N'attendez pas pour oser

Pour paraphraser La Fontaine, rien ne sert d'attendre il faut partir à point. D'ailleurs, pour Philippe Becker, un adjoint a emmagasiné suffisamment d'expérience pour s'installer après trois ou quatre années passées dans une pharmacie, d'autant plus si celle-ci a été performante et bien gérée : « Plus il accepte tôt les contraintes de l'installation et les responsabilités financières, plus il se crée rapidement un apport qui va lui permettre d'acheter plus important plus tard. Les cinq années de remboursement de capital, c'est autant d'avance prise sur celui qui ne s'installe pas. »

A l'inverse, plus un adjoint attendra longtemps avant de s'installer, plus ce sera difficile pour lui. Avec l'ancienneté, la rémunération du salarié devient correcte, alors que « le différentiel entre le salaire d'un adjoint en début de carrière et le nouveau salaire du titulaire qui s'installe sera mieux accepté par le jeune qui n'aura pas de sacrifice à faire sur son train de vie », explique Philippe Becker.

Reste que le manque d'apport personnel peut être un frein à l'installation. Aujourd'hui, des solutions existent à travers un éventail de formules qui n'existaient pas il y a encore vingt ans. Ce sont le parrainage dans le cadre d'une SEL, l'association dans le cadre d'une SNC, l'acquisition seul d'une petite officine à un prix décoté et l'acquisition seul d'une officine de taille moyenne à un prix de marché. Chaque possibilité a ses avantages et ses inconvénients. « C'est au pharmacien de choisir le modus operandi qui correspond le mieux à son tempérament », indique Philippe Becker.

Essayer le « parrainage à trois acteurs »

Pour ceux dont l'apport personnel est minime, voici une hypothèse d'installation peu coûteuse : le parrainage à trois acteurs. Et quatre données clés pour réaliser le montage financier : ce qu'il faut investir, l'apport personnel, la rémunération annuelle de l'exploitant, le capital à récupérer.

Dans notre exemple, deux pharmaciens exploitants (25,50 % de parts chacun) s'associent avec un pharmacien investisseur (49 %) dans le cadre d'une SEL.

L'hypothèse retenue : la pharmacie a un chiffre d'affaires TTC de 1,4 MÛ (1,35 MÛ HT) et un EBE de 13,50 % du CA HT. Le fonds est vendu à 87 % du CA, soit 1,22 MÛ. Compte tenu de la suppression d'un poste salarié, l'EBE passe à 15,5 % (voir tableau).

Les frais d'installation (droits d'enregistrement, honoraires de rédaction d'actes et commission de l'agence) se montent à 122 kÛ et le besoin en fonds de roulement à financer est de 58 kÛ. Le coût total de l'investissement (hors travaux et stock si payable comptant) est de 1,4 MÛ.

Atteindre l'équilibre de trésorerie

Ces deux simulations financières tablent sur un apport global des associés successivement de 15 % et de 20 %, réparti pour chacun en fonction de sa participation dans le capital. Avec une rémunération annuelle de 27,5 kÛ pour chaque cogérant, le montage s'avère un peu juste car la trésorerie nette de la SEL, après s'être acquittée de toutes ses obligations, ressort négative de 2 kÛ. En revanche, avec un apport de 20 %, l'équilibre de trésorerie est atteint.