Tous dopés !" - Le Moniteur des Pharmacies n° 2696 du 13/10/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2696 du 13/10/2007
 

PATRICK LAURE, CHERCHEUR EN SCIENCES DU SPORT

Le grand entretien

Soupçonné de dopage, Michael Rasmussen fut exclu par son équipe lors du dernier Tour de France. On sait depuis deux semaines qu'il prenait une nouvelle EPO, la Dynepo*. Mais si le dopage est l'apanage des sportifs, professionnels ou amateurs, les « conduites dopantes » touchent désormais toute la société, estime Patrick Laure, médecin de santé publique et chercheur associé au Centre de recherche en sciences du sport (Orsay).

« Le Moniteur » : Quel distinguo faites-vous entre dopage et « conduite dopante » ?

Patrick Laure : Pour faire simple, le dopage c'est un sportif qui a une licence et qui prend des produits interdits. Cette définition réglementaire est reprise par le Code mondial antidopage. Une conduite dopante, c'est prendre une substance pour être performant, quelle que soit la nature de la substance et quelle que soit la personne qui la consomme. Le dopage est donc une conduite dopante parmi d'autres en ce sens qu'elle ne concerne qu'une partie de la population et seulement des produits interdits.

Le simple fait de prendre des vitamines représente-t-il déjà une conduite dopante ?

Oui, car la définition d'une conduite dopante réside dans une consommation de produits à des fins de performance (devenir performant ou le rester) - par opposition aux consommation thérapeutiques et à celles à des fins de sensation (tabac, alcools, cocaïne ou autre).

Peut-on demander à un sportif de ne pas céder à cette tendance ?

C'est différent. Pour le sportif, il existe une réglementation qui interdit ces pratiques. Le fait de signer sa licence l'engage à ne pas utiliser de substance interdites. Mais ce n'est pas le cas dans le reste de la société où le journaliste, le cadre, le médecin, l'étudiant, etc., ne ratifient aucun engagement de cet ordre. Et peuvent donc consommer toutes les substances qu'ils veulent à des fins de performance dès lors qu'il s'agit de produits autorisés évidemment.

Peut-on évaluer l'ampleur des conduites dopantes dans la société ?

C'est très difficile, ce phénomène ayant toujours existé. Le dopage est une appropriation de conduites dopantes qui avaient cours depuis très longtemps. Par exemple, j'ai retrouvé dans des livres de médecine des XVII et XVIIIes siècles des descriptions d'utilisation de l'arsenic par des femmes âgées pour marcher plus longtemps, respirer mieux... Certains produits étaient aussi utilisés pour donner un meilleur aspect aux animaux lors des foires au bétail. Au XIXe siècle, avec la naissance du sport (institutionnalisation des pratiques, réglementation...) et les progrès de la médecine, de la pharmacie et de la chimie (travaux de Berthelot, de Lavoisier...), apparaissent de nouveaux médicaments qui seront utilisés à toutes les fins possibles et imaginables, dont des fins de performance. La révolution industrielle fut également un puissant moteur de recherche de performances. Certaines substances étaient utilisées pour améliorer les conditions de travail et la productivité (sur les machines à vapeur par exemple). Aux Etats-Unis, toujours à la même époque, la consommation d'opium dans les usines ne fut interdite que lorsqu'il cessa de contribuer à une meilleure productivité...

Et c'est encore le souci que l'on peut avoir aujourd'hui lorsqu'on s'adresse à des chefs d'entreprise. De façon informelle, ils nous disent : « C'est intéressant votre sujet, mais, primo, ce n'est pas interdit. Secundo, ça ne cause pas de gros problèmes de santé. » Et quand on leur demande pourquoi ils ont une telle réaction, ils répondent que les médecins du travail n'en parlent pas - ce qui n'est pas tout à fait vrai du reste. Pour compléter leurs propos, ces chefs d'entreprise n'hésitent souvent pas à dire que cet état de fait leur profite... A cet égard, Bresson, au Canada, a une hypothèse très intéressante liée aux tests de dépistage de certaines substances addictives utilisés dans les entreprises américaines et censés protéger les travailleurs. Déjà, ce qui est amusant, c'est que lorsque ces tests sont annoncés dans les entreprises, vous avez souvent des revendeurs d'urine propre à la sortie... On a ainsi vu sur Internet un vendeur qui se proposait d'envoyer par la poste de l'urine propre « certifiée humaine » et réfrigérée.

Imaginez deux traders à la Bourse de New York qui soient tous deux consommateurs de cocaïne. Le premier en utilise des doses filées ayant pour effet d'améliorer sa vigilance. Le second utilise des doses moins adaptées et est plutôt sur le versant de la dépendance ; il est là moins souvent, est donc moins performant... Vient le moment du test de dépistage de la cocaïne organisé par l'entreprise où travaillent nos deux traders. Selon l'étude canadienne, le premier va s'entendre dire que ses tests sont parfaits, le second, « improductif », qu'il n'est pas adapté au poste puisque contrôlé positif. Pour Bresson, ces tests de dépistage serviraient aux Etats-Unis à éliminer les moins performants des employés dopés. Amusons-nous à transférer ce raisonnement dans le monde sportif : les tests antidopage ne serviraient-ils pas à éliminer les moins performants des sportifs dopés ?

Cette boutade est aussi une question que vous vous posez...

On entend un certain nombre de médecins, de journalistes ou de sportifs dire qu'on ne détecte que les plus idiots des sportifs dopés, contrairement aux plus intelligents et aux mieux conseillés. Il y a donc de quoi se poser des questions...

Quels sont aujourd'hui les produits les plus couramment utilisés ?

Vous tombez dans la représentation habituelle mettant en avant une seule forme de dopage. Or, pour ne parler que des sportifs, il y autant de nuances de dopage que de disciplines sportives, les produits ne sont pas les mêmes du tout. Il y a aussi des nuances en fonction de l'âge, des objectifs, du niveau du sportif, du sexe. On remarquait d'ailleurs il y a quelques années que les sportives étaient beaucoup moins souvent positives que les sportifs. Soit elles se dopaient moins que les hommes, soit elles le faisaient avec beaucoup plus de finesse. On peut aussi imaginer un dopage du riche et un dopage du pauvre. Il y a de nombreux dopages, de même qu'il existe de nombreuses pharmacodépendances en fonction des associations de produits. On peut parler par exemple d'un dopage « bas de gamme » consistant à boire un verre de jus d'orange avec un peu d'essence.

C'est efficace le jus d'orange à l'essence ?

C'est le fond du problème : beaucoup se dopent non pas en fonction de l'efficacité du produit ou du cocktail de produits mais en fonction de l'idée qu'ils se font de son efficacité supposée. Ainsi, dans bien des cas, on n'a jamais prouvé scientifiquement que le dopage était efficace, même si on en a des suppositions. C'est le cas par exemple des stéroïdes anabolisants ou de l'hormone de croissance, pour lesquels des études montrent que ça marche quand d'autres montrent le contraire. Avec une nuance à garder à l'esprit : les études contre placebo sont extrêmement difficiles à faire avec les sportifs car ils savent souvent reconnaître quand on leur injecte un placebo à la place du produit... De plus, les protocoles qu'utilisent les sportifs ne sont pas utilisables de fait dans ces études. Quand on sait que, pour la testostérone, certains sportifs vont jusqu'à prendre 450 fois la dose thérapeutique normale, aucun comité d'éthique n'accepterait d'inclure de telles doses dans un protocole de recherche ! On a aussi vu des études, dans les années 60-70, certes à la méthodologie sujette à caution, dans lesquelles on prescrivait à des sportifs une substance qu'on leur présentait comme très forte. C'était de la mie de pain... et ces sportifs ont explosé leurs résultats !

Quid de l'EPO depuis sa sortie en ville ?

Il semble que cela n'ait pas changé grand-chose car il était facile de s'en procurer auparavant. Il y avait régulièrement des vols dans des pharmacies centrales des hôpitaux. La brigade des stupéfiants vous parlerait aussi de pharmaciens, de ville ou d'hôpital, ayant reçu des menaces à l'encontre de leurs enfants s'ils ne fournissaient pas certains produits. Sans parler des moyens artisanaux tels le copain qui va en Italie, le parent soigné à l'EPO dont le réfrigérateur ne fonctionne plus et qu'on dépanne...

Il y a deux ans, les directions régionales de la Jeunesse et des Sports avaient pourtant été alertées...

Oui. Mais, à ma connaissance, ceux qui voulaient se procurer de l'EPO ont toujours réussi. Comme ceux qui veulent du cannabis ou de la cocaïne...

Avez-vous entendu parler de ce rapport parlementaire belge indiquant que 80 % de l'EPO et plus de 80 % de l'hormone de croissance produites dans le monde seraient consommées par des sportifs ?

Oui, on entend souvent ce chiffre, mais je n'ai pas pu le vérifier.

Quid des cocktails de produits pris en même temps que l'EPO ?

On parle de l'aspirine et des anticoagulants pour potentialiser l'effet ou éviter les effets secondaires, des antibiotiques pour faire face à l'effet immunosuppresseur de l'EPO, voire des gammaglobulines, de l'hormone de croissance et de la testostérone pour éviter l'effet catabolique des glucocorticoïdes.

Vous confirmez ?

On est là dans le dopage haut de gamme. D'un côté, celui qui va permettre la performance et, de l'autre, celui qui va éliminer ce qui entrave la performance, le dopage de récupération (comme l'insuline dans le sirop glucosé...). Après, on peut imaginer tous les cocktails qu'on veut. Il faut reconnaître que l'EPO toute seule n'a pas d'intérêt majeur si on ne s'injecte pas en même temps du fer par exemple. Il faut aussi considérer tous les produits qu'on prenait avant et qu'on ne veut pas arrêter parce qu'on se dit que ça nous a été bien utile. Plus tout le reste : on a parlé du sildénafil, parce qu'il permet d'augmenter la testostéronémie. Il y a un certain nombre d'hypnotiques ou d'antidépresseurs, qui sont consommés soit pour des effets amphetamine-like (je pense à la fluoxétine, à deux ou trois fois sa dose thérapeutique habituelle), soit à des fins festives (récupération, décompression). Il faut être clair : si on participe à des congrès de pharmacie, de biochimie, si on lit des revues, ce n'est pas très difficile de se procurer et d'expérimenter des produits. Toutes ces données ne sont pas forcément à la portée du sportif mais elle le sont pour le médecin ou le biologiste qui s'y intéressent...

Parmi les molécules en expérimentation, quelles sont les plus « prometteuses » en matière de dopage ?

Selon une publication récente du laboratoire antidopage de Cologne, on recense le VEGF (vascular endothelial growth factor), facteur de croissance impliqué dans l'angiogenèse. Il est détourné pour favoriser la vascularisation des muscles avec un effet recherché dans les disciplines d'endurance. Il y a aussi tout ce qui est lié à la myostatine, cette protéine limitant la croissance musculaire. Un laboratoire a testé en 2005 le premier anticorps monoclonal antimyostatine dans le cadre de dystrophies musculaires et de myopathies. Début 2006, le marché était estimé dans les 500 milliards de dollars. Mais les résultats ont été décevants. Il n'empêche : des pseudo-bloqueurs de myostatine ont continuent de circuler sur Internet. On peut aussi parler des HIF (hypoxia inducible factors). Ce sont de petites protéines qui protègent les cellules de l'hypoxie. Une molécule qui en dérive est testée par voie orale. Il s'agit de la FG2216 (traitement de l'anémie rénale), qui a pour effet non seulement d'améliorer la production naturelle d'EPO (multipliée de 80 à 300 fois chez les singes !), en restaurant la capacité de transport de l'oxygène par le sang, mais aussi de mobiliser les stocks de fer tout en stimulant l'angiogénèse. Mais il pourrait y avoir des soucis : en mai dernier, on a eu des alertes à propos d'hépatites fulminantes au Japon chez des patients dialysés.

Peut-on en parler de conduites dopantes avec les compléments alimentaires ?

Il y a là un grand débat entre leurs tenants et leurs opposants. Les Américains et les Australiens en sont très friands. Je citerais la dernière mouture du « Guide des apports nutritionnels conseillés pour la population ». Il dit, en substance, qu'une alimentation équilibrée suffit au sportif lambda. Pour le sportif de haut niveau, dans certaines disciplines et notamment l'endurance, on peut imaginer qu'un apport nutritionnel soit indiqué, mais si possible à prendre sous forme d'aliments. Après, on peut se rallier à la démarche des Australiens qui, face à l'absence de preuve d'efficacité de tous ces produits en termes de performance, les ont testés sur des échantillons de sportifs pour savoir quoi recommander. Mais les résultats présentés lors du dernier congrès de la Fédération internationale d'athlétisme, à Lausanne, nous ont laissés perplexes quand on a vu, parmi ces Australiens testant des produits, des sportifs sponsorisés... par des marques de compléments alimentaires.

Le pharmacien doit-il se méfier d'un sportif amateur lui demandant des compléments alimentaires ?

Mettons-nous à la place du pharmacien. Il peut avoir ce raisonnement : « Si je vends des vitamines, ça n'apportera rien de spécial à cette personne souhaitant améliorer ses performances, mais peut-être que ça l'empêchera de recourir à d'autres produits. » Ça se tient.

Que pensez-vous du label WALL** censé « accréditer » des compléments alimentaires propres ?

L'idée est d'éviter de faire courir des risques aux sportifs, notamment celui d'être contrôlé positif, par exemple via des compléments à base de stéroïdes anabolisants. Mais ce label n'atteste pas de l'efficacité du produit.

Et de la créatine, qui a tant fait parler d'elle ?

La créatine a longtemps été autorisée. Ce n'était en effet ni un médicament ni un aliment, donc pas un complément alimentaire... D'où un flou juridique. Depuis, une jurisprudence a semble-t-il ouvert la voie à sa vente. Au début du siècle, on avançait que pour faire du vélo il fallait prendre certains produits, et tout le monde le faisait. De manière empirique, on échangeait les produits dans les bistrots. Puis ça été interdit. Et maintenant, tout se passe comme si on était de nouveau dans cette optique : pour faire du sport, il faut un équipement et de nouveau des produits, qui réapparaissent sous forme de poudres... Du coup, on se demande si progressivement on ne revient pas vers le « meilleur des mondes » évoqué par Aldous Huxley. Un monde chimiquement performant. Cela m'inquiète plus que les cyclistes dopés. On vend de l'illusion en fait. On sait que la plupart des « achats de performance » sont des achats de rêve et d'illusion (ce qui est aussi le cas des produits pour maigrir).

Le pharmacien est ici en première ligne...

Il n'est pas forcément en première ligne. Ne lui faisons pas porter toute la misère du monde. Le souci est ailleurs : on ne se contente pas de faire rêver, on fait croire à des gens qui n'ont pas les capacités physiques ou intellectuelles qu'ils peuvent réussir. On peut faire un parallèle avec ce que disait Michel Foucault : au XVIIIe-XIXe siècle, il était naturel qu'il y ait d'un côté les gens qui réussissent, qui sont riches, et de l'autre le reste de la population. Aujourd'hui, c'est toujours le cas mais on ne le tolère plus. Alors qu'on fasse tout pour élever le niveau d'instruction, c'est tout à fait normal, mais il y a une autre part qui est consacrée à de la poudre aux yeux. C'est le cas de ces produits-là, avec le message spécieux qui va avec : « Tu n'es pas capable de sauter, ce n'est pas grave, on va te donner quelque chose et tu sauteras comme l'autre, tu peux y arriver. » Ça, ce n'est pas bon.

Selon vous, le pharmacien est-il souvent confronté à des demandes de produits dopants ?

Nous avons publié en 2000 une enquête menée par téléphone auprès de 300 pharmaciens. 6 % avaient déjà eu au moins une fois une demande d'un collectif sportif pour fournir des produits interdits, parfois même avec une incitation financière. Un quart des officinaux avaient par ailleurs été confrontés à une demande d'information ou de produit au cours des douze mois précédents. La difficulté extrême est en fait d'identifier des demandes malhonnêtes. Sans parler des ordonnances contrefaites. Quand il en identifie, le pharmacien est censé les prélever et les envoyer à son CEIP local, comme on le lui impose. Mais on sait bien qu'il ne le fait guère. Et je ne parle pas des cas de menaces...

On nous dit que le gros problème des pharmaciens aujourd'hui, ce sont les produits anodins vendus en officine et qui servent de produits masquants. Doivent-ils se montrer plus vigilants ?

Est-ce que le jeune sportif, même amateur, qui a besoin de ce type de produits va vraiment les acheter en pharmacie, ou bien en gros ou sur Internet ? Je ne suis pas persuadé de cette source officinale car les sportifs prennent vraiment de grosses quantités...

Le jeune « digne de confiance » que l'on connaît bien ne représente-t-il pas plus un danger que le body-builder en quête de stéroïdes anabolisants ?

Bien sûr. Telle la mamie donnant un corticoïde à son petit-fils parce qu'il en a besoin ou qu'il le réclame... Même si cela échappe au pharmacien, il doit être sensibilisé au phénomène. En 2004, on avait interrogé 6 400 jeunes âgés de 14-18 ans en moyenne et pratiquant à peu près 10 heures de sport par semaine. Les résultats donnaient grosso modo 5 % de consommateurs de produits interdits (au moins une fois). Un tout petit pourcentage avait prétendument touché à l'hormone de croissance ou à l'EPO.

Les produits dopants sont-ils contrefaits ?

Bien sûr. Aujourd'hui, les stéroïdes anabolisants font partie des médicaments contrefaits les plus saisis en Europe. Vendre de la testostérone en lieu et place de l'hormone de croissance est classique. Voire des stéroïdes anabolisants qui ont été produits mais qui n'ont jamais été commercialisés nulle part aussi. Tout cela nous ramène d'ailleurs aux compléments alimentaires. Le laboratoire antidopage de Montréal a montré que réapparaissent aujourd'hui dans leur composition des stéroïdes anabolisants qui ont existé dans les années 60. Des dizaines de formules chimiques oubliées, dont les molécules sont exhumées et resynthétisées par des petits malins qui les commercialisent ensuite sur Internet***.

Dans ce condiv, comment le pharmacien peut-il contribuer à la lutte antidopage ?

On peut faire un parallèle avec le champ des addictions en général et des détournements de médicaments pour autre chose. Il faut rendre le pharmacien sensible au fait que cela existe, peut-être même chez lui, et que ce n'est pas parce qu'on connaît bien sa clientèle qu'on n'encourt aucun risque de ce côté-là. Voici une anecdote qui n'a rien à voir avec les conduites dopantes mais qui est intéressante : il s'agit d'une vieille dame qui allait chaque mois demander à son pharmacien une boîte de contraceptif sans ordonnance. Le pharmacien a fini par lui demander une ordonnance et à voir sa petite fille. En fait, la dame en question déposait le contraceptif au pied de ses géraniums pour stimuler leur croissance. J'ai vérifié auprès d'un botaniste et il semble que ça marche effectivement très bien ! Et, pour la petite histoire, le sildénafil donnerait lui-même d'excellents résultats sur les plantes exotiques...

Pensez-vous que les pharmaciens soient sensibilisés à la prévention contre le dopage ?

L'enquête téléphonique à laquelle je faisais allusion montrait que la très grande majorité d'entre eux (91 %) disaient bien volontiers vouloir jouer un rôle, mais, parallèlement, les trois quarts estimaient ne pas y être préparés. Et je crois que c'est toujours vrai.

La coupe du monde de rugby se déroule en ce moment. D'après vous, un sportif peut-il aujourd'hui faire une carrière digne de ce nom sans jamais se doper ?

Je citerai un physiologiste suédois des années 60-70 qui disait que pour réaliser une performance sportive de très haut niveau, il fallait trois conditions : une excellente condition physique, un excellent moral et mental et une excellente technique sportive. Le dopage n'agit pas sur la technique, très peu sur le mental et simplement sur certains aspects de la condition physique. Autre problème : qu'est-ce qu'on veut ? Une véritable émulation ou simplement de l'audimat ? La question mérite d'être posée. Si le sport de haut niveau devient un simple spectacle, et si les gens veulent simplement qu'on les laisse profiter de leur spectacle, générant au passage une manne financière, alors la question du dopage devient assez dérisoire. Quand on va voir un concert des Rolling Stones, on se fiche de ce qu'ils ont bien pu prendre. Regardez notre chanteur national qui a avoué avoir pris de la cocaïne. La presse en a parlé, et après ?... Reste à définir la notion de spectacle. Un collègue a demandé à des jeunes en école de cirque et à de jeunes footballeurs ce qu'était la performance. Les footballeurs ont répondu : « C'est se défoncer, gagner, tuer l'autre. » Ceux de l'école de cirque : « C'est faire plaisir au public sans se mettre en danger soi-même. » Vous avez là deux conceptions de la performance et du spectacle...

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