La fac de Kaboul renaît grâce à Lyon - Le Moniteur des Pharmacies n° 2659 du 13/01/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2659 du 13/01/2007
 

COOPÉRATION

Carrières

En 2002, des responsables de la faculté de pharmacie de Lyon se rendaient à Kaboul pour aider leurs homologues afghans. Depuis, un nouveau cursus a été entériné et la formation continue des enseignants afghans s'organise. Le point avec Dominique Marcel-Chatelain, coordinatrice de la délégation lyonnaise.

Tout était à revoir, se souvient Dominique Marcel-Chatelain, maître de conférences au département de pharmacologie de la fac de Lyon. Nous avons donc fait un état des lieux pour définir les principales actions destinées à réorganiser le secteur de la pharmacie. » Une liste particulièrement longue, mais peu surprenante après des années d'occupation soviétique puis d'imposition d'un régime religieux particulièrement rigoureux : rétablissement d'une législation pharmaceutique, recréation d'un laboratoire national de contrôle des médicaments au sein du ministère de la Santé pour stopper la multiplication de la vente de médicaments contrefaits dans la rue, ou encore installation d'un centre de production de médicaments essentiels.

La reconstruction n'était pas de moindre ampleur côté enseignement. Outre l'incendie de la fac de pharmacie de Kaboul en 1992 puis son pillage, la formation avait elle aussi été mise à bas. Pendant le régime des talibans, une formation de six mois après le bac suffisait pour vendre des médicaments, alors qu'auparavant elle durait quatre années...

Nouveau cursus.

Plus de quatre ans après cette première visite, le bilan est positif. Avant, n'importe qui ou presque pouvait devenir pharmacien ? Avec le nouveau cursus, mis sur pied après une longue réflexion, ce ne sera plus le cas. Elaboré avec l'aide de la faculté de pharmacie de Lyon et accepté par le ministère de l'Enseignement supérieur afghan, il est désormais établi sur dix semestres, sur le modèle existant dans d'autres pays. « La volonté a été d'en faire un cursus international, qui fonctionne par semestres, alors que ce n'est pas le cas encore par exemple en France. » Deux filières ont été mises en place : une, orientée vers la pharmacie d'officine et la pharmacie hospitalière, dite « pharmacie communautaire », et une autre orientée vers la biologie clinique afin que les pharmaciens aient accès aux laboratoires des hôpitaux et aux laboratoires privés, où sont surtout présents des médecins.

Le dernier semestre du cursus est consacré à un stage professionnalisant de six mois. Celui-ci pourra être réalisé en biologie clinique au sein du laboratoire de l'hôpital de Ali-Abad et de celui de Maïwand (tous les deux appartenant au CHU de Kaboul nouvellement créé), ou dans une pharmacie dont les deux pharmacies du CHU. « Un projet de coopération a d'ailleurs été cosigné en juillet 2006 entre l'université Claude-Bernard/Lyon-I, la faculté de pharmacie de Lyon, les Hospices civils de Lyon et l'organisation humanitaire Aide médicale internationale pour réhabiliter les laboratoires et les pharmacies des hôpitaux du CHU. » La faculté afghane compte désormais une centaine d'étudiants, sélectionnés sur dossier. Seul bémol : le nombre encore insuffisant d'enseignants pour assurer la formation au niveau le meilleur possible.

Formation en continu.

Autre préoccupation : participer à la remise à niveau des responsables de cours ainsi que des pharmaciens des hôpitaux grâce au financement apporté dans le cadre d'un fonds dispensé par le ministère des Affaires étrangères.

Des missions d'une durée de deux semaines sont organisées chaque année durant lesquelles des professeurs de la faculté de Lyon mais aussi de Nantes ou d'Amiens se rendent à Kaboul pour apporter leur aide. « Nous avons bien insisté sur l'organisation des missions, précise Dominique Marcel-Chatelain. Il ne s'agit pas seulement d'enseigner ou d'aider à la préparation des cours. Il doit y avoir un enseignant référent qui assiste aux cours, prend des notes et puisse ensuite être en mesure de refaire les cours. »

L'accent a été mis sur plusieurs thématiques considérées comme prioritaires pour le pays : la chimie analytique, la toxicologie, la pharmacologie pour comprendre le médicament. « Nous allons plus nous orienter vers la biologie clinique et le contrôle bactériologique, parce qu'il n'existe pas encore de système de contrôle des médicaments. En complément, un journal élaboré par l'association de pharmaciens, qui s'est peu à peu mise en place, édite son premier numéro et contient des articles scientifiques sur des pathologies et des traitements. »

Les difficultés sont multiples : « Nous avons envoyé des équipements (comme des spectrophotomètres) pour les salles de travaux pratiques, mais il faut pouvoir en assurer la maintenance car il n'existe aucune société sur place en mesure de le faire. Il faut former une personne spécifiquement à ce sujet. Nous ne pouvons pas non plus répondre à toutes les demandes. Des pharmaciens nous ont demandé de leur envoyer des réactifs, mais ce sont des produits dangereux dont le transport est coûteux. Ce n'est pas notre rôle mais plutôt celui du ministère de l'Enseignement supérieur afghan, estime Dominique Marcel-Chatelain. Notre objectif est de travailler dans un esprit de coopération, c'est-à-dire d'apporter les outils permettant aux professionnels de travailler par eux-mêmes. »

Les relations avec Kaboul sont restées étroites. « Début décembre, des responsables nous ont d'ailleurs rendu visite toute une semaine, l'occasion pour nous par exemple de démontrer l'importance du rôle que pouvaient jouer les internes et les externes en pharmacie dans les hôpitaux. Nos visiteurs étaient très étonnés que des stagiaires de troisième année puissent aussi y collaborer », souligne la responsable lyonnaise.

Des stages pour les internes

- Depuis novembre 2003, en accord avec la cellule Santé de l'ambassade de France, un interne en pharmacie français peut effectuer un stage validant de six mois à Kaboul. Il doit participer à un projet développé par une association oeuvrant dans le domaine de l'action humanitaire et de la coopération. Aide médicale internationale (AMI), très implantée en Afghanistan depuis plusieurs années dans le domaine des laboratoires, a été retenue. L'interne participe donc au projet AMI sur le soutien aux laboratoires, au projet de la faculté lyonnaise à Kaboul et à certaines actions développées par l'ambassade de France (notamment la transfusion sanguine).

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