Pourquoi ils ont choisi officine - Le Moniteur des Pharmacies n° 2629 du 20/05/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2629 du 20/05/2006
 

ÉTUDIANTS

Carrières

Ils sont en 4e, 5e ou 6e année et sont sûrs de leur choix : ils veulent être pharmaciens d'officine. Certains rêvant déjà de devenir titulaires. Ces témoignages d'étudiants - lucides - rassureront les plus pessimistes.

Aujourd'hui en 5e année, Benjamin a rapidement choisi son orientation, même si rien dans son environnement familial ne l'y prédisposait : « Ma mère travaille dans le secteur de la santé, mais comme infirmière. Le mélange chimie et commerce, la relation commerciale, la proximité avec les gens me plaisaient. Dès la seconde année, j'ai travaillé tous les samedis en officine. C'est l'avantage de la formation d'avoir un emploi qui peut être en relation avec ses études. »

Pour Olivier, en 6e année à Amiens, le choix était loin d'être aussi clair. Orienté en filière industrie, il ira jusqu'à réaliser un mastère à l'Institut d'administration des entreprises dans les locaux de la faculté de droit d'Amiens : « La possibilité de changer de poste tous les deux ou trois ans, les perspectives d'évolution de carrière m'attiraient. Je craignais aussi de trouver le métier de pharmacien d'officine lassant, je voulais connaître d'autres secteurs. » C'est au cours d'une expérience de deux mois dans un laboratoire comme chargé d'études qu'il s'aperçoit que l'industrie ne lui convient pas : « Le poids de la hiérarchie était pesant, les fonctions trop cloisonnées. Le contact avec les patients me manquait car j'avais pris l'habitude de travailler en officine depuis ma 2e année d'étude. »

Proximité, conseils et contact clientèle.

Dans son village rural de l'Orne, Elodie, étudiante en 5e année à Caen, a trouvé son bonheur. L'officine de cinq personnes où elle a réalisé la plupart de ses stages d'été est à proximité du domicile familial : « Le pharmacien est là depuis 25 ans, il connaît les patients et toute ma famille, contrairement à la ville où il règne, estime-t-elle, un certain anonymat. C'est une figure du village. Les gens attendent beaucoup de lui, notamment les personnes âgées. » Une impression partagée par Benjamin qui a travaillé dans un village et dans une petite ville de Seine-et-Marne : « Dans ma première officine, les gens ne venaient pas seulement pour les soins mais aussi pour parler. »

C'est ce rôle de conseil qui a attiré Baptiste, en 4e année à Bordeaux, dont plusieurs parents sont pharmaciens. Un rôle qui diffère selon le lieu d'implantation de l'officine : « J'ai travaillé dans cinq pharmacies, dans des stations balnéaires ou à Bordeaux dans des quartiers plutôt aisés où le conseil et la vente au comptoir prédominent, et dans des quartiers plus défavorisés où on dispense surtout du médicament vigneté. Le conseil y est différent, il faut expliquer comment utiliser le traitement, rassurer les patients s'il existe des effets indésirables et les pousser à en parler au médecin. »

Objectif : devenir titulaire.

Nos étudiants ne sont pas dupes, l'exercice n'est pas toujours aisé. « Certains clients nous considèrent comme des épiciers. Ils passent commande sans nous demander quoi que ce soit », constatent-ils. Olivier le sait bien : « Nous ne faisons pas de conseil 100 % du temps. Mais il suffit d'une minorité de personnes pour se sentir utile. On entend beaucoup dire que le métier est sur la descente, mais le diplôme aura toujours une valeur. Si nous faisons des études et si nous sommes les seuls à dispenser des médicaments, c'est pour une raison précise. Les pharmaciens doivent montrer qu'ils ne sont pas là pour rien. La sortie des produits de la réserve hospitalière est un atout : les officines peuvent, aussi bien que l'hôpital, dispenser des produits spécialisés pour des pathologies lourdes. »

Elodie se dit aussi optimiste sur l'avenir du métier : « Mon père, couvreur, a vu beaucoup d'artisans s'installer puis disparaître. Cela m'incite à relativiser. Le métier de pharmacien n'est pas le seul à devenir plus difficile. Le numerus clausus et la loi de répartition des officines offrent une certaine garantie face à la concurrence », juge-t-elle. Devenir titulaire est son objectif. La jeune étudiante mise sur son stage de 6e année pour découvrir la gestion et la comptabilité. « J'en ai discuté avec le pharmacien chez qui je passerai mes six mois de stage. Il m'a bien précisé qu'il me formera sur ces questions de façon à ce que je sois prête, ou quasiment, à reprendre une officine ! »

Baptiste s'installera dès qu'il en aura la possibilité : « J'envisage de faire une formation complémentaire en gestion. Je chercherai dès la fin de mes études une officine à reprendre, même si je ne sais pas combien de temps il me faudra pour la trouver. Je sais aussi, pour avoir rencontré des experts-comptables lors de forums ou aux assemblées générales de l'ANEPF, qu'il me faudra un apport initial. »

Pour Olivier, la question du financement ne devrait pas se poser car il dispose d'un apport familial. La question de la gestion d'entreprise non plus. Son mastère de management lui a permis d'étudier le droit du travail et la gestion (gestion de stocks, comptabilité...). « Je suis en train de faire ma thèse sur les différentes formes d'exploitation de l'officine, je connais donc bien toutes les possibilités qui existent. Je pense m'installer d'ici deux ou trois ans par le biais d'une association ou d'une SEL. »

Tous, cependant, ne rêvent pas de se mettre à leur compte. « Je ne me vois pas gérer une entreprise, souligne ainsi Myriam, étudiante à Châtenay-Malabry. Il existe des possibilités d'évolution en restant adjoint. Les responsabilités peuvent être plus ou moins grandes, tout dépend de l'officine. J'imagine bien avoir un poste à temps partiel, de 30 heures environ, que je compléterai par une dizaine d'heures en intérim. »

Six mois d'expérience obligatoire

- Pour racheter une officine ou s'associer, un pharmacien doit justifier de six mois d'expérience officinale (art. L. 5125-9) en qualité d'adjoint ou de remplaçant, inscrit au tableau de la section D ou en qualité d'étudiant remplaçant, muni d'un certificat de remplacement (R. 5125-39). Une exception est accordée aux pharmaciens qui ont effectué le stage de fin d'études de six mois dans une pharmacie d'officine ou une pharmacie hospitalière, aux anciens internes en pharmacie hospitalière ainsi qu'aux pharmaciens inscrits au tableau de l'Ordre au 1er janvier 1996 ou qui l'ont été avant cette date.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !