Avec elle, le médicament est bien administré - Le Moniteur des Pharmacies n° 2606 du 03/12/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2606 du 03/12/2005
 

PORTRAIT DE MURIEL DAHAN

Carrières

Muriel Dahan est « Madame Médicament » à l'Institut national du cancer. De son ancienne officine parisienne à son poste actuel, son engagement en faveur du bon usage du médicament est resté intact. Portrait.

Je suis une monomaniaque du médicament. » Muriel Dahan n'est pas pharmacienne par hasard. Si aujourd'hui elle s'est forgée une place à part au sein de l'INCA, elle a débuté sa carrière par la filière officinale. Titulaire durant dix ans de la Pharmacie République à Paris, Muriel fut une pionnière des réseaux ville-hôpital. « A l'officine, j'avais le sentiment de rendre un vrai service et la satisfaction d'aider les gens », confie-t-elle.

Alors pourquoi changer de voie professionnelle après la vente de la pharmacie ? « Besoin de connaître d'autres horizons, d'apprendre... J'avais envie de m'occuper du médicament plus en amont, de clarifier ce trou noir que représentait pour moi le niveau décisionnaire ». Muriel se donne alors un but : travailler au ministère de la Santé. Pour cela, elle entre à l'ENSP, l'Ecole nationale de santé publique (« le parcours le plus logique pour intégrer l'administration du médicament »).

Désormais mère de trois enfants, Muriel se remet à la législation pharmaceutique et découvre le volet de la santé publique. Brillante (elle fut diplômée à 22 ans), elle sort major de sa promotion à l'ENSP. La voie royale vers le ministère s'ouvre à elle. En toute logique, Muriel choisit un poste à la Direction générale de la santé (DGS) et devient pharmacien inspecteur de santé publique au bureau du médicament. Elle ne troque pas pour autant son style décontracté pour l'uniforme formaté du tailleur !

Riche de ses connaissances administratives, juridiques et techniques, Muriel fait alors partie intégrante du suivi des politiques de santé publique en matière de médicament. Concrètement, elle représente la DGS aux commissions nationales de publicité et de pharmacovigilance à l'Afssaps. Elle participe aussi à l'élaboration de nombreux dossiers et divs de loi, dont la réforme de l'assurance maladie et le Plan de pandémie grippale. Constitution de groupes de travail, organisation de réunions, relation avec l'administration du médicament et les professionnels de santé concernés : l'expertise est de mise avant de légiférer.

Un rôle prépondérant dans le Plan cancer.

« Les réflexions sont longues avant de déboucher sur la décision finale, mais avec la satisfaction d'un impact de portée nationale. » Par exemple, il a fallu plus de dix ans au décret sur la rétrocession pour voir le jour. Muriel a eu en charge toute la partie communication : mise en place du dossier sur Internet, monographies du Vidal, fiches médicaments à destination des médecins et des pharmaciens, etc. L'occasion de valoriser ses qualités relationnelles. C'est elle également qui rédige (en complément de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins) la partie dédiée au bon usage du médicament du Plan cancer. Avec toujours le même objectif : trouver une solution satisfaisante pour tous les acteurs de la chaîne du médicament, mais aussi et surtout pour le patient.

La participation à ce grand chantier ministériel lui fait découvrir de nouvelles perspectives. « Je désirais approfondir le sujet motivant de la prise en charge du cancer », rapporte Muriel, animée par la volonté de mieux gérer les risques médicamenteux. En toute logique, elle propose d'alimenter la réflexion sur le médicament dans le cadre de l'Institut national du cancer. Prévue par le Plan cancer, cette structure indépendante, créée en mai dernier, coordonne les actions nationales en cancérologie. Ses principales missions : favoriser la diffusion des informations et des innovations, soutenir la recherche et améliorer la qualité des soins. « Au départ, rien n'avait été prévu pour le médicament alors qu'actuellement il est au coeur de la problématique en cancérologie », remarque Muriel, qui a une fois de plus mis à profit son dynamisme au bénéfice de la santé publique.

Tout pour le bon usage du médicament.

On retrouve aujourd'hui Muriel devant son ordinateur dans les locaux flambant neufs de l'Institut national du cancer, situé en face de l'hôpital Georges-Pompidou. Chargée de projet au sein du département « Qualité des soins et des innovations », elle apprécie la transversalité de son poste où elle est sollicitée aussi bien sur la formation des professionnels de santé que sur un produit à l'origine d'un problème dans son utilisation. Plus que jamais, son rôle est centré sur le bon usage des traitements en vue d'améliorer le rapport bénéfice/risque, avec l'opportunité de mettre en oeuvre son DIU de pharmacoépidémiologie obtenu en 2003. Muriel se démène pour mieux déterminer les populations cibles et faciliter l'accès aux thérapeutiques (veille scientifique, mise en place d'observatoires, études de stratégie thérapeutique, suivi des innovations...).

« Quand une procédure aboutit, c'est magnifique ! »

La lourdeur administrative n'arrête pas Muriel. « Il faut sans cesse revenir à la charge, mais quand une procédure aboutit, c'est magnifique ! » Comme par exemple la mise à disposition, en octobre dernier, d'un protocole temporaire de traitement permettant l'utilisation du trastuzumab (Herceptin) comme adjuvant dans le cancer du sein précoce (alors que la spécialité est indiquée dans le cancer métastatique) en prévention des récidives.

Actuellement, Muriel travaille sur le vaste chantier des référentiels concernant les médicaments onéreux et innovants (dont de nombreux anticancéreux) à l'hôpital. Le principe est de les rembourser sur facture (tarification à l'activité pour tous les établissements) en contrepartie de leur bon usage, parfois prévu en dehors de l'AMM. « Il s'agit de faire le pari novateur de la régulation des dépenses par la qualité des soins », s'enthousiasme l'ex-officinale, qui, d'ores et déjà, peut être fière d'avoir posé sa propre pierre à l'édifice de la santé publique.

- muriel en quelques dates

- 1963 : naissance à Casablanca.

- 1985 : diplôme de docteur en pharmacie à Paris-XI.

- 1987 : acquisition de la Pharmacie République (Paris).

- 1999 : entre à l'ENSP de Rennes.

- 2000 : pharmacien inspecteur de santé publique à la DGS.

- 2003 : DIU de pharmacoépidémiologie (Paris-VI, Victor-Segalen/Bordeaux, Mac Gill à Montréal).

- 2005 : intègre l'INCA.

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