L'« exception » marseillaise - Le Moniteur des Pharmacies n° 2651 du 18/11/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2651 du 18/11/2006
 

Actualité

Enquête

A Marseille, les banlieues n'existent pas, les quartiers populaires sont dans la ville.

Les quartiers de Marseille n'ont pas bougé lors des émeutes de 2005. Mais l'actualité récente montre que la spécificité marseillaise est toute relative car tous les ingrédients d'une explosion sociale restent réunis : 25 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, le chômage dépasse 20 %, avec des pics jusqu'à 40 %, 64 % des revenus sont d'origine publique et 35 % issus de prestations sociales, les communautés immigrées sont nombreuses et 60 000 logements sont jugés indignes.

Alors pourquoi la cité phocéenne n'a-t-elle pas bougé ? D'abord, « à Marseille, les banlieues n'existent pas. Les quartiers populaires sont dans la ville », explique Charles Fauré, qui a exercé 13 ans à la Castellane, la cité où vécut Zidane. Marseille fait ainsi cohabiter les différentes populations sans les rejeter dans des ghettos. A quelques minutes de bus ou de métro, les jeunes sont au centre-ville ou à la plage. Autre raisons : un fort sentiment d'appartenance et un tissu associatif très serré. Les mauvaises langues citent même une économie souterraine tolérée qui achète la paix sociale.

« Une ambiance de pharmacie rurale. »

Reste que certaines cités sont des zones de non-droit où infirmiers et médecins refusent de s'aventurer. Malgré ce condiv, les pharmaciens y semblent heureux. Mariam Berro, titulaire dans le 15e arrondissement depuis 20 ans, raconte qu'il y est « beaucoup plus facile d'exercer qu'ailleurs. La population est demandeuse de nos conseils. Elle nous écoute. La seule difficulté est de trouver des assistants ». Stéphane Pichon, conseiller de l'Ordre, estime même que la population y respecte plus le pharmacien que dans les quartiers chics.

Jean-Marc Minault, titulaire depuis 2003 dans la cité de la Savine, toujours dans le 15e, affirme y retrouver « une ambiance de pharmacie rurale » : « Pendant le ramadan, les femmes m'apportent des gâteaux. Les six premiers mois ont été difficiles. On a tenté de me racketter. Avec les dentistes et les médecins, on s'est organisé en installant des alarmes communes et montré qu'on ne se laissait pas impressionner. Maintenant, on a la paix. Et puis, je n'ai pas payé la pharmacie très cher. » Corinne Vuillaume, titulaire depuis 25 ans à Frais Vallon, dans le 13e, et présidente du Réseau 13, association de prévention et de promotion de la santé, relève que « les difficultés, ce sont nos clients qui en ont, avec le chômage, l'accroissement de la paupérisation et de la délinquance. J'aurais du mal à travailler dans les quartiers bourgeois ».

Didier Fève, titulaire dans la cité des gitans du Petit Séminaire (12e) depuis le 1er juin, vient cependant ternir cette image plutôt optimiste : « Il n'y a pas pire cité. Tout le monde est à la CMU. J'ai engagé un agent conducteur canin de 16 h 30 à 19 h 30 et fait installer un portique antivol. Cela m'angoisse de travailler dans ces conditions mais je compte sur un transfert. Pour un non-Marseillais, l'insécurité serait intolérable. Nous, on fait avec. »

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !