Bienvenue au grand bal des illusionnistes - Le Moniteur des Pharmacies n° 2670 du 24/03/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2670 du 24/03/2007
 

FINANCEMENT

Actualité

Enquête

C'est une règle en politique : les prévisions de croissance sont systématiquement majorées avant les échéances électorales. 2007 ne fait pas exception à la règle, rendant aléatoire le financement des mesures annoncées et des comptes sociaux.

François Bayrou est le seul qui base ses estimations sur un taux de croissance de 2 % (celle de 2006), contre 2,5 % pour ses confrères de l'UMP et du PS. L'entourage de Ségolène Royal estime que la croissance financerait ainsi la totalité des promesses avec un niveau de prélèvement stable pour les entreprises (à + 2,25 %, la moitié d'entre elles seraient comblées). Idem pour Nicolas Sarkozy qui promet en sus 4 points de baisse des prélèvements obligatoires. Problème : ces 5 dernières années, la croissance n'a été en moyenne que de 1,7 % par an (la dette, elle, a crû de 10 % par an).

Pour quelques milliards de plus.

L'optimisme chevillé au corps, nos principaux candidats peuvent asseoir leurs promesses :

- 30 à 32 milliards de dépenses supplémentaires sur la législature pour Nicolas Sarkozy, selon son porte-parole Xavier Bertrand*, lequel compte aussi trouver des financement en examinant l'ensemble des programmes publics « de manière à redéployer les dépenses inutiles vers les dépenses les plus utiles » (y compris dans le système de santé ?).

- 35 milliards net pour le pacte de Ségolène Royal, selon le fiscaliste PS Didier Migaud.

- François Bayrou aura donc un peu moins à implorer le Dieu Croissance pour financer sa « social-économie » à hdiv de 21 milliards. Il faut dire qu'il a promis moitié moins de mesures que ses deux principaux concurrents. n F.S.

Bien entendu, tous promettent qu'ils stabiliseront la dette autour des exigences européennes, c'est-à-dire à 60 % du PIB vers 2012 (au lieu de 2010 comme l'exige l'Europe). Objectif qui a peu de chances d'être atteint si l'ONDAM moyen des cinq prochaines années excède + 2,2 % à + 2,5 %.

Le candidat UMP brandit l'étendard de la lutte contre les fraudes à la Sécurité sociale pour espérer 7 MdEuro(s)d'économies (il en espère 8 du train de vie de l'Etat), quand l'UNCAM chiffre les gains possibles liés aux fraudes à l'assurance maladie à 150 millions par an... en étant optimiste. Le PS n'est pas en reste puisqu'il espère lui aussi 8 MdEuro(s) d'économies en rendant l'Etat plus efficace (dans le même temps, Ségolène Royal juge la fraude marginale).

Et l'assurance maladie ?

Concernant le financement de l'assurance maladie elle-même, l'UMP fonde de beaux espoirs sur sa franchise, sur la lutte contre les fraudes, on vient de le voir, et sur une évaluation approfondie des ALD (il ne prévoit pas d'augmenter la CSG).

Xavier Bertrand, le porte-parole de Nicolas Sarkozy, vient de déclarer dimanche, en tant que ministre de la Santé, qu'il comptait bien que le Plan médicament donne sa pleine mesure en 2007 pour contribuer à une nouvelle diminution du déficit.

Le PS, lui, compte augmenter la CSG* et envisage une taxe des plus-values fiscales et l'augmentation de la TVA (pas de TVA sociale).

L'UDF milite en revanche pour une TVA sociale - fidèle à sa croisade contre le recours à la dette pour financer les dépenses sociales (« une honte ») - ainsi que pour une taxe sur les flux financier et pour une hausse de CSG si nécessaire.

Et le PS et l'UDF de demander que les taxes sur le tabac et l'alcool soient vraiment consacrées à financer l'assurance maladie.

Tous les candidats sauf Sarkozy évoquent un élargissement de l'assiette des prélèvements vers la valeur ajoutée. Sans surprise, les candidats de la gauche antilibérale (Besancenot, Buffet) plaident pour un rééquilibrage de la taxation du travail vers celle des revenus. Jean-Marie Le Pen souhaite une TVA sociale en sus du système de cotisation actuel et, sur le plan de l'organisation, une fusion des différents régimes.

A noter, côté fonctionnement, l'idée originale de l'UDF de remplacer la CMU « par une aide personnalisée à la santé inversement proportionnelle aux revenus pour permettre à chacun de financer la complémentaire de son choix ».

Une chose est sûre, le nouveau président aura très vite à se replonger dans les affres du financement de la protection sociale avec l'élaboration du PLFSS 2008 dès juin, avant même que les élections législatives aient livré leur verdict. Sans compter un probable avertissement du comité d'alerte, l'ONDAM n'ayant quasiment aucune chance d'être respecté.

* 1 point de CSG correspond à 10 Md

* Plus de 90 MdEuro(s) si l'ensemble des baisses massives de prélèvements obligatoires était concrétisé, estime l'Institut de l'entreprise.

Silence assourdissant sur la retraite

Mis à part la revalorisation des petites retraites, plusieurs fois évoquée par les principaux candidats, ces derniers évitent comme la peste le sujet du financement des retraites. Pourtant, la réforme Fillon de 2003 prévoit un rendez-vous en 2008 dont on se doute qu'il sera calamiteux (selon le Comité d'orientation des retraites, il manque déjà 20 milliards...) tant les besoins de financement restent insuffisants (voir le dossier du Moniteur n° 2597). Les économistes nous prédisent en tout cas de la sueur et des larmes sur ce dossier. L'amnésie électorale s'explique donc.

Les candidats boudent les assises du CNPS

Le Centre national des professions de santé a dû pour la première fois annuler ses assises en période électorale, faute de combattants : sur 6 candidats invités, aucun n'avait confirmé sa venue. Le CNPS a donc interpellé les candidats le 15 mars par courrier sur l'avenir des soins de ville.

Les mesures phares sur l'entreprise des trois principaux candidats

Qui a le programme le plus crédible pour relancer le monde de l'entreprise et l'économie ? Les économistes sont très partagés mais aucun candidat ne semble réellement trouver grâce à leurs yeux. Première critique : aucun ne proposerait véritablement comment relancer l'activité, le discours étant axé sur le chômage. Or créer des emplois s'il n'y pas assez d'activité est problématique. De plus, la France a un taux d'emploi supérieur à celui des Anglo-Saxons eux-mêmes chez les 25-54 ans, le problème numéro un étant l'emploi chez les jeunes (un tiers d'actifs) et les seniors (44 % d'actifs), délaissés par les entreprises. Plus des trois quarts des postes à pourvoir d'ici 2012 viendront en remplacement de départs à la retraite, d'où un impact prévisible assez limité des mesures proposées en la matière par les candidats.

Les mesures destinées à mettre en adéquation l'offre et la demande de qualifications convainquent plus. Tandis que les économistes parlent davantage d'usines à gaz et d'effets d'aubaine pour les entreprises à propos des mesures d'exonérations de charges, des heures supplémentaires notamment, que de solutions réellement crédibles pour l'économie française.

Nicolas Sarkozy

- Exonération des heures sup de charges sociales et d'impôt sur le revenu

- Création d'un contrat de travail unique

- Compte épargne formation par salarié

- Fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC

- Impossibilité de refuser deux offres d'emploi correspondant à ses compétences

- Travail d'intérêt général obligatoire pour les bénéficiaires d'un revenu d'assistance

- Remboursement des aides publiques pour les entreprises qui délocalisent

François Bayrou

- Possibilité pendant 5 ans de créer deux emplois sans charges

- IS à 18 % sur les 100 000 premiers euros de bénéfices

- Exonération de cotisations sur les heures sup

- Réforme du Code du travail

- Assouplissement des 35 heures

- « Small business act » à la française (simplification des contraintes fiscales, accès simplifié des PME aux marchés publics, CDI universel à droits progressifs)

- Activité obligatoire pour les bénéficiaires des minima sociaux

Ségolène Royal

- SMIC à 1 500 euros brut et conférence nationale sur les salaires et la croissance en juin

- Sécurité sociale professionnelle garantissant durant un an 90 % du dernier salaire

- Conditionnement des aides publiques dans les entreprises bénéficiaires à l'engagement de ne pas licencier ni délocaliser

- Modulation des exonérations de charge en fonction de la nature des contrats de travail

- Plan national de formation (pour remettre en adéquation l'offre et la demande des entreprises)

- Droit au premier emploi

- Contrat de « droits et devoirs » pour les demandeurs d'emploi

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