DMP : mieux vaut tard... - Le Moniteur des Pharmacies n° 2677 du 12/05/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2677 du 12/05/2007
 

L'ÉVÉNEMENT

Actualité

Tandis que le dossier pharmaceutique est en train de se mettre doucement mais sûrement en place, la date de lancement du dossier médical personnel est, elle, de plus en plus incertaine. De retards en pépins, le DMP reste coincé dans les starting-blocks.

Rien ne va plus pour le DMP. En janvier, Jacques Sauret, le directeur du GIP-DMP annonçait le report de sa généralisation à l'automne 2007, puis à 2008, officiellement en raison de la nécessité de refaire un nouvel appel d'offres pour l'hébergeur de référence (après avoir reconstitué un cahier des charges !). Puis Xavier Bertrand a parlé de « l'horizon 2008-2009 ». Aujourd'hui, le LESISS, qui représente les industries des technologies de l'information en santé estime, en la personne de Yannick Motel, son délégué général, que « le déploiement à grande échelle commencera plutôt début 2009, avec une possible reconfiguration des institutions en charge de ce projet ». Entre temps, la CNIL a relevé, à la mi-avril, des « dysfonctionnements de taille » au cours des expérimentations déjà conduites en 2006. Rappelant notamment la nécessité d'une authentification parfaitement sécurisée (identifiants et mots de passe ne suffisant pas !), de fermeture automatique de la session après 10 min d'inactivité, d'un chiffrement complet des données médicales...

Dernière péripétie en date, l'URML de Picardie, depuis toujours la plus en pointe sur le DMP, a décidé de jeter l'éponge. La décision de l'Union régionale des médecins libéraux de se retirer du projet de DMP fait suite à l'appropriation de la gouvernance du dossier par le seul GIP Télémédecine de Picardie-Santéos, d'émanation hospitalière, dans le cadre d'un consortium avec Santéos*. Les médecins libéraux s'estiment ainsi exclus d'une structure qu'ils souhaitaient à parité public privé pour poursuivre la phase expérimentale « exemplaire » menée entre juin et décembre 2006.

Bagarre sur le masquage des données

Forte de son expérience développée depuis 2001 sur un système pionnier de dossier médical informatisé pour le suivi des patients diabétiques dans le cadre du Réseau diabète régional, l'URML de Picardie s'était fortement impliquée dans l'expérimentation DMP, mettant en place « entre juin et décembre 2006, en synergie avec les acteurs libéraux, les établissements et le CHU, 2 200 dossiers médicaux personnels », explique le Dr Christine Boutet, chargée de mission DMP auprès de l'URML de Picardie. Dans le même temps, elle a dû se résoudre à abandonner le dossier informatisé diabète régional et la mutualisation des réseaux picards sur son système d'information faute de financements du FAQSV (Fonds d'aide à la qualité des soins de ville) ! Ces décisions ont donc amené l'URML de Picardie à dénoncer « une dérive technocratique, conduite par l'ARH et l'URCAM, visant à confiner les médecins libéraux dans un rôle d'exécutants. » « Les médecins libéraux sont en majorité pour le DMP à partir du moment où cet outil technologique visant à améliorer la qualité des soins répond à leurs besoins, mais cela nécessite une organisation régionale dans laquelle ils puissent être entendus », explique le Dr Christine Boutet qui n'exclut pas un risque de réactions en chaîne au niveau national.

Querelles de chapelle ? Pas si sûr. Le DMP se voit critiqué de toutes parts. Par les médecins, on le voit. Par les patients, qui veulent la possibilité de masquage des données (l'association Aides en tête) et s'élèvent contre l' « omission partagée ». Un concept « vendu » aux parlementaires par le syndicat de médecins CSMF, notamment pour éviter justement cette possibilité de masquage « à volonté » par le patient (avec « l'omission partagée », le patient devra se mettre d'accord avec son médecin pour masquer une donnée). Argument des professionnels : ce masquage nuirait potentiellement à la qualité des soins et à la relation de confiance médecin patient.

Critiqué implicitement par les pharmaciens aussi. La FSPF, notamment, a évoqué à plusieurs reprises le problème soulevé par le non-accès du pharmacien au DMP : comment trouver les bonnes informations sans les résultats d'analyses ou de diagnostic auxquels il n'a pas accès dans le DMP ? Comment créer des passerelles DMP/dossier pharmaceutique (DP), entre le NIR (numéro de sécurité sociale) et le NIS (numéro d'identifiant santé). Dans le même temps, des médecins se voient déjà « jaloux » du fonctionnement du DP, qui nourrira la partie médicament du DMP tout en restant la propriété de la profession officinale (alors que c'est le patient qui sera propriétaire de DMP). En cas de refus de mentionner une délivrance, le pharmacien, lui, pourra noter ce refus dans le DP... Des médecins s'inquiètent aussi du « pouvoir » pris par les pharmaciens avec le DP (un pharmacien prendra-t-il l'initiative de refuser une délivrance au vu de l'historique patient ?....).

Et pendant ce temps, le dossier pharmaceutique fait son bonhomme de chemin, même si le début de ses expérimentations est en train de prendre un léger retard (voir encadré).

1,2 à 1,5 milliard sur cinq ans

Reste que le gouvernement de Nicolas Sarkozy compte s'appuyer sur le DMP (avec le médecin traitant et le parcours de soins) pour « faire fructifier » la réforme d'août 2004. Histoire, notamment, de limiter les redondances de soins qui coûtent 1,5 milliard par an à l'assurance maladie, l'iatrogénie (128 000 hospitalisations) et une perte de temps de « recherche d'information » estimée à 4 heures par semaine pour les professionnels de santé (17 millions d'heures par an inutiles au parcours de soins, selon le ministère).

Il y a du pain sur la planche... Et peut-être une ou deux polémiques financières au bout du compte. Le coût du DMP a été officiellement annoncé à 1 milliard d'euros sur 5 ans par Xavier Bertrand. Estimation portée à 1,2-1,5 milliard par le GIP-DMP. « Des sommes comparables à celles dégagées par nos voisins », note le ministère dans un document d'information en donnant l'exemple de la Grande-Bretagne, qui a budgété 2,8 milliards... par an (tout de même). A noter, puisque l'on parle de la perfide Albion, que le budget initial de 6 milliards de livres (9,2 milliards d'euros) sur 10 ans pour « l'e-dossier » patient a été réévalué à 15 milliards, tandis que les spécialistes prévoient, eux, une facture finale dépassant les 30 milliards.

* Santéos est un GIE créé par les sociétés Atos Worldline et Uni-médecine, qui a pour objet l'exécution des prestations relatives au DMP... et à tout autre programme de ce type. En France ou ailleurs.

Dossier pharmaceutique : expérimentation repoussée en juin

Annoncée pour avril, puis pour mai, le démarrage de l'expérimentation du dossier pharmaceutique (DP) est aujourd'hui prévue courant juin. L'Ordre attend en effet l'agrément de la CNIL sur le numéro du DP. Mais celui-ci mobilise déjà ! Exemple dans le Pas-de-Calais où, après une première réunion qui a rassemblé en février quelque 250 pharmaciens sur un total de 550, le conseil régional de l'ordre vient d'inviter les représentants des médecins libéraux, infirmiers, pharmaciens hospitaliers..., à découvrir « cet ambitieux projet ». « Le DP est avant tout un outil professionnel pour les pharmaciens qui servira à optimiser la délivrance, leur a expliqué le président Jean Arnoult. C'est un outil de sécurisation de la dispensation qui fédérera les 23 000 officines de l'Hexagone... A ce jour, une quarantaine de pharmaciens sont éligibles pour l'expérimentation. »

Les représentants des pharmaciens hospitaliers estiment avoir « beaucoup à échanger, mais l'hôpital a du mal à communiquer les informations vers l'extérieur. Des initiatives locales existent, mais il faut développer les échanges d'informations rapides sécurisées... ». Le président du syndicat des pharmaciens local, également président de l'USPO, Patrice Devillers, rappelle que « le DP permettra aussi à la profession de mieux défendre son monopole, c'est un atout non négligeable au moment où il subit des attaques. On ne peut pas imaginer des malades acheter des médicaments en GMS et après avoir un DP. Si à terme le DMP se met en place et que le DP en fait partie, le DMP va conforter le monopole de délivrance... ».

J.-L.D.

Vitale 2, clé du DMP, déployée en Bretagne

La CPAM d'Ille-et-Vilaine a annoncé fin avril que le déploiement de la nouvelle carte Vitale avait débuté en Bretagne, région pilote avant un déploiement national (en fait, la carte Vitale 2, avec photo, a commencé d'être envoyée aux assurés d'Ille-et-Vilaine début avril, d'abord aux jeunes de 16 ans et aux personnes ayant besoin d'une nouvelle carte. Ils ont au préalable reçu un formulaire à renvoyer avec une photo et la copie de leur carte d'identité dans une enveloppe préremplie). La loi du 13 août 2004 portant réforme de l'assurance maladie, prévoit que Vitale 2 soit la clé d'accès du DMP.

La diffusion nationale de Vitale 2 doit se faire au rythme de 11,6 millions de cartes en 2007, 14,8 millions en 2008, 15,9 millions en 2009 et 16,9 millions en 2010. Jusque-là, son déploiement (dans la région pilote) n'a, lui, été repoussé que de 5 mois seulement.

F.S.

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