Bilan KPMG 2005 : La pharmacie perd des couleurs - Le Moniteur des Pharmacies n° 2636 du 08/07/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2636 du 08/07/2006
 

ÉCONOMIE

Entreprise

2005 ressemble, sur beaucoup de points, à 2004 : rentabilité en baisse, érosion des marges, hausse sensible des frais de personnel, effet de taille avec un écart qui se creuse en défaveur des petites officines... Les indicateurs de l'officine sont passés au vert pâle et 2006 s'annonce, sur le plan économique, pleine d'incertitudes.

Réalisée chaque année, l'étude menée par le département pharmacie de KPMG Entreprises sur la situation économique de ses officines clientes (762 sélectionnées en 2005) montre une contraction très sensible du volume d'activité en 2005, alors que lors des années précédentes les chiffres des officines ont été plus flatteurs.

Le CA hors taxes moyen des officines n'a progressé l'an dernier que de 3,90 % à 1,217 MEuro(s), contre 5,71 % en 2004, 4,42 % en 2003 et 4,31 % en 2002. Comme toujours, les valeurs moyennes masquent des disparités assez importantes : 25 % des officines ont une évolution inférieure à 0,68 % et un autre quart progresse par contre au-delà de 7,11 %. Cette moindre augmentation est aussi inégalement répartie selon la taille et la typologie des pharmacies. Les officines de plus de 1 500 kEuro(s), par exemple, ont vu leur CA moyen faire un bond de 4,63 %, alors que celles entre 800 kEuro(s) et 1 500 kEuro(s) n'ont connu une croissance d'activité que de 3,64 % et celles de moins de 800 kEuro(s) de 2,11 %.

Moins touchées par les mesures sur le médicament remboursable, les pharmacies de centre commercial restent les plus prospères et sont parvenues une nouvelle fois à faire plutôt bonne figure (+ 4,31 %), en comparaison des pharmacies de zone urbaine (+ 3,53 %) et des pharmacies rurales (+ 4,13 %). Le quart le plus performant de cette catégorie a même progressé de 11,62 % !

- 0,48 point pour la marge brute.

La coloration économique de l'année 2005 vire donc au vert pâle, en dépit de la pérennité de certains facteurs de croissance : la sortie de la réserve hospitalière et la mise sur le marché de médicaments plus onéreux. D'autant que la marge brute des officines (après remises), même si elle progresse en moyenne de 8 000 euros en valeur absolue, perd en pourcentage 0,48 point, passant de 28,13 % en 2004 à 27,65 % en 2005.

La poursuite de la baisse tendancielle de la marge commerciale n'est pas faite pour dissiper les inquiétudes, en particulier celles des pharmaciens titulaires d'affaires de plus de 1 500 kEuro(s) qui sont les plus touchées par la baisse du taux de marge (- 0,64 point) qu'accentue la guerre pratiquée sur les produits de parapharmacie. En particulier, un quart des grosses pharmacies de centre commercial font état d'un taux de marge inférieur à 26,82 % en 2005. A noter que les pharmacies de moins de 800 kEuro(s) dérogent à la règle avec un taux de marge qui repasse la barre des 28 % en 2005 (27,80 % en 2004).

Les hypothèses d'une nouvelle dégradation de la marge en 2006 laissent perplexes. La marge risque, en effet, de décrocher plus fortement avec l'accroissement de la sortie de la réserve hospitalière de produits onéreux (pour 5 milliards d'euros) et le plafonnement des marges arrière sur le générique (prestations de services).

Les charges et salaires augmentent, la rentabilité baisse.

Avec une marge commerciale qui se pince d'année en année, les pharmaciens entreprennent de réels efforts pour maîtriser les principaux postes de charges. Le poids des charges externes ne cesse de s'accroître, et donc de laminer la rentabilité. Elles progressent, en effet, plus vite (7,52 %) que la marge globale (1,79 %), même si elles restent relativement stables par rapport au CA (4,20 % en 2005 contre 4,06 % en 2004).

2005 est marquée par une nouvelle augmentation des frais de personnel, due aux réformes de l'assurance chômage et des retraites, dont le poids s'accentue sur le coût du travail, et aux difficultés de recrutement qui tirent vers le haut les niveaux de rémunération. Les frais moyens de personnel représentent désormais 10,13 % du CA HT de 2005. Sur ce plan, l'écart s'est creusé avec les officines de CA supérieur à 1 500 kEuro(s) dont le ratio se situe à un cran supérieur (10,72 %) en raison de l'amplitude de leurs horaires d'ouverture.

La baisse des avantages commerciaux, la hausse des frais d'exploitation, l'augmentation du CA trop en retrait pour compenser totalement l'érosion du taux de marge sont autant d'éléments fondamentaux qui pèsent sur la rentabilité d'une officine et les comptes de résultats.

Le taux moyen de résultat net rapporté au CA HT passe de 8,98 % en 2004 à 8,44 % en 2005.

Même cause, même punition : la performance commerciale et de gestion (ratio similaire à l'EBE mais sans tenir compte des cotisations sociales et de la CSG déductible du titulaire) s'érode plus fortement (0,55 point contre 0,37 point en 2004). La baisse est générale, sauf pour les plus petites officines (+ 0,19 point à 14,71 % du CA HT).

Le générique pèse sur les stocks.

Autre tendance à se maintenir : la diminution du poids des frais financiers par rapport au CA (0,78 % en 2005, 0,82 % en 2004), qui traduit une meilleure autonomie financière des officines. Rien de surprenant. Lorsque les résultats se dégradent, les investissements ont peu de chances de reprendre et les titulaires font preuve d'une grande rigueur. Pour preuve, le crédit client diminue encore (8,13 jours de CA), le recouvrement du tiers payant étant de mieux en mieux maîtrisé. En revanche, l'augmentation des achats en direct pour maintenir le niveau des remises et la multiplication des médicaments génériques compliquent très sensiblement la gestion du stock.

Pour l'ensemble de la population étudiée, le niveau de stock remonte (à 39,42 jours) et, par voie de conséquence, le délai de crédit fournisseur aussi (à 38,61 jours), de manière à pouvoir financer en partie la hausse du stock.

Quelle conclusion peut-on tirer de ces différents éléments sur la santé économique des officines françaises ? Pour Jérôme Sirot, responsable de l'étude de KPMG Entreprises, la situation est préoccupante mais pas encore inquiétante. « Nous assistons à nouveau sur l'année 2006 à une baisse non seulement du taux de marge mais également des performances économiques de l'ensemble des officines, et ce du fait principalement des nouvelles mesures gouvernementales. Ceci n'est pas sans poser bon nombre de problèmes, notamment sur les transactions ayant eu lieu depuis le début de l'année. En effet, les prévisions à moyen terme doivent désormais prendre en compte une érosion très significative du taux de marge. Toutefois, les pharmaciens ont tous les atouts en main pour rebondir sur de nouveaux marchés et rétablir un équilibre positif de leurs officines. »

A retenir

MARGE : elle progresse en moyenne de 8 000 euros en valeur absolue, mais passe de 28,13 % en 2004 à 27,65 % en 2005. Les pharmacies de plus de 1 500 kEuro(s) sont les plus touchées.

résultat net : le taux moyen rapporté au CA hors taxes passe de 8,98 % en 2004 à 8,44 % en 2005.

Croissance de 1,3 % pour les TPE

L'année 2005 a été en demi-teinte pour les très petites entreprises, en s'achevant sur un bilan d'activité orienté à la hausse de seulement 1,3 % par rapport à 2004. Dans les statistiques rapportées par la Fédération des centres de gestion agréés, les pharmacies affichent une croissance de leur activité de 4,5 %. Par rapport à d'autres secteurs de la santé comme l'optique-lunetterie (+ 2,5 % en 2005) ou les prothésistes dentaires (- 0,1 %), ou à des secteurs concurrentiels comme la parfumerie (- 3,7 %), les pharmaciens doivent relativiser leurs résultats, sommes toutes corrects dans la conjoncture actuelle.

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