Grosses boîtes, maigre marge - Le Moniteur des Pharmacies n° 2606 du 03/12/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2606 du 03/12/2005
 

PASSAGE DES MÉDICAMENTS EN CONDITIONNEMENT DE 3 MOIS

Actualité

L'événement

Encore une mauvaise nouvelle pour l'officine : l'essentiel de l'économie attendue du passage en conditionnement de trois mois proviendra de la dégressivité de la marge distributeurs. Démonstration.

Les demandes de laboratoires pour le passage de l'AMM de leurs spécialités en conditionnement de trois mois se bousculent à l'Afssaps. Sont concernés : les traitements de l'hypercholestérolémie, du diabète, de l'hypertension et de l'ostéoporose. 200 demandes ont été envoyées aux fabricants le 14 novembre dernier et 200 autres sont attendues d'ici fin décembre. Logique : les industriels ont jusqu'au 31 décembre pour en faire la demande au Comité économique des produits de santé (CEPS) sans se voir appliquer de baisse de prix.

A partir du 1er janvier, le CEPS abattra 5 % sur le prix des médicaments basculant en conditionnements de trois mois. Et après le premier semestre 2006, il appliquera des baisses de prix aux boîtes de un mois pour les produits concernés qui n'auraient pas basculé. La motivation des laboratoires en est donc renforcée. Mais pourquoi ne compte-t-on encore sur le marché qu'un seul conditionnement de trois mois (Actonel) ? D'abord parce que l'adaptation technique de la production pour les laboratoires n'est pas une mince affaire. Ensuite, parce que l'examen par l'Afssaps des demandes de modification d'AMM a été plus long que prévu. Malgré tout, l'affaire semble bien engagée. Mais elle ne fait pas rire dans le landernau officinal.

40 % de manque à gagner pour l'officine.

Les machines à calculer syndicales ont tourné à plein régime. La perte de marge sera de 40 % en moyenne a calculé l'UNPF (marge dégressive + perte de deux forfaits à la boîte), soit au total 140 millions d'euros pour l'officine, à laquelle s'ajoutera l'impact des baisses de prix de 5 % après le 1er janvier. Selon la FSPF, si tous les traitements des quatre pathologies chroniques concernées passent en boîtes de trois mois, le manque à gagner pour l'officine sera de... 387 millions d'euros par an, pour 290 millions d'euros d'économies attendues par l'assurance maladie.

Les grossistes-répartiteurs ont quant à eux estimé leur manque à gagner à 35 millions d'euros. A la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, on ne cache pas qu'il faudra « revoir les politiques de remises aux pharmaciens » dès lors que des produits basculeront dans la troisième tranche de marge (à 2 %...).

Et ce n'est pas fini. Dans un courrier envoyé au Leem à destination de tous ses laboratoires adhérents, le président du CEPS, Noël Renaudin, bien connu pour aller au bout de ses convictions, rappelait que la Haute Autorité de santé était disposée à examiner les grands conditionnements pour d'autres pathologies que les quatre énumérées, « dès lors que la nature des traitements concernés le justifierait ». « Les dossiers seront donc les bienvenus », écrivait-il.

Stockage casse-tête.

Au-delà de l'aspect économique, il faudra gérer les patients chroniques au comptoir. Ceux-ci décomptent leur traitement à la semaine, d'où l'intérêt des blisters de 7 ou 14 unités grâce auxquels des repérages sont faciles. Les conditionnements de 91 unités correspondent à des traitements de 13 semaines, c'est-à-dire de trois mois calendaires. Entre mois de 30, 31 ou 28 jours, le chevauchement des conditionnements pour 30 jours sera certainement source d'erreurs. Quant au stockage, le volume des nouveaux conditionnements sera par définition plus important que l'actuel. Il provoquera à l'évidence une immobilisation de trésorerie mais aussi d'emplacement pour les pharmaciens (deux fois plus de boîtes dans certains cas où il faudra aussi avoir les conditionnements de un mois).

Jean-François Culière, pharmacien expert de la société d'ingénierie Technip, estime même qu'une spécialité présentée en gros comprimés ou grosses gélules, à prise biquotidienne, atteindra la taille... d'une boîte à chaussures !

Sans compter que derrière les gros se cachent les petits. Noël Renaudin a en effet insisté pour que les laboratoires commencent à contacter le CEPS en vue, cette fois-ci, de commercialiser des conditionnements plus petits que ceux existants si le médicament s'y prête. Le CEPS « se rapprochera des laboratoires » si ceux-ci ne bougent pas. Si tu ne vas pas à Renaudin, Renaudin ira à toi.

A retenir

- 140 millions C'est la perte de marge (en moyenne de 40 %) due à l'arrivée des gros conditionnements, selon l'UNPF à laquelle s'ajoutera l'impact des baisses de prix après le 1er janvier.

- 387 millions C'est le manque à gagner pour l'officine, selon la FSPF, si tous les traitements concernés passent en boîtes de trois mois.

Quelle boîte délivrer ?

- Quand un conditionnement de trois mois existera, le pharmacien n'aura d'autre choix que de le délivrer (si la durée de traitement est bien sûr de trois mois ou plus), au risque, sinon, d'avoir un souci avec la CPAM. En effet, l'article R. 5123-3 du Code de la Sécurité sociale stipule que « le pharmacien délivre le conditionnement le plus économique compatible avec les mentions figurant sur l'ordonnance ». Impossible donc de délivrer trois boîtes de un mois à la place. En revanche, pour un traitement renouvelable un an, le patient devra impérativement venir quatre fois à l'officine, le pharmacien ne pouvant délivrer pour plus de trois mois à la fois. Rappelons qu'un médicament qui ne se présente qu'en boîte de un mois ne pourra pas quant à lui faire l'objet d'une délivrance supérieure à un mois.

Voir décret du 16 décembre 2004 (« Journal officiel » du 18 décembre) relatif à la prescription et à la délivrance de médicaments.

L'exemple du Fosavance (1)

* Marge commerciale sur la vente des 3 boîtes de 1 mois + 3 fois le forfait à la boîte de 53 centimes.

* Marge commerciale sur la vente de 1 boîte de 3 mois + 1 fois le forfait à la boîte de 53 centimes.

(1) Fosavance, antiostéoporotique (association de biphosphonate et de vitamine D), est en cours de commercialisation.

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