphénhydramine (Nautamine) ne sont pas indiqués dans les nausées et les vomissements au cours de la grossesse.

- La métopimazine (Vogalib) ne dispose pas suffisamment de recul clinique pour être conseillé. Il faut donc préférer l'homéopathie et/ou les règles hygiénodiététiques.

En cas de vomissements très importants avec perte de poids ou persistants, il faut absolument orienter la patiente vers une consultation médicale.

- Le gingembre, dont certaines études font mention dans le traitement des nausées chez la femme enceinte, est largement utilisé dans certains pays, sans risque apparent. Cependant, il n'existe pas suffisamment d'études pour conclure vraiment à son innocuité.

Conseils hygiénodiététiques

- Eliminer les repas trop lourds, riches en graisses.

- Manger peu mais plus souvent ce qui fait vraiment plaisir, en favorisant les glucides d'action lente, les produits laitiers, les fruits...

- Eviter les odeurs fortes.

- Boire suffisamment pour éviter la déshydratation.

- Si les nausées surgissent dès le réveil, prendre un petit déjeuner plutôt solide.

Les brûlures gastriques, le RGO

Reflux gastro-oesophagien (RGO) et brûlures gastriques sont fréquents au cours de la grossesse. Leur origine est multifactorielle : effets hormonaux, diminution de la fermeture du sphincter inférieur de l'oesophage et facteurs mécaniques.

- Les antiacides et les alginates peuvent être conseillés chez la femme enceinte. Les sels de magnésium et les alginates sont à préférer aux sels d'aluminium, ces derniers ayant montré un risque tératogène chez l'animal.

- Il faut se méfier des conditionnements multidoses pouvant amener la patiente à absorber de grandes quantités (possibilité de boire au goulot !) et privilégier les sachets unitaires.

- Il est préférable de conseiller la suspension de Gaviscon, laquelle contient moins de principes actifs que les comprimés.

- Il convient d'éviter les traitements prolongés ou à forte dose compte tenu de la présence de sels de magnésium (susceptibles de provoquer une diarrhée et une hypermagnésémie) et de sels de calcium (risques potentiels au niveau de l'ossification)...

u Les antisécrétoires anti-H2 à dose exonérée (Pepcidac et Stomédine) ne sont pas à conseiller quelle que soit la période de grossesse, même si aucun effet malformatif ou foetotoxique particulier n'a été relevé à ce jour.

La cimétidine (Stomédine) possède un effet antiandrogène potentiel. La famotidine (Pepcidac) manque de données pour juger de son innocuité. C'est au médecin d'évaluer le rapport bénéfice/risque.

Conseils hygiénodiététiques

- Fractionner les repas.

- Eviter toute nourriture acide, épicée ou grasse, les excitants et les boissons alcoolisées ou gazeuses.

- Ne pas manger juste avant d'aller se coucher.

- Marcher quelques instants après les repas pour faciliter la digestion et éviter de s'allonger.

- Eviter de se pencher en avant ou de porter des objets lourds.

- Surélever la tête du lit d'une dizaine de centimètres (ajouter un oreiller par exemple).

- Préférer le port de vêtements amples pour éviter d'augmenter la pression intra-abdominale.

La mauvaise digestion

L'appui de l'utérus gravide sur les organes intra-abdominaux peut entraîner, notamment dans la deuxième partie de la grossesse, des désordres digestifs comme des ballonnements, des spasmes...

- Le phloroglucinol (Spasfon, Spassirex...), antispasmodique musculotrope, a été très largement utilisé - et ce sans inconvénient - en France au cours du deuxième et du troisième trimestre de la grossesse. En revanche, il existe peu de données concernant le premier trimestre.

Le phloroglucinol n'est pas tératogène chez l'animal et aucun problème n'a été constaté. Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes, cet antispasmodique peut être utilisé tout au long de la grossesse. Il faut cependant le conseiller avec prudence, par manque de données.

- Les pansements gastro-intestinaux à base d'argiles naturelles ou de dérivés de la silicone (Actapulgite, Bedelix, Smecta, Polysilane Upsa, Siligaz, Carbosylane...) peuvent être conseillés.

Attention ! Le Polysilane Delalande contient des terpènes et de l'oxyde d'aluminium, contrairement au Polysilane Upsa !

- Les médicaments à base de charbon seul (Charbon de Belloc, Formocarbine...) ne sont à utiliser que si nécessaire.

- Les cholagogues cholérétiques (Digédryl, Oxyboldine...) n'ont pas fait l'objet d'études suffisantes pour évaluer leur toxicité. `

- La phytothérapie est à éviter par manque de données.

Conseils hygiénodiététiques

- Manger lentement et bien mâcher.

- Il faut déconseiller les aliments fermentescibles (pommes de terre, certains agrumes, haricots blancs, céleri, choux, raisins secs, bananes, jus de pomme...) en cas de ballonnements, mais aussi les boissons gazeuses et la mastication de chewing-gums.

pathologies de la sphère OR - au comptoir

« Je suis très enrhumée depuis hier »

J'ai le nez qui coule et je suis enceinte de 4 mois. Que pourriez-vous me conseiller ? »

Votre réponse

« Lavez votre nez avec cette solution de lavage nasale et prenez ce traitement homéopathique pour soulager votre rhume. »

Le rhume

Face à un rhume chez une femme enceinte, il faut, en traitement de première intention, procéder à un lavage nasal (sérum physiologique, eau de mer...) et réaliser un mouchage soigneux pour éviter une surinfection.

Traitement de la rhinite

- L'utilisation per os de spécialités homéopathiques est sans danger.

- Déconseiller tout au long de la grossesse tout décongestionnant nasal par voie orale contenant des vasoconstricteurs (phényléphrine, pseudo-éphédrine), seuls ou associés à un antihistaminique et/ou un antipyrétique, en raison de leur puissant effet vasoconstricteur.

- Le passage systémique n'étant pas négligeable par voie nasale, il est de la même façon plus prudent de ne pas utiliser des gouttes nasales contenant des vasoconstricteurs durant la grossesse.

- Les gouttes antiseptiques en pulvérisation nasale n'ont pas fait l'objet de suffisamment d'études pour conclure à leur innocuité.

- En l'absence de données cliniques et expérimentales récentes, les oligoéléments, par précaution, sont à éviter même si certains semblent largement utilisés sans problème.

Traitement de la fièvre

Il est important de traiter une fièvre associée à un rhume car l'hyperthermie pendant la grossesse augmente la fréquence d'apparition des malformations congénitales. L'antipyrétique de choix est alors le paracétamol, les AINS étant contre-indiqués au-delà de 5 mois de grossesse et déconseillés avant. Cependant, il est judicieux de retrouver l'étiologie de la fièvre, celle-ci pouvant avoir pour origine un placenta prævia, une pyélonéphrite, une listériose ou une rupture des membranes placentaires, pathologies qui sont susceptibles d'être dangereuses pour la femme enceinte et le foetus.

Conseils hygiéniques

- Se laver les mains soigneusement et fréquemment, en particulier après mouchage.

- Se moucher régulièrement avec des mouchoirs en papier de bonne qualité (en cas d'utilisation de mouchoirs en tissu, les laver à l'eau de Javel).

- Ne pas surchauffer l'habitation.

- Humidifier l'air.

- Surélever la tête du lit ou dormir en position semi-assise en cas d'écoulement ou d'obstruction nasale importants.

Le mal de gorge

- Un mal de gorge peu intense sans fièvre ni ganglions peut être soulagé par des boissons chaudes ou des bonbons au miel.

- Un traitement homéopathique par voie orale peut être associé.

- Les pastilles et les collutoires antiseptiques n'ont pas été évalués chez la femme enceinte. Il est donc plus prudent de s'en passer.

- Déconseiller l'utilisation en appoint des suppositoires contenant du bismuth (Biquinol, Pholcones Bismuth).

La toux sèche

Au cours de la grossesse, les toux sèches non productives sont assez rares, mais fatigantes.

- Selon la Haute Autorité de santé, l'Hélicidine (mucoglycoprotéine extraite de l'escargot de Bourgogne Helix pomatia) est le seul antitussif n'ayant pas de contre-indication chez la femme enceinte.

- Le Centre de référence sur les agents tératogènes, lui, préfère le dextrométhorphane et la codéine, mieux connus. Ces opioïdes légers peuvent être utilisés quel que soit le terme de la grossesse en traitement court et de façon ponctuelle en respectant les posologies usuelles. Ils sont à préférer à la pholcodine, moins bien connue.

Il est cependant préférable de ne pas conseiller la codéine pendant la période précédant l'accouchement (risque de sédation voire de dépression respiratoire) et de la réserver à un traitement de courte durée (possibilité d'un syndrome de sevrage par manque de codéine en cas de prise chronique).

- Eviter les antitussifs antihistaminiques anticholinergiques. Ils sont susceptibles, en particulier à l'approche de l'accouchement, de provoquer des effets sédatifs et atropiniques chez le nouveau-né.

- Eviter les spécialités contenant de la phytothérapie. Celles-ci sont peu évaluées chez la femme enceinte et dépourvues d'études de tératogenèse chez l'animal.

- Si la toux est non invalidante, des bonbons, des boissons chaudes au miel ou un médicament homéopathique (Stodal, Drosetux) peuvent suffire pour calmer l'irritation. Attention ! Conseiller Stodal en granules plutôt qu'en forme sirop, laquelle contient, entre autres, de l'éthanol.

La toux grasse

- L'acétylcystéine et la carbocistéine sont les fluidifiants bronchiques les mieux évalués. Ils ne sont pas tératogènes chez l'animal. Et malgré la pénurie de données publiées chez les femmes exposées en cours de grossesse, aucun élément inquiétant n'est retenu à ce jour. Il est donc possible de les utiliser en cas de nécessité quel que soit le terme de la grossesse.

u Toutefois, la toux est un phénomène naturel de défense de l'organisme qu'il faut respecter. Et au vu de la remise en cause de l'efficacité des mucolytiques, il est préférable de ne pas les conseiller.

u Une toux ne présente pas de risque pour le foetus sauf en cas de col ouvert.

u Des conseils hygiénodiététiques peuvent tout de même améliorer la toux :

- boire beaucoup d'eau pour fluidifier les sécrétions bronchiques ;

- faire des inhalations avec de l'eau chaude (sans huiles essentielles, leur utilisation présentant des risques) ;

- ne pas surchauffer les pièces ;

- humidifier l'air des habitations ;

- bien se moucher ;

- ne pas renifler.

troubles circulatoires - au comptoir

« J'ai les jambes lourdes »

Je suis debout toute la journée et j'ai très mal aux jambes. Cela ne m'est pas arrivé lors de ma première grossesse. Que pourriez-vous me conseiller ? »

Votre réponse

« Vous souffrez d'une insuffisance veineuse, assez fréquente lors d'une deuxième grossesse. Essayez de respecter certaines règles hygiénodiététiques et portez une compression médicale. »

L'insuffisance veineuse

- Lors de la première grossesse, on considère que 10 à 20 % des femmes présentent un risque d'insuffisance veineuse. Ce risque double quasiment à la deuxième et augmente ensuite avec le nombre de grossesses à terme.

- Aux facteurs de risque habituels (hérédité, station debout prolongée, chaleur...) s'ajoutent un facteur hormonal avec des répercussions sur la résistance et l'élasticité des parois veineuses, une augmentation de la masse sanguine, la compression de la veine cave inférieure par l'utérus gravide, à l'origine d'une stase veineuse en fin de grossesse.

- Il faut prendre en charge les douleurs dès le début et ne pas les sous-estimer, surtout s'il y a des prédispositions à l'insuffisance veineuse ou s'il y a déjà eu des troubles veineux lors d'une précédente grossesse.

Traitement

Les veinotoniques n'ont pas été suffisamment évalués pour conclure à leur innocuité chez la femme enceinte. Il est donc préférable de conseiller une compression veineuse associée à quelques règles d'hygiène de vie.

Hygiène de vie

Conseiller

- La pratique régulière d'exercices pour faciliter la remontée du sang.

- Une surélévation des pieds la nuit.

- Des jets d'eau fraîche (mais pas glacée) sur les jambes de bas en haut.

Eviter

- Les chaussettes ou « bas garrot ».

- Les talons hauts (empêchant les mollets d'assurer leur fonction de pompe) ou chaussures plates (ne soutenant pas la voûte plantaire).

u La station assise ou debout prolongée (flexion périodique des chevilles, transfert du poids sur les orteils...).

- L'exposition excessive à la chaleur (soleil, bains, chauffage au sol).

Les hémorroïdes

- Les crèmes ou pommades rectales et les suppositoires n'ont pas été suffisamment étudiés pour être conseillés en toute sécurité.

- Un antalgique tel que le paracétamol peut être associé, les AINS étant à éviter jusqu'au 5e mois de grossesse et contre-indiqués à partir du 6e mois.

- En cas de constipation, un laxatif de lest ou osmotique peut être proposé en association avec une bonne hygiène de vie.

troubles du sommeil - au comptoir

« Je n'arrive pas à m'endormir »

J 'ai beaucoup de mal à m'endormir. L'une de mes amies m'a conseillé de me soigner avec des plantes. Sachant que je suis enceinte, pensez-vous que je puisse vraiment en prendre en toute sécurité ? »

Votre réponse

« Les risques de la phytothérapie sur le foetus sont mal connus, faute d'études suffisamment nombreuses. Je préfère vous conseiller de respecter quelques règles hygiénodiététiques avant d'envisager un traitement médicamenteux. »

La grossesse s'accompagne souvent de troubles du sommeil liés à l'anxiété où à un inconfort physique.

Les sédatifs

- La doxylamine (Donormyl) peut être administrée au cours de la grossesse, quel qu'en soit le terme, en traitement de quelques jours. Toutefois, si on l'administre en fin de grossesse, il faut surveiller les fonctions neurologiques et digestives du nouveau-né, compte tenu des propriétés atropiniques et sédatives de la doxylamine. Il est donc préférable de ne pas le conseiller en fin de grossesse.

- Ne pas proposer de spécialités contenant des bromures (Calcibronat). Les bromures donnés en fin de grossesse peuvent entraîner chez le nouveau-né des vomissements, une somnolence, des troubles de la succion, des éruptions cutanées retardées quelques jours après la naissance.

- La phytothérapie est difficile à conseiller car les données sont souvent insuffisantes.

- Les remèdes homéopathiques sont une alternative pour prendre en charge les troubles du sommeil et l'anxiété sous-jacente. Mais attention aux teintures mères et aux dilutions 1 DH qui s'apparentent plus à de la phytothérapie qu'à de l'homéopathie !

Les règles hygiénodiététiques

- Eviter les excitants ou les diurétiques. Préférer les produits laitiers qui contiennent du tryptophane.

- Eviter les repas du soir trop légers (sensation de faim) ou trop copieux (digestion allongée, inconfort).

- Eviter une stimulation physique ou intellectuelle une heure avant de se coucher.

- Faire de l'exercice dans la journée.

- Penser à la relaxation, la musique douce, une lecture de détente...

- Respecter les signes annonciateurs de sommeil : frilosité, bâillement, yeux qui « piquent ».

- Dormir dans un lieu calme, frais, aéré et obscur.

communiquez !

des conseils pour votre rayon

Expertise et convivialité

Mettez en avant votre expertise pour séduire et fidéliser les futures mères.

Une clientèle à fidéliser

Les femmes enceintes fréquentent assidûment l'officine et sont souvent demandeuses d'informations. L'éloignement des réseaux familiaux, le manque de disponibilité des gynécologues placent l'équipe officinale en première ligne.

Accompagner la future maman durant sa grossesse - puis la jeune mère - en lui proposant conseil et expertise est un bon moyen de la fidéliser. Toutefois, répondre à ses attentes nécessite une réflexion de fond et un investissement en termes de temps, de formation et d'offres de produits. Toute l'équipe officinale doit pouvoir répondre aux inquiétudes des femmes enceintes. Pour ce qui est des produits, avant de vous lancer, définissez l'opportunité de développer ce domaine. Votre zone de chalandise draine-t-elle ce type de clientèle ? Avez-vous les moyens de motiver votre équipe sur ce thème ?

La fiche conseil relayée par les stop-rayons

La fiche conseil personnalisée est l'outil de base pour bien conseiller dans ce domaine et relayer l'information au comptoir. Pour la femme enceinte, il est judicieux de rédiger une fiche totalement consacrée à l'usage des médicaments durant la grossesse. Ainsi, un premier paragraphe expliquera succinctement la prudence de mise : « Ne prenez pas un médicament sans en parler à votre médecin ou votre pharmacien », « Pourquoi les médicaments peuvent poser problème pendant la grossesse ? »... Elle pourra ensuite aborder les règles hygiénodiététiques conseillées en fonction des grandes symptomatologies (fièvre, troubles digestifs, douleur, pathologies hivernales, etc.), tout en renvoyant en bas de page à l'avis du médecin ou du pharmacien si les troubles persistent.

Cette fiche conseil est proposée au comptoir à chaque femme enceinte. Elle est également mise à disposition dans le rayon bébé dans un porte-fiches. Elle peut aussi être signalée dans ce même rayon, ou encore en homéopathie sous la forme d'un stop-rayon « Médicament et grossesse : parlons-en » ou « Médicament et grossesse : demandez-nous conseil ».

Back-office : un poster pour un conseil cohérent

Pour garder toute sa crédibilité, le conseil doit être identique quel que soit le membre de l'équipe auquel s'adresse la cliente. Pour cela, la meilleure solution est de réfléchir en amont avec l'ensemble de l'équipe sur le conseil et les produits proposés en fonction de chaque cas de comptoir chez la femme enceinte. Un poster reprenant schématiquement les grandes lignes du conseil, le ou les produits proposés en fonction de chaque symptomatologie garantit une bonne cohérence du discours.

Osez l'originalité dans vos animations

Diverses animations sur les thèmes de l'éducation pour la santé et l'information aux futures mères peuvent être mises en place. Vous pouvez par exemple les inviter à une réunion d'information autour d'une tisane en compagnie d'une sage-femme ou d'une diététicienne. Ce type d'animation peut tout à fait s'inscrire dans le cadre de la « fête des bébés » aux côtés de l'animation plus commerciale des marques.

Vous pouvez aussi proposer à vos clientes de répondre individuellement à leurs questions au sein de l'espace confidentialité lors d'un rendez-vous, à un jour et à un créneau horaire de moindre affluence.

Impératif, si vous décidez de développer ce type d'animation : une formation sans faille et suffisamment large pour répondre à toutes les questions. Autre atout à développer : une ambiance conviviale et chaleureuse qui mettra à l'aise votre cliente et sera en phase avec ses attentes du moment.

En collaboration avec Véronique Corneloup, responsable du réseau IFMO.

les mots pour convaincre

Priorité aux mesures hygiénodiététiques

Il existe actuellement peu de données concernant les risques tératogènes et foetotoxiques des médicaments conseil. Il est donc important d'accompagner la médication chez les femmes enceintes, l'automédication risquant de se développer davantage dans les années à venir.

Rassurez les futures mères

Tranquillisez les patientes enceintes qui ont pris des médicaments sans avis médical lors de leur grossesse. Même si beaucoup de principes actifs n'ont pas été suffisamment évalués, cette prise n'implique pas forcément une interruption de grossesse. Le risque doit d'abord être évalué : « Ne vous alarmez pas. Même si le risque tératogène de ce médicament n'a pas été étudié, il ne semble pas connu pour avoir provoqué de malformation. Consultez votre médecin pour dissiper toute inquiétude. »

Rassurez les patientes enceintes qui doivent suivre un traitement médicamenteux : « Prenez le médicament que votre médecin vous a prescrit. Une fièvre peut entraîner des malformations congénitales alors qu'elle peut être contrôlée par le paracétamol, principe actif sans risque et bien évalué. »

Expliquez les risques réels

L'exposition du futur bébé aux médicaments dépend de la période de la grossesse. N'affolez pas les patientes les premiers jours de leur grossesse. Jusqu'à la fin de l'implantation de l'embryon (12e jour après la conception), le risque tératogène semblerait limité compte tenu des échanges maternofoetaux peu importants.

Le risque de malformation est maximal au moment de l'organogenèse (du 13e au 56e jour après la conception). Cependant, le risque dépend aussi de la demi-vie de la molécule. Moins celle-ci est longue, moins elle expose le foetus à des risques. Vérifiez la demi-vie du médicament ingéré avant de vous prononcer (il faut sept demi-vies pour éliminer 99 % des molécules de la circulation sanguine).

Après la période embryonnaire, la prise de principes actifs peut avoir des conséquences sur la croissance et la maturation des organes déjà formés. On parle alors de foetotoxicité. Rappelez à vos patientes que, passé le cap des trois mois, les médicaments restent dangereux même s'ils ne sont plus tératogènes.

Recommandez aux femmes enceintes proches de leur terme d'éviter toute automédication. Invitez-les à prévenir la sage-femme en cas de prise médicamenteuse : « Votre bébé, après la naissance, élimine plus difficilement les substances encore présentes dans son organisme. Son foie et ses reins immatures ne remplissent pas correctement leur fonction d'épuration, fonction que vous assuriez durant la vie utérine. Le pédiatre sera donc plus vigilant. Vous devez également indiquer la durée de cette prise car le pédiatre n'agira pas de la même façon si la durée du traitement a été courte ou longue. »

Accompagnez la prise en charge d'une pathologie

La prise en charge médicale d'une femme enceinte consiste à prescrire ou à conseiller les médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité et bien évalués pendant la grossesse à une posologie efficace. Incitez vos patientes à éviter les médicaments inutiles et à préférer, dans la mesure du possible, les principes actifs seuls aux associations afin de ne pas multiplier les risques.

- Règles hygiénodiététiques

Pour les pathologies bénignes chez une femme enceinte, proposez toujours en première intention des mesures hygiénodiététiques : « Commencez d'abord par suivre les règles hygiénodiététiques que je vais vous rappeler. Nous envisagerons un traitement médicamenteux que si ces mesures ne suffisent pas. »

- Les médecines alternatives

- La phytothérapie, bien que classée dans les « médecines douces », n'est pas dénuée de risques, notamment pour le foetus. Rappelez-le à vos patientes.

- L'homéopathie est une alternative intéressante aux médicaments allopathiques dans certaines affections, à condition d'éviter les teintures mères et les faibles dilutions (1 DH), lesquelles s'apparentent plutôt à de la phytothérapie qu'à de l'homéopathie.

Attention aussi aux spécialités contenant à la fois de l'homéopathie et de l'allopathie ! « Ne prenez pas de Céphyl. Il contient de l'aspirine, contre-indiquée à partir du sixième mois de grossesse. »

- Evaluation bénéfices/risques par le médecin

Lors de pathologies pour lesquelles il n'existe pas de médicaments conseil bien évalués, il est préférable de laisser le médecin apprécier les bénéfices et les risques d'un traitement médicamenteux : « Je préfère que vous consultiez votre médecin. Il peut vous prescrire des médicaments mieux évalués qui sont disponibles uniquement sur ordonnance. »

Orientez aussi les patientes vers un médecin si les symptômes persistent ou lors de pathologies qui ne relèvent pas du conseil pharmaceutique.

documentez-vous

INTERNET

Le Centre de renseignements sur les agents tératogènes (CRAT)

http://www.lecrat.org

Le site Internet du CRAT regroupe des informations sur les risques tératogènes ou foetotoxiques de divers agents en cours de grossesse (médicaments, radiations, virus, expositions professionnelles et environnementales...). Une permanence téléphonique, réservée aux professionnels de santé, propose une aide à la gestion des risques. Il est possible de la contacter du lundi au vendredi au 01 43 41 26 22 (téléphone-fax-répondeur).

Les centres de pharmacovigilance

Les centres de pharmacovigilance sont aussi à même de répondre aux questions des professionnels de santé. Le centre de Toulouse propose « Le conseil à la femme enceinte » sur son site (http://www.chu-toulouse.fr, rubrique « Santé et prévention : grossesse », puis « Médicaments, grossesse et allaitement ») : plusieurs alternatives médicamenteuses et des conseils d'hygiène de vie pour différents maux pouvant apparaître au cours de la grossesse sont proposés.

LIVRES ET DOCUMENTS

Livrets de l'Afssaps

http://agmed.sante.gouv.fr (rubrique « Médicaments et grossesse »)

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) propose des livrets qui clarifient et homogénéisent les recommandations concernant la prise médicamenteuse pendant la grossesse. Ces informations validées sont également reprises dans les rubriques « grossesse et allaitement » des RCP concernés. Sont actuellement disponibles les livrets « Psychiatrie » et « Infectiologie ».

Grossesse et allaitement guide thérapeutique

E. Ferreira, Ed. CHU Sainte-Justine

Ce guide canadien permet aux professionnels de santé d'évaluer les dangers des médicaments au cours de la grossesse et de l'allaitement, et de choisir celui qui présente le moins de risque. Il n'existe pas de consensus international dans ce domaine ; les recommandations présentes dans cet ouvrage peuvent donc parfois fluctuer par rapport aux recommandations françaises.

Médicament familial et grossesse

A dire aux patientes

- N'utilisez pas de médicaments sans l'avis de votre médecin ou pharmacien.

- La phytothérapie n'est pas sans risque. Attention aux tisanes !

- Commencer par suivre les mesures hygiénodiététiques avant de prendre des médicaments.

- L'homéopathie est une alternative intéressante à condition d'éviter les teintures mères et les dilutions 1 DH, lesquelles s'apparente plus à de la phytothérapie.

- Consultez votre médecin si les symptômes persistent.

Ils peuvent être conseillés pendant la grossesse

- Douleurs et fièvre : paracétamol, codéine (en seconde intention après évaluation de l'étiologie par le médecin ; en traitement de courte durée et en évitant la fin de la grossesse).

- Crampes : vitamine B6, magnésium.

- Constipation : laxatifs de lest (fibres, mucilages) et osmotiques (polyéthylène-glycol, lactulose, lactitol, sorbitol), suppositoires à la glycérine, effervescents, microlavements (si nécessaire).

- Diarrhées : pansements adsorbants gastro-intestinaux, lopéramide (si nécessaire et de façon ponctuelle).

- Reflux gastro-oesophagien et brûlures gastriques : antiacides (en évitant les sels d'aluminium et en traitement de courte durée), alginates.

- Nausées, vomissements : homéopathie ou prescription médicale.

- Maux de ventre, digestion difficile : pansements gastro-intestinaux à base d'argiles naturelles ou de dérivés de la silicone, charbon (si nécessaire).

Attention ! Polysilane Delalande contient des terpènes et de l'oxyde d'aluminium, contrairement à Polysilane Upsa.

- Jambes lourdes : compression médicale veineuse.

- Rhume : solution de lavage nasal (sérum physiologique, eau de mer).

- Toux sèche : bonbons ou boissons au miel, dextrométhorphane ou codéine (si la toux est très invalidante, en traitement de courte durée et en évitant en fin de grossesse).

Attention ! Le sirop Stodal contient, entre autres, de l'alcool.

- Toux grasse : conseillez la patience !

- Maux de gorge : bonbons ou boissons au miel.

- Rhinite allergique : cétirizine, dexchlorphéniramine (sauf dernier trimestre), béclométasone (voie nasale).

- Insomnies : doxylamine (ponctuellement et à éviter en fin de grossesse).

- L'homéopathie en évitant les teintures mères et les dilutions 1 DH.

Ils sont contre-indiqués pendant la grossesse (ou déconseillés en raison des risques foetotoxiques)

- Douleurs et fièvre : AINS (dont aspirine ³ 500 mg voire 300 mg et les inhibiteurs de la cox-2) : contre-indication absolue à partir du 6e mois (24e semaine d'aménorrhée) et déconseillés avant.

Attention au Céphyl : spécialité homéopathique contenant de l'aspirine !

- Constipation : laxatifs stimulants (dérivés anthracéniques) : déconseillés.

- Rhume : décongestionnant nasal à base de vasoconstricteurs (pseudo-éphédrine) seuls ou associés à un antihistaminique (phéniramine) et/ou à un antipyrétique.

- Insomnies : bromure.

- Ne pas conseiller les huiles essentielles (dérivés terpéniques).

Evaluez vos connaissances

1-L'aspirine peut entraîner une toxicité cardiopulmonaire et rénale chez le foetus à partir du 6e mois de la grossesse.

2-L'huile de paraffine peut être conseillée en prises régulières en cas de constipation chronique chez la femme enceinte.

3-Les antihistaminiques H1 pris en fin de grossesse peuvent entraîner des effets sédatifs chez le nouveau-né après la naissance.

4-En cas de régurgitations acides, il est possible de conseiller un antiacide, de préférence dépourvu de sels d'aluminium.

5-Le dextrométhorphane et la codéine sont les antitussifs les moins bien évalués.

6-Selon les nombreuses études, les veinotoniques peuvent être conseillés en toute sécurité.

7-La doxylamine (Donormyl) ne doit pas être utilisée au cours de la grossesse quel que soit le terme.

Evaluez vos connaissances 1 : vrai. 2 : faux. 3 : vrai. 4 : vrai. 5 : faux. 6 : faux. 7 : faux.

Infos clés

- Le paracétamol est l'antalgique à conseiller en première intention quel que soit le terme de la grossesse.

- L'utilisation ponctuelle ou chronique des AINS (y compris l'aspirine ³ 500 mg/j voire 300 mg/j et les inhibiteurs de cox-2) est formellement contre-indiquée à partir du début du 6e mois de grossesse (5 mois révolus), quelle que soit leur voie d'administration. Les AINS sont également à déconseiller avant le 6e mois.

- La codéine peut être utilisée au cours de la grossesse, mais de façon ponctuelle et en évitant la période précédant l'accouchement.

Toxicité en fonction du terme

Tératogénicité

Capacité d'une substance médicamenteuse ou non, absorbée pendant la grossesse, à provoquer des malformations de l'embryon : atteintes des organes encore non formés (premier trimestre de la grossesse). Exemple : malformation sous isotrétinoïne.

Foetotoxicité

Capacité d'une substance médicamenteuse ou non, absorbée pendant la grossesse, à entraîner une toxicité chez le foetus in utero : atteinte de la croissance, de la maturation histologique ou fonctionnelle des organes déjà formés (2e et 3e trismestres de la grossesse). Exemple : fermeture prématurée du canal artériel sous AINS.

Toxicité néonatale

Capacité d'une substance médicamenteuse ou non, absorbée pendant la grossesse, à entraîner une toxicité chez le nouveau-né après la naissance : le nouveau-né n'arrive pas à éliminer la substance que sa mère épurait pour lui quand il était encore dans l'utérus car ses organes d'élimination (foie, reins) ne sont pas matures. Exemple : sédation voire dépression respiratoire sous codéine.

point de vue

« Eviter de conseiller les huiles essentielles chez la femme enceinte »

Peut-on conseiller les huiles essentielles chez la femme enceinte ?

Certaines huiles essentielles présentent des risques abortifs, malformatifs (cétones terpéniques) ou épileptogènes (terpènes). Il vaut donc mieux éviter de conseiller les huiles essentielles chez la femme enceinte.

Certains spécialistes en conseillent pourtant...

Les spécialistes qui ont une bonne habitude du conseil en aromathérapie utilisent les huiles essentielles les moins toxiques chez la femme enceinte, mais cela nécessite de bonnes connaissances. Personnellement, je ne les conseille jamais dans ce cas et recommande aux officinaux d'éviter leur administration pendant la grossesse. En pratique, l'attitude serait d'ailleurs plutôt de contre-indiquer les huiles essentielles chez la femme enceinte.

Guilhem Jocteur,

pharmacien aromatologue, conférencier (Apoticarius)

pour approfondir

L'aspirine prescrite à faible dose pour prévenir la prééclampsie

L'administration d'aspirine à faibles doses (100 mg/j) chez des femmes enceintes présentant des facteurs de risque de prééclampsie réduit significativement l'incidence de l'hypertension et semble améliorer la croissance foetale. L'aspirine semblerait agir en limitant la synthèse de thromboxane plus que celle de la prostacycline, entraînant ainsi une protection contre la vasoconstriction et l'agrégation plaquettaire.

L'aspirine peut être prescrite dès le début de la grossesse en prévention de la prééclampsie en cas d'antécédents de pré-éclampsie sévère, de retard de croissance intra-utérin ou de mort foetale in utero dans un condiv vasculaire, sans craindre de risque foetotoxique. Aux doses antiagrégantes plaquettaires utilisées en obstétrique (environ 60 mg/j), l'aspirine n'a pas d'effet sur les fonctions rénale et cardiaque du foetus et n'entraîne pas de complications hémorragiques maternofoetales.

Infos clés

- Conseiller en première intention des règles hygiénodiététiques plutôt qu'un traitement médicamenteux.

- Les laxatifs de lest (fibres et mucilages) et les laxatifs osmotiques (lactulose, lactitol, sorbitol, macrogol) sont à préférer quel que soit le terme de la grossesse.

- Il n'existe pas de médicament conseil contre les nausées et les vomissements suffisamment bien évalué.

- Les alginates et les antiacides (à l'exception des sels d'aluminium) peuvent être conseillés chez la femme enceinte.

- Les antisécrétoires anti-H2 ne doivent être utilisés qu'après un avis médical.

La diarrhée aiguë sans signe de gravité

- Selon la Société nationale française de gastroentérologie, l'utilité des antiseptiques intestinaux n'est pas démontrée dans les diarrhées aiguës sans signe de gravité. Le nifuroxazide n'est donc pas à conseiller pendant la grossesse.

- L'utilisation du lopéramide ne doit être envisagée au cours de la grossesse que si nécessaire et de façon ponctuelle à la posologie efficace.

- Au cours de la grossesse, il est possible d'avoir recours aux pansements adsorbants tels que l'Actapulgite et le Smecta.

- Les produits microbiens d'origine bactérienne et autres levures non pathogènes de substitution (Ultra-Levure, Lactéol, Carbolevure...) destinées à régénérer la flore intestinale ne doivent pas être utilisés car ils n'ont pas été suffisamment étudiés.

- Conseils hygiénodiététiques :

- exclure les aliments riches en fibres,

- éviter laitages et boissons gazeuses.

point de vue

« La doxylamine est efficace contre les nausées »

Quel antinauséeux est utilisable pendant la grossesse ?

Malgré l'absence d'AMM dans l'indication des nausées et vomissements, la doxylamine (Donormyl) est le médicament le mieux évalué. Il est efficace contre les nausées et dispose d'un grand recul au niveau international quant aux risques tératogènes et foetotoxiques. Il bénéficie d'ailleurs d'une AMM dans cette indication dans certains pays anglo-saxons. Pour les médicaments listés, c'est le métoclopramide (Primpéran) qui est l'antiémétique le mieux évalué et qui présente le moins de risque.

Que pensez-vous de la dompéridone (Motilium, Péridys...) ?

La dompéridone a été très largement prescrite en France ces dernières années. Plus d'une femme enceinte sur dix en a absorbé au premier trimestre de sa grossesse. Cependant, la dompéridone n'a pas été évaluée au cours de la grossesse par des études épidémiologiques et ne doit donc pas être utilisée en première intention.

Dr Christine Damase-Michel

Pharmacologue, responsable de l'unité « Médicament, grossesse et allaitement » du Centre Midi-Pyrénées de pharmacovigilance, de pharmaco-épidémiologie et d'information sur le médicament du CHU de Toulouse.

pour approfondir

Savoir reconnaître les contractions

Pendant la grossesse, il est possible de ressentir des petites douleurs dues à des ballonnements.

La sécrétion accrue de progestérone par le placenta entraîne une rétention d'eau et un ralentissement du transit intestinal, ce qui provoque un gonflement des intestins. Une sensation de ballonnement et une douleur plus ou moins vive et plus longue que celle d'une contraction sont ressenties sur le trajet du côlon.

A l'inverse, les contractions correspondent à une tension de l'utérus. Physiologiques, elles correspondent au développement de l'utérus, lequel se prépare à l'accouchement.

Sous l'effet de la contraction, le ventre se tend et se durcit. Une contraction dure 15 à 45 secondes environ, sans rythme ni périodicité précis. Elles sont perceptibles à partir du quatrième mois.

Un geste simple permet de reconnaître une contraction : s'allonger sur le dos, jambes repliées. S'il s'agit d'une contraction, il est impossible d'enfoncer le bout des doigts dans le ventre !

Infos clés

- Un lavage de nez et un mouchage soigneux, éventuellement associés à l'utilisation de spécialités per os homéopathiques, sont le seul traitement du rhume à proposer en toute sécurité lors d'une grossesse.

- Traiter toute fièvre chez une femme enceinte par du paracétamol. Celle-ci peut être délétère pour le foetus.

- Il est préférable de n'utiliser que du miel pour un mal de gorge peu intense, sans fièvre ni ganglions.

- Une toux est un phénomène naturel de défense qu'il faut respecter !

La rhinite allergique

- Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes, la cétirizine (Humex allergie, Réactine, Zyrtecset...) peut être conseillée tout au long de

la grossesse.

- La dexchlorphéniramine (Polaramine) peut être également utilisée pendant les deux premiers trimestres de la grossesse, dans le respect des posologies usuelles. Son utilisation est à limiter au cours du 3e trimestre en raison du risque d'hypotonie chez le nouveau-né (antihistaminiques sédatifs anticholinergiques).

- L'isothipendyl (Apaisyl) ou la tritoqualine (Hypostamine) sont à éviter par manque de données suffisantes.

- Le béclométasone par voie nasale (Humex Rhume des foins) peut être proposé au vu d'un recul clinique important.

- Le plus sûr pour le foetus reste toutefois l'éviction des allergènes.

Quand orienter vers une consultation médicale ?

- Rhume : si les symptômes persistent plus de 8 jours (malgré le bon état de santé apparent) ; en présence d'une fièvre persistante (plus de 48 heures) ; face à une douleur nasale importante à la pression des sinus, un écoulement mucopurulent ; quand l'état général est altéré ; s'il y a une douleur ou un écoulement de l'oreille.

- Maux de gorge : une douleur intense, avec fièvre, ganglions ou d'autres signes de gravité (risque d'angine).

- Toux grasse : des expectorations colorées ; de la fièvre ; une fatigue importante ; des difficultés à respirer ; une altération de l'état général (attention aux bronchites et aux surinfections bactériennes !).

pour approfondir

Vaccin antigrippal et vaccin antipneumococcique

Vaccin contre la grippe

Une infection embryofoetale par le virus de la grippe n'est pas à craindre lors d'une vaccination en cours de grossesse. Le vaccin grippal est dépourvu de pouvoir infectant. Il est constitué d'antigènes de surface ou de fragments de virions. Les données sur les femmes exposées au vaccin contre la grippe en cours de grossesse sont très nombreuses et rassurantes. En pratique, il est possible de vacciner une femme enceinte contre la grippe quel que soit le terme de sa grossesse. Et il n'y a aucun délai à respecter entre une vaccination antigrippale et le début d'une grossesse.

Vaccin antipneumococcique

Une infection embryofoetale pneumococcique n'est pas à craindre lors d'une vaccination en cours de grossesse. Le vaccin pneumococcique est constitué de polyosides capsulaires et il est dépourvu de pouvoir infectant. En pratique, s'il y a une indication, il est possible de vacciner une femme enceinte contre le pneumocoque quel que soit le terme de la grossesse. Il n'y a aucun délai à respecter entre une vaccination antipneumococcique et le début d'une grossesse.

Infos clés

- Conseiller la compression veineuse afin d'éviter l'apparition de troubles veineux ou d'en diminuer la manifestation.

- Penser à encourager le suivi des règles d'hygiène de vie.

pour approfondir

Phlébite : quand orienter une femme enceinte vers le médecin ?

Au cours de la grossesse, certains facteurs prédisposent à la survenue de troubles veineux (varices ou complications thromboemboliques). Dès les premiers mois, la perte de tonicité des parois veineuses (influence des hormones) gêne la circulation de retour, phénomène accentué par l'augmentation du volume de l'utérus qui fait pression sur la veine cave inférieure.

D'autre part, lors de la seconde moitié de la grossesse et en post-partum, des paramètres de la coagulation sanguine peuvent être modifiés : augmentation de la majorité des facteurs de coagulation, baisse de l'activité fibrinolytique, baisse de l'antithrombine III (limite le processus de coagulation)... La thrombose veineuse profonde concerne 0,9 % des grossesses et survient dans 65 % des cas dans le post-partum. Toute sensation douloureuse unilatérale d'un membre inférieur (mollet), notamment si elle s'accompagne d'un gonflement et d'une rougeur (mollet tendu, cyanosé), doit amener à consulter un médecin. De par les signes cliniques inconstants que peut présenter une thrombose veineuse profonde, une exploration en urgence (recherche notamment d'un caillot flottant) est nécessaire. L'embolie pulmonaire est la première cause de mortalité maternelle en France.

Infos clés

- Préférer les règles hygiénodiététiques en première intention ou l'homéopathique.

- La doxylamine (Donormyl) peut être utilisée si besoin en cure de courte durée. Mais attention en cas d'utilisation à proximité de l'accouchement !

pour approfondir

« Les compléments alimentaires ne sont pas indispensables chez la femme enceinte »

Que pensez-vous des compléments alimentaires spécifiques de la femme enceinte ?

Les compléments alimentaires ne sont pas indispensables ni recommandés tant que l'alimentation de la femme enceinte est variée (fruits, légumes, laitages, viandes, céréales...) et en quantité suffisante (au minimum 1 800 kilocalories par jour). Si la prise d'un complément alimentaire est envisagée, ce dernier ne doit pas être dosé au-dessus des apports nutritionnels recommandés. Attention aux femmes qui peuvent prendre plusieurs compléments alimentaires simultanément !

Que pensez-vous de la supplémentation en acide folique ?

La prévention de la mauvaise fermeture du tube neural se fait en périconception (apport en vitamine B9 correct au moins un mois avant la conception et poursuivi deux mois après). Si la prise d'un complément alimentaire est envisagée (alimentation pauvre en épinards, choux, brocolis...), il doit être pris bien avant la grossesse. Cette supplémentation ne se conçoit qu'en prévention primaire à la dose recommandée maximale de 0,4 mg par jour. Pour les femmes avec des antécédents ou pour celles qui prennent de l'acide valproïque ou certains antipaludéens, le traitement pharmacologique avec suivi médical est indispensable.

Joëlle Goudable,

professeur en santé publique et responsable de l'enseignement de nutrition à la faculté de pharmacie de Lyon.

Comment lire les notices et les RCP

Les notices ne sont pas toujours explicites vis-à-vis du risque tératogène et foetotoxique. Il y est souvent mentionné « Ne prenez pas ce médicament sans avoir demandé l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien. » L'absence de paragraphe « grossesse » n'implique pas forcément l'innocuité du principe actif.

Ce phénomène se retrouve également dans les résumés des caractéristiques des produits (RCP) des médicaments.

Pour les médicaments qui bénéficient d'une rubrique « grossesse », les recommandations ne tiennent pas seulement compte du risque toxique, mais aussi de l'efficacité du médicament. Par exemple, le libellé « Il est préférable de ne pas utiliser ce médicament pendant la grossesse » des produits microbiens d'origine bactérienne et autres levures non pathogènes de substitution (Ultra-Levure, Lactéol...) est dû à l'absence d'évaluation chez la femme enceinte, mais aussi à l'absence de certitude sur le bénéfice thérapeutique de ces substances dans le traitement de la diarrhée.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !