C'est le kif-kif ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2634 du 24/06/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2634 du 24/06/2006
 

MARCHÉ : GÉNÉRIQUES

Cahier spécial

Marchés 2005

Chaque année, le médicament générique s'impose un peu plus en France et continue à prendre de l'ampleur. Avec un nouveau cap franchi en 2005. C'est pourtant insuffisant.

Apparus en France en 1996 dans le Code de la santé publique, les médicaments génériques n'ont pas réussi à s'imposer aux premières incitations. Après dix ans d'existence et différentes réformes incitatives, les Français ont largement adopté ces « copies certifiées conformes » des princeps. Ils ont acheté l'an dernier 430 millions de boîtes de médicaments génériques, ce qui revient à une consommation de 7 boîtes de génériques par habitant et par an. Le générique représente désormais plus de 15 % du marché remboursable en unités et 8 % en valeur (18 % des remboursements en unités, et 9 % en valeur au dernier trimestre).

Bien qu'il progresse à grands pas dans notre pays, il représente un marché cinq fois moindre que chez nos voisins européens, ceci tenant notamment au poids du Répertoire exploité (17,2 % du marché du médicament remboursable en valeur et 25,4 % en volume). En Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, ce sont 30 %, 50 % et 51 % des boîtes vendues qui sont des génériques. La France se situe ainsi au troisième rang européen.

L'énorme potentiel à venir du Répertoire montre que le générique va rester pour longtemps un modèle économique très intéressant pour l'officine comme pour l'assurance maladie.

Les blockbusters tirent la croissance

Conformément aux attentes et aux prévisions, le marché a poursuivi en 2005 sa forte croissance. Il pèse en chiffre d'affaires 1,460 milliard d'euros en prix fabricant (source GERS à décembre 2005), soit une croissance de 24 % par rapport à 2004, pour un marché trois fois plus important qu'il y a quatre ans. En 2005, la part du générique dans le Répertoire est de 60 % (63 % sur le 4e trimestre 2005), ce qui confirme bien que le travail d'information et de dispensation des génériques au comptoir a continué à progresser l'an dernier.

Cette croissance à deux chiffres s'appuie, comme en 2004, sur l'impact des nouveaux produits « blockbusters » et sur l'accroissement du taux de substitution. Les nouveaux produits génériques lancés en 2005 représentent au total 40 % de la croissance du marché. A elle seule, la simvastatine en représente la moitié. Généricable depuis mai 2005, elle a progressé plus rapidement que l'oméprazole un an plus tôt, pour atteindre un taux de substitution de 60 % dès septembre 2005 et de 75 % en fin d'année. De son côté, l'oméprazole, généricable depuis avril 2004, a vu son taux de substitution passer à plus de 85 % en décembre dernier. Grâce à la substitution des pharmaciens sur ces deux molécules phares, les économies réalisées pour le compte de l'assurance maladie ont été de 170 millions d'euros en 2005 (130 millions sur l'oméprazole, 40 millions sur la simvastatine), et ce sont quelque 280 à 300 millions d'euros d'économies supplémentaires qui sont attendues en 2006.

L'arrivée à échéance l'an passé du brevet de la sertraline a aussi apporté une large contribution. Ces résultats confirment pour la troisième année consécutive le rôle essentiel des médicaments génériques de blockbusters en tant que vecteurs d'économies immédiates et significatives pour l'assurance maladie.

Près de 600 MEuro(s) d'économies

Globalement, l'utilisation de médicaments génériques (plutôt que les princeps) a permis à l'assurance maladie de réaliser une économie de près de 600 millions d'euros en 2005, contre 400 millions en 2004.

Une fois de plus, les pharmaciens n'ont pas démérité au cours d'une année 2005 politiquement difficile, marquée chronologiquement par une seconde vague de TFR, en juin dernier (18 groupes de médicaments/11 molécules représentant 4,8 % du Répertoire en valeur et 3,9 % en unités, pour lesquels le taux de pénétration des génériques est stable à 50 %), et par le boycott des pharmaciens sur les achats, entre octobre et novembre, en réaction aux mesures envisagées par le gouvernement.

Les présomptions en DC ne décollent pas et l'engagement des médecins tarde à se faie sentir à en croire les études de l'UNCAM. Le pharmacien reste donc le levier n° 1 du générique.

En 2006, la pilule sur les marges arrière est amère pour les pharmaciens mais, fort heureusement, leur ardeur à substituer n'a pas été entamée car l'objectif de 70 % est maintenant à portée de main.

Le marché des génériques est aussi placé sous le signe de l'acceptation. La très grande majorité des Français ont compris que l'usage des génériques était l'un des passages obligés pour sauvegarder leur système de protection sociale : selon une étude IFOP/Sandoz de mars 2006, 87 % leur font désormais confiance. C'est pourquoi ils sont très nombreux à accepter qu'ils soient prescrits par les médecins (82 %) ou substitués par les pharmaciens (75 %). Ce large consensus est le résultat du travail d'information effectué par les différents intervenants : institutions, pharmaciens... Le tout efficacement relayé par les médias.

Impliquer davantage les Français

Ces résultats ne sauraient cependant être considérés comme suffisants. L'analyse de l'enquête montre que le travail engagé doit être poursuivi dans deux directions. La première consiste à répondre plus précisément aux interrogations sur le degré d'identité entre les médicaments princeps et les génériques correspondants. La seconde direction dans laquelle devront porter les efforts est celle de l'implication personnelle des Français. Si l'enquête IFOP fait apparaître une prise de conscience forte, des taux d'acceptation élevés et des intentions très louables (86 % des personnes interrogées se disent prêtes à recourir de façon systématique à des génériques à chaque fois que cela sera possible), elle indique aussi un faible niveau de participation individuelle. Seul un Français sur quatre déclare demander de sa propre initiative un équivalent générique à son médecin (25 %) ou à son pharmacien (27 %). Un des grands challenges de demain sera d'impliquer davantage les Français à « consommer par réflexe » du générique.

Perspectives 2006 : + 20 % à + 25 %

En 2006, les échéances brevetaires se poursuivent sur un rythme élevé et viennent élargir le Répertoire de près de 850 millions d'euros, avec en point d'orgue l'échéance du brevet de la pravastatine (Elisor/Vasten) le 10 août prochain. « La nouveauté en 2006 tiendra au fait que cet élargissement du Répertoire va se faire sur des produits chers, dont le prix moyen à la boîte est souvent le double ou le triple du prix moyen actuel des génériques, précise Hubert Olivier, président de Ratiopharm. Cette arrivée massive de produits génériques à forte valeur ajoutée, couplée à la poursuite de l'augmentation des taux de substitution, pour atteindre l'objectif national de 70 %, va permettre aux officinaux de retrouver une contribution du générique à l'économie de l'officine au moins égale à celle qui prévalait jusqu'alors. »

Concernant l'évolution du marché en 2006, chacun y va de ses prévisions. Pascal Brière, président de Biogaran, s'attend à une croissance en volume d'environ 20 %. Hubert Olivier est plus optimiste et prévoit un taux de croissance du marché d'au moins 25 % en volume. « Compte tenu de la baisse de prix de 15 % et de celle additionnelle de 4 % qui s'appliquent en 2006, la croissance attendue en valeur devrait être de l'ordre de plus ou moins 10 %. C'est donc bien par les volumes que tous les officinaux vont pouvoir compenser l'impact des baisses de prix et de l'encadrement des marges arrière, déclare-t-il. Quels que soient les volumes, il ne faudra rater aucune boîte ! »

C'est dans cet esprit que les organisations syndicales et l'UNCAM ont voulu décliner département par département, puis officine par officine, l'objectif national de 70 % et engager au plan national une harmonisation par le haut des taux de substitution d'environ 2 points.

Pérenniser un modèle économique favorable

Une alchimie réussie. Après trois mois d'existence, « l'accord sur les objectifs individuels de substitution fonctionne et a redonné une dynamique à la profession », se félicite Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO. Les résultats obtenus sont très encourageants : les disparités régionales se réduisent et les officinaux sont parvenus à dépasser 66 % de pénétration des génériques - l'objectif intermédiaire prévu pour fin juin - dès le mois de mars, soit avec trois mois d'avance. Toutefois, à compter de l'été, le périmètre du Répertoire sera modifié pour prendre en compte les nouveaux groupes arrivés au premier semestre, ce qui va avoir pour effet mécanique de faire baisser le taux de substitution.

Les officinaux vont devoir redoubler d'effort pour hisser rapidement le générique à 50 % ou 60 % à l'intérieur de ces nouveaux groupes (Triatec, Xatral, Amarel, Zestoretic et Prinzide...) et enfoncer le clou sur les groupes plus anciens. Ils devraient être aidés en cela par l'accord tripartite entre la profession, l'UNCAM et les médecins qui se sont engagés à prescrire davantage dans le Répertoire, en commençant par quatre classes thérapeutiques (inhibiteurs de la pompe à protons, statines, IEC et sartans). Ils devraient pouvoir compter également sur l'effet des courriers de relance de l'UNCAM aux patients qui consomment peu de génériques.

Pour Hubert Olivier, l'idéal serait de coupler cette action à destination des patients réticents à une nouvelle campagne de communication radiotélévisée, comme en 2003. Si les pharmaciens maintiennent le rythme, le pari sera tenu, ce qui permettrait à l'UNCAM d'engranger 100 millions d'économies supplémentaires.

Le combat syndical de fin 2005 était donc parfaitement justifié pour protéger une dynamique qui repose entièrement sur les efforts des officinaux. Le gouvernement l'a d'ailleurs bien compris et les mesures qui ont été prises, même si elles ont dû être négociées dans une situation de crise, vont permettre de pérenniser un modèle économique favorable à la fois aux officinaux et à l'assurance maladie.

Les génériqueurs s'estiment lésés

Si les génériqueurs sont présents sur les gros lancements de l'année, ils risquent toutefois de réfléchir à deux fois avant de lancer certaines spécialités moins en vue. Il faut dire que le Plan médicament de Xavier Bertrand, ministre de la Santé, ne les a pas épargnés non plus. Les baisses de prix de 15 % sur les produits du Répertoire leur coûtent 225 millions d'euros. La baisse additionnelle de 4 % sur les groupes de plus de deux ans et l'abaissement du niveau de prix d'un générique à 50 % de celui du princeps (contre 40 % auparavant) coûtent deux fois 50 millions supplémentaires, sans compter l'augmentation exceptionnelle de la taxe de 1,76 % sur le chiffre d'affaires des ventes directes.

L'économie de 150 millions d'euros récupérée par le biais du plafonnement des marges arrière à 20 % en 2006 ne suffira pas à compenser les pertes. « Les grands perdants sont les laboratoires de génériques », estime Philippe Ranty, président du Gemme et de Sandoz, qui met en garde les pouvoirs publics : « Des prix trop bas ne permettront pas d'assurer la commercialisation de produits sur lesquels on ne gagne pas d'argent. » Hubert Olivier tire également la sonnette d'alarme et appelle le CEPS à la vigilance : « Il ne faut pas que l'évolution à la baisse des prix aille trop loin », pour ne pas tarir l'offre en nouveaux produits.

La valse des concentrations

Sur la scène internationale, le mouvement de concentration du secteur devrait se poursuivre. En effet, les génériqueurs ont entamé une guerre des prix qui a laminé leurs marges, entraînant une forte dégradation de leurs résultats. Pour faire face, ils n'ont eu d'autre choix que de s'engager dans une stratégie de volumes et d'économies d'échelle. Le moyen le plus simple et le plus rapide pour y parvenir étant de racheter les concurrents, d'où le vaste mouvement de concentration engagé. Début 2005, le Suisse Novartis a déboursé 6,5 MdEuro(s) pour s'emparer de l'Allemand Hexal et de l'Américain Eon Labs. En France, la fusion entre Sandoz et G GAM est officielle depuis le 26 janvier 2006. Dans la foulée, le numéro un mondial, l'Israélien Teva, a mis 7,4 MdEuro(s) sur la table pour prendre le contrôle de l'Américain Ivax. Et ce n'est pas fini !

+ 24 %

En 2005, le marché des génériques représentait 1,460 milliard d'euros (+ 24 %).

Génériqueurs : Le top-10

En millions d'unités

1. Biogaran (86,9)

2. Merck Génériques (86,3)

3. Sandoz (60,3)

4. Teva Classics (33,4)

5. Irex (24,3)

6. Eurogenerics (22,5)

7. Ratiopharm (21)

8. RPG (15,8)

9. Bouchara-Recordati (8,6)

10. Qualimed (7,1)

En CA PGHT (MEuro(s))

1. Merck Génériques (315,9)

2. Biogaran (310,9)

3. Sandoz (204,5)

4. Teva Classics (113,4)

5. Ratiopharm (75,9)

6. Eurogenerics (71,6)

7. Irex (63,9)

8. RPG (52,7)

9. Qualimed (31)

10. Arrow Génériques (26,2)

(Source : IMS Health

GEN SO, 2005.)

TOP

- Un pharmacien client de Merck Génériques apprécie sa gamme conseil en DC : « En conseillant une molécule plutôt qu'une marque prévendue par la publicité, notre rôle et notre image sont davantage valorisés. »

- Un client de Ratiopharm se déclare très satisfait du système d'approvisionnement Brio qui lui simplifie les commandes de génériques en direct.

FLOP

- Le discours des génériqueurs qui s'estiment les plus lésés par la nouvelle politique sur les génériques (baisses de prix, taxation des ventes...) n'a convaincu aucun des pharmaciens interrogés, voire agacés par de telles affirmations. « Nous sommes plus pénalisés qu'eux avec le plafonnement des marges arrière » est un refrain largement repris en choeur par les pharmaciens. L'un d'eux ajoutait même que si un lancement de générique n'est pas rentable, l'industriel peut toujours y renoncer.

Autre reproche à propos de l'information sur les lancements que reçoit par fax un pharmacien gros substitueur : « Le fax du laboratoire nous induit en erreur en précisant que son générique est inscrit au Répertoire mais en attente de parution au Journal officiel. On peut interpréter cela comme un feu vert pour la substitution, alors que si nous la faisons, nous engageons dangereusement notre responsabilité. »

Chutes de brevets : grosses échéances en 2006 et 2007

2006

Janvier : ramipril

Février : tamsulosine

Avril : lisinopril HCT, azithromycine

Mai : alfuzosine

Juin : félodipine

Août : pravastatine

2007

Mars : ondansétron, fluconazole caps.

Juillet : céfixime

Août : cefpodoxime proxétil, terbinafine, amlodipine

Décembre : rispéridone, lansoprazole

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !