Le sous-traitant multi facette

Cenexi a été créée il y a tout juste deux ans. Pourtant, son expérience de la fabrication de médicaments ne date pas d'hier. Avant de devenir filiale française de Roche en 2004, le site de Fontenay-sous-Bois, où est concentrée l'activité de façonnage de la société, était en effet entièrement dédié à la fabrication des médicaments du groupe suisse, tout particulièrement des ampoules injectables et des solides. « Jusqu'en 2004, la capacité de remplissage de l'usine était loin d'être à son maximum et le site n'évoluait pas. Pour le groupe, il y avait deux possibilités : fermer le site ou le vendre, raconte Philippe Mougin, pharmacien responsable, directeur général de Cenexi et l'un des instigateurs du projet. Nous avons montré qu'il y avait une autre alternative : développer notre propre activité de façonnage et offrir nos services à toute l'industrie pharmaceutique européenne. »

Une trentaine de pharmaciens.

Devenue centre de profits, l'unité de production du groupe Roche a vu grimper son chiffre d'affaires dès sa première année d'existence. En deux ans, Cenexi est devenu un acteur reconnu du façonnage pharmaceutique, un secteur fortement concurrentiel avec 56 entreprises en France et 320 en Europe. « La plupart des gros laboratoires font appel à des sous-traitants. Nous avons prouvé notre compétitivité tant au niveau de la qualité du service offert que des coûts », assure Philippe Mougin.

Comparé à ses concurrents, la société possède de multiples atouts : une forte capacité de fabrication (200 millions d'ampoules injectables aujourd'hui, 300 millions à atteindre d'ici 2008, 1 300 tonnes de mélanges solides) qui lui permet de diminuer les coûts de manière importante, un éventail de possibilités pour les clients (dans les tailles d'ampoules, les types de granulation, les conditionnements, etc.), un regroupement des opérations sur un seul site. Sans compter l'expertise dans la production et l'expérience internationale. « Nous sommes capables de produire pour 115 pays différents et de fournir un dossier d'enregistrement au client en moins de trois mois », souligne Philippe Mougin.

Sur les 485 salariés de l'entreprise, une trentaine sont pharmaciens. « La réglementation nous impose bien sûr d'embaucher des pharmaciens, mais la connaissance du médicament est assurément un plus dans notre activité typiquement pharmaceutique. En principe, une formation généraliste n'est cependant pas suffisante et nous apprécions les formations complémentaires », signale Philippe Mougin.

Une première expérience d'un an suffit.

Chaque année, Cenexi embauche des pharmaciens (moins de trois ans d'expérience). Il suffit souvent d'une première expérience d'au moins un an sous forme de stage ou d'un premier emploi. « La formation que nous assurons (métiers recherchés, formation internationale, etc.) est aussi très prisée des grands groupes et des autres façonniers qui, régulièrement, débauchent nos jeunes pharmaciens. Notre stratégie pour les retenir est de leur laisser une grande autonomie », indique Philippe Mougin.

Chez Cenexi, on trouve des pharmaciens quasiment dans tous les services, de la production à la qualité (assurance qualité et laboratoire de contrôle) en passant par la logistique, la vente et surtout le service Supports techniques pharmaceutiques (STP). « Sa mission consiste à assurer le transfert de production. Nous nous positionnons juste après le service commercial : nous établissons une cotation, c'est-à-dire un prix de façonnage que nous proposons au client intéressé par l'offre. Après acceptation, nous suivons, avec la production, la fabrication et l'analyse des lots de validation puis nous rédigeons le dossier d'enregistrement. Une fois obtenue l'autorisation de fabrication sur le site, nous envoyons les premières commandes, explique Jean-Luc Mérot, pharmacien et directeur du service. Créé il y a tout juste cinq ans, ce service a pris de l'essor. Il est riche en opportunités pour les jeunes pharmaciens, notamment ceux ayant un 3e cycle en réglementaire, contrôle des médicaments ou droit de la santé, avec une première expérience ou en demande de stage. »

Transversalité, polyvalence et diversification.

Les possibilités d'évolution chez Cenexi ? « Nous encourageons les passages d'un service à l'autre, notamment de la qualité à la production, de la production au service commercial ou STP. En revanche, il est plus difficile de grimper les échelons du fait de la taille de l'entreprise qui reste une PME », signale Philippe Mougin.

L'exemple de Guillaume Gardan est la preuve de la volonté affichée par Cenexi d'encourager les passages transversaux. Après six ans passés à la production, ce pharmacien de 35 ans a intégré le service commercial depuis janvier 2006. « Cenexi avait besoin de renforcer son équipe de vente. J'ai saisi l'opportunité. J'avais envie de quitter le monde confiné et protégé de la production pour me frotter au business du milieu pharmaceutique. Ma connaissance parfaite des techniques de production me permet d'être un bon interlocuteur à la vente », confie-t-il. Vendre de la sous-traitance à plein temps : un métier peu répandu en France et un vrai challenge pour Guillaume Gardan. « Mes interlocuteurs, français et étrangers, varient en fonction de la taille des laboratoires. Je peux avoir affaire à des acheteurs comme à des P-DG. Ce qui est passionnant dans ce métier, c'est qu'il faut d'abord chercher à comprendre les besoins, les enjeux de chacun. »

Si Roche est toujours son principal client (70 % de la fabrication), Cenexi a pour objectif d'augmenter la part des autres clients pour atteindre un ratio de 50/50 d'ici trois ans. D'où sa volonté de renforcer sa partie commerciale. « Diversifier nos clients nous permettrait d'accroître notre autonomie, de donner une assise solide à l'entreprise et de valoriser notre site de production », espère Guillaume Gardan.