L'automédication agite la boîte à idées - Le Moniteur des Pharmacies n° 2671 du 31/03/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2671 du 31/03/2007
 

Actualité

L'événement

Le débat sur l'automédication qui s'est tenu à Pharmagora a fait grand bruit. Alors que les recommandations ministérielles peuvent tomber à tout moment. Entre intérêts collectifs et préoccupations personnelles.

Dire que l'on peut tout traiter avec l'automédication, non ! En revanche, développer des comportements d'automédication responsables dans les pathologies bénignes, oui ! Faisons en sorte que la première étape du parcours de soins soit d'aller à la pharmacie demander conseil », a expliqué posément Éric Maillard, président de l'AFIPA (Association de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable). En bon industriel qu'il est (il dirige les laboratoires Mac Neil), Eric Maillard trouve que les médicaments manquent un peu trop de visibilité à son goût dans les officines. Quant aux prix... Une charte est d'ailleurs en projet sur la modération des prix, mais la FSPF a confirmé mardi, lors d'une conférence de presse, sa volonté de ne pas signer cette charte de bonnes pratiques sur l'automédication en l'état. « La charte peut avoir son intérêt sur les prix catalogue », a noté Pierre Leportier. Mais la FSPF souhaiterait avant tout l'instauration d'un corridor de prix sur le non-remboursable.

Pas n'importe quel produit

L'évocation du manque de visibilité fait sortir les griffes de Jean Parrot, président du Conseil de l'Ordre. « Le problème n'est pas d'avoir une bonne visibilité, un bon accès, le problème est de faire le tri entre ce qui relève de la prise en charge et ce qui n'en relève pas », résume-t-il. Un président véhément sur les produits perdant leur AMM en même temps que leur efficacité, mais bien sûr sans changer de nom. « Ils dévalorisent notre rôle, l'automédication de demain ne doit pas ressembler à cela », a-t-il tempêté, incitant au passage les industriels à faire le ménage dans leurs rangs. Qui pourrait lui donner tort ? En insistant sur le renouveau nécessaire du portefeuille produits Jean Parrot souhaite une réévaluation des notices et de l'efficacité, fustigeant au passage les universitaires qui, selon lui, « ne sont pas les mieux placés pour le faire ».

Le Pr Alain Coulomb, div du rapport qui a mis le feu aux poudres, juge ce problème essentiel : « Il faut avoir des médicaments adaptés, reposant sur un référentiel solide. Incontestablement, un tri par les autorités compétentes est nécessaire. » Autre sujet de crispation, les remises et le surstockage qu'elles entraînent. « Pour consentir à des remises, les laboratoires chargent les quantités sur une seule gamme, ce qui peut conduire à des dérives. Les pharmaciens doivent conserver la possibilité de plusieurs références pour préserver leur qualité de conseil », a asséné Jean Parrot.

Isabelle Adenot, présidente du conseil central A, s'est insurgée contre les expérimentations sauvages d'accès libre : « Il est inconcevable et inadmissible qu'un groupement s'arroge le droit d'une telle organisation et incite ses adhérents à se mettre en non-conformité avec les dispositions actuelles du Code de la santé publique. » D'ailleurs, pour l'instant, les projets d'expérimentation sont au point mort, faute d'accord finalisé. Pour l'Ordre, il pourrait y avoir dans le futur une zone réservée aux ordonnances et une autre, de confidentialité, dédiée à l'automédication où le patient serait assisté.

Eric Maillard veut non seulement passer le médicament devant le comptoir, mais également un assouplissement de la réglementation sur la communication. Un point de vue que ne partage pas Jean Parrot : « Nous n'y sommes absolument pas prêts. Une fois que la boîte est dans les mains d'une patiente qui l'a vue à la télé, il est plus compliqué de la dissuader de l'acheter. Même en lui posant les bonnes questions. »

Réaction Claude Japhet président de l'UNPF

Ce n'est peut-être qu'un problème de sémantique, mais on a intérêt à faire le distinguo entre automédication et conseil pharmaceutique. Les pharmaciens doivent aussi se poser la question de leurs propres limites pour savoir si l'intervention relève d'eux ou du médecin. Certains signaux d'alerte ne sont pas forcément acquis, ce qui ne veut pas dire incompétence. A nous, pharmaciens, de faire un peu notre mea culpa sur nos méconnaissances.

L'automédication, oui mais...

L'automédication existe, mais il faut la réinventer. C'est à peu près le message du colloque « L'automédication : recul ou progrès ? » que proposait la Mutualité française le 21 mars. Un débat étayé par les résultats d'une enquête exclusive CSA/CECOP menée pour l'occasion auprès de 1 010 personnes. Il arrive à 62 % des interrogés de se soigner sans consulter un médecin. Seulement 20 % affirment le faire souvent contre 42 % de temps à autre. En plus d'être une pratique plutôt répandue, l'automédication semble avoir bonne réputation. Il s'agit non seulement d'une façon de faire « normale » (47 %), mais encore d'un comportement citoyen (20 %). Ce point de vue n'est pas partagé par tout le monde puisque les 65 ans et plus sont les plus nombreux à qualifier l'automédication de comportement irresponsable. Pourtant, si les Français sont prêts à se soigner tout seuls, ils ne sont pas tout à fait prêts à le faire en dehors de l'officine (75 %). Un score à première vue rassurant qu'il faut nuancer. La tranche de population la plus disposée à se soigner toute seule (les 25/49 ans) est, elle, prête à aller voir ailleurs à 56 %. Cette ouverture d'esprit des plus jeunes ne doit pas freiner une réflexion urgente et nécessaire sur la pratique de l'automédication. L'exemple portugais est d'ailleurs plutôt rassurant. Malgré la fuite des spécialités OTC en grande surface, la concurrence des prix n'explose pas et la clientèle reste attachée à l'officine. I.D.

Réaction Gilles Bonnefond secrétaire général de l'USPO

On ne doit pas basculer du patient vers le consommateur, sinon on ne pourra organiser un parcours de soins responsable.

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