Gardes : « bien mais peut mieux faire » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2682 du 16/06/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2682 du 16/06/2007
 

Témoignages

A l'heure où le ministère de la Santé presse les médecins de se remettre autour d'une table pour fiabiliser la permanence des soins, et où les pharmaciens s'invitent dans les Codamups aux côtés des autres professionnels de santé, le tour de quelques départements met en évidence une réorganisation des gardes réussie. Même si des améliorations sont suggérées.

Le redécoupage des secteurs de garde fut d'actualité durant les deux ans qui ont précédé la signature de la convention pharmaceutique, pour aboutir au nombre fixé conventionnellement : 1 150 secteurs pour les nuits et 1 450 pour les dimanches et jours fériés. En réalité, le nombre de secteurs de garde de nuit est beaucoup plus élevé, alors que celui des dimanches et jours fériés est conforme.

Mais cela a globalement bien été mené. Exemple dans les Pays de la Loire et en Bretagne où, depuis la grève de 2005, le système a été progressivement réorganisé « de manière à ce que chaque titulaire, sans exception, assure une permanence », indique Christian Blanc, président du Maine-et-Loire (FSPF). « Chaque personne soit le plus souvent à moins de 10 minutes d'une officine. »

En Mayenne aussi, à la demande de la DDASS, ont été créés trois secteurs citadins (Mayenne, Laval, Château-Gontier) et six secteurs ruraux (pour 106 officines) afin que tous les titulaires participent. « Les gardes, ça fait partie du métier de pharmacien, même si on aimerait une meilleure compensation financière des astreintes. Avant, aux abords des grandes villes, les titulaires n'en faisaient pas. Le système fonctionne bien et on est loin de l'anarchie qui régnait avant 2004. Dans un département rural et avec une profession de plus en plus féminisée, nous tenons à ce que les appels soient centralisés par les services de police et de gendarmerie pour garantir une certaine sécurité. Nous espérons que la mise en place de Résogardes ne nous fasse pas perdre les avantages du système actuel », explique Dramane Barro, en charge de l'organisation des gardes en Mayenne.

Tout le monde y passe, mais à fréquence inégale

Dans la Loire (250 officines), l'ensemble du système a été revu avec le même objectif de répartir les gardes entre toutes les pharmacies, ce qui n'était pas le cas avant. Dans une grande ville, une officine se retrouvera de garde toutes les 50 nuits, on passe à une fois par mois à Roanne et à une astreinte d'une semaine sur trois à la campagne.

Dans la communauté urbaine de Lyon (Rhône), tout le monde est censé s'y coller aussi. « C'est d'autant plus lourd à gérer que nous avons des cas très différents, que les structures médicales sont nombreuses (quatre CHU, des cliniques et sept maisons médicales), comme les interlocuteurs concernés. Un vrai travail de Romain ! », pour Didier Vieilly, président de Rhône-Alpes (FSPF). Pour plus de facilité, l'agglomération de Lyon est partagée en secteurs d'une trentaine d'officines qui assument en moyenne trois à quatre gardes dimanches et jours fériés dans l'année. Ce faisant, on compte en moyenne une vingtaine de pharmacies de garde ces jours-là, qui s'ajoutent aux trois lyonnaises ouvertes toutes les nuits, une tradition démarrée après-guerre. Et ça marche !

Par contraste, les confins de départements très ruraux de la région demandent un traitement spécifique. « On peut concevoir que le patient demeurant au nord du département puisse aller dans le Rhône si la pharmacie de secteur est à côté », explique Jean-Michel Seitz. Et le syndicat a demandé à chaque secteur de garde de se rapprocher des départements voisins pour envisager des mises en commun. Cette définition de zones communes pourrait aller vite pour peu que les syndicats locaux trouvent des possibilités, le préfet entérinant ensuite le plan proposé.

A chacun d'assumer ses responsabilités

En Haute-Normandie, la gestion des gardes semble aussi se passer dans le calme, pratiquement « en famille ». En Seine-Maritime, le syndicat départemental gère les gardes des deux grosses villes que sont Rouen et Le Havre. « Pour les autres secteurs c'est de l'autogestion, avec bien sûr le soutien du syndicat, explique François Lemarignier, son président. Chaque secteur a son responsable, un bénévole volontaire, et sa façon de faire. »

Idem dans le Cantal, département essentiellement rural, où les pharmaciens peu nombreux s'organisent depuis toujours. La clientèle de nuit est rare. Aurillac, la préfecture, seule ville de plus de 20 000 habitants, s'appuie sur un réseau plus dense de 17 pharmacies. « Nous avons deux types de gardes, explique Elisabeth Cussac. Celles du samedi matin au mardi matin, tous les trois mois, et celles, intercalées, du lundi après-midi couplées avec les gardes de nuit du mardi au samedi suivant. En cas d'urgence, la nuit, les patients s'adressent au commissariat qui nous prévient ensuite. »

Cette organisation donne-t-elle satisfaction ?« Naguère, des petits futés, à l'approche d'Aurillac, renvoyaient chez nous leur clientèle mais ne manquaient pas de facturer leurs gardes à la Sécurité sociale, raconte Philippe Raymond, président du Cantal. Aujourd'hui, le département est divisé en 14 secteurs et chacun assume ses responsabilités. Et les prescriptions, la nuit, émanent quasiment toutes directement de l'hôpital. »

A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), pour les gardes de nuit, le schéma s'est imposé naturellement. François Maeder, président du syndicat USPO du département, explique : « Après avoir considéré l'activité des pharmaciens, jusqu'à 21 h et parfois au-delà, la régulation par le 15 et la diminution des visites médicales à domicile, le constat était clair : la pharmacie 24 heures sur 24 en centre-ville suffit aux besoins de toute l'agglomération. » Quant aux tours de garde sur les 25 secteurs du département, « ils ont fait l'objet d'une remise à plat à l'occasion de la nouvelle convention en 2006, et fonctionnent sans anicroche », se félicite François Maeder. Le ressenti est le même dans tous les départements que nous avons contactés : la « resectorisation » est une réussite.

Avec la mise en place d'un site Internet grand public - le pendant côté USPO du système Résogardes développé par la Fédération -, les habitants du Puy-de-Dôme pourront, courant juin, utiliser Internet ou un numéro Azur pour connaître les pharmacies de garde, indépendamment des secteurs. « Nous ne ménageons pas notre peine, avec l'UNPF, pour concrétiser ce projet au meilleur coût. C'est pourquoi nous demandons, en contrepartie, une revalorisation de l'astreinte à 150 Û la nuit, comme pour les médecins, et un tarif unique à 8 Û l'ordonnance, quelle que soit l'heure », indique Philippe Ducher, responsable local de l'UNPF. On en revient toujours au nerf de la guerre. n

« Livrer les médicaments par taxi ? »

Pour Philippe Lépée, président du syndicat USPO de l'Allier, « l'objectif est que les patients ne soient pas à plus de 20 à 25 minutes d'une officine de garde. En même temps, nous ne pouvons contribuer à alourdir encore le déficit de la Sécurité sociale. En Saône-et-Loire, plus vaste que l'Allier, on a instauré des maisons médicales et on fait venir les gens de 30 à 40 km chez le médecin. On n'est plus à 10 km près ! Et la nuit, on recense en moyenne 15 appels sur le département : c'est dérisoire. En 20 ans, j'ai été sollicité quatre fois après 22 h. Un pharmacien ne justifie pas son existence par le service d'astreinte. Il faut établir un bilan des gardes puis de réajuster les secteurs. D'accord pour adapter la réponse aux besoins, pour ne pas laisser souffrir un enfant qui a une otite... Mais ne peut-on imaginer une organisation plus souple, moins coûteuse, par exemple en livrant les médicaments par taxi là où les appels sont rares ? Nous raisonnons trop en fonction d'une fausse proximité ; la véritable urgence est gérée par le 15, pas en officine ».

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