Faire le poids face à l'obésité - Le Moniteur des Pharmacies n° 2677 du 12/05/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2677 du 12/05/2007
 

MURET

Initiatives

Depuis son comptoir, Dominique Mounès est entrée en guerre contre ce qui sera peut-être la plus grande épidémie du siècle : l'obésité. Tout simplement en inculquant les règles élémentaires d'hygiène de vie et en informant les familles de l'existence du réseau auquel elle adhère.

A la Pharmacie des Pyrénées de Muret (Haute-Garonne), l'implication dans les réseaux est une évidence pour ceux qui y travaillent. Que ce soit en matière de maintien et de soins à domicile, de diabète ou encore des plaies et de la cicatrisation. Dominique Mounès, cotitulaire de l'officine, a dit « oui » pour la première fois à un réseau en 2003. Une consoeur était venue lui proposer d'intégrer RéPOP*, le Réseau de prévention et de prise en charge de l'obésité pédiatrique en Midi-Pyrénées. « Un bon équilibre pondéral passe par l'activité physique et un bon carburant », martèle Dominique Mounès. Un message qu'elle a toujours inculqué à ses deux enfants et qu'elle transmet maintenant via le RéPOP, où elle se nourrit de formations ponctuelles pour conseiller au mieux les femmes ménopausées prenant du poids, les diabétiques ou les obsédés des trois-kilos-à-perdre-avant-l'été.

Un sujet tabou, donc compliqué

Aux enfants et aux adolescents en surpoids, le RéPOP propose une prise en charge multidisciplinaire, de proximité et prolongée durant au moins deux années. Dominique Mounès s'y positionne pour être, le cas échéant, accompagnatrice d'un enfant, le rôle que le RéPOP dévolue au pharmacien. Un trio central minimal soutient en effet l'enfant et sa famille : le médecin référent de ville fixe les objectifs principaux et coordonne les différents partenaires, l'acteur de proximité aide à la mise en place des changements prioritaires pour l'enfant et, enfin, l'accompagnateur le suit dans sa démarche ainsi, éventuellement, que sa famille qu'il soutient et guide. « Les acteurs de proximité sont pour la plupart des diététiciens ou des psychologues, lesquels ont un rôle plus technique. Quant à l'accompagnateur, choisi en concertation avec le médecin référent, il est vu plusieurs fois par mois par l'enfant. Il peut s'agir d'un pharmacien comme d'un professeur des écoles. C'est quelqu'un qui va s'intéresser à l'enfant en lui demandant par exemple comment il se porte, s'il n'a pas de problèmes... Il va également l'encourager à parler de sa vie. », explique Dominique Mounès.

Problème : le sujet est tabou. De nombreux parents taisent encore l'obésité de leur enfant. L'occasion pour la pharmacienne de mettre en pratique ce qu'elle a appris lors des réunions trimestrielles de RéPOP. Au cours de la première journée de formation, Dominique se souvient s'être retrouvée avec des médecins, des kinésithérapeutes, des infirmiers et des psychologues, tous habitués de ce type de réseau. Les confrères, eux, étaient bien trop peu nombreux à son goût.

Combattre les idées fausses

A chaque réunion du RéPOP, tous les paramètres de l'obésité et de la diététique sont passés au crible. Dominique Mounès aura ainsi appris toute l'importance de l'éducation thérapeutique, de l'environnement, des modes de vie, des composantes psychologiques et sociales dans la survenue de ce fléau en passe de devenir la plus grande épidémie du siècle. Un fléau pas si visible que ça à l'officine. « Les enfants y viennent rarement avec leurs parents. Quant aux adolescents, ils sont peu médicalisés. », précise la pharmacienne.

Le RéPOP ne dispense pas de cours de diététique à proprement parler, juste les bases pour combattre des idées fausses, par exemple sur les céréales du petit déjeuner - pas si innocentes que cela - et sur d'autres produits trop souvent consommés par des jeunes sans aucune activité. « Il faut se rappeler tout simplement que pour le goûter, mieux vaut s'en tenir au morceau de pain et à une barre de chocolat », conseille Dominique Mounès.

Le pharmacien n'est pas assez formé à la psychologie

La cotitulaire a donc mis en pratique ce qu'elle a appris, ou ce qu'on lui a rappelé, même si elle sent que son rôle est avant tout d'informer sur l'existence même du réseau. Ainsi, il y a près de deux ans, une maman se confiait à Dominique après avoir eu connaissance de l'existence du réseau. Elle venait d'apprendre par son pédiatre que sa petit fille de six ans sortait de sa courbe de poids. La pharmacienne aidera la famille à rectifier ses aberrations alimentaires et hygiéniques. Des simples règles expliquées lors d'un entretien d'une trentaine de minutes et discutées à chaque visite de la maman. Aujourd'hui encore, cette dernière lui en est reconnaissante.

Cette démarche n'est cependant pas si aisée à transposer au comptoir, le pharmacien n'étant pas assez formé à la psychologie. Pour se faciliter la tâche, Dominique Mounès n'hésite pas à évoquer son appartenance au réseau afin de mieux étayer ses arguments lors des conseils hygiénodiététiques qu'elle délivre auprès des patients adultes en surpoids ou de leurs enfants.

Dominique Mounès éprouve un regret. Selon elle, le pharmacien n'est pas assez reconnu par le réseau : « C'est la cinquième roue du carrosse puisque, une fois sur deux, il est absent de la lettre que le réseau publie. » Pourtant, la place des pharmaciens dans les réseaux ne se discute plus. Encore trop peu nombreux il est vrai, leur démarche les inscrit encore plus comme acteurs de la prévention et de la coordination des soins, ainsi que comme relais d'information.

Dominique Mounès se garde bien d'aller si loin dans ses propos, mais c'est aussi ce que demandent maintenant les pouvoirs publics au pharmacien et c'est peut-être comme cela que se justifiera le réseau officinal demain. Grâce à quelques pionniers.

* Si le réseau RéPOP Toulouse fut un réseau pilote, aujourd'hui existent quatre autres réseaux de ce type en Aquitaine, en Franche-Comté, dans le Grand Lyon et en Ile-de-France. Renseignements sur http://www.repop.fr.

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Les avantages

Une implication minime : 2 à 3 réunions d'information par an.

Intégrer le réseau permet des contacts suivis avec les autres professionnels de santé.

Vous appréhendez votre client-patient dans le cadre d'une prise en charge globale.

Acquérir une formation de base sur l'obésité : battre en brèche les idées fausses.

Vous valorisez votre rôle d'« expert » en hygiène alimentaire : gain de crédibilité lors de la délivrance de conseils sur la minceur ou la diététique du diabète.

Vous devenez un maillon de la chaîne de soins en informant sur les structures locales de prise en charge de l'obésité et du surpoids.

L'image du pharmacien est valorisée dans un domaine relevant des préoccupations de santé publique.

Les difficultés

L'obésité et le surpoids restent des sujets tabous ou sensibles, difficiles à aborder avec les parents.

Les officinaux sont peu sollicités par les familles en tant qu'accompagnateurs.

Bien qu'intégrés par le RéPOP les pharmaciens ne sont pas spécialement mis en avant dans la lettre qu'il publie.

les conseils de dominique Mounès

Modeste, Dominique Mounès estime ne pas avoir de conseil à donner. Si ce n'est engager ses confrères à s'engager !

« Entrer dans un réseau est un enrichissement permanent permettant une réelle prise de conscience de ce fléau dont on ignore trop souvent la composante sociétale. Se former permet d'appréhender l'aspect psychologique du comportement de ces enfgants par rapport à la société et d'envisager une prise en charge globale de l'ensemble des comportements. »

« Commencez tout simplement par appliquer votre démarche avec des conseils de bon sens : une fois formé, vous vous apercevrez qu'ils constituent le plus souvent un socle efficace à une action de prévention ou d'éducation. Encore faut-il en avoir le réflexe. »

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