« Surtout, ne pas se précipiter »

Sorti de la faculté de Rouen en 2002, Fabrice Jumeau n'avait qu'une idée en tête : s'installer rapidement. Dès son entrée dans la vie professionnelle, son plan de route est déjà tout tracé : il se donne quelques années pour engranger l'expérience nécessaire pour devenir titulaire. Et pour cela, il n'y a pas mieux que les remplacements. « Pendant trois ans j'ai enchaîné les remplacements, ce qui m'a permis de connaître une diversité des exercices et d'avoir un aperçu de la pharmacie dans toutes ses composantes », explique-t-il. Mais même si l'on est un temps seul à bord, ce n'est pas pour autant que l'on tient toutes les manettes des commandes.

Fin 2005, Fabrice Jumeau accepte, sans grand enthousiasme, un poste d'adjoint dans une pharmacie de centre commercial. Par chance, il côtoie un titulaire qui délègue sans compter et parfait son apprentissage du métier dans des domaines jusqu'ici inexplorés (achats et relations avec les délégués commerciaux). « Je faisais office de second à bord, chargé notamment de la gestion du personnel. »

Un achat à 88 %, un emprunt à 3,05 %

Prêt pour l'installation, Fabrice Jumeau n'avait plus qu'à s'armer de patience : « Il faut savoir guetter la bonne occasion et surtout ne pas se précipiter, même si le marché est pauvre en affaires. » Ce jeune pharmacien, aujourd'hui âgé de 31 ans, voulait acquérir une pharmacie de gros bourg en milieu semi-rural. Qui plus est dans son pays de Caux natal. Il réalise son rêve en décembre 2006 en rachetant 100 % des parts sociales d'une SARL détenue par un couple de pharmaciens exerçant à Cany-Barville en Seine-Maritime, un bourg de 3 700 habitants. La pharmacie est de taille moyenne et achetée au prix du marché, soit 88 % du CA TTC pour la Haute-Normandie en 2006.

Fort d'un apport personnel de 200 000 euros (aide parentale comprise), Fabrice Jumeau emprunte juste avant la remontée des taux et décroche auprès du CIC un taux de 3,05 % assurances comprises sur 12 ans. Le prêt, contracté à la fois à titre personnel et au nom de sa nouvelle EURL, inclut également le financement de travaux dans l'officine. L'opération a consisté à procéder à une distribution importante de dividendes dans la société avant la cession afin de diminuer mécaniquement la valeur des parts, donc limiter la quotité d'emprunt souscrit par la personne physique, et ainsi à positionner de l'emprunt dans la personne morale.

Des résultats conformes aux prévisions

Ce natif de Valmont est bien accueilli par la population de Cany-Barville comme l'enfant du pays. « Mon grand-père était huissier de justice, spécialisé dans les ventes aux enchères et les ventes d'animaux d'élevage, et connu pour sa carrure et son charisme », raconte-t-il.

Restait enfin à bien gérer la reprise du personnel. « Le changement inquiète toujours, j'ai donc pris soin de ne pas tout bouleverser du jour au lendemain, alors qu'un vaste chantier m'attendait sur toute l'année 2007 : mettre en place une gestion informatique de la caisse et du stock, installer des postes sous Windows et Internet, changer les méthodes de travail, faire des travaux d'agencement... » Presque un an après, Fabrice Jumeau en voit le bout. Et malgré une conjoncture difficile pour la pharmacie, les résultats de son premier exercice sont conformes à ses prévisions.