Très chères places au soleil... - Le Moniteur des Pharmacies n° 2647 du 21/10/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2647 du 21/10/2006
 

EMPLOI DANS L'HÉRAULT

Carrières

L'Hérault, département champion de France de la croissance démographique, affiche de fortes densités officinales et médicales. Mais les adjoints et les préparateurs ont de plus en plus de mal à y trouver un emploi.

Avec 12 000 à 16 000 nouveaux arrivants chaque année au cours des dernières décennies, l'Hérault détient le record de France de la croissance démographique. Le cap du million d'habitants a été atteint. Revers de la médaille : le taux de chômage y est l'un des plus élevés de l'Hexagone. Phénomène très récent, même le marché de l'emploi officinal serait touché. « Jusqu'au premier trimestre de cette année, il y avait pénurie de préparateurs et de pharmaciens adjoints hors agglomération de Montpellier. Depuis cet été, les CV s'entassent à la bourse de notre syndicat, comme sur les sites Internet des grossistes », indique le président de la chambre syndicale des pharmaciens de l'Hérault. Frédéric Abecassis a estimé la situation assez préoccupante pour adresser un « courrier d'alerte » (voir Le Moniteur n° 2646, p. 14) aux parlementaires héraultais : « En moyenne départementale, le chiffre d'affaires des officines a baissé de 0,65 % au premier trimestre 2006 alors qu'il aurait fallu une progression de 6 % pour un maintien de marge. Cette baisse va entraîner une forte baisse de marge qui pourrait avoir des conséquences sur l'emploi : la suppression d'un emploi par officine, cela représenterait 400 emplois à l'échelle du département... »

Coefficient 400 de rigueur.

Ville universitaire et attractive, Montpellier n'a jamais connu de pénurie de préparateurs ni de pharmaciens salariés. Et ce, malgré des salaires parmi les plus bas de France : dans un rayon de 20 kilomètres autour de la cité, le salaire minimum conventionnel est la règle, son dépassement l'exception. Pareil, ou presque, à Sète, Béziers et dans l'arrière-pays héraultais.

« Je n'ai pas envie de brader mes connaissances à un coefficient 400, témoigne Thierry Benzacar, 51 ans. Quand j'étais titulaire à Montpellier, j'étais l'un des rares pharmaciens de la ville à payer des assistants au coefficient 500. Rien n'a changé... » Cet ancien titulaire d'une pharmacie de quartier à Montpellier de 1994 à 2004 cherche activement un poste à Montpellier et dans sa région depuis début juin. « Quatre mois plus tard, j'hésite entre un poste au coefficient 500 à Alès, dans le Gard, à cinquante kilomètres de chez moi, et un projet d'association avec une consoeur dans l'Hérault. »

Point de salut pour pharmaciens et préparateurs en quête d'un poste sans élargir leurs recherches à l'arrière-pays et aux stations du littoral. Au plus fort de la saison estivale, la population héraultaise passe de un million à un million et demi de personnes, avec une très forte concentration d'estivants sur le littoral. Cela permet à certaines officines de La Grande-Motte, de Palavas-les-Flots ou du Cap-d'Agde de réaliser plus de la moitié de leur chiffre d'affaires annuel en trois mois. Là aussi, l'éloignement de Montpellier est le critère essentiel pour avoir plus de chances de décrocher un emploi. « Cet été, c'était la galère pour trouver du personnel complémentaire, indique Chantal Deflandre, cotitulaire de la Pharmacie du Golf au Cap-d'Agde. Nous ne sommes pourtant qu'à une cinquantaine de kilomètres de Montpellier. Mais, sans payer d'indemnités de transport (de jeunes installés comme nous ne peuvent pas se le permettre), c'est très difficile. »

Tassement du marché.

Faute des deux pharmaciens - malgré un coefficient 450 proposé - et des deux magasiniers espérés de mi-juin à mi-septembre, la Pharmacie du Golf a dû se contenter cet été d'une pharmacienne confirmée et d'un étudiant en 6e année. Et, bien entendu, pas de congés durant cette période pour l'équipe permanente composée de deux titulaires, une adjointe, trois préparatrices et une secrétaire. Quant au renforcement de l'effectif à l'année, ce ne sera pas pour tout de suite : « Il nous faudrait embaucher deux pharmaciens ou un pharmacien et un préparateur, indique Chantal Deflandre. A l'heure actuelle, ce ne serait pas prudent. »

Directeur de l'établissement montpelliérain de la CERP, Hugues Kasbach n'avait « jamais constaté depuis quinze ans un tel tassement du marché de l'emploi. Du fait des mesures sur le médicament prises depuis un an, les pharmaciens manifestent une plus grande vigilance sur leur masse salariale, surtout dans les officines de grandes villes en général et de centre-ville en particulier. De plus en plus de demandes d'emploi ne sont pas satisfaites ».

Même constat et même analyse dans les sociétés de travail temporaire : « Les titulaires sont très inquiets et nous avons actuellement une soixantaine de pharmaciens disponibles pour des remplacements ou des CDI, contre une quinzaine l'an dernier à la même époque », relève Linda Lahaye, responsable de l'agence Quick Médical Service de Montpellier. Pareil pour les préparateurs : « 24 disponibles en ce moment contre une dizaine l'an dernier, et les coefficients baissent : 230 au lieu de 260 il y a peu encore pour les jeunes préparateurs, 280 au lieu de 300 pour des préparateurs très expérimentés. »

Pharmacies en difficulté.

Si l'Hérault a connu quelques brefs épisodes de pénurie de préparateurs hors Montpellier ces dernières années, cela ne semble plus être le cas actuellement. Comme en témoignent les difficultés rencontrées par Michèle Clément, 50 ans, domiciliée dans l'Aude depuis un peu plus d'un an : « Je recherche un poste de préparateur depuis un an. Ne trouvant rien dans l'Aude, je cherche aussi dans l'Hérault, mais cela n'est pas plus fructueux. Ayant travaillé en laboratoire, puis à l'officine en tant que responsable para, disponible pour un temps plein, je pensais avoir toutes mes chances, mais au coefficient 300, ce qui me semble normal... »

Plus préoccupant encore : « De plus en plus d'élèves préparateurs ne trouvent pas de pharmacie pour faire leur apprentissage dans l'Hérault », relève le président de la chambre syndicale des pharmaciens. Pourtant l'Hérault n'a pas vu son parc officinal s'étioler : le nombre total d'officines est passé de 389 en 1997 à 405 en 2006. « Mais elles sont de plus en plus nombreuses à être en difficulté, poursuit Frédéric Abecassis. Et l'incertitude économique dans laquelle nous sommes peut faire craindre le pire pour certaines d'entre elles. »

L'HÉRAULT EN CHIFFRES

- 3 arrondissements, 49 cantons, 343 communes.

- 896 441 habitants (recensement 1999).

- 405 officines (au 1er janvier 2006) dont 2 mutualistes et 2 pharmacies minières.

- 1 officine pour 2 494 habitants (au 1er janvier 2006).

- Taux de chômage (au 30 juin 2006) : 13,6 % (moyenne nationale : 9,5 %).

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