Cessions en chute libre ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2671 du 31/03/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2671 du 31/03/2007
 

HAUTE-NORMANDIE

Actualité

Enquête

Avec 38 officines cédées sur les 600 de la région, la Haute-Normandie a connu peu de cessions en 2006. Les pharmacies « made in Normandie » n'auraient plus la cote ? Selon Interfimo, une pharmacie de Haute-Normandie se vendait en moyenne à 78 % de son chiffre d'affaire TTC en 2005, ce qui en faisait une des régions les moins chères de France. Mais ce chiffre est passé à 88 % en 2006. La Seine-Maritime étant toutefois un peu plus prisée que l'Eure.

Dominique Brasseur, président du conseil régional de l'Ordre, préfère distinguer deux types de cessions. Les « véritables », qui se font d'un titulaire à un autre, et les « fausses », qui sont en réalité des changements de statut. « Il y a de plus en plus de titulaires qui se cèdent à eux-mêmes », explique-t-il. En 2006, en Seine-Maritime, 6 cessions sur 30 étaient en fait une transformation de statut. Dans l'Eure, sur les 8 cessions, la moitié sont des changements de statut. « Dans l'Eure, les véritables cessions se sont faites à des taux allant de 85 à 96 %, explique Dominique Brasseur. Mais lorsqu'il y a transformation, la cession peut se faire à 45 %. En Seine-Maritime, nous avons une cession qui s'est réalisée à 102 %, contre 61 % pour une transformation. » Dans les « véritables » cessions de Seine-Maritime, la plus basse s'est faite à 81 %. Lorsqu'il s'est agi d'un changement de statut, le ratio le plus faible a été de 61 %.

Ce qui inquiète véritablement le président du conseil régional, ce n'est pas tant le taux de cession mais le faible nombre de ventes. « Nous sommes en dessous du seuil des autres régions qui est de 15 %, se désole-t-il. Certes, nous ne sommes pas une région ensoleillée et nous manquons d'adjoints... » Guy Frackowiak, du syndicat des pharmaciens (FSPF) de l'Eure, ne trouve pas de véritables raisons objectives à ce manque de cessions dans son département. De son côté, François Lemarignier, du syndicat de Seine-Maritime, évoque même la « fermeture définitive d'une pharmacie en 2006 au Havre pour non-rentabilité. Le Havre a été une ville où on s'installait pour augmenter son chiffre d'affaires, ce n'est plus possible ».

De nombreux atouts à exploiter

Et cela ne devrait pas s'améliorer en 2007. « J'ai bien peur que nous n'ayons pas beaucoup de cessions cette année. Le chiffre d'affaires n'augmente pas beaucoup, les marges diminuent, on n'est pas incité à vendre », argumente Dominique Brasseur. Pour François Lemarignier, « les sorties de la réserve hospitalière faussent les marges et les génériques aussi ». Sans oublier les pharmacies en zone rurale qui se vendent mal. « Les titulaires en rase campagne sont bloqués et ne peuvent pas bouger, explique le président ordinal. Si la marge ne suit pas, ces petites officines sont appelées à disparaître. Cela remet en cause la logique de répartition, de proximité. »

Tous reconnaissent pourtant les atouts de la région. La Haute-Normandie est proche de Paris, les réseaux routiers et ferrés sont bien développés, le port du Havre renaît, Rouen reste un pôle chimique important et Evreux se développe. « L'habitat est dispersé, donc les gros bourgs et les petites villes ont une zone de chalandise très importante », note Dominique Brasseur. Pour lui la raison est peut-être ailleurs. « Il faudrait une étude plus fine sur l'âge des titulaires. Il y a eu un grand turnover il y a quelques années, peut-être sommes-nous dans une phase creuse. » Effectivement, une grosse proportion des titulaires ont entre 45 et 55 ans. Et puis il y a un dernier argument qui ne joue pas en faveur d'une installation en Haute-Normandie : il y pleut souvent, paraît-il.

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