Un eldorado pour les salariés - Le Moniteur des Pharmacies n° 2656 du 16/12/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2656 du 16/12/2006
 

EMPLOI À PARIS

Carrières

Avec plus de 1 000 officines, Paris reste une place privilégiée pour trouver un poste d'adjoint ou de préparateur. Mais pas pour les titulaires en quête de collaborateurs, notamment dans les petites officines de quartier, délaissées par les postulants.

A Paris, la répartition du nombre d'habitants par officines est très inégale selon les arrondissements.

Entre 1975 et 1999, Paris a connu une très forte baisse démographique, avec 171 000 Parisiens qui ont quitté leur ville. Depuis, la population a tendance à se stabiliser, voire à évoluer positivement. Par ailleurs, elle se rajeunit, l'arrivée à l'âge de la retraite entraînant souvent le retour vers la province. En conséquence, Paris est en grande partie composée d'actifs, malgré un taux de chômage qui reste élevé, identique à celui de la moyenne nationale.

Le marché de l'emploi en officine se porte cependant plutôt bien, les adjoints et les préparateurs n'ayant, jusqu'à présent, aucun mal à trouver un poste. « Il y a plus d'offres que de demandes, ce qui crée un vrai déséquilibre, défavorable pour les employeurs, indique Daniel Halfon, délégué pour Paris de l'Union des pharmaciens de la région parisienne et associé dans le IIIe arrondissement. Même s'il est plus facile de trouver des collaborateurs à Paris que dans les autres départements de la région parisienne (pour des questions de facilité de transport), les titulaires parisiens ont du mal à recruter. »

La loi du plus offrant.

Les raisons de cette pénurie patente ? Réponse de Daniel Halfon : « Il sort chaque année près de 2 500 pharmaciens diplômés toutes facultés confondues. Sur ce nombre, seul un tiers est disponible immédiatement sur le marché du travail en officine. Comment voulez-vous assurer ainsi le renouvellement des 22 000 pharmacies françaises ? » En 2005, 240 étudiants étaient inscrits en filière officine dans les deux facultés parisiennes couvrant toute l'Ile-de-France. Une trentaine de plus le sont cette année. Un nombre insuffisant compte tenu du fait que Paris, dont le parc officinal est particulièrement dense, compte déjà 1 060 officines. Conséquence : il existence une vraie concurrence entre titulaires d'une même rue ou d'un même quartier pour le recrutement de leurs salariés. Et, forcément, les salaires grimpent. Comme le rapporte Bruno Lamaurt, président de l'Union des pharmaciens de la région parisienne, « on recrute à des coefficients de 550, 600, voire plus, même avec très peu d'expérience ! ».

Autre problème auquel se heurtent les officinaux : l'engouement des jeunes pharmaciens pour les CDD. « Je cherche un adjoint depuis septembre et je ne trouve pratiquement personne en demande de CDI. Cette situation est assez préoccupante », constate Armelle Vanot, présidente de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris et titulaire dans le IXe arrondissement.

Il faut savoir aussi que certaines pharmacies ont plus la cote que d'autres auprès des candidats à l'embauche : les « grosses » officines ou celles qui proposent des horaires continus notamment. Inversement, les postulants ont tendance à éviter certaines adresses comme les abords de gare ou les quartiers dits difficiles, et rechignent à travailler dans les petites officines de quartier, nombreuses à Paris. « Il est vrai qu'il est plus intéressant et dynamisant pour un adjoint d'être intégré à une équipe conséquente plutôt que d'être seul avec le titulaire. Dans une pharmacie importante, il aura aussi plus de facilité à suivre des formations et pourra avoir davantage de responsabilités », admet Bruno Lamaurt.

Comment les adjoints en recherche de poste voient-ils, eux, le marché de l'emploi ? « Il est fréquent que les titulaires demandent toutes les qualités possibles sans faire de réels efforts sur les salaires ni donner de vraies responsabilités. Comme il y a pénurie, il est logique que l'on aille aux plus offrants. Intégrer une grosse officine est d'autre part beaucoup plus formateur », reconnaît une adjointe.

Les étudiants plébiscités.

Même état des lieux du côté des préparateurs. « Le nombre de diplômés sortant n'est pas suffisant et l'offre est supérieure à la demande. Résultat : les préparateurs réclament des coefficients de 300, 350, sans apporter pour autant plus de compétence », observe Daniel Halfon. « La réforme des études de préparateurs a entraîné une raréfaction de ces derniers sur le marché du travail », précise Jean-Jacques des Moutis, président du conseil régional de l'Ordre Ile-de-France. Pourtant, l'heure est plutôt à la hausse des effectifs. « Cette année, nous avons plus d'inscrits en première année que l'an dernier (470), ce qui est exceptionnel car ce n'est pas le cas dans les autres départements. En 2006, 77 % des 440 étudiants en deuxième année ont réussi leur examen. Pratiquement tous trouvent un poste sur Paris », signale Michel Bazennerye, directeur du CFA situé dans le XXe arrondissement.

Face aux difficultés liées à l'embauche, les titulaires sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les étudiants. « Je fonctionne avec un adjoint et des étudiants. Une fois diplômés, ces derniers constituent un vivier dans lequel je puise quand j'ai besoin d'un adjoint ou de quelqu'un pour me remplacer. Pour les trouver, c'est bien souvent le bouche-à-oreille qui fonctionne », commente Françoise Cotinat, titulaire dans le VIIe arrondissement.

Mis à part le bouche-à-oreille, pour trouver leur personnel les officinaux passent principalement par les petites annonces dans les revues professionnelles, les grossistes-répartiteurs ou les sociétés d'intérim. La tendance actuelle ? « Nous sommes dans une période calme pour le marché de l'emploi. Depuis la rentrée, il y a peu d'offres, un peu plus de demandes », indique-t-on chez Quick Médical Service. Le même phénomène récent a été observé à l'agence PharmAppel. Explication ? « L'année 2006 a été difficile pour l'économie de l'officine (baisse du chiffre d'affaires, de la marge) et les médecins ont levé le pied sur les prescriptions depuis septembre. La plupart des officines ne sont donc pas dans des dispositions d'embauche favorables », conclut Bruno Lamaurt.

PARIS EN EN CHIFFRES

- 2 144 700 habitants en 2005, soit une progression de 19 400 habitants (+ 0,9 %) par rapport à 1999.

- 1062 officines (au 31.12.2005).

- 1 officine pour 2 020 habitants en moyenne.

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