Une efficacité contestée - Le Moniteur des Pharmacies n° 2659 du 13/01/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2659 du 13/01/2007
 

CRÉATINE ET DHEA

Actualité

L'événement

Boom du marché de la diététique sportive en pharmacie oblige, les produits à base de créatine se multiplient dans les linéaires. Et vous êtes nombreux à nous poser des questions sur le statut de cet acide aminé. Dans quelles mesures et dans quelles limites peut-on en vendre? La théorie réglementaire ne colle pas toujours à la pratique...

Dans la course au muscle, la créatine arrive souvent en pole position. Même si cette substance doit sa réputation à la promesse d'une performance décuplée, même si elle a longtemps été interdite à la vente, elle ne fait pas partie des produits dopants. Mais la question est aujourd'hui de savoir dans quelles conditions sa présence est légale dans un produit. La réponse dépend en fait de quel type de produit on parle. Pour les denrées destinées à une alimentation particulière (DDAP) - et, en l'occurrence, pour les aliments énergétiques adaptés à l'effort du sportif -, l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA) a tranché. Dans un avis du 17 février 2004, elle autorise l'adjonction de créatine dans la limite de 3 g par jour. « Cependant le distributeur doit toujours démontrer a posteriori que son produit présente un intérêt pour la cible visée », précise la DGCCRF. Autant dire que certains produits sur le marché font allègrement l'impasse sur cette étape !

De toute façon, il ne faut pas attendre de la créatine des résultats spectaculaires. L'ingestion de 3 g par jour pendant un mois augmente au maximum la masse musculaire de 10 %, mais il s'agit en réalité d'une augmentation de la masse d'eau (source AFSSA, avis du 23 janvier 2001). L'effet d'une supplémentation en créatine n'a été démontré que sur des efforts intenses de 15 secondes ou moins, relevant de la voie anaérobie. Ainsi, les promesses assurant un corps d'acier et une force maximale relèvent plus de la publicité mensongère que d'une allégation légitime.

Des pharmaciens juges-arbitres ?

Côté compléments alimentaires, la législation concernant la créatine dépend désormais du décret 2006-352 (paru en mars 2006). Et ce dernier ouvre le champ de la commercialisation des ingrédients autorisés dans un autre pays européen. « Si un opérateur prouve que son produit contenant de la créatine est conforme à la réglementation d'un autre Etat membre, nous sommes tenus de l'accepter sauf si nous démontrons qu'il existe un risque pour la santé », admet la DGCCRF. Pour autant, l'emploi de la créatine dans un complément alimentaire n'est pas clairement licite en France. Seule la parution d'un arrêté édictant clairement une liste de substances autorisées et leurs conditions d'utilisation mettra fin à cette situation confuse. Aujourd'hui, la DGCCRF donne son accord au cas par cas au fabricant, au vu d'une déclaration de mise sur le marché, « si le produit respecte les conditions édictées par l'avis de l'AESA ».

Dans les faits, la dose maximale de 3 g par jour n'est pas toujours respectée. Au détriment de la santé des sportifs qui, à haute dose, s'exposent à des risques digestifs, cardiovasculaires et carcinogènes. Une demande d'avis sur la sécurité d'une supplémentation à base de créatine a été déposée à l'AESA. Qui n'a toujours pas rendu son verdict. Reste que la composition de certaines références vendues en pharmacie présentent des posologies jugées excessives par l'administration...

Peut-on, dans ces conditions, toujours prôner la pratique d'un sport sain ? Pas de doute pour Loïc Bureau, formateur et spécialiste des compléments alimentaires : « Plutôt que d'aborder la vente sous l'angle médiatique de la performance, le pharmacien aurait intérêt à valoriser l'équilibre nutritionnel adapté et la prise d'antioxydants. » L'avantage d'une démarche éducative et d'un référencement zéro défaut n'est autre que d'assurer la crédibilité de la profession. Et de se différencier du commerce parallèle qui prend de l'ampleur sur le Net.

A retenir

3 grammes : dose maximale de créatine autorisée par jour.

la DHEA, selon l'Afssaps, n'a montré aucune preuve formelle d'efficacité dans les pathologies liées au vieillissement.

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