Attention tension ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2652 du 25/11/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2652 du 25/11/2006
 

OFFICINE - TRANSACTIONS

Cahier spécial

L'annuel

Dans le sillage de 2005, le marché des transactions a entamé l'année 2006 en enregistrant une hausse du nombre des cessions. Mais les nuages qui se sont amoncelés sur l'économie officinale ont, dès juillet, freiné cette embellie. Un repli du marché sur le second semestre est probable, tout comme une baisse des prix de cession en 2007.

Les moyennes sont souvent trompeuses ! Stable en prix (à 88 % du CA TTC) et en légère progression en nombre de cessions (+ 3,5 %), le marché des transactions d'officines semble s'être assagi en 2005. En apparence seulement. Première tendance : la fracture est encore plus franche entre les officines de moins de 700 000 euros de CA qui se vendent à 60 % ou 70 % du CA TTC et les officines à CA élevé ou à fort potentiel qui se négocient beaucoup trop cher, parfois jusqu'à 120 % ou 130 %.

Quand le prix d'achat correspond à 6 fois l'EBE et plus, ce qui est fréquent, attention danger !

Les jeunes aiment les SEL : - Au 1er janvier 2006, 9 622 officines étaient gérées en société ou en copropriété, soit 42,6 %, contre 7 370 au 1er janvier 2000. Parmi les 2 057 SEL, 62 ont des parts dans une ou deux autres SEL. Les associés exploitant des SEL sont plus jeunes que la moyenne des titulaires et 10 % d'entre eux détiennent des parts dans une autre SEL.

Il faut reconnaître que cela a toujours bien marché dans un condiv de croissance soutenue de l'activité, et que, jusqu'à ce jour, les incidents sont rares. « Nous sommes néanmoins sur des points de rupture, avec des financements très élevés pour des pharmacies vendues plus de 100 % du chiffre d'affaires », alerte Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise. Même appel à la prudence de Luc Fialletout, directeur général adjoint d'Interfimo : « Les jeunes pharmaciens qui veulent acheter une pharmacie à potentiel doivent aujourd'hui assumer des prix de cession très élevés, ce qui peut conduire à des montages financiers plus tendus malgré des taux d'intérêt relativement bas. »

Des mutations en hausse de 11 % : - En 2005, sur 1 278 pharmaciens déjà inscrits en section A ayant opéré une mutation, 89 % l'ont fait en entrant dans une société. La même année, 1 062 devenaient titulaires pour la première fois, dont 73 % dans une société (40 % en SEL).

SEL : attention à la sortie !

Seconde tendance : les modes d'acquisition changent. En l'espace de quelques années, la SEL est devenue le mode d'exercice et d'acquisition le plus recherché par les acheteurs. L'engouement pour ce statut progresse encore : en 2005, elles représentaient déjà 40% des transactions, elles s'adjugent 53 % de celles du second trimestre 2006 (source Pharmétudes). Sur le premier semestre, 332 cessions ont été réalisées au profit de SEL (324 SELARL et seulement 8 SELAS), soit 23 % de plus qu'au premier semestre 2005.

La tendance favorable des dernières années pour l'exercice en association se confirme du fait de sa meilleure performance économique. Pour preuve : 76 % des cessions sont aujourd'hui précédées de la création d'une société pour racheter le fonds.

Le second trimestre est également marqué par une forte augmentation des rachats en SNC ou SARL. L'association sera sans aucun doute le mode d'exercice majoritaire des pharmaciens dans les prochaines années. Ce qui ne fait pas les affaires des petites officines qui seront de plus en plus difficiles à vendre à un prix acceptable pour le cédant.

L'essor des SEL n'est pas sans poser des problèmes à plus ou moins brève échéance, en l'absence des décrets de la loi MURCEF. En effet, si rien n'évolue, le coût de sortie d'une SEL sera fiscalement prohibitif. Ajoutées à cela l'attitude des banques, plus enclines à financer le fonds de commerce (sur lequel elles prennent un nantissement) que des parts sociales, et la tendance à une remontée des taux à long terme, l'obtention d'un prêt s'annonce plus compliquée à l'avenir.

Le semestre le plus actif des douze dernières années : - Au premier semestre 2006, 609 cessions avaient été publiées, soit 16 % de plus qu'au premier semestre 2005. 332 cessions ont été réalisées au profit de SEL (324 SELARL, 8 SELAS), soit 23 % de plus qu'au premier semestre 2005. 167 cessions ont été réalisées au profit de pharmaciens exploitant en nom personnel (24 % seulement du marché), alors que 191 cessions ont été réalisées par des SNC et des SARL.

Les mesures d'exonérations de plus-values professionnelles pour les titulaires partant en retraite et les « exonérations Sarkozy » (en cas de cession par un associé de l'intégralité de ses parts de société à l'IR pour un montant inférieur à 500 000 euros) promettaient une augmentation des volumes de transactions. Comptabilisant les cessions de fonds publiées au BODACC, les notaires de Pharmétudes relèvent effectivement un nombre record de transactions sur le premier semestre. Avec 690 cessions au compteur (314 au premier trimestre, 376 au second trimestre), il s'agit du semestre le plus actif sur les douze dernières années (+ 16 % par rapport au même semestre de l'année précédente).

Vers une fin d'année morose

Pour la région Nord-Pas-de-Calais, Patrice Lamblin, chargé de mission à la Banque populaire du Nord, constate aussi une recrudescence des ventes : « Les pharmaciens en fin de carrière ont souhaité profiter d'une conjoncture fiscale favorable et surtout de prix de cession élevés. » Mais le nombre de transactions aurait dû être bien plus important encore : « Les départs anticipés en retraite ne nous paraissent pas encore très nombreux, indique Christian Bremond, président du directoire d'Interfimo. Le nouveau dispositif n'a pas entraîné, pour le moment, un mouvement de cessions si important, démontrant un engouement particulier. » Selon Interfimo, les cessions de fonds n'ont progressé que de 3 % sur le premier semestre 2006.

La relative embellie constatée risque d'être de courte durée. En effet, depuis juillet, l'économie de l'officine vacille. Hubert Mathieu, notaire, s'attend à un net ralentissement sur le second semestre, y compris en fin d'année, une période où traditionnellement les transactions s'accélèrent. « Les cessions publiées avant septembre correspondent à des affaires signées en fin d'année 2005 ou au début de cette année. Elles ne tiennent donc pas compte des mauvaises performances de 2006. Depuis la rentrée, les banques commencent à voir la pharmacie comme un investissement à risque et se montrent plus rigides. Elles donnent moins facilement leur accord de financement ou octroient des prêts à des taux supérieurs en contrepartie de leur prise de risque. »

Des banquiers de plus en plus frileux

Avec des prévisionnels de progression de chiffre d'affaires à zéro et la légère remontée des taux à long terme, les banques sont plus regardantes sur les dossiers. « La profession bancaire est d'autant plus attentive que le dossier de financement concerne une petite ou moyenne officine , souligne Patrice Lamblin. Il est certain que si les taux venaient à remonter de 1 point et plus, les dossiers ne passeraient plus, sauf à demander à l'acquéreur un effort supplémentaire sur son apport personnel ou au vendeur de baisser son prix. »

La baisse - maintenant certaine - de la marge brute en 2006 aura-t-elle un effet baissier sur les prix de cession ? Difficile de l'affirmer. Même si les acheteurs se positionnent plus timidement sur le marché, ils restent encore beaucoup plus nombreux que les vendeurs, ce qui est un argument en faveur d'un maintien des prix. En revanche, il est fort probable qu'en début d'année 2007 l'attentisme soit de rigueur. A fortiori si les craintes sur l'économie de l'officine se confirment et que les délais pour vendre s'allongent.

Reste que les confrères récemment installés ont du mouron à se faire quand les analyses prévisionnelles tablaient sur une croissance du chiffre d'affaires. Selon Michel Watrelos, de Conseils et Auditeurs Associés, les prix de cession ne resteront plus très longtemps « euphoriques » lorsque les banques découvriront, avec quelques mois de décalage, les résultats d'exercice 2006 des officines.

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