Bobo fixe - Le Moniteur des Pharmacies n° 2634 du 24/06/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2634 du 24/06/2006
 

MARCHÉ : PANSEMENTS

Cahier spécial

Marchés 2005

Bon bilan que celui du marché des pansements en pharmacie en 2005. Avec une mention spéciale pour les pansements dits techniques qui ont montré tout leur ressort face à des pansements classiques en perte de vitesse.

Le marché des pansements a représenté pour l'officine plus de 681 MEuro(s) de CA pour 82,4 millions d'unités vendues. Avec une progression de 7,9 % en valeur. Pas mal dans le condiv actuel ! Le premier segment du marché, les pansements stériles humides cicatrisants (31,3 % de parts de marché en valeur), fait bonne figure (+ 11,7 % en valeur).

En seconde position, les pansements stériles secs cicatrisants (20,4 %) s'en sortent également avec les honneurs (+ 12,2 %), malgré une croissance deux fois moindre en volume. De leur côté, les compresses et tampons en gaze (18,8 % de parts de marché) connaissent une année sans relief (+ 1,2 % en valeur). Mais ils font mieux que les bandes de contention (- 2,7 %) et les sparadraps (- 0,6 %).

En 2006, les pansements remboursés ne devraient pas être à la fête. « Nous attendons de nouvelles baisses de prix en juillet, de 5 % sur les hydrocolloïdes et les hydrocellulaires et de 40 % sur les pansements vaselinés et tulles gras », indique Philippe Rouard, de l'Appamed. Selon lui, le déclencheur de ces baisses de prix successives fut Tulle gras qui avait défrayé la chronique au moment de son déremboursement par une flambée de son prix. Comme l'an dernier, on peut saluer le succès énorme des pansements spéciaux qui affichent les meilleures progressions (+ 40,5 % en valeur).

Pansements spéciaux : l'atout pharmacie

Champion du pansement non remboursé (actif + protecteur) avec 42 % de parts de marché en valeur et 43,5 % en volume, Urgo comptabilise en sorties consommateurs 9,1 millions de boîtes (dont 4 millions en pansements actifs et 5,1 millions en standards protecteurs). « Les premiers, qui progressent de 20 % en 2005, prennent le dessus sur les seconds qui régressent de 3 %. Mais, en matière d'exposition sur le lieu de vente, ils font jeu égal : un marché en valeur dont la croissance est portée par l'innovation est tout aussi intéressant qu'un marché en perte de vitesse mais qui reste fort en volume », estime Laure Niepce, chef de gamme Urgo Grand public et dermatologie.

Florence de Meneval, responsable de la marque 3M Nexcare, évalue le marché des pansements spéciaux (hydrocolloïdes et autres pansements pour ampoules, blessures...) à 15 MEuro(s) en sorties ventes, et le marché des sprays de films protecteurs à moins de 8 MEuro(s). Celui des pansement techniques, qui englobe celui des pansements pour cors et callosités (près de 10 MEuro(s)), soit un total de 32 MEuro(s), est en progression de 39 % par rapport à 2004 ! Les pansements basiques pèsent un peu moins de 19 MEuro(s), en baisse de 1 %. Les pansements adhésifs reculent de 1,7 % en unités mais sauvent les apparences en valeur (+ 0,6 %).

Un marché monopolistique

Urgo consolide son leadership grâce à sa politique d'innovation constante. En 2003, le laboratoire lançait le premier pansement liquide (filmogène) destiné au traitement des crevasses. En 2004, il étendait la gamme de soins Urgodermyl et sortait, en 2005, le pansement spray. 2006 voit le lancement du pansement pour aphtes à protection longue durée et d'une nouvelle variante de pansements associant la technologie lipidocolloïde et les propriétés antibactériennes des particules d'argent. « Ces technologies nouvelles, fondées sur des études cliniques, apportent ainsi une caution médicale qui renforce le discours du pharmacien », explique Laure Niepce.

Difficile dans ces conditions de tenir tête au leader. Avec ses 3,12 % de parts de marché, nichés à la cinquième place du marché devant Scholl (3,05 %) et Gilbert (2 %) mais derrière Polivé (9 %), les pansements Nexcare de 3M sont présents dans 5 000 pharmacies. Le laboratoire mesure aussi combien l'innovation est un levier indispensable pour espérer jouer dans la cour des grands. « Le marché des pansements est presque monopolistique et il est très difficile de gagner des parts de marché », constate Florence de Meneval. Des laboratoires comme Hartmann ou Velpeau se sont « essayés » sur les pansements, mais sans grand succès. En 2005, 3M a levé le pied sur les lancements et l'a payé cash. « Nous n'avons pas proposé assez d'innovations pour pouvoir suivre l'envolée du marché sur les pansements techniques, admet Florence de Meneval. L'innovation tire les ventes de toute la gamme car elle donne l'occasion de communiquer sur la marque. »

Pour 2006, 3M Nexcare part à l'assaut du marché des pansements liquides en spray (8 MEuro(s) de CA, pour un marché créé ex nihilo depuis moins de deux ans !). « Nous avons lancé en janvier le Protector Spray sans alcool ni éthylacétate, issu de la technologie hospitalière, qui laisse sur la plaie un film protecteur cutané invisible », annonce Florence de Meneval. Le laboratoire mise beaucoup sur ce produit qui devrait révolutionner en particulier le marché des tout-petits. « Protector spray ne pique pas et peut être utilisé chez l'enfant dès un mois », précise-t-elle. Une arme de choc pour les mamans branchées ?

Epitact, pied au plancher

L'ascension d'Epitact est vertigineuse. Il se hisse aujourd'hui à la troisième place avec 12 % de parts de marché grâce à une croissance de son CA de 321 % qui passe de 1,4 MEuro(s) en 2004 à 5,9 MEuro(s) en 2005. Certes, le prix d'un produit à base d'épithélium 26 est sans commune mesure avec le prix d'un pansement standard pour cors. La progression des ventes en unités est tout aussi impressionnante (+ 53,2 %). Epitact apporte de nouvelles réponses en termes d'efficacité et de confort à ses utilisateurs (en majorité des personnes âgées) qui font oublier ses prix élevés. Malgré l'offensive d'Epitact, la seconde place de Compeed sur ce marché n'est pas menacée (24,5 % de parts de marché en valeur sur le marché total, 38 % sur le seul marché des pansements actifs et protecteurs). « Nous avons perdu des parts de marché en valeur sur le segment des cors et des callosités du fait du positionnement prix d'Epitact, bien que nos ventes aient progressé de 7% », reconnaît Cécile Gasbarian, chef de produit Compeed. La marque a fait une excellente année sur Compeed Ampoules (+ 21 %) grâce au soutien TV et a renforcé sa position de leader (76,5 % de parts de marché en 2005). En revanche, 2005 n'a pas souri à son pansement liquide qui, après un bon départ lors de son lancement en 2004, n'a pas confirmé en seconde année. « Les concurrents ont mieux tiré leur épingle du jeu grâce à leurs investissements publicitaires », analyse Cécile Gasbarian. Elle se console avec la bonne pénétration du stick ampoules, un produit prometteur à utiliser en prévention qui a déjà pris 4 à 5 points de parts sur le marché des produits pour ampoules. Le résultat est plus mitigé pour la gamme Extrême Flex (des pansements très flexibles, adaptés aux articulations) qui n'a pas été assez soutenue.

Compeed mise sur la télévision

Pour 2006, Compeed mise sur ses atouts maîtres. Cécile Gasbarian annonce un puissant plan média TV associé à des opérations sur le point de vente (campagnes vitrine, merchandising, théâtralisation des mises en avant...). A côté du lancement en septembre 2005 du liquide réparateur anticrevasses, l'autre priorité est le patch invisible bouton de fièvre lancé en janvier. Ce produit se présente comme une alternative à l'aciclovir. « La technologie nanocolloïde de ce pansement film transparent et extrêmement flexible permet de traiter le bouton de fièvre comme une plaie. De plus, ce patch occlusif soulage les symptômes du bouton de fièvre (brûlures, picotements, démangeaisons), évite l'autocontamination et favorise une cicatrisation plus rapide. » Un grand plan de soutien avec campagne TV a démarré en mai.

+ 7,9%

En 2005, le marché officinal des pansements pesait 681,3 millions (+ 7,9 %), correspondant à 82,4 millions d'unités vendues (+ 3,2 %).

LES MEILLEURES VENTES

Pansements stériles humides cicatrisants

1 Comfeel Plus trans. plaq. stér. 10 cm x 10 cm

2 Mepilex hydrocolloïde 12,5 cm x 12,5 cm 16

3 Actisorb Plus pans. stér. 10,5 cm x 10,5 cm

Pansements stériles secs cicatrisants

1 Tulle gras cp. unit. stér. 10 cm x 10 cm

2 Urgotul pans. 10 cm x 10 cm 10 R1263

3 Urgotul S. Ag pans. 10 cm x 12 cm 10 R7700

LE POIDS DE LA CONCURRENCE

En GMS, le rapport entre pansements protecteurs et pansements actifs est bien différent. « Même si les grandes surfaces sont attentives à l'évolution du marché et à l'écoute des nouveaux besoins, le marché des actifs appartient davantage à la pharmacie, estime Laure Niepce, chef de gamme Urgo Grand public et dermatologie. Des indications comme le soin des brûlures, des crevasses ou des aphtes nécessitent vraiment le conseil du pharmacien.»

Selon les informations fournies par les laboratoires, la GMS détient 43 % du marché total du pansement en valeur à fin 2005. La croissance du marché dans ce circuit concurrent est estimée à seulement 2 %. Deux marques règnent sans partage : Hansaplast (34 % de parts de marché) et Dermachrome (28 %). « Les vrais leviers de croissance résident dans les pansements techniques, constate Cécile Gasbarian, chef de produit Compeed. Dès que les grandes marques en pharmacie innovent, le réseau officinal reprend ses distances sur la grande distribution. »

LES MEILLEURES VENTES

Bandes de contention

1 Elastoplaste HB

2,5 m X 6 cm

2 Elastoplaste HB 2,5 m X

3 cm

3 Cohéban blanc 3 m x 7 cm

Pansements spéciaux

1 Compeed ampoules pans. 7 cm x 4 cm 5

2 Urgodermyl crevasses pans. filmogène.

3 Urgo pans..spray 40ml

Bandes de maintien

1 Nylex bande extens. 4 m x 10 cm R0907

2 Mefra bande extens. 5 cm x 4 m

3 Stérilux bande extens. 10 cm x 4 m R24157

Pansements adhésifs

1 Sparaplaie 10 cm x 6 cm 10 R151

2 Urgo antis. multi-extensible 30 R7870

3 Urgo Résistant bande 1 m x 6 cm R7883

TOP

Un pansement sans activité antibactérienne appliqué sur une plaie qui risque de s'infecter peut avoir des conséquences catastrophiques. C'est la raison pour laquelle plusieurs pharmaciens saluent l'arrivée du pansement Urgo à base de particules d'argent. « Avec un tel produit, on retrouve notre rôle de conseil », souligne l'un d'eux.

Le conseil pour les pieds est dynamisé par les accessoires et produits Epitact. « Dommage que leurs prix soient aussi élevés », regrette toutefois un confrère.

FLOP

Les pansements remboursés ne sont pas épargnés par la polémique actuelle sur la LPPR. Les pharmaciens reprochent à certains laboratoires de ne pas faire les efforts suffisants sur les prix pour ne pas avoir à revendre à perte (ou avec une marge ridicule), ou à demander une participation au patient pour un produit qui est vital pour sa santé. Ils réclament un droit de substitution sur les pansements.

Elastoplast est sorti de son créneau traditionnel des bandes pour se lancer dans les pansements. Sans grand succès pour le moment.

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