Société d'exercice libéral : Un placement qui peut rapporter gros - Le Moniteur des Pharmacies n° 2646 du 14/10/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2646 du 14/10/2006
 

FINANCES

Entreprise

De plus en plus de pharmaciens capitalisent, en tant qu'investisseurs, dans des SEL avec l'espoir de faire une bonne opération à la revente. Mais que peut rapporter un tel placement ? Le cabinet ArythmA nous apporte des éléments de réponse intéressants à travers un cas concret.

Prendre une participation dans une SEL en tant qu'associé investisseur est devenu très prisé depuis quelques années par des pharmaciens titulaires qui ne souhaitent pas abandonner leur propre outil de travail. Perçue comme un nouvel eldorado pour réinvestir ses économies, la SEL est utilisée pour satisfaire une stratégie patrimoniale. Quel est le taux de rendement à long terme des capitaux investis ? Le placement pharmacie est-il meilleur que les placements traditionnels ? Y a-t-il un risque à investir 150 000 Euro(s) dans une SEL ?

Le partage des excédents.

Sur la question cruciale du partage des excédents économiques entre la rémunération du travail et du capital, le premier associé, M. Bernard, qui a investi en capital, n'est pas vénal et l'objectif de rentabilité à court terme n'est pas sa priorité. Il se dit qu'il sera récompensé au plan financier en bout de course, lors de la réalisation de son capital (cession). Conformément à ce choix, il ne perçoit aucune rétribution sous forme de rémunération. De plus, aucune distribution de dividendes n'est prévue aussi longtemps que la société n'aura pas soldé son endettement à long terme.

De son côté, le second associé, M. Albert, qui exerce quand à lui dans l'officine, bénéficie d'une rémunération fixe revalorisée tous les ans de 30 kEuro(s) et d'un intéressement fonction de la rentabilité dégagée. En effet, l'efficacité économique va forcément générer des attentes légitimes de l'exploitant. « Sa rémunération est revalorisée en fonction de la valeur du point et le bonus est calculé sur le surplus de rentabilité obtenu par rapport à la performance commerciale de gestion (PCG ou EBE retraité) prévue », précise Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet ArythmA.

La rentabilité.

La rentabilité attendue (mesurée par le ratio PCG) est en moyenne de 213 kEuro(s) les cinq premières années. Les deux associés espèrent la faire évoluer de 2 % par an ensuite. Le prix de négociation (1 350 kEuro(s)) représente 6,5 fois la rentabilité prévisionnelle moyenne des 5 premières années. Le bilan des opérations pour M. Bernard, dans 12 ans par exemple, variera selon les conditions de sortie avec un taux de rendement annuel net d'impôt variant entre 10 et 13 %. En effet, sur un plan financier et fiscal, compte tenu des problèmes de sortie à l'IS, M. Bernard a plus intérêt à vendre ses parts que le fonds exploité par la SEL. Dans le premier cas, son net disponible après impôts sera plus important (660 kEuro(s)) que dans l'hypothèse de la vente du fonds (510 kEuro(s)). Dans les deux cas, le taux de rendement des capitaux investis apparaît tout à fait honorable (10,90 % si vente du fonds et 13,35 % si cession de parts).

« Dans la pratique, les choses se passeront souvent différemment, explique Olivier Delétoille, selon l'évolution à la hausse ou à la baisse de la rentabilité de l'officine. Le succès est ici conditionné par un développement significatif d'activité et de rentabilité dès la première année et une progression régulière ensuite du CA de 4 % par an. Il est évident aussi que le taux de rentabilité des capitaux investis va dépendre du prix d'acquisition du fonds et de son prix de revente. Dans notre exemple, nous avons imaginé que la valeur du fonds augmentait proportionnellement à l'augmentation de la rentabilité. Evidemment, si la valeur du fonds baisse, le taux de rendement ne sera pas le même. En s'inscrivant sur une longue période, le pari de M. Bernard est osé. Par ailleurs, la rémunération de M. Albert reste, somme toute, modeste par rapport aux responsabilités qui sont les siennes dans l'officine. La rentabilité des capitaux investis serait moindre si la rémunération de l'exploitant avait été plus élevée. Il n'est donc pas évident que ce schéma financier idyllique se reproduise systématiquement ! »

Des concessions réciproques.

Pour éviter les mauvaises surprises et des situations de crise entre associés, les pharmaciens investisseurs dans des SEL ne doivent pas accorder une place exagérée à la constitution du capital et nuire aux intérêts de l'associé exploitant qui doit être le « premier servi ». Les efforts des associés résultant de leur investissement financier initial et du travail de chacun (à son niveau) doivent être partagés et orientés dans l'intérêt commun de tous les associés et le développement des deux affaires. Ils devront être récompensés équitablement au travers de la perception de revenus faibles pendant la période de remboursement des emprunts et d'un revenu différé - élevé en principe - qu'ils devraient retirer à l'occasion de la revente. « Lorsque le titulaire détient la totale propriété de entreprise cela ne pose pas forcément de difficulté, c'est un choix. En revanche, quand l'association réunit investisseur et exploitant, la question est fort différente. Il s'agit d'un débat idéologique bien connu, opposant la juste rémunération du capital et le travail », conclut Olivier Delétoille.

Les concessions doivent être réciproques. Les associations en SEL sans réel esprit de partenariat garantiront rarement un taux de placement intéressant. L'investisseur doit apporter bien plus que des capitaux et, dans ce condiv, il sera surpris de constater que le retour sur son investissement ne se trouvera pas là où il l'attendait.

A retenir :

Se demander si la rentabilité des capitaux investis, qui peut apparaître exceptionnelle au plan capitalistique sur le papier, ne tient pas à la faiblesse de la rémunération du travail fourni par le titulaire.

Ne pas être trop gourmand et ne pas entrer dans une lutte travail/capital.

Ne pas se fixer comme objectif prioritaire une rentabilité à court terme.

Le cas

M. Bernard, pharmacien déjà installé, s'associe avec M. Albert, jeune diplômé qui est seul à engager son diplôme dans la SEL. La motivation de M. Bernard n'est pas que capitalistique. Il poursuit également une stratégie d'entreprise. Il considère la SEL comme un outil de travail en réseau et un vecteur de rentabilité du fait de la mise en commun de moyens, de l'adoption d'une politique d'achat commune faisant gagner du temps et des remises, de la diminution des charges de fonctionnement, etc.

Le condiv de leur association est le suivant :

-#gt; Ils créent une SELARL à 51 %/49 %.

-#gt; Le prix de la négociation du fonds et des matériels auprès du précédent titulaire est de 1 350 kEuro(s). Les frais viennent alourdir l'investissement pour 131 kEuro(s).

 Par ailleurs, ils entreprennent des travaux pour 150 kEuro(s) et espèrent booster le chiffre d'affaires dès la première année de 10 %.

-#gt; Leurs apports sont significatifs.

Les conseils d'Olivier Delétoille

- Pour l'exploitant en SEL : s'assurer des intentions de son partenaire. Si la motivation de l'investisseur est uniquement financière, les chances de succès d'une bonne entente sont faibles. L'associé exploitant aura rapidement le sentiment de travailler à la constitution d'un capital pour un associé investisseur qui ne l'aide pas beaucoup. Il n'y aura pas pire situation !

- Formaliser les règles d'une association qui récompenseront honnêtement les associés en fonction de la contribution effective et évolutive de chacun.

- Prévoir les conditions de sortie dès le départ. Dans la pratique, cette question est largement éludée ou bâclée au moment du montage du dossier, parce que technique et parfois gênante. Dans la perspective de cessions ultérieures, il a pu être relevé dans certains statuts des mentions manifestement peu réfléchies et/ou insuffisamment précises telles que : « [...] d'accord entre les parties, la valeur des parts sera fixée en fonction de la moyenne des prix de cession des officines de pharmacie sur le département, par référence au chiffre d'affaires, sous déduction d'un abattement de 10 % [...] ». Cette rédaction ne tient pas compte des paramètres liés aux conditions financières de sortie. Il conviendra de tenir compte à ce moment de l'évolution de l'économie de l'officine en général, de la rentabilité attendue et spécifique de l'officine concernée, du niveau de rémunération de son titulaire, des spécificités fiscales liées à des rachats de parts, du niveau d'endettement, du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie de la société.

Performance commerciale de gestion (PCG) de la dernière année en 2018 : 251 kEuro(s).Euro(s)Valorisation du fonds à 6,5 fois la PCG : 1 589 kEuro(s).

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